La régulation de la ventilation au cours de l exercice musculaire chez l homme
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La régulation de la ventilation au cours de l'exercice musculaire chez l'homme

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J. PHYSIOLOGIE, 1959, 51, 929-935. 929Intervention de J. Paillard pp 932-933ASSOCIATION DES PHYSIOLOGISTESDE LANGUE FRANÇAISEerMARSEILLE, 1 - 4 juin 1959DISCUSSION DES RAPPORTSLA RÉGULATION DE LA VENTILATION AU COURSDE L'EXERCICE MUSCULAIRE CHEZ L'HOMMEPARP ie rre D E J O U R SM. H. HERMANN. — Je joins mes félicitations à celles de notre Président.L'excellent rapport de M. DEJOURS permet d'apprécier le chemin parcourudepuis le début du siècle et les progrès de la physiologie respiratoire accomplisau cours des dix dernières années. J'adopte sans réserve les conclusions claireset prudentes du rapporteur. Je souhaite seulement deux précisions.La première concerne l'importance des zones chémosensibles artérielles dansla régulation respiratoire. On admet généralement qu'elle est fondamentale.Cependant, les animaux privés par énervation de leurs zones cardio-aortique etsino-carotidiennes offrent un comportement respiratoire normal. Nous avonsgardé et gardons encore de nombreux chiens ainsi opérés ; l'un deux a vécu qua-torze ans bien que fortement hypertendu. Or, nous l'avons occasionnellementfait courir et il n'a jamais manifesté d'insuffisance respiratoire. A ces constata-tions quotidiennes très simples et évidentes s'oppose l'expérience suivante exé-cutée à Bordeaux-Mérignac, le 18 juin 1940, par C. HEYMANS, F. JOURDAN et moi-même, pendant les heures dramatiques que l'on sait. Un chien chloralosé, bivago-tomisé, fut soumis dans un caisson de Paul ...

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J.P H YS IO L O G IE, 1959,51, 929935. Intervention de J. Paillardpp 932933
ASSOCIATION DESPHYSIOLOGISTES DE LANGUE FRANÇAISE
er MARSEILLE, 1 4juin 1959
DISCUSSION DES RAPPORTS
929
LA RÉGULATION DE LA VENTILATION AU COURS
DE L'EXERCICE MUSCULAIRE CHEZ L'HOMME
PAR
P i e r r eD E J O U R S
M. H. HERMANN. — Je joins mes félicitations à celles de notre Président. L'excellent rapport de M. DEJOURSpermet d'apprécier le chemin parcouru depuis le début du siècle et les progrès de la physiologie respiratoire accomplis au cours des dix dernières années. J'adopte sans réserve les conclusions claires et prudentes du rapporteur. Je souhaite seulement deux précisions. La première concerne l'importance des zones chémosensibles artérielles dans la régulation respiratoire. On admet généralement qu'elle est fondamentale. Ce endant, les animauxrivés arénervation de leurs zones cardioaorti ue et sinocarotidiennes offrent un comportement respiratoire normal. Nous avons gardé et gardons encore de nombreux chiens ainsi opérés ; l'un deux a vécu qua torze ans bien que fortement hypertendu. Or, nous l'avons occasionnellement fait courir et il n'a jamais manifesté d'insuffisance respiratoire. A ces constata tions quotidiennes très simples et évidentes s'oppose l'expérience suivante exé cutée à BordeauxMérignac, le 18 juin 1940, par C. HEYMANS, F. JOURDANet moi même, pendant les heures dramatiques que l'on sait. Un chien chloralosé, bivago tomisé, fut soumis dans un caisson de Paul BERTà une dépression barométrique
