Au pays de l illusion. Promenades anecdotiques à travers les théatres, 18e et 19e siècles
168 pages
Français

Au pays de l'illusion. Promenades anecdotiques à travers les théatres, 18e et 19e siècles

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de FlllusionAu Pays Série 8 Tous DROITS RÉSERVÉS Gabriel GALLAND AGRÉGÉ DE l'uNIVERSITÉ Au Pays de riUusion anecdotîques traversPromenades à les Théâtres XVIII« et XIX« Siècles! Ouvrage orné de 36 Gravures Emile GAILLARD j M a:) FlllusionAu Pays de CHAPITRE PREMIER — du rireL'émotion artistique théâtrale. Des boutiques où l'on vend — —et des larmes. Le comédien, collaborateur de l'auteur. Les idoles du public. Depuis plus six mille ans qu'il a des hommes... etde y qui constante, pour ne pas dires'ennuient en société, leur leur unique préoccupation, été de satisfaire l'impérieuxa penchant qui les charmer, par distractions,pousse à des des divertissements, Pascal appelle « l'ennuice que de vivre ». Il ne faut pas chercher d'autre cause à l'invention des arts, tels la poésie,que la musique, la peinture, etc. Or, de tous les arts ayant le plaisir pour but, il n'en est pluspas de complet que le théâtre, comme il n'en est pas de plus attachant : il ne s'adresse pas, en effet, à chaque homme en particulier, mais aux hommes réunis; les sensations de chacun sont multipliées par celles de tous, et l'émotion artis- tique que nous éprouvons au théâtre acquiert de la sorte une incomparable intensité. De plus, comme le théâtre utilise la forme, la couleur, la parole, le chant et le mouvement, il 6 AU PAYS DE L'ILLUSION. synthétise, dans un harmonieux pour notre plusensemble, grand plaisir, la sculpture, la peinture, la littérature, la musique et la danse.

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Extrait

de FlllusionAu Pays
Série 8Tous DROITS RÉSERVÉSGabriel GALLAND
AGRÉGÉ DE l'uNIVERSITÉ
Au Pays de riUusion
anecdotîques traversPromenades à les Théâtres
XVIII« et XIX« Siècles!
Ouvrage orné de 36 Gravures
Emile GAILLARDj M
a:)FlllusionAu Pays de
CHAPITRE PREMIER
— du rireL'émotion artistique théâtrale. Des boutiques où l'on vend
— —et des larmes. Le comédien, collaborateur de l'auteur. Les
idoles du public.
Depuis plus six mille ans qu'il a des hommes... etde y
qui constante, pour ne pas dires'ennuient en société, leur
leur unique préoccupation, été de satisfaire l'impérieuxa
penchant qui les charmer, par distractions,pousse à des des
divertissements, Pascal appelle « l'ennuice que de vivre ».
Il ne faut pas chercher d'autre cause à l'invention des arts,
tels la poésie,que la musique, la peinture, etc.
Or, de tous les arts ayant le plaisir pour but, il n'en est
pluspas de complet que le théâtre, comme il n'en est pas de
plus attachant : il ne s'adresse pas, en effet, à chaque homme
en particulier, mais aux hommes réunis; les sensations de
chacun sont multipliées par celles de tous, et l'émotion artis-
tique que nous éprouvons au théâtre acquiert de la sorte une
incomparable intensité. De plus, comme le théâtre utilise la
forme, la couleur, la parole, le chant et le mouvement, il6 AU PAYS DE L'ILLUSION.
synthétise, dans un harmonieux pour notre plusensemble,
grand plaisir, la sculpture, la peinture, la littérature, la
musique et la danse. Aussi, de tous temps, a-t-il été la forme
la plus goûtée de l'art.
C'est donc pour éprouver une émotion artistique, ou sim-
plement pour ressentir une émotion, que nous prenons place,
en face de la scène, dans un fauteuil de l'orchestre, ou sur
une banquette du parterre. Si personnages quiles se meuvent
sous nos yeux, sur les planches, sont malheureux et souffrent,
nous compatissons à leurs douleurs : d'où émotion et plaisir.
Entendons-nous : nous n'aimons pas le malheur d'autrui
;
mais, sachant bien que ces personnages sont irréels, nous
aimons la pitié que leur souffrance nous fait éprouver. Si au
contraire, ces bonshommes qui gesticulent devant nous étalent
leurs travers, leurs ridicules, nous rions d'eux, sans méchan-
ceté, sinon sans plaisir. A ces deux genres de plaisir répondent,
pour la pitié, la Tragédie et le Drame, pour notre naturelle
malignité, la Comédie.
Pitié bonne, émotion saine, rire bienfaisant! Les théâtres
ne sont donc, à proprement parler, que « les »boutiques où,
gais ou tristes, selon leur tempérament, les auteurs tragiques
comiqueset exploitent méthodiquement notre besoin du
rire... et des larmes !
Le financier fameux de la fable de La Fontaine se plaignait
Que les soins de la Providence
N'eussent pas au marché fait vendre le dormir
Gomme le manger et le boire t
Que n'allait-il au théâtre? Molière, notre immortel Molière,
débitélui eût ce rire franc, large, loyal, qui est pour tout
une denrée de première nécessité,homme indispensable à une
bonne hygiène physique et morale. Et le gros financier tout
cousu d'or eût subi comme les honnêtes gens (si toutefois un
d'autrefoisfinancier était honnête la bienfaisante!) influence
rire, dont les malades incurablesdu sont seuls à nier les
vertus curatives! La gaîté est ennemie de l'insomnie...
Saint Thomas lui-même, un des graves, des très graves
docteurs théologiens du moyen âge, ne s'est-il pas fait le
défenseur du plaisir que nous prenons au théâtre ?

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