L inspiration de Corneille
494 pages
Français

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L'inspiration de Corneille , livre ebook

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Description

Corneille est un monument ancien, considérablement étayé. L'objet de ce livre est de retirer les étais, mais sans permettre que le monument s'effondre. Cette investigation minutieuse revient sur deux comédies de 1633 : La Galerie du Palais et La Suivante. Le survol de sa carrière met en évidence les grands tournants de la maturité, de 1644 à 1674. Ces recherches sur les premiers travaux de Corneille conduisent à redessiner un portrait de celui-ici.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2014
Nombre de lectures 80
EAN13 9782336360447
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,2050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Univers Théâtral
Univers Théâtral
Collection dirigée par Anne-Marie Green
On parle souvent de « crise de théâtre », pourtant le théâtre est un secteur culturel contemporain vivant qui provoque interrogation et réflexion. La collection Univers Théâtral est créée pour donner la parole à tous ceux qui produisent des études tant d’analyse que de synthèse concernant le domaine théâtral.
Ainsi la collection Univers Théâtral entend proposer un panorama de la recherche actuelle et promouvoir la diversité des approches et des méthodes. Les lecteurs pourront cerner au plus près les différents aspects qui construisent l’ensemble des faits théâtraux contemporains ou historiquement marqués.
Dernières parutions
Christian ROCHE, Régine Lacroix-Neuberth. Le quatrième coup du théâtre , 2014.
Jean VERDEIL, La dramaturgie du quotidien. L’atelier-théâtre : une microsociété expérimentale , 2014.
Alice GAUDRY, Le théâtre de marionnettes sur eau du Viêt Nam , 2014.
Alberto GARCIA SANCHEZ, La scène provoquée , 2014.
Marion BOUDIER, Alice CARRE, Sylvain DIAZ et Barbara METAIS-CHASTENIER, De quoi la dramaturgie est-elle le nom ? , 2014.
Krystyna MASLOWKI-BETHOUX, Witold Gombrowicz ou la mise en scène de l’homme relationnel , 2013.
Frédérique DONOVAN, La Lettre, le théâtral et les femmes dans la fiction d’aujourd’hui. Ken Bugul, Marie Ndiaye et Pascale Roze , 2013.
Dina MANTCHEVA, La Dramaturgie symboliste de l’Ouest à l’Est européen , 2013.
Yannick BRESSAN, Le théâtral comme lieu d’expérience des neurosciences cognitives. À la recherche du principe d’adhésion , 2013.
Jean-Marc QUILLET, Musique et théâtre. La musique de Jean-Jacques Lemêtre au Théâtre du Soleil. Entretien délectable et inachevé avec JeanJacques Lemêtre, musicien au Théâtre du Soleil , 2013.
Anne ROPERS, Folie et politique. Le théâtre de Falk Richter , 2012.
Titre
François Lasserre









L’inspiration de Corneille

Éléments d’un portrait
La Galerie du Palais
La Suivante
La Contestation du Cid
La Fidélité à l’histoire
Copyright






















© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-71055-6
NOTE PRÉLIMINAIRE
L’investigation présentée dans ce livre propose une image peu conventionnelle de la personne et de l’œuvre de Corneille. Elle a été préparée par des travaux réhabilitant certains éléments négligés ou oubliés de l’environnement cornélien :
La Pastorale d’Alidor ou l’Indifférent , édition du manuscrit anonyme, d’une pièce attribuable à la jeunesse de Corneille (Alessandria, Edizioni dell’Orso, 2001)
La vie et les productions du dramaturge dijonnais méconnu, Gougenot, dans Nicolas Gougenot, dramaturge, à l’aube du Théâtre classique, (Tübingen, Narr, 2012)
De cet auteur, chez Droz (Genève), le Roman de l’infidèle Lucrine 1 ; chez Gunter Narr (Tübingen), la Comédie des Comédiens et le Traité théorique appelé Discours à Cliton ; chez Champion (Paris), la Fidèle Tromperie Les deux pièces subsistantes des travaux des Cinq auteurs, Comédie des Tuileries et Aveugle de Smyrne (Paris, Champion, 2008).
Avant de publier les explications analytiques que l’on va lire, j’en ai donné la substance dans un essai dramatique :
Corneille, le Théâtre en marche, l’Épangéliaste, 2013.
L’ensemble de travaux que j’ai publiés tourne ainsi autour de Corneille. On pourra en connaître le détail en consultant ma Page-Internet :
Aube du Théâtre Classique , ou francoislasserre.com
1 Lorsque l’article initial d’un titre d’ouvrage n’est pas placé en début de phrase, on le trouvera écrit, ci-après, sans majuscule. En minorant l’article, le substantif, qui exprime la signification des ouvrages, semble mieux mis en valeur.
PREMIERE PARTIE Eléments d’un Portrait
*
CHAPITRE UNIQUE
Nous sommes peu enclins, au début du XXI e siècle, à comprendre la passion linguistico-littéraire qui animait, parmi beaucoup d’autres, des personnalités telles que Guez de Balzac, ou Vaugelas. Ce dernier, promenant à la Ville et parmi les courtisans sa recherche inquiète de l’élocution authentiquement française, Balzac acclimatant jusque dans l’expression épistolaire en langue vulgaire le rythme des périodes inspirées du latin, et la spéculation rhétorique.
Verlan et SMS nous sont plus familiers. La conscience culturelle des années 1600-1640, est pour nous dans le même éloignement que celle de l’antiquité.
Ionesco déclarait :
Corneille, sincèrement, m’ennuie. Nous ne l’aimions, peut-être (sans y croire) que par habitude. Nous y sommes forcés. Il nous a été imposé en classe 2 .
On se réjouit que cet heureux Auteur soit parvenu à se soustraire à une influence aussi néfaste.
Plus offensif encore, le jugement de Claudel :
on ne dira jamais assez de mal de ce coriace, de ce cornu, de ce racorni, qui a cru suppléer, dans ses cas dramatiques laborieusement versifiés, au génie du poète par l’ingéniosité du légiste et la faconde de l’avocat… en qui le pédant de collège, gonflé du vent de toute sophisterie gréco-latine, se superposait au plus rembourré des bourgeois de province ( Théâtre, T. II, éd. 1965, p. 1479) 3 .
Qu’il s’agisse, toutefois, de l’insipide tabula rasa de Ionesco, ou des grossièretés de Claudel, on est dès l’abord surpris de ne pouvoir, avec la meilleure volonté du monde, discerner dans ces jugements proférés par de très grands hommes de théâtre, d’autre impulsion, que la haine indigeste de quelques souvenirs de lycée. Un épais gâchis. Nous n’avons aucun poète ni romancier, qui ait été aussi hargneusement déconsidéré par des pairs.
On a, pendant des lustres « bichonné » (le verbe « soigner » serait trop flatteur) un parallèle Corneille-Racine, exaltant la finesse psychologique du second, aux dépens du premier, sans jamais remarquer que cette différence apparente était plutôt celle de l’instrument linguistique et stylistique dont chacun d’eux disposait, dans une conjoncture d’évolution fulgurante de la manière de s’exprimer, d’un bout du siècle à l’autre. Cette évolution, M. Fumaroli nous a permis de la percevoir (en des réflexions qui débordent largement notre sujet). Il faut nous appuyer ici sur son constat essentiel, que les derniers temps de l’humanisme savant, et les premiers de la poésie et de la prose classiques, furent « l’âge de l’éloquence ». Nous parlons de la politique mondiale dans le ton de Boris Vian, ils pouvaient parler de menuiserie, de jardinage, dans celui de Cicéron ou de Tacite. Et la grandeur littéraire était postulée par l’ambitieuse démangeaison de toute une élite sociale.
Corneille est souple, riche et familier autant que quiconque, mais la hauteur de l’élocution demeure, en son temps, héritière des harangues parlementaires enflammés, du temps des discordes civiles. La force percutante qu’il sait donner à des discours et à un raffinement des constructions rhétoriques, qui avaient été préalablement conçues pour capter des oreilles rebelles dans un prétoire ou une nef, nous fait lui attribuer une sorte de solennité immuable de pensée, si bien que nous ne rêvons que héros, même là où il a mis seulement des débrouillards et des fines mouches.
Indéniablement, il s’est complu à cette « pompe », et pour que nous découvrions son sens de l’existence, il faudra que nous soyons capables de gratter les strates invétérées de vernis qui nous le défigurent, et, un peu moins difficilement tout de même que pour une œuvre étrangère, de « franchir la barrière de la langue »…
N’omettons pas un facteur paradoxal et essentiel. C’est sans doute Corneille lui-même, par d’assez nombreuses tentatives d’explication spontanées, déclarations trop sincères de ses doutes livrés en pâture aux interprétations des dénigreurs, qui est à l’origine du malaise dont il est victime. Il n’y a que le toupet qui soit payant ; il ignora naïvement cette règle. C’est donc chose permise, et même amusante, de taper sur Corneille, et c’est à quoi s’emploient assez sottement telle « histoire de la littérature française », tel « dictionnaire du XVII e siècle » 4 .
La cause cornélienne n’est pas, pour autant, très compromise. Les comédiens on

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