Corrigé bac 2014 - Série L - Philo -  Sujet 1 : Les oeuvres d art éduquent-elles notre perception ?
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Corrigé bac 2014 - Série L - Philo - Sujet 1 : Les oeuvres d'art éduquent-elles notre perception ?

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CORRECTION DU BACCALAUREAT DE PHILOSOPHIE 2014 SERIE L 4h, coefficient 7 Série L Sujet 1 : Les œuvres d’art éduquent-elles notre perception ? Problématisation possible : Une œuvre d’art peut être définie comme la belle rencontre de la matière et de l’esprit, issue de la libre création d’un artiste. Elle existe pour elle-même mais aussi comme objet d’une contemplation, d’une expérience et d’une jouissance esthétiques. On peut penser que le rapport aux œuvres d’art n’apporte rien de plus, d’autant que notre perception ne semble pas devoir être éduquée, si par percevoir on entend simplement avoir une sensation visuelle, ouvrir les yeux et recevoir le monde et par éduquer, apprendre, enseigner. Se demander si les œuvres d’art peuvent éduquer notre perception, c’est donc présupposer que voir ce n’est peut-être pas vraiment percevoir, que la perception exige un apprentissage, un médium, un « organe de perception » que pourraient être les œuvres d’art. Il s’agit donc de se demander en quoi des œuvres d’art sans visée pédagogique ou sans viser la vérité et la connaissance, en célébrant les apparences (et qui depuis Platon sont même parfois associées à des copies, des simulacres détournant de la réalité et du savoir) pourraient contribuer à faire en sorte que le spectateur ou amateur d’art perçoive vraiment la réalité qui l’entoure. Si l’art est le règne de l’apparence comment pourrait-il changer notre rapport au réel, nous rapprocher de la vérité ?

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Publié le 16 juin 2014
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Langue Français

