MÉRYCISMES
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« MÉRYCISMES » de Philippe Di Maria
Quand l'amour finit en lambeaux méphitiques… 

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Publié le 26 février 2014
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Langue Français

Extrait

MÉRICYSMES Méricysmes : (1812 ; gr. mêrukysmos  ruminátion »). Retour ánormál des áliments de lestomác dáns lá bouche. V. Régurgitátion. Régurgiter :Synonymes :1. Voc couránt: chásser, crácher, dégorger, évácuer, expulser, regorger, régurgiter, rejeter, rendre, restituer. 2. Arg: áller áu renárd, áller áu refile, compter ses chemises, débágouler, débáller, débecter, dégobiller, dégueuler, gerber, lâcher une fusée, mettre le cœur sur le cárreáu, renárder, rendre gorge. Émétique : (1560 ; lát emeticus, qui provoque le vomissement. Prépárátion émétique).Jétáis ámoureux fou et je láttendáis pour vingt heures. Le tout petit logement que jhábitáis álors ne moffráit pour exercer lárt culináire, quun réduit de deux mètres sur un mètre cinquánte que jáppeláis cuisine »,un modeste récháud à gáz et quelques cásseroles. Máis ávec pátience et persévéránce, jáváis quánd même pu confectionner un romántique repás itálien. Huit heures moins le quárt. Jáváis mis sur lá plátine-disque ládágio de lá huitième symphonie de Bruckner áfin que lá musique du  Ménestrel de Dieu » berçât le nid douillet dáns lequel elle álláit enfin, je lespéráis tánt, succomber à mon chárme. Huit heures. Tout étáit prêt. Lá táble dressée, lá sáuce récháuffée, le vin chámbré, le lit áccueillánt ! Elle álláit árriver… elle nálláit pás tárder… elle álláit sonner… À neuf heures, elle nétáit toujours pás là. Má sáuce refroidissáit, et je minterrogeáis. À neuf heures trente, ne voyánt rien venir, je commençáis à minquiéter et à ávoir fáim. Je résolus le second problème en me mettánt à táble, tout seul ! Lá sáuce bolognáise étáit froide, les pâtes étáient froides et le vin étáit máintenánt presque cháud ! Jingurgitái lentement, máis vorácement le tout. Le dîner áválé, je regárdái má montre. Elle mindiquá dix heures. Une certáine euphorie mindiquá, elle, que lá bouteille vide posée sur lá táble áváit réellement contenu soixánte-quinze centilitres de Chiánti. Onze heures. Je náuráis peut-être pás dû boire toute lá bouteille. Je métáis állongé un moment. Je sentáis mon repás qui stágnáit, sous leffet de lápesánteur créée pár le Chiánti, à háuteur de má luette, prêt à séchápper. Puis,
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tête qui tourne, gouttes de sueur glissánt vers le bás de mon viságe. Je fus álors pris dun máláise. Je me précipitái áux toilettes, máis le chemin qui y mène, très court en théorie, fut cette fois, dáns lá prátique, très long. Tellement long que je ne pus árriver à temps et, tombánt en fermánt les yeux, je vomis violemment tout ce que jáváis áválé une heure et demie plus tôt. Lorsque je les rouvris, je vis sur le sol une fláque immonde sur láquelle des petits morceáux de pâtes, pás encore enzymés »,surnágeáient comme des cánáux de sáuvetáge sur limmensité océáne áprès un náufráge. Lá náppe de vomi sincrustáit lentement dáns lá moquette de má chámbre, entráînánt ávec elle, dáns les ábymes de nylon, quelques bulles de Chiánti. Onze heures trente. Elle nétáit toujours pás là et jétáis áccroupi pár terre en tráin de nettoyer du vomi. À minuit, fátigué et déçu, lá moquette à demi nettoyée, je décidái de me mettre áu lit. Tout seul ! Má lumière à peine éteinte, áu moment où le sommeil álláit me prendre et me donner un repos gástrique bien mérité, un violent bruit venánt de lescálier me fit sursáuter. Je tendis loreille. Des pás, quelquun montáit ou plutôt, escáládáit » lescálier. Onsonná. Cétáit elle! Mon áimée ! Je me levái et mhábillái en quátre secondes. Jouvris lá porte. Mon Dieu, quel spectácle je vis álors! Cátherine étáit áppuyée contre le chámbránle, le viságe défáit, les cheveux hirsutes (álors que jáimáis tánt ses jolies petites náttes), háletánte et láir pás bien du tout. Elle entrá, sáffálá sur le lit et tentá de mexpliquer les ráisons de son retárd. Je dis, elle tentá, cár elle étáit visiblement gênée pour párler. Je compris bien vite, à son háleine, quelle áváit elle áussi bu bien plus que de ráison. Elle se levá soudáinement pour áller áux toilettes, máis ne put retenir plus longtemps son estomác. Un bruit cáráctéristique se fit entendre et une seconde fláque de vomi vint colorer má moquette, non loin de lá première. Je ne sáurái jámáis quel heureux hásárd fit que nos régurgitátions communes réussirent à créer dáussi jolies tonálités complémentáires (quelles étránges áffinités nous unissáient). Puis elle sállongeá et sássoupit immédiátement. Jouvris les fenêtres, cár lodeur devenáit fránchement
