Max
237 pages
Français

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Max , livre ebook

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Description

Le mal absolu existe-t-il ?
C’est l’été.
Une chaleur étouffante enveloppe La Nouvelle-Orléans, à quelques jours du Satchmo SummerFest qui fait affluer les touristes.
Des crimes étranges et particulièrement barbares sortent brutalement la ville de son insouciance estivale.
Le vice a-t-il définitivement happé La Nouvelle-Orléans ou la source de cette violence est-elle plus profonde, plus noire, plus animale ?
Zachary, ancien flic et détective privé sur le retour, arpente chaque nuit les rues de la métropole. Parviendra-t-il à mettre fin à ce jeu macabre auquel il se retrouve involontairement mêlé ?
Mais surtout… découvrira-t-il qui est vraiment Max ?
« Max », un thriller fantastique inclassable qui ne vous laissera pas insensible.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 juin 2015
Nombre de lectures 637
EAN13 9782370113245
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MAX

M.I.A



© Éditions Hélène Jacob, 2015. Collection Thrillers . Tous droits réservés.
ISBN : 978-2-37011-324-5
À Catherine M.
Le jeu peut commencer…
Lundi
– 1 –


Le chemin retour est plus long que dans ses souvenirs. Ou peut-être cette impression est-elle due à l’heure tardive et au chagrin qui s’est abattu sur elle à minuit, lorsque le vieux Simon Potter a rendu l’âme. L’horloge du salon, aussi fatiguée que l’homme moribond, a mêlé ses douze coups aux sanglots de la famille rassemblée dans la petite maison décrépite. Gracie a pleuré avec eux, sans retenir la moindre larme, serrée entre la veuve et quelques cousins anonymes. Elle a observé le père Patrick McEnery au chevet du corps désormais inerte, fermant doucement les paupières rigides. L’onction aux malades a pu être administrée à temps et le vieillard est mort en souriant, ce qui a légèrement consolé la jeune femme au moment des adieux. Elle connaissait Simon depuis des années et il va affreusement lui manquer.
Gracie et le prêtre jésuite sont restés encore deux heures dans la maisonnette en deuil, prodiguant quelques mots de réconfort à chacun et évoquant la vie bien remplie du trépassé : cinq enfants, treize petits-enfants et un nombre incalculable de gamins appartenant à la quatrième génération. L’homme a été entouré jusqu’au dernier instant, l’amour familial l’aidant peut-être à oublier son extrême pauvreté et les traitements médicaux qu’il n’a jamais pu se payer. Gracie l’espère, en tout cas, et elle rumine silencieusement sa tristesse tandis qu’ils se rapprochent du Saint Louis Cemetery No. 1 en descendant Basin Street.
Elle est légèrement agacée que père Patrick n’ait pas jugé utile d’appeler un taxi pour rentrer. À vol d’oiseau, un peu plus d’un kilomètre et demi sépare l’adresse des Potter de celle du prêtre, qui habite à trois rues de Gracie, tout près de l’église Immaculate Conception. Ce n’est pas énorme, mais cette distance est particulièrement éprouvante lorsque la fatigue, la peine et l’inquiétude s’en mêlent. Car devoir déambuler dans Tremé en pleine nuit, en longeant le parc Louis Armstrong pour contourner le cimetière par le sud avant de rejoindre l’ouest du Vieux Carré, n’a rien pour rassurer la jeune femme. Elle connaît bien sa ville, sa beauté, mais aussi ses problèmes. Elle est parfaitement consciente qu’ils prennent un risque inutile en arpentant les rues presque désertes et souvent mal éclairées qui jalonnent leur parcours. Elle sait qu’ils s’exposent aux déshérités qui investissent le parc et ses abords à la nuit tombée. Junkies et miséreux en quête de quelques dollars ne sont habituellement pas loin. Les imprudents y laissent leur portefeuille, parfois beaucoup plus. Enfin, c’est ce qui se dit. Peut-être n’est-ce que propagande médiatique, essaye-t-elle de se convaincre en vain.
Gracie hésite à sermonner le prêtre, ami de son défunt père, qui l’a vue naître et à qui elle voue une admiration et un respect sans bornes. A-t-elle le droit de lui reprocher son sens extrême de l’économie, qui confine parfois à l’avarice ? Elle se doute que son intention est louable, mais elle ne peut s’empêcher de lui en vouloir un peu. Un taxi n’aurait pas coûté bien cher, surtout pour un trajet aussi court. En quelques minutes, ils auraient chacun retrouvé la sécurité de leur appartement et pu prendre un repos bien mérité. Au lieu de cela, ils passent d’une rue à l’autre au fil de minutes qui s’éternisent, observant nerveusement les ombres mouvantes tracées par des lampadaires trop rares au goût de la jeune fille.
