Le retour du petit homme (Chapitre 3)
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Quand les mages s'emmêlent...

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Publié le 08 novembre 2014
Nombre de lectures 170
Langue Français

Extrait

CC.RIDER
LE RETOUR DU PETIT HOMME
Editions Emma Jobber
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CHAPITRE 3 Quand les augures s'emmêlent
3 Novembre 12014 : une belle matinée ensoleillée, quelque part au large de l'île San Bartholomeus dans les Gentilles Heureuses... Nous retrouvons la trace du petit homme en train de savourer un copieux petit déjeuner sur le pont de « Blitzkrieg », la galère de loisir de son grand ami Bouledorée. Passant des nourritures du corps à celles de l'esprit, un matelot vient respectueusement lui apporter sur un plateau d'argent deux journaux datant de la semaine précédente. – Vous n'avez rien de plus frais à me présenter, mon ami ? Commence à renauder Nulco simplement vêtu d'un Tee-shirt marqué NYPD et d'un bermuda blanc juste assez long pour cacher ses genoux cagneux. – C'est tout ce que nous avons pu obtenir d' « American Pidgeon Express », le seul service de messagerie rapide et fiable de toute la région gentillaise. – Qu'est-ce donc que cette nouvelle ânerie ? Jamais entendu parler d'un pigeon américain rapide... – Ben, c'est le Capitaine qui s'imaginait que c'était une société à la pointe de la technologie. Et en fait, on a juste vu un gros pigeon ramier nous lâcher sur le pont arrière un bidule au milieu d'une grosse fiente bien liquide ! – Ca m'étonne pas de ce pays de sauvages ! S'exclama l'ex-gouverneur. Pas la moindre technologie nouvelle ! Pas de toile d'araignée, pas de tam-tam, pas de buzz. Donc pas de news et même pas un petit hoax ! Quelle idée idiote de venir passer son week-end dans ces îles tropicales perdues. Le petit homme n'avait pas encore pris connaissance des
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derniers développements de l'actualité comtoise que déjà son caractère nerveux et atrabilaire commençait à faire des siennes. La belle Bianca Biondi qui gratouillait mollement sa mandoline assise sur un paquet de cordages sentit qu'il était temps d'intervenir : « Vous ne devriez pas chercher à savoir ce que les gens pensent de vous, Nulcounet chéri. Ils sont si méchants en général et si ingrats envers vous en particulier que vous feriez mieux de ne pas vous en soucier du tout. » – Vous avez raison, cara mia. Voyons le premier torchon... Tiens « Ouest Comté », cette saleté de feuille de chou à peine bonne à jeter à des mangeurs d'épluchures de patates... Le petit homme fut stupéfait de lire ceci : « Bertrand-Samuel Degré, député du Parti Bleu et frère de Louis-Samuel, sénateur et cacique du régime, était l'invité vedette de l'émission « Direct Politique » ce jour d'hui. Il s'est carrément payé la tête du comte de Magypolka en déclarant que celui-ci avait eu une attitude insolente envers les Comtois. « Cette mise en scène ridicule... Ce show à deux balles... Pour l'instant, ça ne prend pas ! Nulco a usé plus de dialectique clivante que de propositions concrètes et constructives... Quand on est un candidat pipeule, on a des mots clés... » a-t-il ironisé. « Quand je pense qu'il a osé traiter de connard le Président du Conseil des Sages, mon propre frère jumeau, avouez que c'est inacceptable venant d'un personnage ayant exercé la fonction suprême... Et puis c'est quand même risqué d'aller raconter sur tous les toits qu'on est injustement persécuté par la Justice... » – J'en crois pas mes yeux ! Se mit à hurler Nulco. Comment cette raclure de fond de bidet, ce cafard cosmopolite peut-il se permettre de sortir pareilles saloperies ! Et ce n'est pas tout ! Je ne rassemble même pas dans ma famille politique ? Qu'est-ce qu'il en sait ce grand couillon qui ne serait rien sans moi ? Et là, qu'est-ce que je lis ? « On ne peut pas être et avoir été et
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revenir la face enfarinée en faisant comme si la Comté était son pré carré. Le pays n'appartient pas à ce petit monsieur ». N'importe nawouak comme diraient les djeuns ! Bien sûr que la Comté m'appartient ! C'est mon bien propre et si je l'ai perdue c'est juste parce que le gros nul a réussi à me la dérober en profitant d'un malentendu. – Certainement, chéri, certainement, tenta de l'apaiser son épouse chanteuse. Les gens ne te connaissent pas. Ils te prennent pour quelqu'un de nerveux, d'instable, d'hyperactif. Ils ne savent pas, ces nigauds comme tu peux être gentil et agréable... – Il va voir, ce pourri de Degré. Dès que je suis de retour aux affaires, je le casse en mille morceaux ! Il va pouvoir aller recompter ses abattis ! Allez les deux abrutis de frangins, ouste, à dégager ! Assis en face de lui, le petit Badugroin en chemise hawaïenne et bermuda à fleurs crut intelligent d'intervenir