Le dernier chrétien de Tahrir
426 pages
Français

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Le dernier chrétien de Tahrir , livre ebook

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Description

En décembre 2001, alors que la finale de la Coupe d'Afrique de football se dispute au Caire, la ville est ensevelie sous une tempête de sable. Le lendemain, un colonel à la retraite des renseignements égyptiens est retrouvé sans vie devant son domicile. Le dernier chrétien de Tahrir est un roman policier qui se déroule autour du divisionnaire Shaker Ayoub, un Copte issu d'un milieu modeste, propulsé au sommet des Moukhabarate, les très redoutés services de renseignements égyptiens.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 janvier 2015
Nombre de lectures 49
EAN13 9782336366449
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright






















© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’École polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-71655-8
Lettres du Monde arabe
Fondée en 1981 par Marc Gontard, cette collection est consacrée à la littérature arabe contemporaine. Réservée à la prose, elle accueille des œuvres littéraires rédigées directement en langue française ou des traductions.
Les œuvres poétiques relevant du domaine de la littérature arabe contemporaine sont publiées dans la collection Poètes des cinq continents et le théâtre dans la collection Théâtre des cinq continents .
Derniers titres parus :
Redouane (Najib), A l’ombre de l’eucalyptus , 2014.
Jmahri (Mustapha), Les sentiers de l’attente , 2014.
Alessandra (Jacques), Café Yacine , 2014.
Heloui (Khodr), La rue des Églises. Il était une ville paisible : Tripoli au Liban-Nord , 2014.
Abbou (Akli), Le terroriste et l’enfant , 2014.
Naciri (Rachida), Appels de la médina (tome 2), 2014.
Naciri (Rachida), Appels de la médina (tome 1), 2013.
Yalaoui (Mustapha), La manipulation , 2013.
El Yacoubi (Abdelkader), Le jardinier d’Arboras , 2013.
Bazzi (Rachid), Hélas sur le passé ! , 2013.
Bejjani (Gérard), Daniel , 2013.
Bouchareb (Mustapha), Les transformations du verbe être par temps de pluie , 2013.
Aït Moh (El Hassane), Les jours de cuivre , 2013.
Ces dix derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Titre