930 ASSOCIATIONDES PHYSIOLOGISTESDE LANGUE FRANÇAISE progressive réalisée à la vitesse correspondant à une ascension de 1.000 m à la minute. L'apnée primaire anoxique apparut à 14.000 mètres (fictifs). L'animal fut aussitôt « redescendu » et comme il fit sa reprise respiratoire spontanée au cours de la recompression, il survécut en bon état. Les deux sinus carotidiens furent alors exclus par ligature des tissus compris dans la fourche carotidienne (C. HEYMANS). Une seconde dépression barométrique identique à la précédente amena l'arrêt respiratoire à 9.000 m (au lieu de 14.000 m). « Redescendu » encore une fois, l'animal survécut. A la fin de l'aprèsmidi on lui fit faire une troisième « ascension » mais en respirant de l'oxygène pur. La syncope respiratoire se produisit à 16.000 m comme chez les chiens normaux. Cette expérience me paraît très démonstrative du rôle du sinus carotidien dans la défense contre l'anoxie. Jointe aux constatations faites sur l'animal « défreiné » chronique, elle m'incite à conclure que le stimulus oxygène, ou plus exactement anoxique, n'intervient dans la régulation ventilatrice que dans des cas extrêmes, très éloignés des conditions de la vie normale, même au cours de l'exercice musculaire. J'aimerais connaître l'avis de M. DEJOURSsur ce point. Ma deuxième remarque concerne l'action hyperventilatrice de l'adréna line et de la noradrénaline. Sur le Chien, je ne l'ai jamais observée, mais il est vrai que mes collaborateurs et moi nous ne l'avons pas spécialement recherchée. Ce que je puis dire c'est que chez le Chien « sans moelle » très sensible aux petites doses de catécholamines, c'est toujours une bradypnée et très souvent une apnée qui se produit. Le rythme respiratoire magnifiquement calme de l'animal amyélé est particulièrement favorable à ce genre d'observations. Récemment, dans mon Laboratoire, J. F. CIERa maintenu pendant plus de quatre heures un chien chloralosé sous l'action d'une perfusion continue d'adrénaline. Or, chaque fois que l'on a suspendu la perfusion pour recharger le dispositif d'injection, la pression artérielle est tombée et la respiration s'est fortement accélérée. Pendant toute la perfusion, l'adrénaline, en raison de son effet presseur, a donc ralenti de façon permanente la fréquence respiratoire. Je pense que chez le Chien tout au moins, l'action bradypnéique réflexe de l'adrénaline et de la noradrénaline, l'emporte de beaucoup sur une éventuelle action stimulatrice centrale de la respiration. Les collaboratrices de M. DEJOURSayant effectué des recherches à ce sujet, sur l'Homme il est vrai, l'opinion du rapporteur me sera précieuse.
M. P. DEJOURS. — La première question posée par M. H. HERMANN concerne le rôle du stimulus oxygène dans la régulation de la ventilation. Pour M. HERMANN, le stimulus oxygène « n'intervient que dans des cas extrêmes, très éloignés des conditions de la vie normale, même au cours de l'exercice musculaire ». Cette conclusion s'oppose à celle de BANNISTERet CUNNINGHAM(1954), de ASMUSSENet NIELSEN(1958) et à celle, que j'ai présentée dans le rapport (p. 218). Je ne pense pas, que le stimulus O2n'intervienne que dans des cas extrêmes d'hypoxie ; les études neurophysiologiques montrent que les fibres afférentes des corpuscules chémorécepteurs sont excitées même à une pression partielle d'oxy gène de l'ordre de 100 mm Hg ; d'autre part, l'inhalation soudaine d'oxygène entraîne une diminution de ventilation après un délai de quelques secondes (vraisemblablement dû au temps circulatoire), chez le sujet normoxique, au repos ou au cours d'un exercice musculaire. Ces constatations montrent qu'il existe un stimulus O2de la ventilation chez l'Homme normal, dans les conditions précitées ; ce stimulus semble contrôler 10 à 15 p. 100 du débit ventilatoire en normoxie. Il est d'ailleurs aisé de montrer, que si le sujet est rendu légèrement hyperoxique, par l'inhalation d'un mélange N2O2enrichi en O2, il n'existe plus de stimulus O2ventilatoire. Par contre, si le sujet est hypoxique le stimulus O2 est nettement plus important qu'en normoxie. Ces conclusions ne s'opposent d'ailleurs nullement aux faits rapportés par M. HERMANN, qui a recherché à quelle altitude survenait la syncope respiratoire du Chien chloralosé, bivagotomisé, avant et après chémodéner vation sinocarotidienne. La deuxième question de M. H. HERMANNconcerne le rôle de l'adrénaline