La chaleur lourde et humide ne rend pas leur trajet plus facile. Gracie donnerait n’importe quoi pour retirer la robe ample qui colle à ses cuisses et s’offrir une douche fraîche. Elle a mal aux pieds d’être restée si longtemps debout dans la chambre du mourant. Ses jolies espadrilles au talon légèrement compensé – une coquetterie, pour une femme qui rejoindra la vie monastique dans moins de deux semaines, elle en est bien consciente – ne sont pas adaptées à la situation. Si elle avait su ce matin qu’elle allait devoir enchaîner une veillée funèbre et un retour à pied chez elle en pleine nuit, elle aurait choisi une paire de chaussures plus pratiques. Des baskets, pour pouvoir courir en cas de besoin, se met-elle à penser. Elle tente de se raisonner, alignant son pas sur celui de père Patrick, dont les grandes jambes et l’énergie naturelle effacent sans peine les trente ans d’âge qui les séparent. Gracie le suit difficilement et la moiteur ambiante l’empêche de bien respirer. Elle voudrait que le ciel nuageux craque et libère enfin la pluie attendue depuis deux jours.
Père Patrick, pas si vite… J’ai vraiment mal aux pieds.
Le prêtre se retourne vers elle, l’air étonné, comme émergeant soudain d’une réflexion profonde. Il lui adresse un large sourire étrange, très éloigné de son expression habituelle, bienveillante mais plutôt réservée. Le rictus disparaît rapidement de son visage.
Pardon, Gracie. Je ne m’étais pas rendu compte de tes difficultés. Mais s’attarder ici n’est pas recommandé.
Elle se mord la langue pour ne pas lui faire remarquer qu’il est pleinement responsable de leur situation. La future novice du Saint Clare’s Monastery est de nouveau au bord des larmes. Elle est sur le point de lui répondre lorsqu’il la saisit par le bras, ses yeux perçant la pénombre derrière elle.
Je crois que nous sommes suivis. Dépêchons-nous.
Avant qu’elle puisse l’interroger, il l’entraîne sans donner plus d’explications, lui imposant un rythme soutenu. Les semelles de corde de Gracie produisent un curieux bruit de frottement sur l’asphalte, tandis qu’elle cherche son souffle en aspirant de grandes goulées d’air étouffant. Elle n’ose pas se retourner et reste cramponnée à la main sèche du jésuite. Ce dernier se charge de surveiller leurs arrières et jette de fréquents coups d’œil sur sa gauche, en direction du parc qu’ils sont en train de dépasser en empruntant le large virage de Basin Street qui débouche sur le cimetière.
Plus vite, Gracie !
Elle se hâte autant que ses espadrilles le lui permettent, songeant même à les retirer pour pouvoir courir. Mais s’arrêter pour dénouer les nœuds complexes qui lui enserrent la cheville est hors de question. Elle se fustige intérieurement pour cet achat stupide et inutile. Il lui semble entendre des pas derrière eux, qui vont en s’accélérant. Mais peut-être n’est-ce que le son de son propre cœur, affolé et bien trop bruyant dans ses tympans. Les voitures sont peu nombreuses, en ce tout début de lundi. Depuis plusieurs minutes, aucune n’a emprunté la large avenue qu’ils descendent. La jeune femme se sent oppressée par cette absence de vie. Ses pires cauchemars sont toujours ceux où elle fuit un ennemi qu’elle ne peut voir, mais qui se rapproche inéluctablement. Ceux dans lesquels personne n’entend ses cris et où elle compte sur la promesse d’un réveil imminent pour la réconforter.
Ils atteignent enfin le mur du cimetière, contre lequel Gracie s’appuie un instant, soulagée d’être maintenant si près du Vieux Carré. D’habitude, elle évite le quartier rempli de touristes ivres venus s’étourdir dans ses rues qui ne dorment jamais. Mais cette nuit, elle aimerait pouvoir franchir par la pensée les quelques centaines de mètres qui la séparent de Bourbon Street, pour rejoindre ceux qui célèbrent par anticipation le Satchmo SummerFest. Le festival ouvrira officiellement dans trois jours. Gracie sait bien que, même sans ce prétexte, l’ambiance serait tout aussi festive, mais la perspective d’un nombre accru de vacanciers la rassure encore davantage. Le prêtre la sort de ses réflexions par un chuchotement impérieux.
Gracie, ce n’est pas le moment de t’arrêter ! Nous sommes toujours suivis…
Elle se laisse une nouvelle fois entraîner. Son ami et mentor n’est pas du genre à s’affoler pour rien. S’il la presse autant, c’est qu’il craint vraiment pour leur sécurité. Elle pensait qu’il allait tout de suite emprunter Saint Louis Street sur leur gauche, pour se rapprocher sans attendre des rues les plus animées du Vieux Carré, mais elle constate avec surprise qu’il reste sur Basin Street et choisit de longer le mur du cimetière.
Père Patrick, vous ne voulez pas traverser ici ?
Non, il vaut mieux se cacher. Tu ne vas pas assez vite pour distancer celui qui nous suit. Il est en train de nous rattraper.
Gracie se sent vexée par la remarque, elle qui ne fait que subir la situation. Mais elle sait qu’il a raison. La fatigue et la panique qu’elle ressent lui ont coupé les jambes. Elle ne peut s’empêcher de scruter l’avenue derrière eux, large, vide et trop silencieuse. Elle n’est pas certaine d’y distinguer une silhouette qui s’approche, mais les buissons et les arbres qui parsèment le ter

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