La Croisée des Chemins
34 pages
Français

La Croisée des Chemins

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Description

La Croisée des Chemins : celui d'un S.D.F. commun à l'histoire peu commune ; une lente descente aux enfers à travers toutes les vicissitudes de ce monde inhumain , de l'adolescence à l'orée de l'âge mur .
Celui de son fils, procréé au hasard de ses pérégrinations puis abandonné , mais qu'il retrouve 20 ans après et qu'il l'aide à revivre ou plutôt à vivre enfin . Un cheminement d'espoir au travers le désespoir .
... »

Informations

Publié par
Publié le 30 juillet 2012
Nombre de lectures 177
Langue Français

Extrait

1)
LA CROISÉE DES CHEMINS
Un œil ouvert…non pas trop vite…se rendormir...oublier…il sera temps bien assez tôt …
Un bruit…qu’est ce ? Non rien d’inquiétant…juste le bruit d’un passant dans la rue en
dessous…
Un œil ouvert de nouveau…puis l’autre..Julien émerge lentement , voudrait prolonger
l’instant.,.ne plus exister un moment…dans cet abri précaire, juste le nécessaire.. .dans cet
immeuble délabré d’un quartier mal famé .
Un matin de plus…un jour de plus…pourquoi ?
Julien.., bientôt 45 ans ..et rien de plus…rien devant...et tant de souffrances accumulées
derrière lui , entassées au plus profond de son corps meurtri .
Il se souvient alors ..tend la main près de lui sur le matelas pourri lui servant de lit. Annie ?
Plus personne …
Annie, rencontrée quelques jours plus tôt dans cette Ville natale, où leur regard puis leur vie
se sont croisés le temps d’un repas sommaire partagé dans un banal lieu d’accueil
Annie, déjà repartie, aussitôt après être entrée dans son existence…pauvre petit être menue
et fragile , brisée , assoiffée d’amour trop souvent déçue...perdue…Annie disparue…
évaporée...à jamais
Annie ! Annie !! Annie !!! Reviens !!!! Plus rien .. Silence .
Se lever…dégourdir ses membres frigorifiés … pas besoin de s’habiller puisqu’il faut dormir
vêtu pour ne pas geler …Puis pointer le nez à l’extérieur, aux aguetsPuis marcher, marcher,
marcher…sans arrêt…
Marcher pour ne pas tomber de froid...marcher pour se vider la tête...marcher pour se rappeler
que l’on vit encore...que l’on survit encore…marcher pour se regarder ??se regarder
marcher…Et puis merde !!!
Julien s’arrête le ventre creux...le creux au ventre…vide...hagard…Oubliée Annie…Juste un
remède à l’ennui...une fuite en avant désespérée … une tentative pour oublier . Oubliés ces
moments de tendresse maladroits, échangés à la va vite dans ce squatte sordide . Oublié cet
oasis d’affection dans cette vie désertique sans horizon ….oublié cet ersatz d ’amour qui vous
vrille le cœur et vous laboure l’âme puis vous laisse anéanti- gelé – plus seul que jamais .
Retour à la case « survie » - retour à la dure réalité...Marchons.
…………
Qui es tu Julien ? Oh quelqu’un de tout à fait ordinaire en somme . Pas de quoi s’y arrêter .
Un enfant sans histoires, né dans une triste banlieue résidentiel sans caractère . Des parents
sans relief et sans consistance . U ne vie qui va ..qui va ..qui va ..un frère et une sœur plus
jeune…des copains..des études cou-ci cou-ça…. Une vie sans aspérités et sans âme .
Tout allait bien ainsi, si l’on peut dire, …jusqu'à cet événement …Julien sent sa gorge se
nouer…il suffoque..s’arrête… pour respirer . .Impossible de se remémorer cette période de sa
vie sans ressentir vivement, dans son corps , les relents du passé .
4 août 1984..le tournant. ..Julien a 19 ans …le Bac depuis quelques temps.. grand adolescent
taciturne et malingre, secrètement révolté ..ouvertement résigné.
4 août 1984: le tournant . Le père meurt brusquement . Arrêt cardiaque à 45 ans . Le vide .
Julien s’en souvient encore comme si c’était hier . Les hurlements de sa mère . Les
démarches précipitées . Les condoléances maladroites . Les gestes dérisoires des uns et des
autres pour aider..