DISCUSSION DES RAPPORTS931 et de la noradrénaline sur l'activité ventilatoire. Il est indiscutable, comme l'indique M. HERMANN, que chez le Chien sans moelle, chloralosé, l'administration d'adrénaline, même à petites doses, entraîne toujours une diminution de l'activité ventilatoire. Chez l'Homme éveillé par contre, on observe toujours que l'adminis tration de doses « physiologiques » d'adrénaline ou de noradrénaline entraîne une hyperventilation (voir p. 220 du rapport). Il n'y a pas incompatibilité entre ces deux observations ; plutôt que d'invo quer une différence de réactivité aux catécholamines du Chien d'une part, de l'Homme d'autre part, il est plus vraisemblable que les différences observées sont liées au fait que le Chien était anesthésié et amyélé ; M. HERMANNa montré en effet que le Chien amyélé réagit par une forte élévation de la pression du sang à l'injection de catécholamines ; et l'on sait que l'hyperpression artérielle en sti mulant les barorécepteurs peut diminuer l'activité ventilatoire. D'ailleurs chez le Chien non anesthésié, ou légèrement anesthésié, recevant une dose modérée d'adrénaline, certains auteurs ont observé une hyperventilation. En tout cas, chez l'Homme, toutes les observations conduisent à penser que l'adrénaline et la noradrénaline représentent un stimulus ventilatoire dans les exercices muscu laires intenses, où leur concentration dans le sang est augmentée.
M. G. MILICEMILI. — De l'admirable rapport de M. DEJOURS, il apparaît nettement que la mesure de la réponse ventilatoire à un stimulus ne permet pas d'évaluer le degré d'activité des centres respiratoires. Afin de souligner ce point, trop fréquemment négligé dans les études du contrôle respiratoire, je désire rapporter les premiers résultats de quelques observations effectuées avec J. M. PETIT. Lors de l'inhalation de CO2, une même modification de la pression partielle de ceaz dans le sanartériel, entraîne des réonses ventilatoires très différentes d'un sujet à l'autre. L'interprétation classique de ce phénomène repose sur l'hy pothèse d'une « sensibilité » variable des centres respiratoires au stimulus hyper capnique. Nous avons mesuré l'augmentation du travail mécanique ventilatoire en ré ponse à un même stimulus : elle diffère également d'un sujet à l'autre. Cependant, lorsque les variations du travail mécanique ventilatoire présentées par chaque sujet sont rapportées à l'unité de volume, la réponse de chacun des sujets à un stimulus donné est approximativement la même. Le travail ventilatoire par unité de volume représente l'amplitude moenne des variations respiratoires de la pression intrathoracique : cette dernière dépend nécessairement de la tension développée par les muscles respiratoires. L'existence d'une relation étroite entre la tension développée par les muscles respiratoires et l'intensité du stimulus herca ni ue n'estas sur renante. En effet, la contraction des muscles respiratoires est la conséquence immédiate de l'activité des centres respiratoires : plus intense est le stimulus central, plus intense sera la tension développée par les muscles. Au contraire, entre le stimulus et la réponse ventilatoire existent plusieurs intermédiaires :
Caractéristiques Activité Activité desmécaniques Nerfsdes du souffletVentilation PA O2centres C efférents muscles respiratoires thoraco respiratoires pulmonaire
Puisque les caractéristiques mécaniques du soufflet thoracopulmonaire diffèrent d'un sujet à l'autre et varient avec les conditions expérimentales, la réponse ventilatoire — qui n'est que le résultat final — est nécessairement va riable. Pour cette raison, l'activité des centres respiratoires ne peut être évaluée en se basant sur la seule réponse ventilatoire. Les mesures de mécanique venti latoire doivent, au contraire, permettre une meilleure compréhension de la régu lation ventilatoire.
