No Choice 1
242 pages
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Description

« Il faut assumer les conséquences de ses actes », c’est de cette façon que Tyler a été élevé, alors il assume sa plus grosse erreur de jeunesse à sa manière. Il suit les règles qu’on lui a imposées sans broncher, faisant sa part du marché, afin d’atteindre la liberté au bout du chemin scabreux. Personne ne connait son secret – du moins, c’est ce qu’il croyait...


Quand Sophia entre dans sa vie, il oublie momentanément les raisons de sa présence dans cette université. Il se laisse happer par leur idylle qui lui fait du bien.
Cependant, Julie n’est pas décidée à laisser sa place sans se battre et fait une révélation qu’il aurait mieux valu taire...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 septembre 2020
Nombre de lectures 115
EAN13 9782819100997
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

cover.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

NO CHOICE

 

 

Saison 1

 

 

Du même auteur aux Editions Sharon Kena

 

 

Les déboires d’une star

Âme de guerrière

Si je dois choisir

Béverly, sur un piédestal

Les guerriers de l’ombre (la saga)

Morsures nocturnes (la saga)

Les tourments d’une passion

Totale dévotion (la trilogie)

Mortelle rencontre

Dans les coulisses d’IWA (la saga)

Double vie

Jane Hunter

Au-delà des apparences

Les envoyés

Possédés (la saga)

Brad et Cassie

Espérance

Le prix du bonheur

Chasseurs de démons (saga)

L’île

Jeux Malsains (saga)

 

 

 

 

 

 

 

Sharon Kena

 

 

 

 

NO CHOICE

 

 

Saison 1

img1.png

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Le Code de la propriété intellectuelle et artistique n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article L.122-5, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l'article L. 122-4). « Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. »

 

 

©2016 Les Editions Sharon Kena

www.leseditionssharonkena.com

 

 

J'ai eu du mal à commencer ce roman, j'avais pas mal de scènes en tête, mais je ne savais pas comment les lier entre elles... et je n'avais aucune idée de la manière de débuter.

Alors je me suis jetée à l'eau avec de la musique dans les oreilles, sinon j'aurais fini par tout oublier.

Bonne lecture !

 

 

 

 

 

Je suis sûr que tu es celle que j'ai toujours attendue 
J'aurais aimé te dire des mots que tu n'as jamais entendus
 
Car à mes yeux "Je t'aime" est devenu bien trop répandu
 
Te sortir de ta vie morose, je saurai le faire
 
Je serai voué à ta cause pour te satisfaire
 
Je ferai pousser des roses en plein désert
 
Si cela peut te plaire
{1} 

Table des matières

 

 

Prologue

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

 

Prologue

 

 

 

 

 

* Sophia *

 

Me revoilà bien vite devant le long bâtiment blanc et noir : la faculté de droit, économie et administration de Metz, en Moselle. Je suis en seconde année de licence, m’accrochant et travaillant d’arrache-pied pour ne pas couler. Lorsque je me suis inscrite ici, je ne pensais pas que le droit serait si difficile, que réaliser mon rêve de devenir avocate me semblerait, à un moment, devenir inaccessible. Je tiens bon parce qu’il m’est impensable d’abandonner mes études, j’ai bien l’intention de décrocher mon CAPA{2}.

J’avance jusqu’à l’édifice et passe les portes, saluant quelques étudiants que je connais au passage. Je retrouve Mégane, ma meilleure amie, à l’intérieur ; son petit ami l’a conduite ici pour la reprise. Elle me raconte les dernières nouvelles, rien que j’ignore, alors que nous allons récupérer des documents au secrétariat. Nous avons le même cursus et le même emploi du temps, les cours magistraux en commun, mais pas les travaux dirigés – les seuls cours obligatoires à la fac. Cela dit, je suis d’une assiduité exemplaire à l’amphithéâtre, ce qui n’est pas le cas de ma chère amie qui est née avec un Code civil dans la main gauche et un Code pénal dans la droite, et n’est qu’une touriste finalement. Je ne sais pas comment elle s’y prend, mais elle maitrise les cours et la pratique avec une rapidité qui me laisse rêveuse.

