les miroirs de l âme
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Description

PREMIERE PARTIE L'OBSCURITÉ SE FAIT JOUR. MERCREDI 15 OCTOBRE. 1 Dix-huit heures. La pluie s'abat avec brutalité, sans aucun ménagement sur La Rochelle. Il fait presque nuit, et le vent mortifère s'engouffre dans les rue de la cité portuaire. Anthony, assis derrière le volant, ne peut rien faire d'autre que regarder ce balai incessant qui frappe les vitres de la voiture. À ses côté, Jérôme semble moins préoccupé par les conditions climatiques. Il tapote frénétiquement sur son portable, est complètement absorbé par ce qu'il fait. Il n'y a aucun échange entre les deux hommes, juste le silence rompu par l'eau qui s'écrase sur la carrosserie de la voiture. L'épais rideau d'eau empêche Anthony de surveiller la rue Saint-Louis et plus particulièrement le presbytère. Il met en marche les essuie-glace. Jérôme de suite lui donne l'ordre de les arrêter pour ne pas être repéré. Il ne dit jamais rien, juste l'essentiel. Pour anthony, c'est une tombe. Jamais Jérôme n'a un mot de trop. Il économise tant ses paroles que c'est un événement de l'entendre dire plus de deux phrases à la suite. Il ne s'en plaint pas, bien au contraire, c'est une bénédiction. Ça l'apaise. Pas de paroles blessantes, comme ses parents qui se complaisaient à l'en abreuver tous les jours. Il les a tant et tant entendu le rabaisser, qu'il a l'impression qu'ils sont sur la banquette arrière et continuent à le dénigrer.

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Publié le 09 janvier 2015
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Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

PREMIERE
PARTIE
L'OBSCURITÉ SE FAIT JOUR.
MERCREDI 15 OCTOBRE.
1
Dix-huit heures. La pluie s'abat avec brutalité, sans aucun ménagement sur La Rochelle. Il fait presque nuit, et le vent mortifère s'engouffre dans les rue de la cité portuaire. Anthony, assis derrière le volant, ne peut rien faire d'autre que regarder ce balai incessant qui frappe les vitres de la voiture. À ses côté, Jérôme semble moins préoccupé par les conditions climatiques. Il tapote frénétiquement sur son portable, est complètement absorbé par ce qu'il fait. Il n'y a aucun échange entre les deux hommes, juste le silence rompu par l'eau qui s'écrase sur la carrosserie de la voiture. L'épais rideau d'eau empêche Anthony de surveiller la rue Saint-Louis et plus particulièrement le presbytère. Il met en marche les essuie-glace. Jérôme de suite lui donne l'ordre de les arrêter pour ne pas être repéré. Il ne dit jamais rien, juste l'essentiel. Pour anthony, c'est une tombe. Jamais Jérôme n'a un mot de trop. Il économise tant ses paroles que c'est un événement de l'entendre dire plus de deux phrases à la suite. Il ne s'en plaint pas, bien au contraire, c'est une bénédiction. Ça l'apaise. Pas de paroles blessantes, comme ses parents qui se complaisaient à l'en abreuver tous les jours. Il les a tant et tant entendu le rabaisser, qu'il a l'impression qu'ils sont sur la banquette arrière et continuent à le dénigrer. Jamais il ne les a entendu dire qu'il ferait quelque chose de bien de sa vie. Et pourtant, si aujourd'hui sa mère pouvait le voir, un revolver à la ceinture et une carte de Police dans sa poche, elle ne dirait plus rien, serait même fier. Elle n'oserait plus l'abreuver d'un
océan d'insultes, et son père ne le frapperait plus pour la moindre broutille. Un verre tombé, un abattant de wc non rabaissé, et les coups tombaient. L'horreur était à la maison, l'enfer dehors. Mal-habillé, mal peigné, mal-aimé, il était le souffre douleur de ses camarades. Pendant longtemps, il a supporté en silence l'horrible souffrance. Tout a changé dans sa dixième année, quand est arrivé Jérôme. Très vite ils se sont rapproché. Déjà il ne parlait presque pas, il frappait. Anthony parlait pour deux, Jérôme se battait pour deux. Ils ne se sont plus séparé, et attendent ensemble dans la voiture. La porte du presbytère s'ouvre. Une jeune fille en sort. Anthony la reconnaît
