Le cirque des mélancolies

Hugues Mazouaud

Description

C'est une petite nouvelle écrite sur le thème du cirque pour le concours de nouvelle de l'étudiant (magazine).
Au lieu de prendre le coté drôle du cirque (comme la plupart des autres écrivains en herbe ayant envoyés une nouvelle), j'ai prit le cirque sur son coté obscure avec des interrogations d'ordre psychologiques. Qu'est ce qui pousse un homme a vouloir faire clown ? (par exemple).

Sujets

• Cirque
• Mélancolie
• Nouvelle
• Psychologie de l'art

Informations

• Publié par: Hugo_MZD
• Publié le: 05 octobre 2011
• Nombre de lectures: 312
• Langue: Français

Extrait

Le cirque des mélancolies

Ce soir, dans votre ville, un amphithéâtre que même vos rêves les plus fous ne

sauraient imaginer sera présent. Les magiciens, les clowns, les mimes, les dompteurs avec

leurs animaux ainsi que les acrobates en tous genres, tous seront chez vous. Ah? Vos

pupilles commencent à s'enthousiasmer ? Vous, vous êtes prêt à retomber dans votre enfance

disparue ? Dans ce cas, votre voyage ne sera que plus intense, car le cirque de la mélancolie

et des mélodrames est chez vous ce soir et il ne compte pas repartir.

Un cirque est avant tout une arène qui amène distraction et joie dans les villes qu'il

rencontre, mais vous êtes-vous déjà demandé ce qu’il se passe sous leurs masques et

acrobaties ? Pourquoi ont-ils fait le choix de vivre pour vos rires, de se travestir pour votre

plaisir ? Pensez-vous réellement qu'être clown est un rêve d'enfant? Demandez leurs et au

contraire ils vous diront qu'ils sont les monstres hantant leurs insomnies. Cette comédie

humaine que vous pensez voir et revoir à mille et une reprises, n'est rien de plus que le film

de leurs détresses.

S'accrocher, se lâcher, se rattraper, vivre ! Quelle est cette pulsion de mort qui pousse

ces farandoles de funambules et de trapézistes à risquer leurs vies pour la vôtre ? Leurs vies

ne sont que poignées de mains et ne tiennent qu'à un fil. Mais c'est leurs âmes qu'ils tentent

de sauver en traversant ces lumières de danger, car la vie serait-elle si on ne risquerait pas de

la perdre à chaque instant ? Ce sont les preuves du surpassement de l'homme mais

également de sa fragilité, la fragilité de ceux qui ne peuvent vivre sans prouver qu'ils le sont,

en vie.

Puis il y a celui qui fait parler sa marionnette, ce ventripotent ventriloque vous

envoutant par son envoutement ventral. Ne ferait-il pas dire à sa poupée ce que lui aimerait

vous dire ? La création d'un personnage autre que soi ne peut être, toute invention

individuelle ne vient que d'une partie du créateur lui-même. En ce sens, cet être qui vous fait

rire, cette chose comique, n'est rien de plus qu'une partie refoulée du maitre lui-même. Des

cicatrices ne pouvant être résolues car il ne veut les résorber. Un maitre, ne pouvant vivre

sans son pantin, le pantin devenu le maitre.

Mais apparaît sur scène un lapin blanc, une colombe, serait ce notre magicien caché

derrière ces symboles? Ce magistral malade à la majoration majestueuse ne cherchant qu'à,

s'épater lui-même en vous épatant n'est pourtant plus homme à s'épater, s'épatant lui-même à

chaque instant. Où est le vice dans celui de créer l'illusion d'une illusion ? Celui de vouloir

tromper les tromperies en trompant les trompés. Le magicien n'est que quand il

impressionne et fascine, a-t-il en ce sens besoin de se transcender à travers sa magie pour

être? A croire que oui car sinon il n'y aurait plus de magie, que des représentations du

commun, chose déjà extraordinaire.

Que veux-

tu

dire? Ah tu es mime ! Mais quel est ce personnage gesticulant sans cesse

ne voulant sortir un son? Pour vouloir faire vœu de silence un grand bruit a dû un jour vous

emmener à vous taire, sans quoi, à quoi bon vouloir n'être que les images du monde? Il

serait la part du structuralisme qui voudrait que l'image que l’on peu capter, serait semblable

au son en comparaison avec celui-ci et leurs interdépendances? Il est cette partie de l'être

qui, à cause de s’être fait renfrogner préfère renforcer son apparence plutôt que son contenu.

Or l'apparence s'arrête là où le contenu prend le contenu de l'apparence, celui du signifiant,

pour le signifié. Cet homme enfermé dans son silence, prisonnier de ses gestes, autiste d'un

mode d'expression causant sa dépression d'expressif.

Néanmoins, nous oublions le meilleur, celui qui veut faire rire, celui qui a besoin

aussi de se ridiculiser pour être, le clown. Il veut tellement vous faire rire par ses clowneries

que le clown ne devient pas clownesque mais grotesque, voir terrifiant. Ce schizophrène

dont le double a besoin de rire pour faire exister son simple n'est pourtant que l'image

opposée de ce que vous voulez être et de ce qu'il voudrait être, de ce qu’il faudrait être, sans

quoi point de rire il n'y aurait, mais que de la compassion. Vivre grâce aux moqueries, quelle

gratification ! C'est ainsi que souvent ils vous font peur, car vous craignez que de vos rires

arrivent des cris, ceux de leurs vengeances où leurs bipolarités ne sauraient gérer leurs

dualités.

Oh, serait-ce le son des tambours et des trompettes ? Mr Loyal arriverait-il enfin dans

son grand costume rouge et blanc pour annoncer la fin du spectacle, la fin du cirque!? Ah

non, ce n'est que mon réveil qui sonne, sonnant le glas de ce cauchemar; aujourd'hui est un

nouveau jour, en ce sens, vivement la nuit prochaine que mon cirque recommence.