Au théâtre, réflexions critiques

Léon Blum

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• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 14 Mo

Extrait

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Au Théâtre
RÉFLEXIONS CRITIQUES
(TROISIÈME SÉRIE)
è'^'^"^
PARIS
Société d'Éditions Littéraires et Artistiques
LIBRAIRIE PAUL OLLBNDORFF
5O5 CHAUSSÉE D'aNTIN, 50
I9IO
Tous droits réservés*part// a été tiré à
papier du JaponI exemplaire sur
Hollandeexemplaires sur papier de6
à la presse.numérotés
?Q
-t.B.THÉÂTREAU
M. EUGÈNE BRIEUX
^.Suzette
Il faut priser beaucoup la bonne volonté.
Qui donc, théâtre, en montré plus queau a
M. Eugène Brieux? journaliste provincial,Ce
devenu, parun progrès régulier, l'un des maîtres
de la scène parisienne, plus louable desa eu la
ambitions. Il voulu faire servir ses dons et sesa
succès aux causes qui lui semblaient justes, aux
idées qui lui semblaient vraies. Il voulu êtrea
utile, et l'on ne saurait, sans de mal-beaucoup
veillance, prétendre que effort été vain.cet ait
,Nous disons volontiers d'un livre ou d'une pièce
de théâtre : « Gomme c'est inutile î » Cette épi-
thète est une de celles qu'on recueille le plus
fré'quemment sur les lèvres des juges amateurs
1. Vaudeville, 29 septembre 1909.6 A.U THÉÂTRE
et des critiques officieux. Quand on a dit d'un
ouvrage de l'esprit qu'il était inutile, on n'en
fait la critique. Quand on peuta pas dire qu'il
on en faitest utile, l'éloge.
J'ai donc beaucoup d'estime, beaucoup de
considération, s'il faut parler plus juste, pour
les pièces où M. Brieux, dédaignant les règles,
sinon les artifices de son métier, s'est lancé
dans satirevaillamment la ou dans la propa-
gande sociale. Les Aç>ariés^ les Remplaçantes^
Maternité^ la Robe rouge dans certaines de ses
parties, sont des œuvres à la fois naïves et rusées,
où le don de M. Brieux pour la vulgarisation, la
prédication et catéchisationla par l'exemple, se
donne beau jeu et libre cours. Pièces à thèse,
sans doute, oumême pièces à prêche, mais pièces
souvent courageuses, et toutes pleines de la vo-
lonté de servir, d'aider au vrai, et, pour user
même terme, d'êtreencore du utile. Que le
théâtre de M. Brieux, au point de vue de la
qualité du style et du développement psycho-
logique, soit àpeu près au niveau des romans de
M. Georges Ohnet, c'est ce qui saute à tous les
yeux. Et l'on ne peut s'empêcher de penser, à ce
propos, M. exécutéque le pauvre Georges Ohnet,
comme on sait il a vingt ans, se trouve avoiry
payé pour tout le monde, et qu'il a procuré à ses
émules et successeurs une bien injurieuse im-