Charles, un grand enfant.
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L'histoire courte de Charles, 30 ans, toujours un enfant.

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Publié le 04 janvier 2013
Nombre de lectures 101
Langue Français

Extrait

Lorsque son réveil sonna ce matin-là, Charles se réveilla avec une mine réjouie.
Le jour qu'il avait attendu depuis près d'un an était enfin arrivé ! Il était si
heureux ! Avant de se lever, il parcourut sa chambre des yeux. Des dizaines de
jouets s'entassaient là : collection de train électriques, petites voitures, figurines
de supers héros... On pouvait dire que Charles ne manquait pas ! Il imaginait
tout de même les nouveaux jeux qu'il recevrait ce jour-là, et ne tenait plus en
place, tellement il était impatient. Alors, pour couper cette attente insoutenable,
il se leva rapidement et courut à la cuisine où sa mère l'attendait. Cette dernière
lui sourit et s'exclama :
« Joyeux anniversaire mon petit Charles ! »
Son fils sourit à son tour puis s'assit à sa place habituelle. Devant lui se tenait
deux gros paquets. Il se frotta alors les mains d'un air satisfait et déchira les
papiers cadeaux. Ses yeux brillèrent d'émerveillement devant les nouveaux
jouets que sa chère mère lui avait offerts : Un nouveau train électrique pour
combler sa collection et un imposant paquet de cartes de combat. Il leva les yeux
vers sa mère pour la remercier mais il remarqua qu'elle avait les larmes aux
yeux. Devant le regard interrogateur de son fils, elle s'excusa :
« Désolée mon petit Charles, mais tu sais, ça me fait quelque chose que ce soit
ton anniversaire aujourd'hui... Tu te rends compte ? 35 ans ?! T'es un grand
maintenant n'est-ce-pas ? »
Charles acquiesça en souriant, se leva et enlaça sa mère. Il courut enfin jusqu'à
sa chambre pour ranger ses nouvelles affaires. Il posa son train électrique et le
mit en marche. Il allait si vite ! Charles applaudit, les yeux émerveillés. Sa mère
était à l'encadrement de la porte. Elle sourit d'un air triste et annonça à son fils :
« Mon chéri, dépêche-toi de te préparer, on a un rendez-vous aujourd'hui !
Allez-viens ! »
Avec peine, elle le fit se lever puis lui enleva son pyjama. Elle lui sortit de
l'armoire un jean, un T-shirt et des sous-vêtements qu'elle lui tendit pour qu'il se
prépare. Il enfila ses habits mais mit son T-shirt à l'envers. Il s'esclaffa de sa
bêtise pendant que sa mère réparait les dégâts en souriant. Une fois cette tâche
effectuée, elle le prit par la main et le mena vers la salle de bain où elle l'aida à
faire sa toilette car là encore, Charles ne put se débrouiller seul. Sa mère, las, lui
nettoya le visage, lui lava les dents avec soin et lui brossa les cheveux. Elle lui
mit enfin ses chaussures et son blouson et ils purent se rendre à leur
rendez-vous.
Sur la route, Charles avait du mal à se concentrer sur ce que lui disait sa mère. Il
était absorbé par les vitrines de jouets sur la rue piétonne. Sa mère remarqua qu'il ne l'écoutait pas alors elle se tut. Elle se tut et se mit à penser à ce qu'aurait
été sa vie si son fils n'avait pas décidé, du jour au lendemain, à rester un enfant.
Car il n'avait pas été "comme ça" toute sa vie. Jusqu'à 15 ans, ce fut un enfant,
puis un adolescent, tout à fait normal, puis, après ce grand drame qui bouleversa
sa vie, il ne fut plus jamais le même. Petit à petit, il se mit à régresser, jusqu'à
obtenir l'âge mental d'un enfant de cinq ans. Et elle devait vivre avec ça, vivre
avec lui, vivre avec le regard des autres, regard impardonnable. Et elle s'en
voulait d'avoir laissé cette chose arriver. Plus elle approchait du lieu de leur
rendez-vous, plus elle voulait fuir, ne pas entendre la vérité. Elle voulait partir
loin, tout abandonner et partir. Seule. Elle fut interrompue par son grand fils qui
lui tirait la manche pour lui montrer la maison du docteur en lui disant :
«On fait la course, maman ? »
*
« Bonjour docteur fit la mère de Charles en serrant la main à un homme
élégamment habillé.
-Bonjour Madame. » répondit-il en faisant de même. Puis, en regardant Charles,
il ajouta : « Bonjour Charles, joyeux anniversaire ! »
