Une Larme pour le Diable
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Description

Extrait des 3 premiers chapitres.
- Saint Germain en Livradois. Un village paisible de la Douce France. L'horreur va s'abattre sur la région...
Laurence est une jeune fille révoltée, écorchée vive. On la surnomme Laurence la Limande. Mais elle ne se laisse pas faire. Elle a son petit caractère.
Son destin bascule, lorsque la Bête du Livradois commence à semer la terreur dans la région. Un cadavre, puis un autre et encore d'autres...
Les attaques se succèdent. La gendarmerie est sur les dents.
Léo le Taiseux, un magnétiseur, est l'ami de Laurence. Il pense que les crimes ne sont pas l'oeuvre d'un tueur, mais d'une Bête diabolique. Il offre à la jeune fille, un Talisman. Ce dernier est censé la protéger contre le Diable...
Mais qui mène le bal ? Les hommes ou Satan ?

Informations

Publié par
Publié le 20 novembre 2014
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

UNE LARME
POUR LE DIABLE
Thriller
(Extrait 3 premiers chapitres)
Pierre Henri Cauzic
Droits d’auteur © 2014 Pierre Henri Cauziceksel@orange.frTous droits réservésISBN : 9782954815268
1Le Premier Cadavre Août 2012Boinville le GaillardEure et Loire. La nuit est fraiche et pluvieuse. Pourtant, je suis accoudée à la fenêtre de ma chambre. Mamanm’a déjà dit deux fois: Ne reste pas là ! Tu vas attraper un rhume ou une bronchite. Je n’ai pas froid. J’habite aujourd’hui un pays où les saisons sont plus douces. Où les habitants, les arbres, les choses et même les sentiments, sont moins rudes qu’autrefois.Et surtout, je n’ai pas sommeil. Je sais que je m’endormirai, tout à l’heure. Mais seulement lorsque les étoiles auront basculé au firmament, derrière les murs de la maisond’en face. Pas avant…Nous sommes le 5 Août. C’est la Saint Abel. Il y a exactement trois ans, ma vie était bouleversée. Un trou énorme, béant, s’est ouvert dans ma tête, mon esprit, mon cœur. Bref, une déchirure a blessé mon être.Alors ne m’en veuillezpas, si je ne dors pas encore. Laissezmoi rêver. Rêver que je vais guérir. Imaginer qu’un matin, je pourrais à nouveau sourire, en me réveillant. Espérer que la mort ne soit plus quelque chose que j’envisage comme une délivrance. Le suicide comme une fuite suprême et définitive. La solution. Oui, si seulement la vie pouvait me guérir. Si mes souvenirs pouvaient s’étioler, s’effilocher, se dissiper comme une brume qu’un soleil réchauffe. Avant, je croyais tout savoir. Aujourd’hui, je ne crois plus en rien. Des vertiges me saisissent lorsque je pense à autre chose qu’au présent. Le passé est un abîme sinistre, effrayant. Le futur, un inconnu angoissant.
Donc, je suis là. Une brise légère souffle le long de ma chemise de nuit. Elle glisse le long de ma poitrine. Cette poitrine où deux petits seins pointent à peine. Elle descend le long de mon ventre et court sur mes cuisses. Des seins, des cuisses d’adolescente. Pourtant,j’ai dixneuf ans. Normalement, on est déjà une femme à cet âge…Mon corps est comme mon esprit. Disgracieux, ingrat. Je m’en fiche! Je me moque moimême de ce corps qui attend, en vain,l’épanouissement et la féminité. Je lui parle, parfois. Je lui dis…je lui dis la vérité : Tu ne me plais pas mon corps. D’abord jen’aime pas ton visage. Je n’aime pas tes épaules, ni tes cuisses, ni tes jambes. Je n’aime, ni tes sourires, ni tes pleurs. Je n’aime pas ta bouche pâle. Je déteste ta maigreur, mon corps! Voilà ce que je lui dis, quand nous sommes en tête à tête. C’estàdire presque à chaque instant. Nous parlons aussi de ces cheveux mal taillés.
Autrefois, j’affirmaisque c’était la coiffeuse, Francesca, qui me les coupait mal.