Nous commençons la journée avec un cours de droit administratif. Nous quittons donc le bâtiment et traversons la route pour nous rendre dans l’amphithéâtre Le Moigne. Blanc et noir également, il est de forme arrondie et accueille facilement la totalité de la seconde année de licence en droit.

Mégane s’installe le plus loin possible de l’auditorium, près de l’entrée – ou de la sortie, au choix. Je m’assois à côté d’elle et sors mon notebook. En attendant l’arrivée du professeur, elle me parle de Luc, son copain, avec qui elle file le parfait amour depuis deux ans. Je l’écoute d’une oreille distraite, ses histoires de cœur alors que je ne sors avec personne me font légèrement déprimer. Je regarde les étudiants prendre place tout en hochant la tête et jetant un coup d’œil à mon amie toutes les dix secondes afin de lui faire croire que je suis intéressée par ses paroles. J’aperçois Lorenzo, un garçon rencontré l’an passé, à qui j’adresse un signe de la main. Il me répond en me souriant, une blonde collée à lui. Je ne la connais pas et détourne le regard, comme si j’étais attirée, pour le poser sur un type qui se poste pile dans mon champ de vision. Il jette négligemment son sac sur le siège à côté de lui tout en s’asseyant, met son ordinateur sur sa tablette de travail et attrape son téléphone portable pour pianoter dessus. Je ne l’ai jamais vu. Je suis consciente que nous sommes nombreux à l’UFR, mais j’y étudie depuis un an maintenant, je pense que si un mec aussi canon le fréquentait, je m’en serais aperçu !

Le nouvel arrivant adopte une posture nonchalante, l’air totalement décontracté, pas stressé pour un sou en ce qui concerne cette nouvelle année. Je vois qu’il a les cheveux noirs coupés courts lorsqu’il retire sa casquette pour la poser sur son sac à dos. Il place son téléphone à côté de son notebook et entame un tour de la grande salle du regard. Mon cœur s’emballe lorsqu’il s’arrête sur moi – s’arrête-t-il seulement ? – un quart de seconde. Je le vois esquisser un sourire, ce qui le rend diablement sexy, creusant une petite fossette de chaque côté de son visage. Une belle brune s’approche de lui et pose ses affaires sur la chaise derrière la sienne avant de se baisser à sa hauteur pour lui faire la bise. Visiblement, le mec canon a des vues sur cette fille que je maudis intérieurement pour la chance qu’elle a. Mais qu’est-ce que je raconte ? Je me fous d’elle et de lui aussi ! Je détourne les yeux pour voir ce que fait Mégane.

Elle me fixe d’un air réprobateur.

img2.png Quoi ? je lance, innocemment.

img2.png Je me demandais dans combien de temps tu te rendrais compte que je te parle ! Mais visiblement tu étais en trop grande contemplation !

Sans aucune discrétion, elle me désigne le mec que je regardais un instant plus tôt. Il est tourné de côté pour discuter avec la brune, m’offrant son beau profil.

img2.png C’est Julie, m’apprend Mégane.

Je ne sais pas comment elle connait son prénom, mais je déteste déjà cette Julie.

img2.png Elle était en travaux dirigés avec moi l’an passé, me précise mon amie.

J’acquiesce d’un hochement de tête tout en détournant le regard, il ne manquerait plus que les deux étudiants se rendent compte que je les observe.

img2.png Et lui ?

img2.png Aucune idée. Jamais vu. Mais j’avoue qu’il est pas mal.

Pas mal ? Même mieux que pas mal, si vous voulez mon avis.

Ma meilleure amie doit avoir besoin de lunettes !

Il est carrément canon. J’ai l’impression que ses yeux sont de couleur noisette. Il a une barbe de quelques jours, qui lui donne un côté négligé, mais incroyablement séduisant.

