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SCIENCES FONDAMENTALES Astronomie ENTRETIEN CATHERINE TURON ASTRONOME À L’OBSERVATOIRE DE PARIS-MEUDON « Nous espérons débusquer 100 000 objets nouveaux » Qu’attendez-vous de Gaia, vous qui avez dirigé l’aventure Hipparcos ? Le Grand Nuage de Magellan, galaxie satellite de la Voie lactée, à quelque Ce satellite a inauguré une nouvelle ère 200 000 années-lumière, pourra être observé avec précision par Gaia. de mesures précises. À ce jour, quelque 17 000 publications scientifi ques ont en trois dimensions de la Voie lac- liards d’observations ! », explique utilisé ses données. Hipparcos a observé tée. Une vision totalement inédite. Benoît Frezouls, responsable 118 218 étoiles que nous avions choisies au Mais les astronomes ne s’arrê- système du centre de traitement préalable dans l’entourage du Soleil. Nous teront pas là, puisque l’objec- de données Gaia au Cnes. Ver-voulions dresser un catalogue précis, il n’y tif du milliard d’objets célestes tigineux ! Sans compter que le avait donc pas vraiment de surprises possibles. recensés comprend aussi le repé- nombre d’observations sera mul-Cette fois, Gaia va balayer le ciel et nous allons rage de plus 500 000 astéroïdes tiplié par celui des instruments forcément découvrir des choses inattendues — gros blocs rocheux —, et de utilisés : soit quelque 700 mil-parmi les 100 000 objets nouveaux dizaines de milliers d’exopla- liards de mesures astrométriques, que nous espérons débusquer.

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• Publié par: olascar1
• Publié le: 19 décembre 2013
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Extrait

 

SCIENCES FONDAMENTALES Astronomie

ENTRETIEN

CATHERINE TURON ASTRONOME À L’OBSERVATOIRE DE PARIS-MEUDON

« Nous espérons débusquer 100 000 objets nouveaux »

Qu’attendez-vous de Gaia, vous qui avez dirigé l’aventure Hipparcos ? Ce satellite a inauguré une nouvelle ère de mesures précises. À ce jour, quelque 17 000 publications scientifi ques ont utilisé ses données. Hipparcos a observé 118 218 étoiles que nous avions choisies au préalable dans l’entourage du Soleil. Nous voulions dresser un catalogue précis, il n’y avait donc pas vraiment de surprises possibles. Cette fois, Gaia va balayer le ciel et nous allons forcément découvrir des choses inattendues parmi les 100 000 objets nouveaux que nous espérons débusquer. L’extrême sensibilité de ses instruments va aussi permettre d’observer les étoiles les plus brillantes d’autres galaxies du Groupe local, telle Andromède ou les nuages de Magellan.

Qu’a-t-on encore à apprendre au sujet de notre galaxie ? Beaucoup de choses ! Certes, la Voie lactée est le modèle galactique que l’on connaît le mieux, mais nous en savons si peu… Ainsi, nous ignorons sa forme, car nous la voyons par la tranche. Mais en mesurant la position et la distance des étoiles, nous allons reconstituer la configuration de ses bras. Nous ignorons également presque tout de la population du halo, ce vaste nuage d’étoiles anciennes qui entoure le disque galactique. Pourtant, il s’y cache des indices de l’histoire lointaine de la Voie lactée, de ses rencontres avec d’autres galaxies. Ainsi, les courants de matière qui rejoignent le nuage de Magellan sont, pense-t-on, des traces d’une ancienne rencontre, en particulier avec la galaxie du Sagittaire qui a traversé la nôtre par le passé. À partir de ces données, nous allons essayer de reconstituer les diff érentes étapes de la formation de la Galaxie.  Propos recueillis par S. R.

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Le Grand Nuage de Magellan,galaxie satellite de la Voie lactée, à quelque 200 000 années-lumière, pourra être observé avec précision par Gaia. en trois dimensions de la Voie lac-liards d’observations !», explique tée. Une vision totalement inédite. Benoît Frezouls, responsable Mais les astronomes ne s’arrê- système du centre de traitement teront pas là, puisque l’objec- de données Gaia au Cnes. Ver- tif du milliard d’objets célestes tigineux ! Sans compter que le recensés comprend aussi le repé- nombre d’observations sera mul- rage de plus 500 000 astéroïdes tiplié par celui des instruments — gros blocs rocheux —, et de utilisés : soit quelque 700 mil- dizaines de milliers d’exopla- liards de mesures astrométriques, nètes de masse analogue à celle 150 milliards de mesures spec- de Jupiter. Les observations de trophotométriques, 15 milliards Gaia devraient aussi permettre de mesures spectroscopiques. de comparer notre galaxie avec Autant de données qu’il faudra celles du Groupe local — le village traiter pour les rendre lisibles de galaxies auquel nous apparte- par la communauté scientifi que. nons — et avec environ 10 mil- Comment ? Sachant qu’il faudrait lions de galaxies plus éloignées. plus de trente ans de calculs inin- Et, dans le lointain, il auscultera terrompus pour arriver à pro- 500 000 galaxies très énergé- duire un tel catalogue à raison tiques, les quasars. d’une seconde consacrée au trai- tement de chaque étoile…« Qui, L’informatique de Facebook  à rer unactuellement, parvi utilisée pour traiter les données ent gé milliard d’entrées simultanément ?, Huit heures par jour, Gaia enverra interroge Benoît Frezouls.Face- ainsi des flux de données vers book ! Nous allons donc reprendre deux antennes de 35 mètres deà notre compte le système informa- diamètre situées à Cebreros, entique Hadoop utilisé par Facebook, Espagne, et à New Norcia, en Aus- un système capable d’opérations tralie, soit des deux côtés de la d’analyse à grande échelle sur des planète.« Le volume correspon- réseaux de serveurs». Le catalogue dra à 55 gigaoctets par jour. Ce quifinal Gaia est prévu pour 2020. Et équivaudra, au bout de cinq ans, àde même que les réseaux Inter- 100 téraoctets ou 250 000 DVD net ont changé notre manière de de données ! Rappelons qu’un mil-communiquer, ce « Facebook des liard d’objets seront observés 60 à étoiles » devrait changer notre 80 fois chacun, soit 60 à 80 mil- vision du monde céleste.

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