Mais ici, ce n’est plus Francesca qui me coiffe.Mes cheveux sont toujours d’une couleur sans charme. Ils sont trop épais. Comme des baguettes de restaurant chinois, couleur bois de bambou. Je les peigne en chignon. On les remarque moins. En contrepartie, on voit mieux mon visage. Ce nez, sur lequel un grain de beauté est posé comme une mouche immobile, attirant le regard. Et puis je n’aime pas mes yeux. Ils sont verts. Cela fait peur à beaucoup de gens. J’ai trouvé, dans un livre de morphopsychologie, que les yeux verts indiquent un caractère cruel. Un manque d’honnêteté, voire un goût pour la trahison, la traitrise… J’ai refermé le livre. Pourtant ces lignes se sont gravées dans ma mémoire. A ce corps, je lui parle aussi de ma poitrine. Au lycée, certains garçons m’avaient appelée la Limande.J’ai essayéun Wonderbra. Cependant,je n’aime pas le ridicule. J’ai mis ce genre de soutiengorge, une seule fois. Devant ma
glace. Puis je l’ai jeté dans une poubelle, au milieu d’un tas de vieilles boites en carton et en métal. Mon ventre est plat. Hélas, le médecin ou la sagefemme qui a coupé le cordon ombilical, a laissé dépasser un peu de chair. Mon nombril pointe vers l’extérieur. Je trouve cela horrible.Eh oui, mon petit corps, il reste les fesses. Malheureusement, elles sont plates. Je ne remplis pas mes pantalons, ni mes jupes ou mes robes. J’aidéjà parlé de mes jambes. Trop maigres, trop osseuses. Et cette couleur de peau : albâtre ou plâtre ou farine... Cette pâleur maladive qui inquiétait mes voisins. Mais tout ceci n’est rien. La souffrance que j’éprouve à être laide et disgracieuse, n’est rien à côté de ce que mes souvenirs provoquent comme douleur, comme effroi. Je vis maintenant dans la plaine. Il n’y a plus ces grands arbres, ces forêts vertes et sombres, ces collines qui ondulaient, ces vallées qui s’ouvraient sur l’horizon. Ici tout estplat. Tout est prairies, routes, villages semés au milieu de champs de blé. Chartres n’est pas loin. Paris non plus. En fait, je ne vis nulle part. J’ai la nostalgie de l’air un peu raréfié du Livradois. La nostalgie des écharpes de nuages,qui s’accrochent aux grands épicéas. J’ai besoin de ces lacs, de ces étangs qui reflètent le ciel Auvergnat. Elles memanquent, ces nuits glaciales et lumineuses de l’hiver. Les toits du village brillaient sous la lune. La neige était plus blanche que dans tous les rêves. Elle craquait sous mes pas, quand je marchais dans les rues de Saint Germain. Elle crissait lorsque je m’enfonçais par les chemins forestiers, dans la forêt de l’Etat.Saint Germain en Livradois, c’est mon village natal.
La forêt Domanialede l’Etat, c’est là oùPaul Duissard, le garde forestier, a retrouvé le premier cadavre. Celui de Bernadette Boursange. C’était il y a trois ans.Tout a commencé. Tout a basculé. J’avais à peine seize ans. Quand j’y repense vraiment, je frissonne. Je suis à la fenêtre, je n’ai pas froid, cependant je frissonne. Pourtant, Boinville, c’est loin du Puy de Dôme. Trois ans et trois psys plus tard, je devrais aller mieux. Mais non. Je suis maigre, presque anorexique. Pâle, presque livide. Triste, presque neurasthénique. Oui,je devrais aller mieux. Car au fond, j’aime la Vie! Mais ce qui s’est passé làhaut, dans les montagnes, sur les hauts plateaux du Livradois, n’a rien à voir avec la Vie. C’est l’empire de la Mort qui s’est étendu sur la région.Je n’ai plus aucun contact avec ceux qui sont restés. Je ne veux plus les voir et eux me haïssent, me détestent. Je dois même en effrayer certains. J’ignore donc à quel point ils en sont de leur démarche d’oubli. Cela n’est finalement pas important. Je dois penser à moi. A ce qui est bon pour moi. Je vais guérir, peutêtre, un jour. La vie va m’aimer à nouveau. Je trouverai mon corps moins difforme que je n’imagine aujourd’hui.Comme lorsque j’étais enfant. Que je courais et sautais dans la cour de l’école, en regardant mes piedset mes petits mollets. Je trouvais cela drôle. Cette mécanique de chair, de muscles, de nerfs et d’os, qui me permettait de gouter aux joies de l’enfance.La puberté m’a fait mal. Elle m’a touchée. Comme une première flèche. Ensuite c’estluiqui m’a blessée. Profondément. Presque mortellement. C’estluiqui a volé mon âme, mes joies, mon rire, mes sourires, jusqu’à mes espoirs.Jelerevois comme une ombre. Dans cette nuit,ils’avance. Dans cette nuit, sonvisage me hante. Toutes les nuits,sonfantôme est là. Prêt à ressurgir. C’était il y a trois ans. Jour pour jour.