Nabil Malek






Le dernier chrétien de Tahrir


roman
Du même auteur
Du même auteur

La Remontée du Nil, retour aux sources d’un Juif arabe
Éditions Amalthée 2009

Dubaï, la rançon du succès
Éditions Amalthée 2011
Dédicaces


À Catherine, Benjamin, Joséphine et Émilie
Première partie
Sans le Pharaon, c’est le chaos : l’univers entier est menacé, l’ordre social s’écroule dans l’anarchie et la guerre civile s’installe.
Mythologie égyptienne
Chapitre 1
Le brouillard de sable était tellement épais que le vieil homme ne voyait presque plus la balustrade de la terrasse à laquelle ses mains s’agrippaient désespérément. Abdenour était face au vide, tremblant des pieds à la tête, le ventre tordu par la peur, il savait que la fin était proche, il allait mourir seul, c’était inéluctable. À ce stade du désespoir, il était illusoire de résister. Dans sa tête fiévreuse repassaient les événements de la journée : des conversations, des voix et ses propres paroles se heurtaient dans un désordre douloureux. Ses mains ne lui obéissaient plus. Il tomba comme une pierre, sans crier, les dents serrées. La panique s’était volatilisée, il n’avait plus peur, il méritait ce châtiment et souhaitait la mort avec une impatience puérile. Ce qui l’ennuyait, c’était l’idée que cela arrive maintenant alors qu’il venait de connaître le grand amour et venait de vivre la plus belle journée de sa vie.
Le colonel à la retraite Ali Abdenour avait une passion démesurée pour les femmes. L’ivresse des conquêtes le prit sur le tard et il s’émancipa au fur et à mesure qu’il gravissait les marches du ministère de la Défense. Ce désir de séduire lui procurait des joies inouïes, même si accessoirement, il lui faisait perdre sa lucidité. C’est pour cela qu’il n’avait pas résisté à la tentation d’aborder la femme attablée au salon de thé du Nile Hilton, et il se félicitait de son audace. Il avait été frappé par le regard de l’inconnue, et cela faisait maintenant plus de deux heures que cet homme doué d’une faconde intarissable était engagé dans une conversation animée et passionnante. Dounia parlait un arabe rapide avec un léger accent pratiquement indéterminable. En faisant sa connaissance le 21 décembre 2001, il ne soupçonnait pourtant pas à quel point elle était différente.
Depuis sa retraite, l’officier au regard de myope et aux traits flapis avait acquis l’habitude de passer deux ou trois heures par jour dans le salon de thé la Pâtisserie situé dans le hall du palace. Il arrivait vers 11 heures du matin, retrouvait sa table habituelle sous la véranda, et se plongeait dans la lecture des quotidiens. Une table lui était réservée, toujours la même, située dans un endroit ombragé, discret d’où il pouvait surveiller les allées et venues dans le hall de l’hôtel et dévisager les clientes à sa guise. Il dégustait un café bien sucré et un cake dans le salon de thé le plus animé du Caire. Abdenour faisait l’objet d’un tendre empressement de la part des serveurs, bien sûr eu égard à son âge avancé et à son statut d’habitué, mais surtout à cause de sa gentillesse avec le personnel et des pourboires généreux qu’il avait l’habitude de distribuer.
C’est une époque bénie pour le pays, les touristes pullulent et la Pâtisserie ne désemplit pas. L’hôtel Hilton bénéficie de surcroît d’un magnifique emplacement au centre de la ville, entre le Nil et la place de Tahrir, à deux pas du musée du Caire.
Après la lecture des journaux, Abdenour feuilletait des magazines et contemplait des clientes, engageant la conversation avec l’une ou l’autre quand l’envie lui en prenait. Il en abordait aisément cinq ou six par semaine, les invitait parfois à prendre une consommation, sous le regard amusé du personnel de service qui lui faisait de petits clins d’œil admiratifs.
Il retrouvait chez les femmes une pureté qui lui faisait défaut, elles le réconciliaient avec les mesquineries du monde. Il apportait à cette grave opération une attention si grande, un tel recueillement, qu’on ne lui aurait certainement pas soupçonné. Son expérience de militaire lui avait appris qu’une bonne préparation minimise à coup sûr les risques d’échec. Quelques regards furtifs lui permettaient de se faire une opinion et de connaître les particularités de telle ou telle inconnue. Le visage et le physique d’une femme, ses gestes et son habillement en disent long sur son caractère. Abdenour a la conversation facile et sait bifurquer sur des sujets intéressants, tout en évitant les écueils liés aux questions indiscrètes ou aux remarques déplacées. Son passe-temps lui avait permis de flairer des prises faciles et il avait eu quelques aventures. Du fait de son âge avancé, il ne cherchait plus vraiment cela. Il trouvait simplement la compagnie des femmes délicieuse et envoûtante, et celle des hommes éminemment ennuyeuse, voire agaçante. Il détestait au plus haut point les discussions sur des sujets religieux auxquels les gens de sa génération s’étaient accoutumés.
La plupart des rencontres duraient moins d’une heure, ses compagnes éphémères étaient souvent rejointes par un ami, ou elles avaient simplement d’autres plans plus intéressants que de passer leur après-midi en compagnie d’un vieil homme dans un endroit enfumé. Dans ces cas, Abdenour retournait à sa table, jetait un regard dégoûté aux vieux messieurs adipeux assis alentour, et se replongeait dans ses lectures.
Une étincelle dans les yeux d’Abdenour révélait qu’il était toujours mû par un irrésistible besoin de plaire. Cet engouement pouvait paraître déplacé ou même incorrect, mais il n’était finalement qu’un péché assez innocent et sans conséquence qui lui permettait de supporter ce monde hideux.
Ce matin-là, Ali Abdenour attendait une vieille connaissance qui avait insisté pour le voir. Il était assis, s’en voulait d’avoir accepté cette corvée qu’il aurait pu éviter, et feuilletait son journal en brûlant d’envie de déguerpir. Le temps s’était rafraîchi et la terrasse était vide. Il aperçut près du bar deux jeunes femmes blondes qui riaient aux éclats en parlant au serveur et il s’imagina être à la place de celui-ci. Son rendez-vous le sortit de ses pensées. Abdenour avait toujours détesté cet homme grand, minc

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