instantanément :c'est Laurence Régnier. La pluie ayant cessé, il peut la suivre des yeux. Elle se dirige vers l'arrêt de bus. Puis, deux hommes, jeunes, se dirigent vers elle. Il en reconnaît un : c'est Sylvain Laborde, un membre de la Ligue De Vertu. Un sorte de secte, un groupe d'extrémistes de Dieu, qui concentre en elle tous ceux qui veulent imposer, par la force s'il le faut, leur vision du monde. Que viennent-ils faire ? Ils vont tout faire capoter. Ils sont maintenant juste à côté de la jeune fille. Jérôme, lui aussi, les a vu. Il a abandonné son téléphone. Sa main, maintenant, touche son revolver. Il est sur le qui-vive, prêt à intervenir, Anthony aussi. Il hésite entre intervenir ou prévenir son chef. Ces deux hommes représentent le grain de sable qui s'immisce dans un plan huilé, peaufiné dans ses moindres détails. Laurence parti, ils n'avaient plus qu'à attendre le feu vert pour se diriger vers le presbytère. Anthony sursaute. Son téléphone vient de retentir. L'ordre leur ai donné de passer à l'action. Il n'y a rien à dire, il leur faut agir. Il relève la tête, et voit Laurence monter dans le bus et les deux jeunes s'éloigner. Il pousse un soupir de soulagement. Le plan peut se poursuivre. Il n'y a plus d'hésitation à avoir. Jérôme est déjà descendu. Il lui faut le suivre Il n'y a plus d'échappatoire.
*
Laurence, ce mercredi, n'a rien changé de ses habitudes. Levée de bonne heure, elle
s'est préparé pour aller au lycée. Bien qu'elle ait pris une douche, elle ne s'est pas attardé dans la salle de bain, contrairement à nombre de filles de sa classe de terminale. Elle ne se maquille jamais, ne comprend pas ce besoin qu'on nombre de ses camarades pour ajouter des artefacts à leur beauté. Ses longs cheveux blonds, ses yeux bleus sont ses atouts principaux, sans oublier un corps qui fait se pâmer tous les garçons qu'elle rencontre. Mais, collectionner les flirts n'a jamais été son but dans sa vie. Le seul auquel elle aspire, c'est de trouver l'amour, le vrai, celui qui vous fait voyager sans que vous partiez de chez vous. Et cet amour, elle l'a trouvé cet été dans les beaux yeux de son Antoine. Il a tout bouleversé, chamboulé sa vie au point de renoncer à l'engagement qu'elle avait pris un an auparavant. Elle s'était promis de s'offrir à un homme qu'après le mariage, d'offrir sa virginité à celui qui serait digne de l'aimer et de lui proposer de se marier. Mais quand elle rencontra Antoine, elle comprit en une fraction de seconde que sa vie ne serait plus jamais la même. Elle avait chaviré, s'était noyé dans son regard. Elle avait cru que son cœur s'était arrêté de battre lors de leur première rencontre. Le matin, quand elle s'était éveillé, jamais elle n'aurait pu croire que sa vie basculerait dans le bonheur le plus parfait. Invité à un anniversaire, dans un petit village au nord de La Rochelle, elle s'y était rendue avec sa meilleure amie. Elle pensait s'amuser, repartir et reprendre sa vie. Si elle avait su à l'avance ce qu'il lui arriverait ce jour-là, elle n'aurait pas attendu autant de temps pour se rendre à cette soirée. Elle se serait précipité, au risque de paraître nerveuse, pour rencontrer son amour. Quand elle le vit, tout avait paru évident. Pour Antoine aussi. Il ne l'avait pas quitté pour retrouver ses amis, il n'avait pu enlever ses yeux de ceux de Laurence. Une heure plus tard, le destin les avait réunis et ils fusionnèrent dans ce qui leur parurent être une de ces histoires d'amour que retiendrait l'histoire. Pas la petite histoire, mais celle que l'on écrit avec un grand H. Ce matin, devant le lycée, comme tous les jours, ils se retrouvent, s'embrassent, pas une, pas dix, mais de nombreuses fois. Il se laisse faire, ne se lasse pas de ces lèvres sucrées qu'il considère comme du nectar. Dans ses bras, elle se sent bien, protégée,
