Le passé est un chemin de terre, Qu'on n'arpente plus. Mais des images sinueuses hantent les esprits, Prisonnier de l'espace et du temps.
Sous l'égide des réminiscences, Les paradis perdus, Retrouvent les chemins de l'innocence; Je me souviens encore...il y a si longtemps. J'ai 36 ans de rêves inassouvis, Et le poids des années, En guerre contre mes illusions, A laissé ses empreintes funestes, Sur mes mains, mon visage et mon cœur.
Face aux assauts sans cesse répétés, De la sottise humaine, Ma joie de vivre, S'est quelque peu assombrie. Mes voix intérieures se sont tues; Et à force de plier ma volonté et ma vie, J'ai laissé mes songes, Comme on abandonne un soldat, Sur le champs de bataille...
Dans l'envers de ce décor profane, Que j'abjure...sans pouvoir y échapper, J'ai perdu l'horloge, Qui m'indiquait l'heure de départ, Avant le naufrage de ma vie...
Bien heureux cependant ! Car je demeure à ma manière loyal et droit; Afin que mon ennemi la faiblesse, Tel un maton qui me lorgne, Et me désespère, Ne puisse s'emparer, De ma raison d'être.
Je suis un empereur, Sans couronne ni empire, Un artisan mal habile de ses doigts; De ma tour d'ivoire, Le monde me semble si erratique, Que je le récuse à l'infini.
J'ai jeté un dernier regard oblique, Sur ces ruines qui s'amoncellent, Et enlaidissent les trottoirs de ma banlieue, Et j'ai tiré ma révérence.