2Médecin de campagne Août 2009Saint Germain en LivradoisPuy de Dôme. Je l’admire.Papa. Le Docteur PierreJean Baumel. Ancien interne des hôpitaux de ClermontFerrand. Médecin généraliste. Sa plaque vissée sur le mur de la maison, rue du 11 Novembre,au cœur du village, me rend fière. C’est d’ailleurs laseule chose dont je suis fière. Seize ans, ce n’est pas un âge où l’on peut connaître le bonheur. Trop de choses compliquées. Suisje une adolescente ou une femme ? Estil normal que j’enlace mon oreiller, chaque soir avant de m’endormir? Ce n’est pas mon oreiller. C’est mon fiancé. Parfois mon mari. Monamant. Cela dépend des soirs. Je l’imagine. Grand, blond ou parfois brun. Il sourit. Il me redonne le sourire. Il me fait oublier les journées sans joies, la solitude de mes heures. Je l’embrasse. Il m’embrasse.On nous regarde avec envie. Ma grandmère nous trouve beaux. Elle le trouve beau, cet homme qui n’existe que dans mon imagination.En fait d’hommes, je n’ai connu que le fils Montal. Il est gros. Un peu boutonneux. Mais il est persévérant. Il m’a colléependant des semaines. Jusqu’à ce que je craquepresque  un aprèsmidi. Nous étions au bord de l’étang de La Fargette. C’était le 1er Août de cet été 2009. Je n’ai retenu de ces instants, que le silence des rives ombragées. Le chant d’un merle ou peutêtre d’une grive. Juste ce vague bruissement des feuilles, à peine frôlées par la brise de montagne. Au loin, le glissement ininterrompu des eaux dans le déversoir Et puis,l’haleine désagréable de Julien Montal, lorsqu’il m’a offert le premier baiser. Un baiser sur la bouche. Il a glissé sa langue entre mes lèvres. Sa
salive était visqueuse et tiède. Je me suis laissé faire.
Il a posé sa main sous mon teeshirt et a commencé à explorer ma poitrine. Puis, il est descendu vers mon pubis. Sa main était pleine de gros doigts de paysan. Je voyais ses yeux qui semblaient se mettre à briller. Lorsqu’il a commencé à vraiment s’exciter, je l’ai calmé. Une gifle! Et je me suis mise à courir. T’es dingue, Laurence! Qu’estce qui te prend ? Reviens ! Je ne suis pas revenue. Je ne regrette pas de l’avoir repoussé. Je sais ce que peut faire une main sur mon clitoris. Je n’ai pas besoin de lui. Je me donne du plaisir,presque tous les jours. Je sais comment faire. Et j’imagine être avec qui bon me semble. Parfois,je n’imagine rien. C’est juste mécanique et la jouissance vient, violente, comme un torrent en crue. Julien ne m’auraitpas apporté autant de plaisir. Il se serait contenté de me peloter et de me tripoter. Et puis,il m’aurait demandé de me laisser faire, maladroitement. Il m’aurait salie. J’ai déjà du mal à regarder mes parents dans les yeux. J’ai du mal à me regarder dans une glace. S’il m’avait dépucelée ce jourlà, je ne
serais sans doute pas rentrée à la maison. Le lendemain de ce flirt foireux, je me réveille assez tard. On arrive au milieu de l’été.Le vent vient de Chassignoles. Il remonte le long de la vallée du Doulon. Apportant avec lui des parfums de gentiane, de térébenthine, de terre et de hautes herbes.