à ce moment-là : « Oh, votre Eminence, regardez ce que je viens de trouver dans « l'Immonde ». En exclusivité tout le contenu de vos entretiens secrets avec Franck Fion... » – Comment ces s... de journaleux s'y sont-ils pris ? Que je sache, nous étions parfaitement seuls l'autre soir dans ce salon privé de chez Machine, la fiotte et moi. Personne d'autre. Pas un chat, pas un rat. J'avais passé des ordres très stricts. Pas un paparazzi, pas un micro à trois lieues à la ronde. Je croyais avoir été obéi. – Ils sont très très forts, votre Grandeur. Vous avez peut-être laissé filtrer quelques infos à l'insu de votre plein gré. – Jamais de la vie. Je sais maîtriser ma communication, assura fermement Nulco. – Alors, c'est peut-être Fion... – M'étonnerait pas. Ce foireux est capable de tout quand il
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s'agit de me nuire... Le canard du samedi soir racontait qu'un échange glacial avait eu lieu entre les deux hommes. L'ancien premier Sinistre aux gros sourcils aurait reproché au petit gouverneur nerveux de ne jamais l'avoir ouvertement soutenu lors de la primaire pour la présidence du Parti Bleu. « J'avais gagné contre Doppé et tu n'as même pas levé le petit doigt pour moi ! » s'est-il plaint. Il a également regretté que Nulco se positionne comme rival et non comme soutien. « Pourquoi ça ne serait pas toi qui nous soutiendrais, Alain et moi, pour 12017 ? Ce ne serait que justice et honnête renvoi de l'ascenseur ! Ne t'avons-nous pas déjà fait roi ? » – Si ce crétin des marécages de l'Ouest avait autre chose que de la rillette dans la cervelle, il aurait compris depuis longtemps qu'il n'est pas question que je lâche la patate ! – Comme vous avez raison, votre Majesté, approuva Badugroin. Il ne faudrait pas baisser pavillon devant ces deux-là... – Vous me connaissez mal, mon petit. Jamais un Magypolka n'abandonne dans l'adversité. Battu, moqué, abandonné de tous, toujours il se relève. Et crois-moi, quand je vais passer à la vitesse supérieure, cette bande de bras cassés va comprendre sa douleur ! – Vous devriez surtout vous méfier du Duc de Bordeleau, Alain Jupperaide. Il semble qu'il ait le vent en poupe en ce moment. – Evidemment, les roses, les oranges, les mous du genou et les orques verts en ont déjà fait leur favori au cas où le Valseur de ces dames obtiendrait des résultats décevants. Mais, moi, je dis qu'il suffira que j'apparaisse dans toute ma splendeur pour que tous ces cloportes de bas étage rentrent vite fait dans leurs trous puants !
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– Calmez-vous Nulcounet, fit Bianca... Allez, ne vous énervez pas inutilement... Et ne les sous-estimez pas non plus... – Depuis quand les chanteuses murmurantes donnent-elles des leçons de stratégie politique au génie des courtes pattes ? S'exclama le gouverneur déchu en jetant au loin les journaux qu'il venait de froisser nerveusement en deux boules de papier qui roulèrent sur le pont et finirent par tomber à la mer. – Depuis que le plus grand esprit de tous les temps n'est plus en état de se rendre compte de l'évidence, dit calmement la ritalienne... Votre retour sera sans doute plus laborieux et moins garanti que vous le croyez, chéri... Le maître d'hôtel desservit les reliefs du brunch breakfast. En plus des habituelles viennoiseries, le petit homme et ses proches avaient éclusé de grands verres de jus de goyave, mangue et ananas, dégusté caviar glacé et oeufs de cailles brouillés sans oublier quelques tranches d'ortolans confites à la gentillaise. Pour faire passer toutes ces calories matinales et un peu calmer la fureur qui s'était sournoisement emparé de lui, Nulco commença un petit footing autour du pont de la galère de plaisance qui voguait toutes voiles dehors sur une mer des plus calmes. Même en restant près du bord, le tour en était vite fait. Tout individu normalement constitué aurait eu l'impression d'être un poisson rouge tournant dans un bocal mais pour le politicien aux courtes pattes et aux idées longues il n'en était rien. Une grande heure et une bonne douche plus tard, l'hyperactif se retrouva un peu calmé face au grand Lama Sergueï que Bianca était allée dénicher dans les ponts inférieurs. Le religieux sino-thibétain que la chanteuse jugeait toujours de bon conseil ne s'était pas vu épargner la corvée de rames et de pédales qui était organisée pas très discrètement dans la cale pour pallier le manque de vent les jours de calme
