Le soleil se lève à l est et l espoir se couche à l ouest
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Le soleil se lève à l'est et l'espoir se couche à l'ouest

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Description

Le soleil se lève à l'est et l'espoir se couche à l'ouest Un peu comme on se perd dans un bois, je me suis retrouvé dans ce bus. Sur une route paumée et désertique, je l'ai vu arrivé, j'étais pas loin de chez toi. Un bus jauni par le temps, avec un sale bruit de moteur qui agresse directement les tympans, il avait fait du chemin, sans hésité. J'étais l'inverse de ce train, jeune et frais, je ne connaissais rien de la vie, et la route, j'avais jamais foutu les pieds dessus. Quelques larmes sur mon visage, des restes. J’essuie. Plus rien. Jusqu'à bientôt. C'était pas loin de chez toi que j'ai pris pour la première et dernière fois ce bus, ce bus qui me faisait quitter ton monde, ta ville, tes chagrins, tes peines, tes joies, ton amour. Toi. Il arrivait, il venait me prendre, alors que je n'avais rien demandé. Il s’arrêta, le moteur poussa un râle, les portes grincèrent et s'ouvrirent, puis lentement, le chauffeur me regarda, en tournant la tête très délicatement. Il était chauve, décharné, des yeux creux, dans lesquels, des orbites minuscules me jaugeaient. Une épaisse barbe blanche, un vieux. Un vieux conducteur dans un vieux bus. La mort assurée. Je le regardais, en pensant aux moments ensemble, tout le bon que tu m'avais donné, et que tu avais accessoirement reprit. Un vent frais souffla légèrement sur moi, déplaçant quelques grains de sable avec lui. Le soleil tapait fort, en cette fin de journée. Le conducteur me pressa de sa voix rauque.

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Publié le 16 août 2014
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Langue Français

Extrait

Le soleil se lève à l'est et l'espoir se couche à l'ouest
Un peu comme on se perd dans un bois, je me suis retrouvé dans ce bus. Sur une route paumée et désertique, je l'ai vu arrivé, j'étais pas loin de chez toi. Un bus jauni par le temps, avec un sale bruit de moteur qui agresse directement les tympans, il avait fait du chemin, sans hésité. J'étais l'inverse de ce train, jeune et frais, je ne connaissais rien de la vie, et la route, j'avais jamais foutu les pieds dessus. Quelques larmes sur mon visage, des restes. J’essuie. Plus rien. Jusqu'à bientôt. C'était pas loin de chez toi que j'ai pris pour la première et dernière fois ce bus, ce bus qui me faisait quitter ton monde, ta ville, tes chagrins, tes peines, tes joies, ton amour. Toi.
Il arrivait, il venait me prendre, alors que je n'avais rien demandé. Il s’arrêta, le moteur poussa un râle, les portes grincèrent et s'ouvrirent, puis lentement, le chauffeur me regarda, en tournant la tête très délicatement. Il était chauve, décharné, des yeux creux, dans lesquels, des orbites minuscules me jaugeaient. Une épaisse barbe blanche, un vieux. Un vieux conducteur dans un vieux bus. La mort assurée.
Je le regardais, en pensant aux moments ensemble, tout le bon que tu m'avais donné, et que tu avais accessoirement reprit. Un vent frais souffla légèrement sur moi, déplaçant quelques grains de sable avec lui. Le soleil tapait fort, en cette fin de journée. Le conducteur me pressa de sa voix rauque. C'était le dernier bus pour aujourd'hui, le dernier pour toujours. Je me résolu à monter. Je jetais un dernier regard, vers notre passé. J'espérais tant te voir, me dire que tu avais fait une erreur et que tu voulais que je revienne. Je ne vis rien, rien que du sable, ballotté au gré du vent, et un désert à perte de vue. Pas loin de chez toi, pas loin de chez toi. Trois, quatre marches. Les portes se fermèrent dans un grincement qui me glaça le sang. Les vitres sales et vieillies projetèrent mon regard au loin, dans l'horizon, j'ai cru voir ta maison. J'ai cru.
Il faisait chaud, très chaud dans ce bus. Il était plein, il ne restait qu'une place. Dans le fond du bus. Côté fenêtre. Je vis des miséreux, des fugueurs, des infirmes, des laissés-pour-compte, des marginaux, ils regardaient droit devant eux, un sourire aux lèvres. Il y avait aussi un jeune homme, la tête d'un jeune premier, l'air un peu triste, le visage collé à la vitre, il m'inspira de la sympathie. Mais, je passais mon chemin. Je pris place, là où je devais être. Et le bus redémarra.
J'étais assis à côté d'un alcoolo, non pas que je me sois intéressé à lui, ça se sentait c'est tout. Il me regardait. Il s’appelait Hanky, gros, bedonnant, le visage ravagé, une belle gueule. Il demanda : « Oùtu-vas ? » Je ne savais pas vraiment où j'allais. Juste que ce bus d'enfer allait vers l'ouest. J'étais désespéré, je ne pouvais détaché mon regard du désert qui s'étendait autour de nous, je voulais descendre, cramer au soleil et crever. Je répondis : « J'en sais rien » Sur des océans de brume, dans les étoiles, ailleurs qu'ici. « Où se trouve t-on ? » Demandai-je Il me regarda, toussa un bon coup : « Dans un rêve de Dieu, ou dans son trou du cul, appelle ça comme tu veux. Enfer ou terre ? Choisis ton camp camarade. Pas de différence. » J’acquiesçai. Et le soleil mourait à l'ouest, dans un dernier flamboiement. Lui au moins savait qu'il se lèverait à l'est. Et moi ?
Alors que le soleil s'écrasait à l'ouest, il aperçut un long cheveu collé sur le dos du siège devant lui. Et si c'était une promesse ? Une promesse d'un amour quelque part ? D'une femme qui avait pensé à lui, qui le désirait ? Un sourire se dessina sur ses lèvres. « Oùtu-vas ?» redemanda l'autre. « Trouver mon amour. Ou plutôt le retrouver. » dit-il, simplement. L'autre se contenta de rire, il toussa. Puis ferma les yeux. Le trou du cul de Dieu pensa-t-il. Et c'est ainsi, qu'il tînt fermement l'espoir fraîchement retrouvé. Tandis que le soleil s'écrasait dans le lointain, Le bus roulait toujours et roula pour toujours dans ce désert aride. Il n'y avait pas d'arrêt. Et demain à l'est, se lèvera son ancien amour qui, dans la plus pure insouciance, aura déjà oublié le malheureux avec qui elle avait partagé sa vie. Il souriait encore, un amour qui l'attendait quelque part se disait-il, quelque part.
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