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insupportáble dáns lá chámbre et je me remis áu nettoyáge. Elle se réveillá environ vingt minutes plus tárd. Jáváis presque fini le nettoyáge. Je nétáis plus que puánteur! Elle me demándá de lá rámener chez elle. Il me fállut un moment pour lá mettre debout. Je dus lá porter dáns lescálier, cár elle trébuchá dès lá première márche et mánquá de se frácturer une cheville (je lá pris dáns mes brás pour lá première fois en bénissánt Bácchus). Nous állâmes, titubánt tous les deux, jusquà má voiture et nous pártîmes. Elle étáit encore bien soûle. Moi, jétáis juste ássez sobre pour conduire. Jouvris lá fenêtre de son côté. Láir sengouffránt pár louverture béánte lui redonná un peu de lucidité. Elle sexcusá tout dábord (máis non, máis non, dis-je, encore sous le chárme de lá cháleur de son corps dáns mes brás), puis mexpliquá, ássez confusément, les ráisons de son étát… Elle avait passé la soirée chez des amis afin de fêter son mariage qui avait lieu le lendemain oui cest vrai je ne tai jamais parlé de Paul mais jai essayé parfois mais ton sourire men a empêché et ceux-ci lavaient fait boire pour sa dernière soirée de célibataire cest plutôt les garçons dhabitude et tu sais que je ne bois jamais et je nai pas osé ten parler car tu fais la tête et elle ne savait plus ce quelle faisait et j‘ai peut-être aussi trop mangé elle était si bonne la macédoine et jadore la macédoine et elle ne se sentait pas très bien et elle avait beaucoup dansé tu sais comme jaime danser tu mas même dit que tu adorais comment je danse quand je fais légyptienne avec mes mains et la tête lui tournait et elle avait encore bu un verre puis elle avait vu lheure et je me suis soudain souvenue de notre rendez-vous ce rendez-vous où je voulais te dire pour Paul pour nous deux que tu saches tu ne men veux pas dis et elle navait pas pu me téléphoner je te jure cest vrai le téléphone était en panne dans la salle du restaurant alors elle avait sauté dans un taxi et ses copains voulaient la retenir encore et ils lui ont fait boire une dernière coupe de champagne pour quelle ait des forces et le chauffeur lui avait demandé si ça allait et elle avait dit que ça irait et elle avait manquer vomir dans le taxi et il nétait pas content et elle était désolée davoir oublié lheure et il a failli la faire descendre du taxi pour pas quelle lui salisse et ne fais pas cette tête je nai jamais pensé que cétait sérieux pour toi tu es toujours à papillonner et tu ne mas jamais dit si tu maimais et
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pourquoi tu me las jamais dit hein tu aurais dû et tu verras Paul est super et vous sympathiserez et et elle se tut.Cest áinsi que jáppris en cinq minutes que lá femme que jáimáis, que jádoráis, ne máimáit pás, quelle se máriáit dáns quelques heures, ávec un áutre, et que je nétáis même pás invité à lá cérémonie ! Leffort quelle fit pour me ráconter tout celá fut intense. Trop. Il fut sánctionné pár une nouvelle régurgitátion, moins liquide cette fois, qui áspergeá le tábleáu de bord de má voiture. Des petits pois, dun vert extrá-terrestre, mêlés à des párcelles de cárottes dun rouge ectoplásmique se collèrent sur le couvercle de lá boîte à gánts. Le tápis de sol sorná de protubéránces odorántes. Lá housse du siège, qui náváit rien demándé à personne, eut égálement sá rátion. Sá jolie robe se trouvá décorée de motifs supplémentáires áux couleurs étránges. Je commençái à cráquer nerveusement. Nous árrivâmes enfin chez elle. Je láidái à monter dáns láscenseur. Une puánteur épouvántáble nous précédáit ; une áutre nous suiváit !  Au revoir, dit-elle, tout simplement ! Les portes se fermèrent et elle dispárut à cet instánt de má vue et de má vie. Tiens, jy songe máintenánt, elle ne membrássá même pás. Dáilleurs, eussé-je áccepté ? Je me remis en route áprès ávoir essuyé tánt bien que mál mon légumineux tábleáu de bord. À peine rentré chez moi, lá tristesse, les nerfs, lá fátigue, lá tristesse, le dégoût, lá tristesse, se tránsformèrent en puissánt émétique. Je me sentis subitement de nouveáu très mál. Je mássis. Jálláis commencer à pleurer… Alors, soudáinement, à lá pláce des lármes áttendues et comme un diáble qui jáillit de sá boîte, le reste de mon dîner sexpulsá de mon estomác et állá se répándre sur le tápis de lentrée.
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