Micronouvelle : Ah les boutiques !
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Description

Micronouvelle 1 Auteur : Rosy Astolfi Ah les boutiques ! C'est le week-end. Enfin ! Alors je chante. A partir du 20 de chaque mois, je chante : Ah ce qu'on s'emmerde ici ! Ah ce qu'on s'emmerde ici ! Ah ce qu'on s'emmerde ici ! Merde ici ! Merde ici ! Merde ici ! Tsoin ! Tsoin ! Oui, j'en ai assez de tourner en rond comme un rat presque mort dans mes 22 mètres carrés. De plus c'est l'été, il fait beau et la fenêtre de l'appart que je loue au troisième donne sur une rue mouvementée qui respire la vie et la gaieté. Et moi je suis ici à me morfondre ! A me morfondre ? A déprimer, oui. Personne ne viendra me voir, pas une seule petite visite, je le sais déjà. Nous sommes le 25, je n 'ai plus un rond et comme tout le monde autour de moi, j'attends une paye qui n'est pas prête à arriver... Mais heureusement, il y a un mais. Oui, c'est vrai, maintenant que j'y pense, dans la poche intérieure de mon sac à dos... Il y a quoi déjà ? Personne ne peut le deviner alors je donne votre langue au chat (à mon chat, Minouche, qui dort pour l'instant mais qui a faim, comme moi). Oui, je disais que comme d'hab, il y a un billet bleu dans mon sac à dos. Ce n'est pas un mot doux, non. Pas une lettre d'amour sur du papier bleu, non non. C'est juste un billet de 20 euros que j'ai plié en quatre et que j'ai mis de côté pour la « faim » du mois.

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Publié le 10 septembre 2013
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Langue Français