932ASSOCIATION DESPHYSIOLOGISTES DELANGUE FRANÇAISE M. P. DEJOURS. — L'intervention de M. G. MILICEMILIinsiste sur les diffi cultés (ou l'impossibilité), que l'on rencontre à mesurer la grandeur d'un stimulus ventilatoire arson effet ventilatoirevoir .181 du raort .Puis u'on ne connaît pas la calibration de l'appareil de mesure en question, c'estàdire l'appa reil ventilatoire, les changements de ventilation observés sous l'action d'un sti mulus, ne permettent pas de chiffrer la grandeur du stimulus, mais seulement d'indiquer quel est le contrôle ventilatoire exercé par ce stimulus. M. G. MILICEMILIen collaboration avec M. J. M. PETITtentent de tourner la difficulté en mesurant non plus la ventilation ellemême mais le travail méca nique dépensé par une ventilationunité, par exemple un litre, cette dernière correspondant à la tension moyenne développée par les muscles ventilatoires ; cette tension moenne serait une bonne indication de larandeur de l'activité des muscles respiratoires et de l'intensité du stimulus ventilatoire. Ce raisonnement comorte lusieursh othèses.En articulieron suose, connue la relation qui lie l'activité des centres respiratoires au stimulus qui leur est imposé. D'autre part le travail mécanique est mesuré par la technique du ballon œsophagien. Si l'on admet, comme on le fait généralement, que les varia tions de la pression intraœsophagienne donnent une estimation des variations quantitatives des pressions intrathoraciques, cette méthode de mesure ne peut conduire qu'à l'évaluation du travail mécanique en rapport avec les variations de la pression intrathoracique, c'estàdire du travail mécanique dépensé dans les poumons et dans les voies aériennes. Elle laisse totalement de côté le travail dépensé dans la paroi thoracique ellemême, ainsi que le rendement mécanique des muscles respiratoires : en d'autres termes il est douteux que le travail méca nique mesuré simplement par l'étude des variations du volume pulmonaire et de laression intraœso haienne au cours de la ventilationermette d'estimer d'une façon suffisamment précise l'activité des muscles ventilatoires euxmêmes. Mais la tentative de M. G. MILICEMILIet de M. J. M. PETITreste très inté ressante ; c'est en effet par l'analyse physiologique des divers éléments, qui constituent le système ventilatoire, qu'on peut espérer débrouiller le problème qui consiste à savoir comment tel stimulus conduit à telle réponse ventilatoire. Malheureusement, cette étude apparaît très difficile sur l'organisme entier nor mal.
M. J. PAILLARD. —Le rapport de M. DEJOURSa tout spécialement attiré notre attention sur les faits expérimentaux qui plaident en faveur d'une intervention des messaes rorioce tifsd'ori inemusculaire dans les réulations de la venti lation. Les travaux personnels de M. DEJOURSsur l'Homme apportent à cette conception un support expérimental très sérieux. Les résultats qu'il a, d'autre part, obtenus récemment avec LAPORTEet BESSOUsur le Chat viennent encore étayer cette hypothèse. On peut aussi se demander si l'expérimentation sur l'Homme peut aller plus avant dans l'analyse de ce remarquable phénomène. Je suis personnellement convaincu du bénéfice que peut tirer une telle recherche des techniques que nous nous efforçons d'appliquer à l'Homme depuis quelques années pour l'étude des régulations motrices d'origine proprioceptive. Il est en effet possible, en combinant une stimulation électrique appropriée du contingent sensoriel du nerf et une sollicitation naturelle de l'activité des récepteurs intra musculaires, de contrôler chez l'Homme les émissions proprioceptives en prove nance de certains secteurs de la musculature. A la demande de M. DEJOURS, nous avons d'ailleurs eu récemment l'occasion d'éprouver, ensemble, les possibilités d'un tel mode d'approche pour l'étude des régulations ventilatoires d'origine proprioceptive. Ce premier sondage, dont il serait évidemment injustifié de tirer des conclusions définitives, est apparu très encourageant. Les indications obtenues semblent, en effet, confirmer l'étonnante efficacité de la stimulation électrique et le rôle, vraisemblablement privilégié, de l'émission des récepteurs fusoriaux dans le phénomène étudié. De telles res sources expérimentales méritent donc d'être plus largement exploitées. Je voudrais également dire l'intérêt que je porte aux hypothèses formulées par