Je risque un dernier coup d’œil vers ce magnifique jeune homme, soupirant intérieurement... Jamais il ne me remarquera.

img2.png Bonjour à tous ! lance le professeur au micro.

L’inconnu se retourne aussitôt pour suivre le cours, c’est là que son regard croise le mien, en pleine contemplation, limite la bave aux coins des lèvres. Aucune expression ne s’affiche sur son visage, mais je suis certaine qu’il m’a vue l’observer. La poisse !

Mégane tire sur mon avant-bras, comme si je n’avais pas entendu l’arrivée de notre enseignant. Sauf qu’il me sera impossible de me concentrer sur autre chose que le dos de celui qui vient de faire s’emballer mon cœur pour la première fois depuis longtemps. D’ailleurs, il a une très jolie veste en cuir noir !

Je n’ai aucune idée de ce que raconte le prof, je crois qu’il m’a perdue juste après s’être présenté comme étant monsieur Lambert, notre enseignant en droit administratif. Je n’ai écrit que le nom de la matière sur le document Word que j’ai ouvert sur mon ordinateur. Bien que je sois incapable de dire sur quoi porte le cours, je peux vous parler de l’inconnu dans mon champ de vision. Monsieur est sérieux, il ne fait que taper ses notes et écouter. Pas une fois il ne s’est tourné vers Julie. Elle, par contre, compte les mouches voler. Je me demande comment elle a pu valider ses semestres l’an passé, visiblement si peu intéressée par la matière. Remarquez, en cet instant, on est à égalité sur ce point. Mon niveau d’attention est proche du moins dix.

Je me prends plusieurs coups de coude de Mégane qui tente de me ramener sur Terre, mais même si j’y mets toute ma volonté, je ne parviens pas à me concentrer. Mon amie m’enverra ses notes par mail ; je jette l’éponge.

La seule chose que j’écris, c’est le titre des manuels à nous procurer au plus tôt. Il faudra que je pense à les commander.

Quand monsieur Lambert a fini, nous pouvons enfin partir. Je mets mon ordinateur dans ma besace et me lève, prête à quitter ma place. Les étudiants pressés poussent pour sortir plus vite et c’est comme ça que je me retrouve à deux mètres de ma meilleure amie, mais presque collée à l’inconnu qui sent diablement bon, une odeur de lessive, vêtements propres fraichement sortis du placard, et de tabac ; j’adore ça !

Une fois dehors, chacun part dans des directions opposées. Je m’écarte pour gagner les murets qui font office de bancs pour les étudiants et attends Mégane.

L’inconnu, qui a remis sa casquette sur sa tête, s’arrête à trois mètres de moi et allume une cigarette tout en regardant autour de lui, sans doute cherche-t-il Julie. Je me demande si c’est la seule personne qu’il connait ici. Peut-être est-ce même un membre de sa famille, ce qui m’arrangerait, je dois bien le dire.

img2.png On va manger ? me crie presque Mégane dans les oreilles.

Nous mangeons au restaurant universitaire Rimbaud, mais là, je ne suis pas pressée de m’y rendre. Je désigne discrètement le joli garçon près de moi à mon amie.

img2.png Quoi ? Tu veux qu’on lui propose de se joindre à nous ?

Le pire, c’est qu’elle en est tout à fait capable ! Mégane n’a jamais eu sa langue dans la poche et n’a pas mon souci de timidité, c’est même carrément le contraire.

Je secoue la tête en signe de refus pour qu’elle comprenne que ce n’est pas ce à quoi je faisais allusion. Je risque un petit coup d’œil dans la direction du gars qui écrase sa cigarette au sol avant de partir avec Julie.

Dépitée, je n’argumente plus et suis mon amie.

 

***

 

* Tyler *

 

Premier jour pas trop mal réussi. Je devais me fondre dans la masse, ne pas me faire remarquer, je crois que j’y suis parvenu, même si quelques nanas m’ont maté un peu trop intensément. Je suis beau gosse, je le sais. Et j’en joue aussi. Mais pas ici. Pas encore.

