Sur la route avec Springsteen
159 pages
Français

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Sur la route avec Springsteen , livre ebook

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Description

Novembre 1980. Quand Daniel, quinze ans, découvre l'album de rock "The River", il devient fan de Bruce Springsteen. Mais, comme tant de personnages des chansons de l'artiste américain, il ignore encore que sa vie s'annonce remplie d'écueils...


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 janvier 2015
Nombre de lectures 377
EAN13 9782365922098
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Olivier Démoulin



Sur la route avec Springsteen






Du même auteur

« Dans mon Ventre », 2006, éditions Grrr…art

« Je hais les troubadours », 2006, éditions Grrr…art

« Orage maternel », 2007, éditions Grrr…art

« L’homme qui épousa New York », 2008, éditions Grrr…art

« Aux bons soins de Lénine », 2010, éditions Grrr…art


Éditions GRRR…ART
3, Résidence Saint-Paul, 78660 Allainville aux Bois
Tél. / Fax : 01 30 41 89 50
Sites Internet :
http://grrrart.free.fr
http://leoetlu.free.fr

ISBN : 978-2-36592-209-8

Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction strictement réservés pour tous pays.
© Éditions GRRR…ART

Photo : Georges GRARD


« Is there anybody alive out there ? »
(Y a-t-il quelqu’un de vivant ici-bas ?)


« Nobody wins unless everybody wins. »
(Personne ne gagne tant que tout le monde ne gagne pas.)


« I cannot, I will not promise you life everlasting, but I’ve got something better : I can promise you life... RIGHT NOW ! »
(Je ne peux pas, je ne vais pas vous promettre la vie éternelle, mais j’ai mieux : je peux vous promettre la vie… TOUT DE SUITE !)


Bruce Springsteen en concert


24 mai 2003 Saint-Denis, Stade de France

Bruce Springsteen interprète l’antiquité flamboyante « Does This Bus Stop At 82 nd Street ? ».
Les spectateurs déjà présents n’en reviennent pas. Deux heures avant le début officiel du concert, sur l’immense scène, la rock star américaine a entamé en solo un « mini set acoustique » !
Le public debout dans la fosse gonfle à vue d’œil.
Derrière son micro, l’auteur-compositeur de cinquante-trois ans porte une casquette claire, un blouson foncé et un jean bleu. Sa guitare noire Takamine articule maintenant les premiers accords d’un autre vieux morceau : « Growin’ Up ».
L’assistance se serre encore et applaudit.
Sous le regard ébahi de Sabrina et le sourire ébloui de Valentine, une troisième chanson suit : « This Hard Land ».
Puis Bruce Springsteen salue la foule d’un coup de casquette :
– See you later !
(À tout à l’heure !)
Avant d’avoir débuté, un concert peut-il mieux commencer ?
En revanche, l’immédiat après-concert panique déjà Valentine.
Elle devine combien l’épreuve sera douloureuse.
« Évacuons pour l’instant, se dit Valentine. Sinon, je me connais, je n’irai pas du tout. »
À ses yeux, l’aide-soignante qu’elle est toujours et le bourreau qu’elle fut jadis doivent passer aux actes.
Comme un prix à payer.


I. Novembre 1980

– Prêt, Daniel ? On y va ? Rassurez-moi, un ado plein d’énergie comme vous ne craint pas de se faire opérer de l’appendicite ?
Le docteur à la cravate rose et l’infirmière brune d’hier soir sont à mes côtés. Vu mon état, ils ne souhaitent pas me voir marcher. Ils m’aident à sortir du lit et m’assoient dans un fauteuil roulant.
Rapidement, ils me conduisent vers la cage de l’ascenseur. Nous descendons dans la salle d’opération.
Tout se déroule si vite.
Je suis déjà allongé sur une table saturée de lumières et de blouses blanches.
L’anesthésiste, aussi croisé hier, parle gentiment et me pique le bras.
Je pense à mes parents, à ma grand-mère.
Je m’endors.
Combien de temps ?