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plat lesquels étaient assez fréquents sous ces latitudes bénies des dieux. – Majesté, vous m'avez fait demander ? Commença le lama. – Pas vraiment. C'est Bianca qui vous a rappelé à mon bon souvenir. Je vous préviens tout de suite que je n'ai pas besoin d'emplâtre, ni de potion détoxifiante, ni de décoction relaxante. Je ne vous demanderai qu'un avis sur la situation politique actuelle dans la Comté. – Sire, je n'en ai guère, répliqua le sage. Consigné comme je suis dans les entrailles de votre navire, je n'ai reçu aucune information sur les derniers évènements et par conséquent ne peut guère éclairer votre lanterne. – C'est très simple, lama Sergueï. Franck Nullande n'a pas inversé la courbe du chômage. Il a accumulé boulettes et âneries et il pressure les Hobbitts qui croulent sous les impôts. Tout ça ne peut qu'être excellent pour moi, affirma Nulco. – Certainement, Excellence, mais pas que pour vous. Pour tout le monde et pour n'importe qui. – Je comprends la finesse de votre analyse, lama... Après le TSN (tout sauf Nulco), on va avoir un autre TSN (tout sauf Nullande). – Certainement, votre grandeur. – Oui, mais maintenant, le gros pingouin a du sang sur les mains. Ses abrutis de gens d'armes viennent de tuer de sang-froid un brave militant de la cause florale. – Pas croyable ! De la part d'un rose c'est étonnant ! – Pas tant que cela. Moi, je suis sûr que le souvenir de ce martyre sacrifié pour un barrage inutile va grandement m'aider à me propulser jusqu'au sommet de l'Etat. – Vous serez propulsé ni plus ni moins qu'un autre, corrigea doucement l'Asiatique. – Non, moi nettement plus que les autres ! Parce que je suis
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le meilleur, le plus génial, le plus charismatique ! Les autres, ces couilles molles l'ont fermée et sont même allés jusqu'à raconter qu'il fallait bien que les gens d'armes se défendent quand ils étaient attaqués par des enragés soulés au tafia et drogués à la ganja. Moi seul ait eu le courage de rappeler que pendant tous mes mandats, il n'y a pas eu un seul mort à me reprocher. Un véritable exploit quand on sait que j'ai dû faire face à des révoltes d'orques verts autrement plus agressifs que ces défenseurs de pâquerettes. – Certainement, prestigieux Gouverneur. – Alors, lama, vu les circonstances, quelles sont objectivement mes chances de réussite ? – A peu près aussi grandes que vos chances d'échec, déclara doctement le religieux venu des hauteurs de l'Irma Laya. – Bon sang, explosa le petit teigneux, vous ne vous mouillez pas, face de citron pas frais ! Et là, la chanteuse intervint pour calmer le jeu : « Nulcounet, cessez d'importuner notre brave lama. Vous ne voyez pas qu'il est épuisé. Il vient de pédaler des heures avec un tas de gens pas très fréquentables... » – Vous voulez parler du bon docteur Kirchner, du beau Fredo de la Miteuse Errance ou du gros Daniel Bon-Bandit, ses compagnons de chiourme, Bianca ? – Ceux-là et quelques autres... Vous pourriez peut-être lui accorder quelques jours de permission... Je suis sûre qu'il vous serait plus favorable. – Pas question ! Brailla Nulco très remonté. Qu'il retourne à son banc de nage. Après ce qu'il vient de me prédire, je n'ai pas du tout envie de lui faire de fleurs à celui-là ! La journée s'éternisa dans une morosité qui s'accordait mal avec le bleu du ciel, la douceur des alizés et la chaude caresse du généreux soleil des Gentilles. Ni la douce voix de Bianca, ni
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les sourires du bébé Giletta ni les efforts du cuistot pour régaler les papilles avec des mets dignes des plus grands restaurants de la capitale ne parvinrent à sortir le petit gouverneur déchu du pessimisme noir qui l'envahissait. Vers le soir, alors qu'un soleil rougeoyant descendait lentement à l'horizon, la vigie perchée tout en haut du grand mât se mit à crier : « Un homme à la mer sur tribord avant ! » Tout le monde se tourna dans la direction indiquée pour y découvrir un naufragé couché à plat ventre sur un morceau de mât et quelques bambous lui servant de radeau de sauvetage. Très vite, les matelots remontèrent à bord un grand escogriffe tout maigre et tout dégoulinant d'eau, simplement vêtu d'une longue chasuble d'un blanc douteux. L'homme semblait épuisé et en piteux état en raison d'un trop long séjour dans le bouillon salé. Quelques heures plus tard, une fois qu'il fut lavé, séché, restauré grâce à une collation généreuse et réhydraté à grands coups de tafia, l'homme sembla un peu plus en état de répondre aux questions du comte. – J'ai l'impression que votre visage ne m'est pas inconnu, commença Magypolka. – C'est fort possible, fit l'autre en se rengorgeant. – Je vous ai vu quelque part, mais je ne me souviens pas où. – C'est simple, dans le milieu philosophico-religieux qui est le mien, je suis une célébrité, une référence, dit l'homme au profil d'aigle pygargue, à la barbe taillée en pointe et aux longs cheveux de neige. – Ca y est ! Je sais ! Vous êtes un prophète ! S'exclama Nulco. – Vous brûlez... – Vous devez être un philosophe comme Bertrand Henry de Ville, dit BHV, qui est en train de ramer juste en dessous pour expier toutes les sottises qu'il m'a poussé à commettre.