Je me rends à la coloc avec Julie et m’enferme dans ma chambre pour étudier. Cette année, je n’ai juste pas intérêt à me planter sinon mon paternel ne financera plus mes études. Et Dieu sait que j’ai besoin de ce putain de diplôme d’avocat ! Mourad compte sur moi, et si je le lâche, cela pourrait très mal se passer pour ma personne.

Je sors des neuf mètres carrés qui me servent de chambre seulement pour manger. Ce soir, c’est Julie qui a fait la cuisine, et mon amie est très douée dans ce domaine.

Nous sommes cinq à vivre ici, les règles sont simples : on fait à manger chacun notre tour, idem pour les courses, on paye le loyer en temps et en heure et on ne crée aucun problème. Ça tombe bien, je suis un mec sans emmerdes... si on ne compte pas mon passé !

C’est grâce à Julie que j’ai pu avoir une chambre dans ce grand appartement. Lorenzo, un des gars vivant là, a rompu avec Anaïs, sa copine de plusieurs semaines, et comme ça devenait invivable pour tous après leur séparation elle est partie. Sachant que je cherchais un logement sur Metz, mon amie m’a parlé de cette aubaine. Je la connais depuis qu’on est gosses, elle vient de Behren et moi j’y passais tous mes week-ends et vacances, chez mes grands-parents. Les locataires se connaissent tous, moi, j’essaye juste de retenir leur prénom, je ne suis pas là pour me faire des potes. Du moins, c’est mon état d’esprit à l’heure actuelle.

Il y a également Joyce, la blonde, tout le temps après Lorenzo qui n’a pas dû retenir la leçon avec son ex. C’est une très mauvaise idée de s’envoyer en l’air avec une fille vivant sous le même toit. Et Thomas, un mec plutôt discret.

On échange sur notre première journée de cours, nous sommes tous en L2 de droit sauf Thomas qui est en L2 éco ; je reste relativement silencieux. Puis les filles font des plans pour le week-end. Elles hésitent entre un ciné et un bowling avant de finir la soirée dans un pub. Les deux nénettes ont à peine dix-neuf ans et, déjà, elles ne pensent qu’à picoler. Pathétique ! Moi j’ai donné aussi de ce côté-là et j’ai arrêté, pour mon bien. Je n’ai qu’un but : devenir avocat, et pour ça, je dois me tenir à carreau, parce que mon casier doit être vierge ; Dieu merci – ou papa, au choix –, il l’est encore. Mais pour combien de temps ?

img2.pngSi tu refiles un mauvais coton, Tyler, je t’envoie à l’armée ! Tu apprendras ce que c’est d’être un homme ! Un vrai !

Les mots de mon père retentissent, tranchants, dans mon esprit. Ça fait tache pour monsieur le procureur de la République d’avoir un fils délinquant.

img2.png Ty', t’es partant pour un ciné ? m’interroge Julie.

Et puis quoi encore ? J’ai une tête à sortir ?

img2.png Je dois bosser.

img2.png Pas le vendredi soir, objecte-t-elle.

Elle me connait, elle connait ma vie à Behren – je n’étais pas clean chez mes grands-parents – et à Strasbourg, là d’où je viens, alors pourquoi veut-elle m’entrainer sur une pente glissante ? Ici, je suis un tout autre mec : quelqu’un de sérieux qui veut réussir ses études. J’aurai tout le temps de merder quand Mourad sera sorti de taule et que je n’aurai plus aucun but dans la vie parce que j’aurai mis de côté mes désirs pour satisfaire ses exigences. S’il n’y avait pas eu cet incident merdique qui a tout déclenché, je me serais sans doute orienté vers une carrière musicale. J’aime jouer de la guitare, je compose également, j’aurais pu en faire mon métier. Je suis carrément doué. Mais à quoi y songer ? Ce rêve – en est-ce un ? – est à jamais perdu. Je balaye mes pensées pour me reconcentrer sur Julie qui attend visiblement une réponse.

img2.png Je t’ai dit non, alors n’insiste pas ! je réponds un peu trop fermement.