Le docteur a prévenu, le réveil sera pénible.
Un moment, j’ouvre vaguement les yeux. Puis je replonge dans les vapes. Sans avoir vu personne ? Ni mes parents, ni le médecin cravaté, ni l’infirmière brune ?
Soudain, j’ignore si j’entends sonner les cloches de l’église Saint-Jean ou un carillon dans mon imagination.
Combien d’heures passent ?
Plus tard, bien plus tard : ça y est, cette fois, je me réveille vraiment, je retrouve mes esprits.
Et, première surprise, je ne ressens pas, ou peu, de douleur.
Quelle heure est-il ? Cette nuit paraît le jour. Sans doute grâce à la pleine lune. Peut-il être minuit ?
Comme quand ma grand-mère…
Justement, à mon grand étonnement, je ne suis pas seul dans ma chambre de clinique !
J’hallucine ?
Ce n’est pas ma grand-mère. La personne à ma droite ne ressemble ni à un membre de ma famille, ni à une infirmière.
Sur le lit voisin du mien, des pieds dans des baskets jaunes battent l’air à toute vitesse sans toucher le sol : assise devant moi, une jeune fille sourit en direction du plafond.
Je découvre ses socquettes blanches, ses genoux ronds et le bas de ses cuisses.
Je lui donne mon âge, quinze ans, ou maximum seize. Je ne l’imagine pas majeure. De longs cheveux noirs dans le désordre entourent son visage et dévalent sous ses oreilles. Son menton semble devancer le reste de sa figure, comme désireux de se détacher de son être. Une allure générale pénétrante.
Peut-être a-t-elle vu que je l’observais ? À présent, elle me regarde aussi.
Elle affiche un sourire au coin de la bouche.
Par rapport aux autres filles que je connais, son regard, couvert par quelques mèches noires rebelles, paraît plus mordant, plus entraînant, en un mot plus « vivant ». Peu de nanas donnent envie de se noyer dans leurs yeux. C’est la première fois que cela m’arrive. Mon cœur se soulève de ma poitrine. Ma température augmente sans doute de plusieurs degrés. Je ressens une totale confiance en elle. Comme un désir de la suivre et l’impression d’être transporté. Je n’ai jamais vécu ça. Je me sens capable, si j’essaie vraiment, de m’envoler au-dessus de mon lit. Cela me permettrait de mieux la contempler, même si je la distingue parfaitement grâce à la lumière naturelle de la lune.
Je ne doute pas, cette fille est bien réelle.
Rien de commun avec l’année dernière, lorsque ma grand-mère…
Elle sourit toujours du coin de la bouche. Ses lèvres s’entrouvrent un peu, je perçois légèrement ses dents blanches. Ce deuxième sourire, voisin du premier, me plaît encore davantage. Étirement des lèvres assez grand pour vous inspirer confiance, mais assez étroit et délié pour créer un mélange de mystère et d’excitation.
Elle me scrute. Enfoui sous un drap fin et une couverture en laine, je demeure muet. Elle voit juste mon visage et mon cou, je ne tiens pas à lui montrer mon pyjama rayé de petit garçon.
Elle-même n’est pas habillée pour dormir. En témoignent ses baskets à larges lacets, sa jupe aux motifs enchevêtrés (des fleurs mêlées ?) et sa veste couleur crème rappelant le canapé de notre salon.
Elle cogne ses chaussures l’une contre l’autre. Elle finit ainsi par les ôter. Elle semble s’agacer de leurs chutes sur le sol en damier.
Son sourire redevient celui du début : les lèvres serrées, les dents cachées.
Elle parle enfin, ou plutôt elle chuchote :
– Tu garderas ça pour toi ? Je vais dormir ici cette nuit.
– Il… il est quelle heure ?
– Minuit passé.
– Vraiment ?
– Pourquoi tu deviens rouge ?
– Moi ? Pas du tout. Je… je m’appelle Daniel. Et toi ?
– Je pensais être seule dans cette chambre.
– Tu ne veux pas me dire ton prénom ?
– D’habitude, dit-elle, à partir d’une certaine heure, il n’y a personne ici. Je ne t’ai pas vu quand je me suis assise sur le lit.
Elle sourit toujours.
Quelle question intelligente et pas rasante lui poser pour continuer de l’entendre ?
Le monde peut s’écrouler autour de nous, je n’arrêterai pas de la regarder.
Un sac à dos orange est posé près d’elle.
Elle plonge une main dedans, elle en extrait un petit objet métallique rectangulaire. Environ quinze centimètres de long sur dix de large. Le mot « STEREO » est gravé en relief.
Au lycée, Thomas et Étienne m’ont parlé de cet appareil électronique venu du Japon et d’Amérique.
Je n’en avais jamais vu.
Un walkman.
Elle sort maintenant un casque : un arceau fin en fer gris terminé par deux écouteurs en mousse bleue. Elle branche la prise d’un fil dans un trou, sur un côté du walkman.
Elle sourit cette fois très franchement, comme si elle s’apprêtait à rire. Ce troisième type de sourire est encore plus engageant que les autres, ces lèvres si joliment ouvertes paraissent deux bras capables de m’enlacer.
Elle susurre :
– Tu ne connais pas ?
– Euh… si, si. Ça permet d’écouter tout seul des cassettes.
– T’aimes quoi comme musique ?
– Euh… en ce moment ? Pas grand-chose. Si ! « Marche à l’ombre » de Renaud m’éclate. Pas toi ?
– Bof. T’aimes rien d’autre ?
– Si. Dans le bar en face de mon lycée, j’entends plein

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