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CORRECTION DU BACCALAUREAT DE PHILOSOPHIE 2014 SERIE L 4h, coefficient 7 Série L
Sujet 1 : Les œuvres d’art éduquent-elles notre perception ?
Problématisation possible: Une œuvre d’art peut être définie comme la belle rencontre de la matière et de l’esprit, issue de la libre création d’un artiste. Elle existe pour elle-même mais aussi comme objet d’une contemplation, d’une expérience et d’une jouissance esthétiques. On peut penser que le rapport aux œuvres d’art n’apporte rien de plus, d’autant que notre perception ne semble pas devoir être éduquée, si par percevoir on entend simplement avoir une sensation visuelle, ouvrir les yeux et recevoir le monde et par éduquer, apprendre, enseigner. Se demander si les œuvres d’art peuvent éduquer notre perception, c’est donc présupposer que voir ce n’est peut-être pas vraiment percevoir, que la perception exige un apprentissage, un médium, un «organe de perception» que pourraient être les œuvres d’art. Il s’agit donc de se demander en quoi des œuvres d’art sans visée pédagogique ou sans viser la vérité et la connaissance, en célébrant les apparences (et qui depuis Platon sont même parfois associées à des copies, des simulacres détournant de la réalité et du savoir) pourraient contribuer à faire en sorte que le spectateur ou amateur d’art perçoive vraiment la réalité qui l’entoure. Si l’art est le règne de l’apparence comment pourrait-il changer notre rapport au réel, nous rapprocher de la vérité ? On peut aussi s’interroger sur la nature de cette éducation, est-elle une formation ou une « dé-formation », une réforme du regard ? Est-elle une acquisition positive de nouvelles données perceptives qui viennent s’ajouter et constituer une nouvelle connaissance ou art (savoir-faire) ouà une catharsis du regard qui consisterait à se défaire d’une perception donnée ? Enfin, on peut s’interroger sur les limites de cette éducation de la perception par l’art ? Les œuvres d’art ont-elles vraiment cette vertu pédagogique ? Peuvent-elles avoir l’autorité, le crédit suffisant pour éduquer ?Ne peuvent-elles pas être victimes d’une perception qu’elles ne pourraient donc pas éduquer ?
Il y avait plusieurs plans possibles pour traiter ce problème.
Un plan possible : I. Sion entend par «percevoir »simplement voir (percevoir par le sens de la vue, enregistrer l'image de ce qui se trouve dans le champ visuel, avoir une sensation visuelle selonun mécanisme supposant quelque chose qui est là et qui affectel’œil), si on associe une œuvre d’art à la belle apparence, on peut penser que l’art n’éduque pas la perception - carcelle-ci est immédiate et ne nécessite aucun apprentissage : « Dire que nous avons appris à voir, à entendre, à goûter, à sentir, à toucher, paraît le paradoxe le plus étrange. Il semble que la nature nous a donné l’entier usage de nos sens, à l’instant même qu’elle les a formés ; et que nous nous
en sommes toujours servi sans étude » disait Condillac,Essai sur l’origine des connaissances humaines (1741) - l’artest soit une copie, une imitation du réel qui ne nous apprend rien de plus que ce que l’on sait déjà, soit une fuite du réel (divertissement, imaginaire) soit enfin il prend la place du réel (simulacre de Platon) et par là nous dupe plus que ce qu’il nous apprend à voir mieux ou autrementce réel - l’œuvred'art peut être perçue comme ayant sa place dans la représentation habituelle du réel, du monde: matière organisée, objet de sensation auquel on peut attribuer une fonction: religieuse, sociale, économique, qui répond à un besoin chez le spectateur, l'artiste, la société. L’œuvre d'art peut s'insérer dans le rapport naturel que notre conscience a avec le réel. (Bergson, conscience qui vise l'utile, le vital). OU cette représentation peut ne pas être affectée par l'existence d’œuvres simplement jugées inutiles et donc rejeter: philistinisme vulgaire ou cultivé.
Donc on peut contempler des œuvres d’art sans que cela ait des conséquences sur notre perception sensible de ce qui nous entoure, sans que cela ne change rien à notre manière de voir et percevoir. Mais on peut penser que le rapport aux œuvres d’art présuppose et permet une autre perception voire une vraie perception de ce qui nous entoure. Percevoir n’est-ce pas, plutôt que de recevoir, être actif, savoir remarquer, observer avec une prise de conscience ousavoir saisir les choses telles quelles sont ? II. Lesœuvres d'art présupposent et permettenttransformation de la une perception et de la conscience du réel, une REFORME de la perception. - pour voir une œuvre d'art en tant que telle, il faut rompre avec un rapport utilitaire au réel, l'expérience esthétique du beau détache de l'intérêt et se fait contemplation (jouir de l’œuvre en dehors de toute fonction, pour elle-même). L'œuvre d'art par sa présence, par sa durée au-delà de sa fonction, par sa beauté irréductible à cette fonction nous y convie. La rencontre de l’œuvre d'art permet ensuite une autre rencontre avec ce qui nous entoure: contempler au lieu, vouloir dominer par la connaissance et viser une utilité. Rapport esthétique avec le monde, voir la beauté (« on ne voit une chose que lorsque en voit la beauté» et elle n'est vue qu'à travers l'art selon Oscar Wilde), la forme, la force (jouissance du sensible), la manifestation de l'esprit (le chant du rossignol d’Hegel). - L'art modifie notre rapport à la réalité en nous permettant simplement de voir dans le réel ce qui auparavant était insignifiant, noyé dans le général (attention au singulier selon Bergson). L'art enrichit notre rapport avec la réalité (rend visible l'invisible selon la formule de Paul Klee) - l'art nous fait renouer avec un rapport sensible au monde que les exigences vitales, l'écart de la conscience nous avaient maquer: «retour aux choses mêmes » (thèse phénoménologique) - l'art permet de prendre clairement conscience que notre rapport naturel vital utilitaire au réel n'épuise pas notre rapport au monde, ce dont nous nous doutions peut-être, que certains ont déjà réalisés: les artistes et ceux qui cherchent dans le rapport à l'art ce qui leur manque dans leur rapport ordinaire au réel.
Donc les œuvres d’art invitent, permettent de voir autrement ce qui nous entoure et permettent de nous défaire d’une perception conditionnée par l’utilité, l’urgence vitale, par la société, par un rapport intellectuel au réel. On peut donc penser que l’art soit éduque la perception dans le sens où il permet de voir les choses pour elles-mêmes, soit qu’il nous fait renouer avec un rapport sensible au monde que la perception visant l’utile, le général nous a masqué
En IIIon pouvaitsoitfaire des œuvre d’art ce qui permet d’apprendre à voir, à percevoir ce qui nous entoure et aller jusqu’à soutenir que nous ne pouvons vraiment voir qu’à travers l’art («Regarder une chose et la voir sont deux actes très différents. On ne voit quelque chose que si l'on en voit la beauté. Alors, et alors seulement, elle vient à l'existence »,thèse de Wilde),soitque si l’art permet de rompre avec une soutenir certaine perception de ce qui nous entoure, que s’il souligne en l’interrogeant que notre perception n’est qu’une représentation, si l'art ouvre vers un autre rapport au réel contemplatif, esthétique, sensible, on ne peut dire s'il peut nous approcher du réel.Le réel, c’est ce qui est indépendamment de nous, en soi or nous ne pouvons percevoir que pour nous par rapport à nous, on est condamné à l’apparaître du réel, au monde phénoménal comme le dirait Kant ! La chose en soi, le réel nous échappe donc et par là l’idée même d’une conscience du réel, avec ou sans art, est discutable ! L’art n’offre qu’une autre représentation de ce réel, à moins que l’on présuppose qu’il arrive à toucher le fond même de l’être. Donc si l’art permet de réformer, d’interroger notre perception du réel, il souligne en même temps que cette perception n’est qu’une représentation, qui doit sans cesse être reprise, car le réel peut-être nous échappe.
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