heureuse. Tout le monde sait que ces deux-là, c'est du sérieux, qu'ils sont fait pour être ensemble. Tout le monde, sauf les parents de Laurence, elle ne leur a rien dit. Qu'auraient-ils pu comprendre, eux, les drogués aux dollars ou à l'euro? Elle ne leur ment jamais, ne dit pas qu'elle va chez une copine pour le retrouver. Elle attend, juste encore dix mois pour être majeure et annoncer son bonheur. Elle reste muette, sur ses sentiments et ses peurs. Car depuis qu'elle a annoncé qu'elle avait trouvé le grand amour et qu'elle s'était abandonné corps et âme à lui, elle reçoit tous les jours des menaces sur son ordinateur. Elle aurait pu rompre, elle ne le pouvait pas. Vivre sans Antoine, ce n'est pas raisonnable, pas sensé. Comme toutes les femmes avant elle, elle préfère souffrir en silence sans rien dire, ni à ses parents, ni à son amoureux. Même sa grand-mère, sa confidente depuis toujours, ne le sait pas. Il n'y a qu'une personne à connaître son secret, et cette personne est devant elle, dans une petite pièce de son presbytère, ce mercredi après-midi. Laurence est assise, elle regarde le Père Simon ranger quelques livres éparses, jonchés ci et là. Peut-être que ce manège lui permet de clarifier ses idées, de reprendre son souffle après une discussion à bâtons rompus. Le silence a tout remplacé. Juste le bruit du papier des livres que le prêtre dérange, encore et encore. Si, les mains de Laurence s'agitent, tapote la petite table en formica. Elle s'arrêtent, tremblent. Elles bougent de nouveau, se croisent et semblent seules dans cette pièce désuète mais propre. Elles reprennent leur activité, comme si elles pouvaient parler, exprimer ce trop d'angoisse qui submerge la jeune fille. Une mouche se pose sur la table, puis s'envole. Elle aussi ne peut supporter cette tension. Le prêtre tourne et vire, fait le sourd, s'affaire comme un vieux bibliothécaire qui aurait oublié de s'équiper de son sonotone. Ils sont tous les deux réunit, mais pourtant, tous les sépare. Elle est jeune, belle, amoureuse et impatiente. Lui, a l'expérience de ses 65 ans et les cheveux blancs. Il est posé, elle est nerveuse. Il veut rester calme, elle n'en peut plus. Elle s'impatiente, il reste de glace. Puis, elle explose. C'est un flot ininterrompu de mots qui sortent de sa bouche. C'est un torrent verbal qui envahit la pièce, qui noie le prêtre. Toute sa
souffrance s'exprime, il acquiesce. Il ne dit rien, laisse l'émotion se disperser pour mieux la raisonner quand elle sera calmée. Il n'y a pas que les paroles de Laurence qui résonnent dans la pièce, son impatience se fait de plus en plus criante. Son discours n'a qu'un seul but. Trouver un réconfort, une solution, pas les réponses que le prêtre lui a déjà faite. Elle les connaît par cœur : « Je te l'avais bien dit de ne pas adhérer à leur groupe de virginité », « Ce sont des extrémistes, tu n'auras que des ennuis à les fréquenter », « Mais pourquoi as-t-il fallut que tu dises que tu avais couché avec ce garçon? ». Oui, à force d'entendre ses arguments, elle pouvait les répéter sans en oublier un seul mot. Puis, Laurence stoppe net. Victime de sa jeunesse, elle avait besoin d'air. Le père Simon en avait assez entendu. Internet, toujours internet. Les jeunes ne juraient plus que par internet! Comme si c'était la solution à tous leurs problèmes! Au contraire! Depuis qu'il avait vu émerger cette tentaculaire toile d'araignée, le monde avait changé. Les gens ne communiquaient plus que par leur stupides boîtiers, ne se parlaient plus. Il en avait entendu des adolescents, dans cette pièce, se plaindre des insultes et des rumeurs colportés sur les réseaux sociaux. « Saloperie de progrès ! ». Il arrêta de tripoter ses livres. Il s'assoit en face de Laurence qui repart avec encore plus de conviction. « je veux partir, être loin de ces gens, ne plus rien entendre! », clame Laurence. « Je veux vivre avec Antoine, sur une île déserte. « L'aimer, être aimer, tout