Ces odeurs se mêlent à celle des boiseries de la maison, à l’odeur du café que Marthe a préparé. Je descends lentement vers la cuisine. Mon père est déjà en consultation. Je distingue les visages de ses patients, à travers les vitres et les rideaux de la salle d’attente.Tiens ! Le père Blaignon qui vient encore pour son mal de tête. La fille Jerbillet. Elle s’est cassé le bras. On lui a retiré le plâtre, il y a deux jours. Ils sont quatre ou cinq, à patienter en silence.
J’entre dans la cuisine. Marthe est là. Elle arrivechaque jour à l’aube. En hiver, elle allume le poêle à bois qui réchauffe la pièce. En été, elle ouvre les fenêtres pour laisser entrer le soleil. Elle prépare le petit déjeuner de Papa. Il le prend seul. Marthe reste debout. Elle lui apporte le pain, lebeurre qu’elle n’a pas oublié de sortir du frigo, dès son arrivée, avant même que Papa ne se lève. Elle lui verse son café, un nuage de lait, jamais de sucre. Parfois, elle cuit une omelette ou un œuf au plat. Marthe est une servante née. C’est pour cela que je ne l’aime pas. C’est aussi pour cela qu’elle me déteste. Mon esprit rebelle, mon insolence, la manière dont je la fixe et dont j’observe ses gestes obséquieux, tout cela la rend folle. Parfois, elle me lance des piques. Ce sont des piqures de moustiques sur la carapace dont je me suis enrobée.
Ha! Heureusement que c’est l’été, les vacances. Mademoiselle Laurence fait la grasse matinée ! Il est presque neuf heures. Ton père est debout depuis longtemps. Moi, je suis arrivée à cinq heures et demie. Même ta mère qui n’est pas une lèvetôt, a fini de déjeuner à huit heures…et toi, on peut dire que tu es une vraie marmotte. Tu sais à la rentrée, il faudra…Clac! J’ai juste traversé la cuisine. Attrapé un verre de lait, un bout de pain et une pomme. Et je suis sortie dans la cour. Sans la regarder. Sans lui répondre. J’espèrequ’elle comprend que pour moi, elle n’est rien. Ses leçons de morale m’ennuient. Je ne veux même plus les écouter.Cela finira mal, un jour. Il y aura un clash, une dispute. Ou pire. Je sais frapper quand il le faut. Je ne dirai pas que j’aime cela. C’est juste quela bagarre ne m’effraye pas. Au collège, je me suis fait respecter. Quelques petites chipies voulaient se moquer de moi. Elles se souviennent de leur erreur. Je frappe, j’arrache des mèches de cheveux, je tords un bras, je donne des coups dans les genoux. Celac’est très vite su. Ne pas embêter Laurence La Limande. On a continué à m’appeler La Limande. Mais jamais en face.
Je n’ai gardé que deux amies: Christiane Romagnat et surtout Madeleine. C’estla fille de l’hôtel restaurantVaudières, en plein cœur du village.Madeleine est plus âgée que moi. Elle a déjà redoublé deux classes. Ses parents se sont fâchés. Elle s’est mise au travail.Toutefois, elle est toujours restée aussi gaie. Aussi insouciante. Cet été, elle aide ses parents, à l’hôtel. Nous nous voyons de temps en temps. Nous parlons des bécasses qui étaient dans notre classe. Nous rions parfois, en nous moquant d’elles. J’aime bien Madeleine. Tout le monde la surnomme Mado. Je suis la seule à l’appeler Madeleine. Juste parce que je sais qu’elle préfère son vrai prénom. C’est la seule personne qui a droit de me toucher. Je la laisse me laver les cheveux. Un coup de séchoir et elle me peigne lentement. J’aime le contact de ses doigts qui glissent près de mon cuir chevelu. De temps en temps, elle m’effleure tout en tirant sa brosse. Elle me dit que j’ai de très beaux cheveux. Je devrais les laisser pousser et faire des shampoings pour les éclaircir. tu voulais, t Si u serais blonde, Laurence. Cela s’harmoniserait avec la couleur de ta peau. Et tes traits seraient mis en valeur. Laissemoi te faire une décoloration, un jour. Juste une fois, pour essayer. Tu es folle. Ma mère piquerait sa crise.