Je n’aurais peut-être pas dû monter dans les tours, mais je déteste les gens qui insistent. Je me lève de table et me tire dans ma chambre. J’entends Thomas, surpris, demander :

img2.png Qu’est-ce qu’il lui prend ?

Si tu savais, mon gars...

Chapitre 1

 

 

 

 

 

* Sophia *

 

Dans le train qui nous mène à Metz, Mégane et moi parlons du cours de droit administratif de la veille. Mon amie me l’a envoyé par mail, mais se fait un devoir de me l’expliquer de long, en large et en travers. Elle a tellement de capacité à retenir ce qu’elle entend que c’en est révoltant. Même lorsqu’elle n’assiste pas au cours – ce qui est souvent le cas –, elle n’a qu’à lire mes notes pour tout comprendre et tout retenir. C’en est agaçant ! Et je suis hyper jalouse parce que je ne possède pas cette faculté. C’est carrément le contraire, je ne retiens rien à moins de travailler d’arrache-pied. Quand j’ai reçu son mail, hier soir, j’ai lu au moins cinq fois le cours, sans qu’il ne me parle une seule seconde. Navrant.

Mégane a validé ses semestres haut la main, moi, j’avais tout juste la moyenne. Cette année sera encore plus difficile, je sais que je n’ai pas d’autre choix que de m’accrocher.

Après les dix minutes de train de notre village – Peltre – à la gare de Metz, j’ai l’impression que ma tête va exploser ! Je ne veux plus entendre un seul mot sur le droit administratif !

À peine, Mégane s’est-elle assise dans le mettis{3} qu’elle me parle du mec de la veille. Je ne l’avais pas oublié, j’ai seulement fait en sorte qu’elle y croie, mais ce n’est pas le cas, manifestement. Sa première constatation de si bon matin, c’est qu’il ne prend pas le même train que nous. La mienne est qu’il a emménagé dans le coin récemment, ce qui expliquerait qu’il n’ait pas fait sa première année à l’île du Saulcy.

Une fois sur le campus, nous nous rendons à l’amphithéâtre et prenons place, comme la veille, loin du prof et proche de la sortie. Cette semaine, je sais que je vais pouvoir profiter de mon amie tous les jours. C’est comme ça, à chaque rentrée et retour de vacances, Mégane honore tout le monde de sa présence durant une semaine. Après, c’est une autre histoire, c’est selon son humeur. Cependant, elle est tout le temps présente aux travaux dirigés, sauf que malheureusement, cette année encore, nous ne sommes pas ensemble pendant ces heures.

Au programme ce matin : droit pénal général, un cours qui me passionne. Une fois en place, je survole l’amphi du regard afin d’essayer de repérer l’inconnu, je l’avoue. Mais dans cette foule d’étudiants difficile de le voir.

img2.png Soph’, t’es irrécupérable ! me lance mon amie en riant.

Je me contente de hausser les épaules.

img2.png Il t’a tapé dans l’œil ? Coup de foudre ?

Elle continue et moi je l’ignore royalement. Quand elle est comme ça, elle raconte n’importe quoi et je ne peux rien dire pour l’arrêter, au contraire, si je parle, ça donne de l’eau à son moulin et elle pense avoir raison... ou elle sait avoir raison.

Je retiens ma respiration quand je vois le mec que je cherchais s’avancer pour prendre place, comme la veille, dans mon champ de vision. Sauf que cette fois, il n’est pas seul. Il est accompagné de Julie, rayonnante, que je déteste déjà. Ils s’assoient côte à côte alors que j’entends mon amie glousser. Je ne lui accorde pas le moindre regard, les yeux fixés sur... j’aimerais connaître son prénom, je suis sûre qu’il est sexy. Il porte la même veste en cuir que la veille, une casquette noire Sox, mise de travers sur son crâne. Son sac à dos à ses pieds, il sort son ordinateur et ouvre une page Word blanche pour notre premier cours de droit pénal. Julie lui parle, il l’écoute et lui répond en souriant.

img2.png J’y crois pas comme t’es accro ! s’exclame Mégane.

