Catalogue des bronzes antiques de la Bibliothèque nationale. Publié sous les auspices de l'Académie des inscriptions et belles-lettres

Bibliothèque Nationale. Département Des Médailles Et Antiques, Ernest Babelon

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Extrait

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v:FONDATION EUGÈNE PIOT
CATALOGUE
DES
BRONZES ANTIQUES
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
i
Publié sous les auspioes de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres
PAR MM.
Ernest BABELON
Conservateur du Département des Médailles et Antiques
ET
J^Âdrien BLANCHET
Sous-Bibliothécaire au même Département
OUVRAGE ILLUSTRÉ DE 1.100 DESSINS PAR SAINT-ELME GAUTIER
PARIS
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
28 Rue Bonaparte 28
, ,
1895
Tous droits réservés.sINTRODUCTION
antiques, conservée au Département desLes origines de la collection de Bronzes
nationale, sont difficiles à démêler avec précision, ouMédailles de la Bibliothèque
confondent avec l'histoire même du Cabinet du Roi, qui comprenait,plutôt elles se
seulement des bronzes, mais des marbres et des terres cuites, des médailles etnon
des pierres gravées, des curiosités de toute espèce, se rattachant à l'ethnographie et
'. pourrait-on, comme on l'a fait avec tant de succèsà l'histoire naturelle Peut-être
2Manuscrits et la librairie du Roi remonter jusqu'au moyenpour le Cabinet des ,
reconstituer avec les Trésors d'objets d'art conservés alors dansâge, et essayer de
résidences royales, la première phase ou, pour ainsi parler, la période héroïqueles
des annales du Cabinet des Médailles. On reconnaît sans trop de peine, en effet,
dans les nombreux Inventaires de ces Trésors, la mention de camées, intailles, sta-
tuettes, vases et ustensiles de tous genres, qu'on ne peut attribuer qu'aux temps
spécialement les monuments de bronze, outre queantiques. Mais en ce qui concerne
l'insuffisance descriptions rendent toute identification avec ceux quela naïveté ou des
nous avons sous yeux, impossible ou très conjecturale, les Trésors de nos roisles
ont été si souvent dispersés et ont passé par tant de vicissitudes malheureuses,
qu'il serait téméraire de prétendre qu'aucun de nos bronzes ait figuré dans la col-
clection royale avant le xv siècle.
C'est surtout, d'ailleurs, à partir de cette époque, qu'on voit les rois de France
attentifs à développer et à enrichir, dans leurs diverses demeures, au Louvre, à
Fontainebleau, à Blois, pour leur instruction personnelle ou pour se procurer
d'agréables distractions, à la manière des amateurs de nos jours, ces collections
bigarrées et mal assorties, dans lesquelles toutes les branches de l'archéologie clas-
lessique se trouvaient représentées, côte à côte avec les singularités exotiques que
voyageurs ou les ambassadeurs rapportaient de l'Inde ou de la Perse, de l'Amérique
i. E.-T. Harny, Les origines du Musée d'ethnographie, et suiv.pp. 5
2. L. Delisle, Le Cabinet des Manuscrits delà Bibliothèque vol.impériale, 3 in-4 etatlasII BRONZES ANTIQUES
Orient. Parmi ces bibelots d'étagère, les bronzes antiques devaientou de l'Extrême
occuper une place importante. Comment pourrions-nous en douter, en voyant la
plupart des princes ou des riches seigneurs de ce temps, aussi bien en France qu'en
grecs et romains, de natureItalie, se disputer à I'envi les monuments quelque
qu'ils des bronzes antiques dans les collections du pape Paul IIsoient? 11 avaity
1 de Laurent de Médieis on en voyait aussi dans celleset (1448-1492);(1457-1471)
2
que forma Sixte IV pour jeter les bases du musée Capitolin le(1471-1484) ;
bon roi René enfin (7-14S0) qui recueillait avec tant de sollicitude tous les débris
fut imiterartistiques du passé, n'a pas négligé les bronzes. Ce pour tous ces
eramis curiosité, François I rassembla une suite de médailles, deprinces de la que
gemmes et d'autres antiquités. Mais si nous possédons quelques renseignements sur
ses pierres gravées et son médaillierî, de même que sur sa bibliothèque, dont le
savant Guillaume Budé avait la garde; si nous savons qu'il chargea Jérôme Fondulfe
les manuscrits grecs, nous sommes tout à fait dépourvusde rechercher à l'étranger
en ce qui concerne les monuments antiques, marbres ou bronzes, dont il orna son
palais de Fontainebleau. Même obscurité sur la nature des collections de Henri II.