DISCUSSION DES RAPPORTS933 M. DEJOURSconcernant l'éventualité d'un support proprioceptif fusorial com mun aux effets de certains stimuli neurogéniques dits « d'origine cérébrale » et à ceux qui résultent de stimuli « d'origine périphérique ». Cette hypothèse va tout à fait dans le sens des conclusions de nos propres travaux sur l'organisation de la proprioception chez l'Homme. Nous avons, en effet, été conduit à admettre l'existence d'une modulation permanente de la sensibilité des récepteurs fuso riaux (par action du système de fibres gamma sur la musculature fusoriale), modulation qui conditionne l'état d'alerte du système musculaire en adaptant la réactivité des motoneurones aux exigences de la situation. L'effort, l'attente, les émotions, l'activité volontaire s'accompagnent d'importantes modifications qui s'expriment au niveau des effecteurs périphériques par la voie de ce que les neurophysiologistes désignent aujourd'hui sous le nom de « boucle gamma » de régulation de la motricité squelettique. Je pense, toutefois, qu'en dehors de ce contrôle généralisé de l'émission fuso riale qui intéresse, sembletil, indifféremment toute la musculature et qui peut rendre compte d'une modification massive du bombardement proprioceptif, il y aurait lieu de tenir compte également des répercussions locales qui inter viennent au niveau même de l'effecteur ventilatoire par les boucles gamma de la musculature intercostale et diaphragmatique. Sans préjuger de son impor tance, le rôle que peuvent jouer ces circuits dans les phénomènes qui nous ont été décrits gagnerait à être précisé. Je voudrais, en terminant, remercier encore M. DEJOURS, du stimulant intérêt de son très beau rapport.
M. P. DEJOURS. — Je n'ai que très peu de chose à ajouter aux remarques de M. PAILLARD. Il serait en effet du plus haut intérêt d'étudier chez l'Homme, d'une façon méthodique, le problème des réflexes ventilatoires et circulatoires résultant de la stimulation des fibres afférentes proprioceptives à l'aide des techniques neurophysiologiques que M. PAILLARDa inaugurées au cours de ses études des réflexes proprioceptif s à l'étage spinal chez l'Homme.
M. Oscar A. M. WYSS(Zurich). — Je ne voudrais pas insister par trop sur la notion d'économie des mouvements respiratoires et sur le rôle qu'y jouerait le mécanisme du contrôle vagal, ce dernier faisant plutôt partie intégrale du fonc tionnement du centre respiratoire considéré dans son ensemble. Une respiration intacte est certes plus économique que celle mutilée par la vagotomie ; mais d'en conclure que l'influence vagale ne serait que d'ordre secondaire et économisante, ne me semble pas assez justifié. Le rôle du contrôle vagal dans le maintien du rythme respiratoire n'est pas moins important que celui attribué aux divers centres dits modulateurs des niveaux bulbaires et pontiques. Dans l'effort phy sique, en particulier, le problème de l'économie du travail respiratoire se pose difficilement et ne trouverait guère de solution satisfaisante. Dans le rapport très complet de M. DEJOURS, le, termed'hyperpnéene figure pas. L'auteur n'emploie que celui de l’hyperventilation.Or il convient d'attirer l'attention sur la distinction très nette qui se fait tant en anglais, qu'en allemand entre ces deux termes. Celui de l'hyperpnée est plus général et signifie toute aug mentation du débit respiratoire quelle qu'en soit la cause. Celui de l'hyperventila tion par contre ne s'applique qu'aux conditions de surventilation (terme qui aurait été plus correcte, mais n'est pas d'usage courant), c'estàdire d'une ventila tion qui dépasse soit le besoin d'air (ou plutôt de dégagement de CO2, soit la capacité d'échanges gazeux limitée par le débit cardiaque, et qui amène à l'état, d'hypocapnie et d'alcalose gazeuse. Le terme d'hyperventilationrelativeemployé dans ce sens ne saurait être admis sur le plan international et sans doute prêterait à confusion. Même du côté pratique la définitition proposée d'hyperpnée et d'hyperventilation s'avère utile et nécessaire, comme par exemple dans des cas de médecine aéronautique où à l'hyperpnée de travail ou d'effort s'ajoute une hyperventilation d'ordre psychique.