Je l’avais presque oubliée, dans ma bulle de contemplation.

Je détourne les yeux du couple d’amis pour les poser sur ma meilleure amie depuis la maternelle.

img2.png Tu racontes n’importe quoi !

Elle éclate de rire, mais heureusement, elle n’a pas le temps de répliquer, une femme prend place sur l’estrade, et le cours débute.

Je dois me faire violence pour me concentrer et ne pas, une nouvelle fois, observer le dos de celui qui demeure toujours un inconnu pour moi. Il le sera sans doute toute l’année, peut-être que j’arriverai à connaitre son prénom, mais cela n’ira jamais plus loin. Je soupire de désespoir et écoute madame Lemarchand...

Quand elle annonce que c’est terminé, je range mon notebook et sors de l’amphi avec Mégane. On a quelques minutes de pause avant les travaux dirigés, nous en profitons pour prendre un café au distributeur dans le hall du bâtiment. Nous le buvons à l’extérieur.

img2.png Salut, les filles ! lance Lorenzo en s’approchant de nous.

On a à peine eu le temps de se voir hier ; le premier jour de la rentrée, c’est toujours la folie.

La même blonde que la veille le suit comme son ombre.

Lorenzo nous fait la bise et nous présente Joyce, son amie. Il a rompu avec Anaïs au milieu du semestre dernier, c’était une chic fille que j’appréciais beaucoup. Elle n’a pas validé sa première année et a abandonné ses études de droit à cause de son chagrin d’amour. À cette époque, je me demandais si je serais capable de tout plaquer à cause d’un mec. Je suis certaine que non.

img2.png Mégane et Sophia, dit Lorenzo pour Joyce.

Elle nous salue sans entrain.

img2.png Qui a TD avec moi ? se renseigne-t-il.

img2.png T’es en quelle salle ? je lui demande.

Joyce fait la moue, j’en déduis qu’elle n’est pas avec lui.

img2.png 104. Et vous ?

img2.png 110, répond Mégane.

Je vois Joyce hausser les yeux au ciel, je suppose qu’elle est également en 110.

img2.png 104 aussi, je réponds à Lorenzo, heureuse d’avoir quelqu’un que je connais avec moi cette année.

Je jette mon gobelet vide dans la poubelle à proximité et retrouve le petit groupe que nous formons quand je vois Julie et l’inconnu marcher dans notre direction. Mon cœur s’emballe sans que je ne puisse rien y faire.

img2.png On y va ? il lance à Lorenzo.

Humm… Quelle voix !

img2.png Ouais, attends, je te présente les filles.

img2.png Inutile.

Et le mec se tire sans même un regard pour nous. Quel mal élevé, malotru ! Je peux le qualifier de connard ? Parce que là, vraiment, c’en est un ! Dire que je m’extasiais sur son physique et que pas une seconde j’ai pensé qu’il pouvait être ignoble, une mauvaise personne. Je déchante très vite.

img2.png Désolé, nous dit Lorenzo, la mine contrite. Tu viens, Soph’ ?

Il ne me laisse pas le temps de répondre et s’en va déjà, je le suis après avoir adressé un sourire à mon amie.

img2.png On y va, Joyce ! je l’entends dire à la blonde.

Je rigole toute seule en rattrapant Lorenzo dans les escaliers. Nous pénétrons dans la salle où les tables sont disposées en U, et nous installons côte à côte. Le connard (Vous avez vu la progression ? On est passé d’inconnu à connard !) n’est même pas là. C’était bien la peine d’être désagréable en faisant mine d’être pressé ! Je sors mes affaires et attends l’arrivée du professeur tandis que la salle se remplit lentement.

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