simplement, et que l'on me laisse tranquille! ». plus elle parle, plus ses cheveux rebondissent et sa frêle poitrine apparait. Inconsciemment, elle touche de sa main gauche la bague que lui a offert Antoine; ça la rassure de savoir qu'il est là, à son doigt. Pour Laurence, le temps n'a pas d'importance, seule l'immédiateté compte. Le passé c'est le passé, l'avenir est sans importance, seul le présent lui importe. Une seule chose peut être éternelle, intemporelle. Et cet absolu, qu'elle porte dans son cœur se trouve à un de ses doigts sur sa main droite. Tout doit être vécu maintenant, ici et tout de suite. Tout doit être pris, savouré, dégusté, avalé comme si la vie pouvait s'arrêter demain. Elle est prête à tout perdre, à s'enfuir de sa vie pour vivre l'amour qu'elle vient de
découvrir. Et pourtant, elle hésite. Doit-elle s'élancer dans l'inconnu, faire souffrir ses parents, sa grand-mère? Plus important encore! Antoine s'enfuira t-il avec elle? Tout son corps est traversé par ce sentiment irrépressible, puissant, oppressant, nouveau mais qui lui semble à présent naturel, comme indispensable à tout son être. C'est son oxygène, sa seule raison de vivre. À chaque fois qu'elle pense à Antoine, son cœur s'emballe, se rut et veut la transpercer. Elle veut vivre, respirer son parfum, se noyer dans ses bras, traverser les âges et les siècles, voir les hommes mourir tout autour d'eux. Elle désire qu'ils soient à jamais unis dans le tourbillon de l'histoire. Elle a mille peines à rester stoïque sur sa chaise, et voir le Père Simon plongé dans un silence livresque l'énerve encore plus. Ses gestes lents, presque millimétrés ne peuvent la calmer. Dans son uniforme noir et blanc, sa barbe grisonnante et ses yeux bleus, ses cheveux plus aussi abondants que lorsqu'il était jeune, il reste calme dans cette petite pièce. Un bruit retentit, un bruit venant de l'arrière cuisine. Le prêtre tourne la tête, se lève et se dirige vers la vieille cafetière qui signale que son café est prêt. Un sucre, un seul. À son âge, on a perdu le goût des excès, surtout quand est suivi par des médecin qui veulent à tout prix vous maintenir en vie. Il revient, voit Laurence un peu moins énervé et lui propose si elle veut boire quelque chose. Elle ne refuse pas. Sa bouche, à force de travail est sèche et réclame réparation. Après un aller retour express, il revient avec une bouteille en verre remplie de limonade. Laurence écarquille les yeux devant le fossile de l'ère pré-consomation. Elle se demande si son confesseur n'est pas en relation avec un réseau de trafiquant pour pouvoir continuer à se procurer cette limonade. Une bouteille en verre! Et pourquoi pas une jarre en terre cuite pendant que l'on y est! De retour sur sa chaise, le père Simon tourne le dos à un vieux meubles « fourre-tout » où s'entassent toutes sortes de livres. Cette pièce recluse, à l'abri des regards indiscrets, sert de confessionnal pour les jeunes qui ont besoin de s'épancher, de se vider des tracas plus ou moins importants de leur vie. Souvent, il leur prête quelques ouvrages, comme si le partage de la culture est un prolongement de sa mission sacerdotale. Mais Laurence n'attend
pas un quelconque ouvrage, encore moins une bible. Elle veut des réponses, des solutions, maintenant, tout de suite. Vous comprenez, je veux être tranquille, ne plus recevoir d'insultes! Pouvez-vous m'aider, sinon...
je ne veux pas qu'il t'arrive quoique se soit. Il faut d'abord que tu te calmes, que tu fasses le vide dans ta tête. La colère n'est jamais bonne conseillère. Je n'y arrive pas. Trop de choses se bousculent dans ma tête. Mes parents, Antoine, ces imbéciles.... Quels sont ceux qui t'importent le plus ?
! J'aime mes parents, Antoine est toute ma vie et les autres me la rendent Tous impossible ! Et si mes parents apprennent que je suis avec Antoine, que feront-ils? Tu t'inquiètes pour rien. Tes parents t'aiment et t'aimeront toujours.