Il n'est pas déraisonnable de croire, cependant, que Philippe Gilles, Guillaume
l'ostel, dans Levant fraisJust Tenelle, qui voyagèrent le aux du Roi 1, de même que
le naturaliste Pierre Bêlons, ne rapportèrent pas uniquement des manuscrits grecs
ou des échantillons d'histoire naturelle les antiques et les médailles, sans être
; l'objet
de leurs préoccupations immédiates, durent n'être pas totalement délaissés par eux.
Notre conjecture n'est pas seulement fondée sur les habitudes des voyageurs de ce
temps dans le Levant et sur les goûts artistiques du roi; elle repose aussi sur
l'assertion d'un contemporain, Hubert Goltz, le père de la numismatique. Ce savant
hollandais,voyageant en France pour visiter les cabinets d'antiquités et de médailles,
en signale plus de deux cents, et il place au premier rang la collection du roi
6Henri II, avec celles de Catherine de Médieis et de Diane de Poitiers . Ainsi, à cette
—époque, en deçà comme au delà des Alpes, on recueille curieusement, le Roi tout
—le premier, les monuments de la Grèce et de Rome, qui servent d'amusements
aux grands seigneurs, de modèles aux artistes, de sujets d'étude aux humanistes et
aux antiquaires.
à lu des papes, l. II,1. Fui;. Mùntz, Les arts cour p. (collections du palais de Saint-139
le v l'art pendant la Renaissance, 1.Marc); même, H p.1, 99.
a III,2. Eug. Mùntz, Lesarts Li cour des papes, t. p. 170.
;. Le P. du Molinet, Histoire du Cabinet det Médailles, dans le Nouveau Mercure de France,
Mer:,.m,de mai Marion du h du Cabinet des Médailles (éd. de 183S),1719 \6p
p. 1 h-
L. Deli le, / Cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque impériale, t. I, p. 159.
I
,. B Haureau, Histoire littéraire du Maine, nouv. éd., t. II, et suiv.pp. 64
6. Le P. du Molinet, dans le Nouveau Mercure français, mai 1719, pp. 46-47.INTRODUCTION III
Maigre les malheurs de son temps, Charles IX eut, comme ses ancêtres et sa mère,
des goûts d'artiste et de collectionneur. Dès 1560, au début de son règne, il faisait
joyaux de laprocédera l'inventaire des couronne et des autres objets d'art conservés
1 deux ans après,au palais de Fontainebleau ; on dressait également, sur son ordre,
« joyaux et choses précieusesl'inventaire des bagues, qui étaient au château de la
2 » trouve pas la mention formelleBastille . Si l'on ne de bronzes antiques dans ces
Trésors, on n'en demeure pas moins étonné de la variété et de l'importance des
richesses artistiques et archéologiques renfermées dans le Cabinet du Roi, après le
emilieu du XVI siècle.
Ainsi, l'histoire des beaux-arts et de la curiosité nous montre Charles IX sous un
jour plus favorable que la politique, et l'on est tenté de dire que ce prince valait
mieux que la réputation que lui ont faite les chroniqueurs, quand on le voit, en
digne fils Henri II, faire diligence pour acheterde en bloc toute la collection de
Groslier qu'on avait transportée à MarseilleJean dans le but de l'expédier et de
la vendre en Italie. Or, nous savons qu'entre autres richesses, le cabinet de Groslier
renfermait « toutes sortes d'anciennes figures tant de cuivre que de marbre 5. »
A Charles IX, enfin, revient l'honneur d'avoir essayé de constituer administrati-
vement le Cabinet du Roi : car il fit réunir en un musée, au palais du Louvre, les
objets antiques et les médailles recueillis par lui ou par ses prédécesseurs, et dispersés
dans toutes les résidences royales, et il créa la charge de garde particulier de cette
collection +. Le P. Louis Jacob dit que le Cabinet de Charles IX passait pour une
smerveille du monde, par « ses raretés et antiquités, outre ses pierreries ».
Les guerres de religion dispersèrent ou détruisirent ce musée naissant
: tout était
recommencerà sous Henri IV. Ce prince ne faillit pas à cette tâche et aussitôt que
1. Cet inventaire a été publié par Paul Lacroix, dans la Revue universelle des arts, t. III
et suiv., et t. IV, «(1856), 518 et suiv. : Inventaire des vaisselles et joyauxpp. 334 pp. d'or
et argent doré, pierres, et autresbagues choses précieuses trouvées au Cabinet du Roy, a
Fontainebleau. »
2. Paul Lacroix, dans la Revue universelle des arts, t. IV, p. 36. Cet inventaire ne paraits
pas, jusqu'ici, avoir été publié.
Le célèbre bibliophile lyonnais, Groslier3. Jean avait non seulement des livres(1479-1565)
et des médailles, mais