934 ASSOCIATIONDES PHYSIOLOGISTES DE LANGUE FRANÇAISE M. FESSARD. — Je ne partage pas entièrement l'opinion plutôt pessimiste de notre collègue WYSSquant à l'impossibilité — à laquelle il pense que nous sommes condamnés — d'expliquer à fond le déterminisme de la ventilation à partir de l'ensemble de ses facteurs, ceuxci étant trop nombreux et surtout trop étroitement intriqués et interdépendants. Il est vrai que la physiologie analytique, en mutilant les structures pour simplifier les liaisons fonctionnelles, dénature du même coup la forme des mécanismes naturels, et que les lois simples ainsi démon trées ne correspondent pas vraiment à la réalité. Mais il ne me paraît pas hors de nos possibilités explicatives que l'on arrive un jour à s'approcher très près de cette réalité, par approximations successives, en construisant des systèmes où l'on s'efforce de faire entrer tous les facteurs connus, avec des lois d'interaction hypothétiques qui rendent compte le mieux possible des faits globaux ; ces lois hypothétiques devront d'ailleurs être déduites des observations expérimentales, avec les corrections de distorsion nécessaires. Notre impuissance à embrasser en imagination tout ce jeu d'interactions et de rétroactions, présentes dans la plu part des mécanismes fonctionnels de l'organisme, ressemble assez à celle que nous éprouvons en face d'un système d'équations différentielles à plusieurs inconnues. Et pourtant, l'outil mathématique, convenablement manié, vient à bout de situa tions au moins aussi complexes que celles dont il s'agit ici, dans la théorie de nombre de processus physiques complexes et dans celle de nos machines indus trielles. II n'est pas impensable qu'il puisse aussi être employé efficacement pour nous permettre de comprendre de mieux en mieux, au moins de façon sché matique, un fonctionnement physiologique complexe comme celui dont nous discutons ici.
M. PITTELOUD. — Personne ne songerait à nier l'existence d'un stimulus hy poxique. Il ne faut pas oublier cependant que du point de vue quantitatif ce stimulus est faible en regard du stimulus dû au CO2. Cette disproportion apparaît nettement lorsque l'on met ces deux stimuli en opposition. Nous avons eu l'occa sion de l'observer lors d'une série d'expériences exécutées à l'Institut de Physio logie de Lausanne. Nous avions imposé à des sujets placés en hypoxie (FO2= I 12 p. 100) une série d'hyperventilations volontaires d'une durée de deux minutes sé aréesar desériodes de reos de cinminutes. Les variations desaramètres respiratoires étaient enregistrées sur le métabographe de Fleisch, la saturation artérielle était lue sur un oxymètre à pièce auriculaire WatersConley. Durant l'hyperventilation volontaire la saturation artérielle s'élevait rapidement à une nouvelle valeur de palier, l'élimination du CO2augmentait considérablement. Durant la période intermédiaire qui suivant ce premier exercice, la ventilation et l'élimination du CO2tombaient pendant plusieurs minutes à des valeurs bien inférieures à celles qu'elles avaient durant la période qui précédait l'hyperventi lation volontaire. La saturation artérielle tombait elle aussi à une valeur infé rieure à la valeur initiale. Lors de la seconde phase d'hyperventilation volon taire, la saturation artérielle s'élevait un peu moins haut que lors du premier essai et, lors du repos qui suivait elle tombait encore plus bas que lors du repos précé dent. Enrocédant ainsi à une série d'essais successifs, onouvait rovouer une désaturation artérielle importante allant, dans certains cas jusqu'à 55 p. 100, sans que le sujet qui se prêtait à l'expérience ne ressente de dyspnée ou de sen timent d'inconfort, l'augmentation du stimulus hypoxique étant nettement compensée par la diminution du stimulus CO2consécutive à l'hyperventilation.