Ils m'empêcheront de le revoir. C'est à cause de cela que je ne leur ai pas dit que je recevais des menaces. Je ne veux pas risquer de le perdre, mais je n'arrive plus à vivre. Avant, les menaces étaient rares, mais maintenant, elles arrivent tous les jours! J'ai peur mon Père, peur qu'il ne m'arrive quelque chose de terrible. Et s'il voulait me tuer pour faire un exemple? Tu lis trop de livre ou tu regardes trop la télé! J'ai réfléchi et je pense savoir
comment t'aider. Dès demain, j'irais les voir, ces fanatiques du groupe de virginité. Je vais leur dire, ce que je pense de leurs méthodes. Leur petit jeu a assez duré. Ils ne t'ennuieront plus, tu peux me croire. Tu pourras reprendre ta vie comme avant, avec ton amoureux et ta famille. Et pour tes parents, si tu ne te sens pas assez forte pour leur annoncer que tu es amoureuse, je peux être à tes côtés si tu le désires. Mais s'il te plaît, je ne veux plus te voir dans cet état. J'ai mal pour toi. Laurence reste silencieuse. Les paroles du prêtre la soulagent et la pression s'évapore en une fraction de seconde. Une larme, puis deux coulent doucement sur ses joues comme pour signifier que son cœur n'est pas sec, mais un organe prêt à aimer
comme personne d'autre. Ses émotions l'irriguent jusqu'au bout de ses doigts, la transpercent de toute part, la font vivre tout simplement. Elle ne connaît pas toutes les désillusions de l'amour, ses traîtrises, ses manquements, ses erreurs et ses mensonges. Elle est pure et voit en Antoine ce qu'il y a de plus beau, de plus innocent. Le Père Simon attend que Laurence cesse de pleurer et reprend : Tu ne changes rien à tes habitudes. Quand tu reviendras me voir, mercredi prochain, je suis certain que tout ceci sera de l'histoire ancienne. Sinon, n'hésite pas à m'appeler. Tout paraît si simple avec vous. Qu'est-ce que je deviendrais si vous n'étiez pas là?
La vie est compliquée parce que les hommes la rendent ainsi. Il ne tient qu'à eux de vivre simplement, de la rendre simple ; c'est peut-être la chose la plus compliquée qui soit, je te le concède. Je te demande juste de suivre mes conseils et tu verras que tout rentrera dans l'ordre. Laurence regarde sa montre. Il est l'heure de partir, de rentrer chez ses parents. Elle prend son sac à dos et sort. Après avoir tourné à droite, elle parcours les deux cents mètres qui la séparent de l'arrêt de bus. Elle s'approche du poteau où sont inscrits les horaires de passage. Elle regarde une fois de plus sa montre. Ils est 18h45. Plus que sept minutes avant l'arrivée du bus. Elle sort son téléphone et fait la moue. Aucun message, ni de ses parents, ni de sa grand-mère et encore moins d'Antoine. Elle le remet dans sa poche quand elle voit deux individus qui s'approchent d'elle. Ils la regardent, elle baisse les yeux. Elle ne les voit plus, mais elle sent tout le poids de leur présence. Elle lève la tête, ils ne sont plus qu'à cinq mètres d'elle. Ils la fixent comme une proie. Laurence sent la peur monter en elle. Et si... Et si c'était deux horribles lascars envoyés par le groupe de virginité, pour lui faire du mal, pour l'agresser. Elle n'ose pas les regarder plus longtemps et se détourne. Ils ne sont plus qu'à trois mètres et elle peut entendre leur respiration. Elle est saccadée, violente, elle lui fait peur. Son cœur s'emballe, il cogne. Ses mains tremblent. Que doit-elle faire ? Partir en courant au risque qu'ils la poursuivent ? Ne rien faire et attendre