Charles sourit à son médecin et s'assit sur le fauteuil situé devant l'imposant
bureau. Sa mère s'assit à côté de lui et le docteur de l'autre côté. Il fixa Charles
un moment, comme pour essayer de lire à travers ses yeux. Le "petit" garçon,
gêné, baissa les yeux. L'homme commença, en s'adressant à la maman :
« Bien, nous allons recommencer du début. Je vais essayer de lui faire revivre le
moment de la tragédie et ça...Euh... » Il hésita avant de reprendre : « Eh bien,
cette séance risque d'être très éprouvante pour lui. C'est pourquoi je vous prierai
de quitter la salle durant cette séance. Même, essayez d'aller faire un tour, il
risquerait de sentir votre présence à travers les murs, donc votre angoisse. Cela
va prendre quelques heures, essayez d'aller faire les boutiques ou quelque chose
que vous ne pouvez pas faire lorsque vous avez votre fils sur le dos. Profitez de
cette matinée et ne pensez plus à lui. »
La concernée hocha la tête avec un faible sourire avant de se tourner vers son
fils :
« Tu as entendu le docteur mon chéri, Maman va aller se promener pendant que
tu parles avec lui. C'est d'accord ? »
Son fils adopta un air renfrogné avant de secouer la tête. Il ne voulait pas se
séparer de sa "môman". Cette dernière, ne voulant pas se fâcher avec son fils,
essaya d'ouvrir la bouche pour le convaincre mais le docteur lui serra le bras en
secouant la tête :
« Non non, ça va aller, vous pouvez y aller. Revenez dans deux heures, nous
aurons terminé, n'est-ce-pas Charles ? »Charles suivit des yeux sa mère qui se rendait à la porte. Il ne bougeait pas,
semblant ne pas comprendre ce qui se passait. Sa mère esquissa un signe de la
main avant de refermer doucement la porte derrière elle. Charles se tourna
lentement vers le docteur, le fixa pendant quelques secondes avant d'hurler
"Mamaaaaaaaan" en tapant des pieds et en pleurant toutes les larmes de son
corps. Son psychiatre, décidant de ne céder à aucun caprice du "petit garçon" se
contenta de le regarder d'un air impassible jusqu'à ce qu'il se calme. Mais, le
grand enfant ne semblait pas être d'accord avec cette technique. Il voulait à tout
pris que le docteur fasse revenir sa maman. Il devenait de plus en plus rouge,
tant il était furieux, il frappait la table avec ses poings, il lançait les stylos de son
docteur, jetait les bibelots par terre. Mais toute cette agitation le fatigua
rapidement et il n'eut bientôt plus assez de souffle pour continuer à pleurer et à
faire le bazar. Alors brusquement, il se tut, et retourna s'assoir sur sa chaise,
comme si de rien n'était.
Son médecin lui sourit avant de lui dire : « Bien, maintenant que tu t'es bien
défoulé, on peut commencer. Veux-tu bien t'allonger s'il-te-plaît ? »
Il lui montra ensuite de la main un long canapé couleur prune où Charles avait
largement la place de s'étendre de tout son long. Il respecta donc les ordres du
docteur et se coucha.
« Parfait, maintenant tu vas fermer les yeux. Tu es très fatigué mon petit
Charles, tu dois te reposer. Aies confiance en moi, ne t'en fais pas. Voilà comme
ça, respire profondément, rends-toi au pays des rêves doucement. »
Charles essayait tant bien que mal de faire ce qu'on lui disait. Il était sur le point
de s'endormir lorsque le psychiatre reprit d'une voix douce :
« Reste dans cet état, ne t'agites pas mais j'aimerais que tu me racontes quelque
chose. J'aimerais que tu me dises encore une fois comment s'est passé ton
"accident" »
*
« J'avais 15 ans. Ma mère m'avait demandé d'aller à la boulangerie du village,
pour acheter, si je me souviens bien, une baguette et trois tartelettes à la
framboise. Je m'y rendais donc gaiement, en faisant tinter les pièces de monnaie
dans ma poche. Je n'avais pas souvent l'occasion d'avoir de l'argent. Nous
vivions plutôt modestement et mes parents ne pouvaient pas se permettre de me
laisser de l'argent régulièrement, mais je ne leur en voulais pas. Je comprenais
parfaitement notre situation et faisais tout mon possible pour les aider. De temps
en temps, je gardais des enfants ou je promenais les chiens des voisi

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