M. P. DELL. — Les effets du « stimulus Oxène » tant au niveau des chémo cepteurs périphériques qu'au niveau des structures du tronc cérébral, ont été étudiés grâce aux techniques neurophysiologiques : 1° L'enregistrement à partir de fibres isolées du nerf de HERINGmontre l'exis tence de décharges des chémocepteurs pour les pressions partielles de O2(PAO2) normales. Ces décharges s'intensifient pour des diminutions mêmes faibles de la PA2; ces décharges disparaissent lorsque l'on augmente la PA O O2.
DISCUSSION DES RAPPORTS935 Les chémocepteurs sont donc sollicités et répondent par des décharges lorsque l'oxygénation du sang est normale ; ces décharges concourent certainement à l'établissement d'un certain niveau d'excitation des mécanismes centraux. (WITZLEBet coll.,Pflüg. Arch. ges. Physiol.,1955, 261, 211218). 2° L'enregistrement par microélectrodes à partir de cellules appartenant à la formation réticulaire bulbaire (« Centre respiratoire »,VONEULERet SÖDERBERG) ou mésencéphalique (BONVALLET) montre une augmentation de l'activité de ces neurones lors d'une hypoxie et cela même après destruction des chémo cepteurs périphériques. L'hypoxie entraîne donc des changements (hyperpola risation ; effets de métabolites acides d'origine locale ou générale) ayant une action stimulatrice directe sur les neurones des formations du tronc cérébral. L'augmentation des décharges des chémocepteurs ou des cellules centrales lorsqu'elle est faible semble ne pas influencer de façon appréciable la ventilation (prise comme réponsetest des effets de l'hypoxie). Il n'empêche que cette inten sification des décharges tant périphériques que centrales sous l'effet de l'hypoxie doit modifier l'activité des centres et leur sensibilité à d'autres stimuli.
M. P. DEJOURS. — M. P. DELLsoulève cette importante question : dans l'ac tion de l'hypoxie sur la ventilation quelles sont les parts respectives qui doivent être attribuées d'une part à la stimulation du système chémorécepteur suscep tible d'augmenter la ventilation par un mécanisme réflexe, d'autre part à l'acti vation directe des cellules du tronc cérébral. age de l'oxygène de l'air insI2 Sans doute, l'hypoxie intense (pourcentpiré, FO inférieur à 7 p. 100, dans les expériences auxquelles M. P. DELLfait allusion) est capable d'agir directement sur les neurones du tronc cérébral et de « modifier l'activité des centres et leur sensibilité à d'autres stimuli ». Mais le système des corpuscules artériels chémorécepteurs est autrement sensible à la diminution de la pression partielle de l'oxygène du sang artériel (PO2) ; en effet c Ahez le Chat les corpuscules chémorécepteurs sont stimulés par des pressions partielles de O2de l'ordre de 100 mm Hg (WITZLEB, 1955) e t une baisse légère de FIO2(par exemple 17 p. 100 au lieu de 21 p. 100) entraîne une intense stimulation chémo réceptrice (VONEULER, LILJESTRANDet ZOTTERMAN, 1939 ; WITZLEB, 1955) ; on peut d'ailleurs montrer que chez l'Homme existe un stimulus O2ventilatoire même en normoxie et que ce stimulus est nettement augmenté par une légère hypoxie, que le sujet soit au repos ou qu'il exécute un travail musculaire.
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