Partie de campagne

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• Publié par: motorevue
• Publié le: 24 mai 2012
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• Langue: Français

Extrait

Partie de campagne

Un parking balisé par des cônes rouge et blanc et détrempé par la pluie, le ciel bas et délayé par le brouillard de la Belgique flamande, des scooters électriques en train de charger pendant que le jour se lève à peine. Les ingrédients d'une bonne nausée motarde ? Possible, mais à l'heure où la grand-messe de la campagne électorale française vient de s'achever après des mois d'occupation du terrain médiatique, force est de constater que les enjeux écologiques ont été l'un des grands absents des débats. Qui se souvient du cri d'alarme d'un dirigeant écolo au 20 heures de TF1 ? Comme la plupart des français, les motards ne s'en portent pas plus mal. Pour ces derniers, l'écologie est trop souvent synonyme de taxes sidérantes tombées du ciel et la moto électrique tout simplement une aberration mécanique. Les élections, elles, sont désormais jouées. Sur le plan énergétique, l'alternative n'offre peut-être pas une alternance, mais après tout, aucun prétendant sérieux au « titre » ne s'était risqué trop longtemps sur le terrain de notre avenir énergétique. À la lueur des élections françaises, la seconde édition de l'élection de la meilleure moto électrique de l'année qui vient de se tenir à Zolder en Belgique, et à laquelle Moto Revue a participé une nouvelle fois (voir p. 48), fut aussi riche d'enseignements que saugrenue à observer. Commençons par la cause politique, puisque nous en sommes à ce chapitre. Pour constater que chez les industriels, les promoteurs de circuits et les élus locaux, l'intérêt pour le véhicule électrique est avant tout politique et économique bien avant d'être écologique. Les produits proposés sont de plus en plus performants, mais ils trahissent une cruelle réflexion à courte vue. Personne ne s'inquiète de savoir s'il recharge son scooter électrique avec du courant issu de l'énergie fossile ou nucléaire. Et peu de personnes travaillent sur l'énergie solaire. Autre fait important à noter, le clivage radical entre l'auto et la moto sur ce terrain. En voiture, tous les plus grands constructeurs étaient représentés à Zolder et proposent déjà des véhicules électriques en démonstration ou à la commercialisation. En moto, il est de notoriété publique que de grands constructeurs ont quelque chose à proposer. Comme KTM par exemple. Mais ils se cachent ou se taisent. Où sont Honda et Yamaha ? Malmenés par Triumph, Ducati ou Harley, les Japonais pourraient utiliser leur force de frappe pour mater ici les Européens. Mais si, en automobile, l'électrique est un marché de géant, en moto, c'est un marché de nain. Côté plaisir à présent, tout n'est pas à jeter dans la moto électrique, mais tout est en revanche à réinventer. Ainsi, pendant deux jours humides, nous avons multiplié les arsouilles avec un confrère espagnol adorable. Une bourre improbable à coups de béquilles qui raclent l'asphalte et de carénages qui se touchent sous les yeux incrédules des industriels habitués aux démonstrations paisibles de leurs scooters à piles. Vous connaissez l'adage, peu importe le flacon... Cependant, si l'ivresse électrique demeure potentielle, une énorme lacune reste à combler pour les modèles électriques actuels : celle d'une vraie culture moto. Cela peut paraître contradictoire, mais seul un savoir-faire issu de la moto traditionnelle pourra nous offrir des jouets aux partie-cycles jubilatoires. Ce qui manque encore cruellement aux motos électriques actuelles.