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– Bien mieux que philosophe, je suis druide de cour. J'ai pour nom Karabeuk. Karl Kevin Karabeuk, KKK pour les fans et les intimes. Dernier descendant d'une longue lignée de druides. De génération en génération, de père en fils et de fil en aiguille, nous autres les Karabeuk toujours nous soignons, enseignons et conseillons. – Vous conseillez les rois et les gouverneurs ? – Surtout les gouverneurs ! – Vous avez lu l'avenir à Nullande ? – Oui, mais seulement au début de son règne. Après, j'ai dû abandonner. C'est un cas désespéré. Il ne comprend rien à rien. Il a une poisse incroyable. Partout où il passe, la pluie se met à tomber à seaux. Dès qu'il s'occupe d'un truc, ça vire à la catastrophe. J'ai préféré jeter l'éponge. On ne tire pas sur une ambulance. – Mais dîtes-moi, druide, lorsque j'étais aux affaires, je suis à peu près sûr de ne jamais avoir eu recours à vos services, s'étonna Nulco. – En effet, vous avez toujours donné la préférence au lama Sergueï, ce moine bouddhiste défroqué. – Ne me parlez pas de ce sinistre individu, grogna le petit homme. Quand il aura bien ramé et bien pédalé, il reviendra à de meilleurs sentiments. Mais, dîtes-moi, comment se fait-il qu'une star du paranormal, un as de la divination tel que vous se retrouve étendu tel un naufragé sur un radeau au beau milieu de l'Océan tropical ? – C'est une longue histoire... Tout est de la faute de cet ivrogne d'Hannibal de Kerguelec, celui qu'on appelle le « curé flottant ». Un soir de beuverie, cet empaffé m'a mis au défi de participer à la « Route du Punch », la fameuse course à la voile en solitaire à travers l'Océan. Il ne faut jamais parier avec Karabeuk surtout quand l'enjeu est un tonneau de gnôle ! J'ai
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mon honneur, Messire ! Je n'allais pas baisser pavillon devant un représentant de la nouvelle religion venue de l'Orient lointain et calamiteux. Ca, sûrement pas. Je me suis fait construire un trois coques révolutionnaire. Tout en agglo compressé et bambou synthétique. Et comme ma bourse n'est pas en rapport avec ma célébrité, j'ai fait l'erreur de le faire construire par un chantier naval de l'Empire des Orques jaunes où les prix sont imbattables. – Ce n'est pas conseillé du tout, dit Nulco. Personnellement, je préfère ne jamais rien acheter qui soit fabriqué là-bas. Mes montres, mes horloges, mes réveils et mes pendules à balancier viennent des meilleurs horlogers helvètes. Mes charrettes, chariots et carrosses à huile noire sont tous « made in teutonnie ». Mon caviar vient de Perse, mes bottines de Ritalie, mes moules-frites de Bruxelles, mes rillettes du Mans et mes bêtises de Cambrai. C'est dire si je suis citoyen et responsable ! – Vous avez raison, Majesté, car avec mon trois-flotteurs low-coast fabriqué avec de la sciure et du papier mâché, j'ai senti ma douleur ! Au premier petit coup de vent, le mât s'est cassé en deux. Au deuxième, les voiles sont parties en lambeaux et au troisième, c'est tout l'ensemble, la coque, les flotteurs et tout le bazar qui s'est disloqué. On n'est jamais gagnant à se contenter de camelote ! C'est ce que je ruminais quand vos hommes m'ont repêché. – Vous me devez donc une fière chandelle... fit le petit homme espérant un mot de remerciement qui ne vint jamais. – Votre rafiot va dans quelle direction ? Demanda Karabeuk. – Le capitaine nous fait faire des ronds dans l'eau le temps d'un week-end. Dès lundi matin, je dois reprendre meetings, conférences et réunions dans la Comté profonde. Campagne électorale oblige.
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