2)
Julien pétrifié , assommé, ne réalise pas . Il assure, absent, son rôle de fils convenablement
chagriné pas au point de pleurer cependant …il ne faut pas exagérer . Il digère tout cela,
hébété...même pas triste...absent…faussement indifférent .
Et pourtant...et pourtant... pourquoi ressent-il un tel retentissement ? ..Aucune marque
d’affection auparavant entre le père et le fils …aucune complicité.. ; Ni l’un ni l’autre ne se
confiaient , enfermés dans leur rôle respectif qu’il était de bon ton de tenir . ;. Par respect et
discrétion diront certains …par haine rentrée , pensait en lui Julien.
Indubitablement , cette disparition marque un tournant irrémédiable . Julien, assoiffé de
modèle de reconnaissance , perd en son père , le seul repère qu’il espérait encore...malgré
tout...sans y croire...en y croyant quand même cependant au fond de lui .
Sa mère fait face , assure le quotidien , se mure dans le silence…et dirige le foyer . Point .
Julien subit, se ra petit , s’assombrit., poursuit de vagues études de sociologie , traîne son
ennui avec ses quelques amis . Fin du premier épisode .
------------
2 septembre 1985 : il y a 20 ans . Sa mère a changé depuis peu . Il ne s’en était pas rendu
compte . Regard brillant, maquillage plus prononcé , voix plus douce surtout...un miracle en
somme , un miracle nommé Quentin . Un homme, tout simplement, présenté ce jour là aux
trois enfants éberlués par une maman embarrassée et maladroite . Stupeur …gêne…accueil
poli sans plus . Il faut voir .
Quentin de prime abord jovial...sympathique…presque copain . Quentin apparemment
décontracté, les yeux rieurs, tendant des perches trop longues pour détendre une atmosphère
empoisonnée . Quentin...s’installe rapidement dans le foyer , vit à leur coté six mois après .
…………
Julien marche. ..marche...marche...sans se fatiguer d’ailleurs . Il connaît pratiquement toute la
ville , ses mystères , ses pièges , ses richesses cachées . Il marche seul désormais , comme
avant , comme toujours . Ses pas le conduisent instinctivement vers le seul lieu ouvert à cette
heure de l’aube : cet asile réconfortant , cet abri bienfaisant des voyageurs de la nuit : « Matin
de causette « , pour un brin de bonheur ..pour une pause dans le malheur familier . Il s’arrête
avant de rentrer, la main sur la porte , l’air songeur , le regard ailleurs . On le dit rêveur ou
absent . Il voudrait bien arrêter le temps , immobiliser l’instant , pour fuir l’avenir incertain et
le passé trop certain . Julien marche dans sa tête et remonte le temps….il y a déjà vingt cinq
ans .
…………
Le foyer ainsi recomposé à l’arrivée de Quentin s’avérera ..décomposé . Julien ne supporte
pas cet état de fait ,s’enferme dans un silence buté, fuit le moindre contact avec ce « beau
père « qui s’impose peu à peu en maître des lieux . La confrontation est aussi inévitable que
salutaire . Les deux hommes se toisent sans se regarder . Son amour pour sa mère et son
souhait de la voir heureuse lui permet encore de se contrôler , de ne pas exploser . Il garde
tout au fond de lui, à en être malade , s’absente de plus en plus souvent , s’arrange pour

3)
manger seul ou en l’absence de « l’autre « ..pour ne pas le nommer . Il louvoie , esquive,
dérive et se noie . L’atmosphère est devenu irrespirable . Çà ne peut plus continuer .
Un événement fortuit va tout faire basculer .
Quentin parle peu lui aussi sauf de banalités . Il évite Julien plus que les autres enfants ; plus
jeunes , plus malléables . Il évite aussi d’étaler au grand jour les inévitables conflits de son
couple encore vacillant et en recherche . Mais un soir , lors d’un repas , alors que
l’atmosphère est particulièrement tendu , la mère de Julien et son ami s’expliquent un peu
brutalement … Oh pas grand chose apparemment ! Juste une histoire de vacances... une
broutille comme souvent .
Quentin aime la montagne . Sa mère ne veut pas en entendre parler . Conflit banal en somme ,
réglée à l’amiable dans la plupart des couples . Compromis à l’appui. Conflit révélateur en
l’occurrence . Quentin est entier et ne veut rien céder . Il hausse le ton s’emporte , menace ,
révèle sa vraie nature impulsive et autoritaire . C’en est trop pour Julien qui bouille
intérieurement et vole au secours de sa maman .
Injures , invectives , menaces : tout y passe . Julien ne se domine plus , se libère totalement de
cette violence intérieure, douloureuse, trop longtemps ret

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