Extrait

Micronouvelle 1
Auteur : Rosy Astolfi Ah les boutiques !
 C'est le week-end. Enfin ! Alors je chante. A partir du 20 de chaque mois, je chante : Ah ce qu'on s'emmerde ici ! Ah ce qu'on s'emmerde ici ! Ah ce qu'on s'emmerde ici ! Merde ici ! Merde ici ! Merde ici ! Tsoin ! Tsoin !
 Oui, j'en ai assez de tourner en rond comme un rat presque mort dans mes 22 mètres carrés. De plus c'est l'été, il fait beau et la fenêtre de l'appart que je loue au troisième donne sur une rue mouvementée qui respire la vie et la gaieté. Et moi je suis ici à me morfondre ! A me morfondre ? A déprimer, oui. Personne ne viendra me voir, pas une seule petite visite, je le sais déjà. Nous sommes le 25, je n 'ai plus un rond et comme tout le monde autour de moi, j'attends une paye qui n'est pas  prête à arriver...
 Mais heureusement, il y a un mais. Oui, c'est vrai, maintenant que j'y pense, dans la poche intérieure de mon sac à dos... Il y a quoi déjà ? Personne ne peut le deviner alors je donne votre langue au chat (à mon chat, Minouche, qui dort pour l'instant mais qui a faim, comme moi).
 Oui, je disais que comme d'hab, il y a un billet bleu dans mon sac à dos. Ce n'est pas un mot doux, non. Pas une lettre d'amour sur du papier bleu, non non. C'est juste un billet de 20 euros que j'ai plié en quatre et que j'ai mis de côté pour la « faim » du mois. « Avec ça, ma grande, me suis-je dit, tu pourras t'acheter du pain, du beurre, du café au lait et une plaque de chocolat, chez l'épicier, tout comme le faisait ta mère, et ta grand-mère avant toi ».
 Oui, tous les mois c'est le même cinéma. Je planque 20 euros pour subsister jusqu'à la semaine prochaine. Et tous les mois, je plonge ma main dans mon sac à dos comme une voleuse et je glisse le fameux billet bleu dans la poche de mon jeans puis, je claque la porte derrière moi et je sors en dévalant l'escalier, toute légère, le pied léger et les mains libres, comme aujourd'hui.Et pour la troisième fois cette semaine, je croise Marie et sa robe Desigual.  C'est décidé, me suis-je dit, je vais faire les boutiques. « Ton compte est dans le rouge » m'a dit une petite voix. « Et alors ? J'ai un billet bleu, moi ! » ai-je répondu. Et puis, si j'attends les soldes, il n'y aura plus rien à ma taille. Je suis descendue rue Gambetta. J'ai regardé les pulls, les polos et les pantalons en vitrine tout en froissant le billet bleu entre mes doigts. Pour l'instant, rien ne se passe. Je rentre dans une boutique, j'essaie une robe noire, je l'enlève... Je remets mon vieux polo. Je repère une autre robe, marron à carreaux, je l'essaie aussi. Je regarde le prix : 25 euros. Quoi ? 25 euros ! Trop cher pour moi. Je me rhabille. Je sors du magasin, déçue. J'entre aussi sec dans un autre. Si je n'achète rien aujourd'hui, me dis-je, j'aurai au moins pris un bon bol d'air, comme disait ma grand-mère, j'aurai bénéficié de la lumière du jour, et il y aura toujours la plaque de chocolat de chez Momo pour me consoler. L'heure tourne et je n'ai encore rien trouvé de beau pour 20 euros. Je sors du magasin...
 « Tant pis, me dis-je, il va falloir attendre les soldes, ma grande ». Allez, dernière tentative quand-même avant de démissionner. Et là, j'ai senti comme une petite main me pouuser (très fort) dans la première boutique à ma droite.
 Il y avait un peu de monde. Les fringues : des sous-pulls marrants, des sweat-shirts délirants, des bodys hilarants, étaient éparpillées un peu partout et débordaient des étagères. C'était la fête des couleurs. Bref, il y avait là de quoi rendre folle la plus raisonnable des femmes. Apparemment, les
deux vendeuses étaient dépassées par les événements. J'ai fureté un bon moment. D'un seul coup, j'ai repéré un de ces chemisiers à fleurs ! « C'est ça qu'il me faut ! » me suis-je dit. Je vais craquer pour celui-là ! Je le sens, là, au creux de l'estomac ! Je le tire par la manche. L'étiquette ? Où est l'étiquette ? Ah, la voilà ! Quoi ? 45 euros ! Je suis estomaquée, je meffondre ! Mais après tout, tant pis, me suis-je dit, je l'essaie quand-même, rien que pour voir si je suis belle dedans.
 Pas une seule employée présente à l'essayage. Maintenant, je suis toute seule dans la cabine avec le chemisier sur le dos, je prends la pose et je suis magnifique. Ah là là ! Si mon ex me voyait! Mais il n'est pas là... Je remets mes vieilles frusques. Je sors de cette maudite cabine sans me regarder dans la glace. Je m'avance pour le remettre à sa place, juste en face des caisses.. Personne à la caisse non plus ! Tiens ? Mais, qu'est-ce que c'est, là, qui traîne sur le comptoir ? On dirait l'appareil pour dégrafer l'antivol ? Là, tout seul ? Ni une ni deux, je l'attrape. « Tu es devenue folle » me fait la petite voix. Tant pis ! Viens par ici mon mignon, et retour à la cabine d'essayage avec le chemisier à fleurs.
 Ouf, ça y est ! Tout est O.K. C'est dégrafé. Et qu'est-ce que je vais faire de l'appareil maintenant ? « Glisse le dans ton jeans, allez, » me dit la petite voix... « Suis-je bête ! ».
 J'ai enfilé le chemisier et ma veste rapée par dessus. Et mon sous-pull ? Bof ! Je le laisse. Il en feront des chiffons, ça a vraiment besoin d'un bon coup de nettoyage ici. Je suis ressortie discrètement du magasin et j'ai froissé le billet bleu entre mes doigts. Ah oui, c'est vrai, il faut que je passe chez Momo, l'épicier. Du pain, du beurre, du café au lait et une plaque de chocolat sans oublier les croquettes pour Minouche. Il n'y a plus rien à béqueter dans l'armoire...
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