l'agression? Elle est comme dans un mauvais rêve, immobile, incapable de bouger ! Elle agrippe fermement le poteau où sont affichés les horaires de ce bus qui ne vient toujours pas ! Mais que fait-il ? Encore en retard, comme à chaque fois que l'on veut qu'il soit en avance. Va t-elle mourir maintenant, si jeune, sans revoir ceux qu'elle aime et leur dire au revoir ? Sera-t-elle assez forte pour accepter la mort ? Non ! Si la faucheuse veut la prendre, alors elle devra se battre ! Elle fait face aux deux hommes. Ils n'ont pas bougé et font mine de ne pas la voir. Elle en profite pour mieux les observer et remarque que celui qui est le plus loin, elle le connaît ! Elle l'a déjà vu, une ou deux fois dans les locaux du fameux groupe. Il s'appelle Xavier, enfin elle le croit. Ils ne sont pas là par hasard, il sont là pour elle ! Ils ne bougent pas, elle devine qu'ils observent, attendent le moment propice pour l'agresser ou l'enlever. S'ils n'agissent pas, c'est qu'ils ont certainement peur de la présence d'éventuels témoins. Ils vont monter avec elle dans le bus, elle en est convaincue. Ils attendront qu'elle soit toute proche de la maison de ses parents, près de la piscine, pour commettre leur forfait. Là-bas, il n'y a personne pour les déranger. Mais pourquoi être venu jusqu'ici ? Pour instiller cette peur qui maintenant coule dans ses veines. Elle va les affronter et déjà les défie. Elle les toise du regard et peut voir que l'autre homme tient dans sa main une grande poche en plastique. Elle peut distinguer des vêtements, sans pouvoir deviner leur nature exacte, sauf peut-être une large casquette bleue. Elle se sent prête au combat mais le bus arrive. Elle monte à l'intérieur, présente sa carte d'abonnement annuel et s'installe. les portes se ferment et les deux hommes ne sont pas là. Ils ne l'ont pas suivi. Elle souffle. Elle est soulagée, pour le moment. Mais elle se sent au bord du gouffre. Non, elle ne pas se jeter dans le vide, mais elle pressent que l'on veut y pousser. Elle sent que la mort rode autour d'elle. La catastrophe est dans l'air, et si elle survit, sa vie en sera à jamais changé ! Après la discussion avec le Père Simon, et les deux individus menaçants, elle veut retrouver un peu de sérénité. Alors, pour oublier, elle promène ses yeux à l'extérieur du bus. Elle aime regarder les gens qui se promène sur le vieux
port de La Rochelle, même si ce mois n'est pas son préféré. Laurence adore se promener le long de l'eau pendant la période estivale ; en journée pour manger des glaces, acheter des babioles parmi les échoppes qui voient le jour de juillet jusqu'en août. Le soir aussi, où des artistes divers et variés rivalisent au grand plaisirs des touristes et des habitants de La Rochelle. La vie, ici, ne s'éteint jamais, elle est comme une vague qui revient sans cesse et vous berce. Tout le monde trouve ce qu'il cherche, de la distraction, des bars, des restaurants. Même des concerts avec les Francofolies qui vous transportent au delà de minuit. C'est le rêve, le rêve que certains ont décidé de transformer en cauchemar pour Laurence. Elle tourne la tête et voit le soleil qui se couche entre les deux tours qui marquent l'entrée du port. Elles font face à la grand horloge avec son porche qui permet de rejoindre le centre-ville. Le bus la laisse à sa place et passe devant la discothèque leRecto-Verso. Cet endroit, célèbre pour ses mœurs dissolues est exécré par ses anciens amis fanatiques qui rêvent de le dynamiter. Deux cents mètres plus loin, le bus tourne pour rejoindre la place d'arme, le point de ralliement de tous les bus de la ville, là où se trouve le commissariat puis un peu plus loin le lycée Dautet où elle use ses chaussures et ses méninges à absorber moult connaissances. Épuisée par sa journée, son esprit se perd dans le vide. Elle a hâte de manger, de se coucher et de se perdre dans les limbes de ses rêves. Ils seront beaux, remplis du visage d'Antoine qui l'aimera pour l'éternité. La sonnerie de son téléphone la rappelle à la réalité. Elle le prend. Il lui annonce un message, un message du Père Simon. Que veut-il ? Elle sait qu'il a son numéro, mais jamais il ne la appelé ! Ça doit être important, grave, sinon pourquoi essaierait-il de la joindre ? Ses mains tremblent à nouveau. Elle est fébrile. Elle s'inquiète, et le message ne la rassure pas.
Tes parents ont eu un accident de voiture. Tu dois
revenir au presbytère. La police est déjà là et t'attend
pour pouvoir t'emmener à l'hôpital. Je t'attends avec
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