Elle est jalouse ? Je ne crois pas. Elle n’aime pas le changement. Oui, c’est cela, elle déteste tout ce qui est nouveau. Tout ce qui perturbe l’ordre habituel des choses.Ha ! Elle s’habituera. Laissemoi faireNaturellement, je n’ai pas vouluqu’elle le fasse. Madeleine est gentille. J’ai du mal à croire qu’elle pense vraiment ce qu’elle dit. Blond ou filasse,châtain ou roux, peu importe la couleur. Peu importe la longueur. Mes cheveux
n’apportent rien. Ils ne peuvent servir qu’à cacher. A mecacher. C’est pour cela que j’ai l’intention de les laisser pousser longs, très longs.Mon visage est laid, sans charme. Je le sais. Inutile de lutter contre la nature. D’ailleurs, devenir belle ne m’apporterait rien. Que feraisje de plus si j’étais jolie ? Les autres filles seraient jalouses. Je préfère qu’on me repousse pour ma laideur, plutôt que pour ma beauté. La laideur est une force. Un rempart. Elle justifie que je sois parfois méchante, distante, repliée sur moimême. Non, décidément, ce que dit Madeleine Vaudières me touche,mais ne me fera pas changer de look…Je suis donc sortie dans la cour, ce matin du 5 Août 2009. Il fait un temps superbe. Je n’oublierai jamais ce ciel lumineux, ce soleil qui vient de passer audessus du toit de la grange. Il réchauffe la table et les chaises posées sur la pelouse. Je m’assieds, je bois quelques gorgées de lait.J’avale le morceau de pain. Puis, je croque lentement la pomme. Chaque détail est gravé dans ma mémoire. Je porte un jean délavé, trop grand pour moi. Un teeshirt jaune paille et des baskets un peu usées, dans lesquelles je me sens bien. Monsieur est venu me dire bonjour. Monsieur est le setter irlandais qui vit chez nous. Je n’apprécie pas les chiens. MaisPapa a toujours eu au moins un chien, pour la chasse. Je suis très distante avec Monsieur. Le pauvre. Plus je me montre indifférenteet plus il vient chercher des marques d’affection…je ne lui que prodigue aucunement. Alors il reste là, immobile, puis il repart la tête basse. C’est très bien ainsi. Je ne vais pas m’attacher à un chien, alors que je peine à
m’attacher à des êtres humains…J’aime cet été. Pour une raison que je suis seule à connaitre. Je viens de passer mon Brevet. C’est la fin des années collège. Il n’y a pas de lycée à Saint
Germain. Il faut aller à Issoire, à Ambert ou à Clermont. Papa a choisi de m’inscrire dans un lycée privé. Notre Dame de l’Assomption à ClermontFerrand. Cela signifierait la pension. Ce n’est pas cela qui me rebute. Ce sont les études. Suis pas intéressée. Je l’annoncerai très prochainement. Je sais que cela va déclencher un tremblement de terre familial. Je ferai face. Quand je dis non, c’est non. Au lieu de la Limande, on aurait pu me surnommer Tête de Pioche ou Tête de Mule…On verra bien. Je vais attendre le 15 Août. En général, c’est déjà le commencement de la fin de l’été, à Saint Germain. Le vent se met à souffler de la Limagne vers les plateaux. Un vent tiède, presque chaud. On croit que la journée va être lumineuse et belle. Pourtant, dès le début de l’aprèsmidi, éclate le premier orage.Il arrive comme l’avantgarde d’une longue série qui se prolonge jusqu’en Septembre.Les éclairs, la foudre, le tonnerre, ce seront de beaux décors pour mon annonce: Papa, Maman, je n’irai pas à Clermont. Les sœurs de Notre Dame devront trouver quelqu’unpour me remplacer. Quoi! Qu’estce tu racontes, Laurence ! Tu plaisantes ? Mais je leur confirmerai que je ne plaisante pas. Je veux travailler chez monsieur Di Palma. Léo Di Palma. Il vit à la sortie de Saint Germain en Livradois. Sur la route de Fournols. Seul. Il sourit parfois. Il a souventl’air un peu triste…il parle très peu. Léo est peintre, sculpteur, tailleur de pierres. Il fabrique aussi des statues en bronze,qu’il prépare à la cire perdue.Bref, c’est un artiste.Il est aussi un peu guérisseur. Il ne fait pas concurrence à Papa. Cependant, de temps à autre, on vientle voir. Presqu’en secret. Pour toutes sortes de problèmes.
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