la cuite du jeudi soir.
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Description

Il avait la peau blanche, très blanche, comme s’il était toujours malade celui-là. Comment peut-on être aussi blanc ? À chaque fois que le voyait trainer ici, je me disais que c’était tout sauf normal de ressembler aux draps qu’il y avait chez ma grand-mère. Je sais pas pourquoi, mais les draps étaient toujours plus blanc chez ma grand-mère, sans doute une vision de mon esprit, ou alors la lessive d’antan était bien plus efficace qu’aujourd’hui. Ou alors elle les lavaient très souvent, ça doit être ça. Enfin qu’importe, ce type m’exaspérait avec son teint blafard. Putain qu’est-ce qu’il m’énerve celui- là ! Je me lève, il se lève aussi. Bizarre. Ce type est bizarre à mon avis. Comme tout le monde en fait. Le monde lui-même est bizarre, ça m’énerve vachement ça aussi, ce putain de monde bizarre. Je me rassois, et le blafard se rassied aussi sec, je crois qu’il me cherche ce connard. Je commande une bière, je la descends cul sec, j’en recommande une. Promis celle-là je la bois doucement, faut que j’en profite, le fric se fait rare en ce moment. Et merde déjà fini. Le bar passe une musique de jazz, un air triste, foutrement triste même, le genre de son qui vous ramène dans le passé, une autre époque. J’aimerais vraiment être beaucoup plus vieux, pour avoir connu le jazz, le vrai. Je me demandais si le type pensais comme moi, mais je m’en fou. Comment peut-on être aussi blanc bordel de dieu ?!

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Publié le 25 octobre 2013
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Langue Français

Extrait

Il avait la peau blanche, très blanche, comme s’il était toujours malade celui-là. Comment peut-on être aussi blanc ? À chaque fois que le voyait trainer ici, je me disais que c’était tout sauf normal de ressembler aux draps qu’il y avait chez ma grand-mère. Je sais pas pourquoi, mais les draps étaient toujours plus blanc chez ma grand-mère, sans doute une vision de mon esprit, ou alors la lessive
d’antan était bien plus efficace qu’aujourd’hui. Ou alors elle les lavaient très souvent, ça doit être ça. Enfin qu’importe, ce type m’exaspérait avec son teint blafard. Putain qu’est-ce qu’il m’énerve celui-
là ! Je me lève, il se lève aussi. Bizarre. Ce type est bizarre à mon avis. Comme tout le monde en fait. Le monde lui-même est bizarre, ça m’énerve vachement ça aussi, ce putain de monde bizarre. Je me rassois, et le blafard se rassied aussi sec, je crois qu’il me cherche ce connard.
Je commande une bière, je la descends cul sec, j’en recommande une. Promis celle-là je la bois doucement, faut que j’en profite, le fric se fait rare en ce moment. Et merde déjà fini. Le bar passe une musique de jazz, un air triste, foutrement triste même, le genre de son qui vous ramène dans le passé, une autre époque. J’aimerais vraiment être beaucoup plus vieux, pour avoir connu le jazz, le vrai. Je me demandais si le type pensais comme moi, mais je m’en fou. Comment peut-on être aussi blanc bordel de dieu ?! Et cette putain de chanson qui n’en finit pas, c’est impossible de jouer aussi longtemps. A moins que je ne sois vraiment bourrer et que je ne vois pas le temps passer. Possible. Probable même. Je suis un alcoolique, mais j’essayais de faire croire que non à l’époque, mais
aujourd’hui je m’en fous royalement de mes problèmes d’alcool, de toute façon ça n’as jamais tué personne la picole. Enfin si, mon oncle jean, mais ce n’est pas pareil, lui il buvait de la vodka. A mon avis l’alcool ne tue pas, sauf la vodka. Donc je suis peinard, je ne bois que de la bière et du whisky. Mais une fois j’ai pris une murge à la vodka. Et si j’en mourrais ? Ce serais vraiment une bonne nouvelle si je pouvais caner rapidement en fin de compte, ça m’éviterais d’être con plus longtemps. Bref, ce soir-là ce batard blafard affaissé sur son siège m’emmerde profondément avec sa gueule de cachet d’aspirine. Putain mais tu n’as jamais vu le soleil bon dieu ? Ou alors il a une maladie, le genre de truc grave, qui va le tuer rapidement. Tant mieux. Qu’est-ce que je peux réfléchir quand je suis bourré, j’en ai des migraines le lendemain matin, à moins que ce soit les résultats de mon taux d’alcoolémie à trois chiffres, et j’exagère a peine. Ce soir-là, j’avais plus bu que les autres soirs, j’avais un truc à fêter. Je me rappelle même plus ce que c’était que cette connerie de bonne nouvelle, mais je sais que je buvais pour fêter quelque chose. Ou alors c’était pour oublier quelque chose. Je m’en rappelle plus du tout, l’alcool a du tué ma mémoire avec le temps.
Encore une bière. Une femelle s’assit à mes côtés, mais bon dieu qu’elle était laide celle-là ! Un laidron de concours, sans charme, sans classe et sans seins. Aucun intérêt.
-« salut beau blond, tu me paye un verre ? »
-« Et puis quoi encore, t’as vu ta gueule ? T’es aussi laide que mon anus après une diarrhée de six jours et tu voudrais qu’en plus je te paye un verre ? Au mieux je te paye pour dégager t’as vilaine tête plus loin mais c’est tout, et tu peux déjà t’es t’estimé heureuse d’avoir de l’argent pour ça, connasse. » Répondis-je en m’allumant une clope.
t’as vraiment un problème pauvre con » rétorqua-t-elle, blessé dans son ego de femme.
Elle s’éloigna et je n’eus même pas à la payer pour ça, quelle pied ! J’avais envie d’être seul ce soir-là, même si je ne me rappelle plus pourquoi. Je tournais ma tête vers la droite et vis que ce putain de blafard me regardait d’un air mauvais. « Je vais me le faire » songea-je avec haine, « putain de dieu
je vais me le faire ». Je me suis levé, lui aussi. Il était comme moi, totalement seul, avec sa bière, comme un idiot né de la dernière pluie de mouille de sa mère. Je fis un pas en avant, lui aussi. De près, il me semblait moins blanc déjà. Une houppette blonde vissé sur le front, et une dégaine d’homme beaucoup trop sûr de lui et son génie pour être seul dans un bar un jeudi soir. On avait des points commun lui et moi, mais ça n’allait pas m’empêcher de lui refaire le portrait, en long large et en sang. Je m’avançais doucement vers lui et il fit de même, a pas feutré, l’air de rien. Encore deux pas et il serait à porter de mon crochet du droit. « Allez avance tocard de mes deux, tu vas voir ! » pensais-je, sur de mon fait. Il était là, à moins d’un mètre. Je lui envoyais un coup de poing énorme et je ressentis alors une incroyable douleur dans la main. Elle était en sang, mon sang de génie coulait dans ce bar minable, et je ne savais même pas comment cela avait pu arriver. Le barman s’approcha de moi :
-il va falloir payer pour mon miroir Tony, tu vas me le rembourser ! »
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