Le mémorial des vicissitudes et des progrès de la langue française en Canada [microforme] : rédigé dans un hameau de la seigneurie Deguire en 1870, revu à Montréal en 1876 et 1878
128 pages
Français

Le mémorial des vicissitudes et des progrès de la langue française en Canada [microforme] : rédigé dans un hameau de la seigneurie Deguire en 1870, revu à Montréal en 1876 et 1878

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LEMEMORIAL DESU -^j VICISSITUDES ET DES PROGRES \-\ *à I h DE LA LÂNGOE FRANÇAISE EN CANADA. h UN HAMEAU DE LA SEIGNEURIEEÉDIQÉ DANS À MONTRÉALDEGUIRE EN 1870 : REVU EN 1876 ET 1878. MONTRÉAL. J.-B. BYETTE, IMPRIMEUR, 32, RUE BONSECOURS. 1879 AVANT-PROPOS Faut-il avouer que nous avons -été anxieux nous assurer l'initiative d'un travail qu'onde droit d'être surpris de trouver encoreserait en heure C'est une jachère quinon fait à cette ? demandait culture. Celle-ci n'est pas sans pré- beaucoup de difficulté mais elle n'est passenter ; à celuinon plus sans offrir, pour compensation, qui aura voulu s'y livrer,un attrait véritable et l'espoir de cueillir une primerolle- de bonne odeur. Voilàpour nous : pour qui lecteurs,ce est des opusculeque notre soit de nature à piquer l'in- térêt de ceux qui ne se seront point condamnés auxrecherches,souventardues, et parfois, stériles qu'il nécessite, c'est surtout ce qui nous paraît devoir être hors de contestation : il serait, alors, plus que fastidieux d'en discourir, en prolon- cela préambule.geant pour ce BiBAUD. St. Piedu Fief Deeuire, Rivière David, 25 Septembre 1869. fallaitmoi ilDire ne suffisait pas, «elon ; vérité.

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LEMEMORIAL
DESU
-^j VICISSITUDES ET DES PROGRES
\-\

I
h DE LA
LÂNGOE FRANÇAISE
EN CANADA.
h UN HAMEAU DE LA SEIGNEURIEEÉDIQÉ DANS
À MONTRÉALDEGUIRE EN 1870 : REVU
EN 1876 ET 1878.
MONTRÉAL.
J.-B. BYETTE, IMPRIMEUR,
32, RUE BONSECOURS.
1879AVANT-PROPOS
Faut-il avouer que nous avons -été anxieux
nous assurer l'initiative d'un travail qu'onde
droit d'être surpris de trouver encoreserait en
heure C'est une jachère quinon fait à cette ?
demandait culture. Celle-ci n'est pas sans pré-
beaucoup de difficulté mais elle n'est passenter ;
à celuinon plus sans offrir, pour compensation,
qui aura voulu s'y livrer,un attrait véritable et
l'espoir de cueillir une primerolle- de bonne
odeur.
Voilàpour nous : pour qui lecteurs,ce est des
opusculeque notre soit de nature à piquer l'in-
térêt de ceux qui ne se seront point condamnés
auxrecherches,souventardues, et parfois, stériles
qu'il nécessite, c'est surtout ce qui nous paraît
devoir être hors de contestation : il serait, alors,
plus que fastidieux d'en discourir, en prolon-
cela préambule.geant pour ce
BiBAUD.
St. Piedu Fief Deeuire, Rivière David, 25 Septembre 1869.fallaitmoi ilDire ne suffisait pas, «elon ;
vérité.partie de ladire, et le talent faisaitbien
dans les affairesm'en dédis pas : il aJe ne y
communes, unen apparence les plushumaines,
lequel lesintellectuel et oratoire versaspect
tendredoivent toujoursesprits les plus positifs
leurpour dignifierà leur insu ou sciemment,
pas être littérairementœuvre : ce qui ne peut
d'être fait.dit ne mérite pasbien
Lâmartins.
Que dule Canada ait été, autrefois, le pays
beau langage français, c'est dont il n'est pasce
permis de douter, tant les témoignages à ce
sujet, s'offrent en foule et se pressent.
J'avais peine à comprendre, dit le Récollet Chrétien
*Leclercq, ce que me disaitun jour un grand homme d'esprit,
-—que je serais bien surpris d'y trouver d'aussi d'honnêtes
gens qu'il ne connaissait de province royaume ilpas du où
; y
eût, et deà proportion communément, plus de fonds d'esprit,
pénétration Ilet de politesse... nous ajoutait que nous y
trouverions même un langage plus poli, une énonciation nette
et pure, une prononciation sans accent. Mais il est vrai oue
quand je fus sur les lieux, j'ai reconnu qu'on ne m'avait rien
flatté, la Nouvelle-France étant en cela plus heureuse que Tes
pays nouvellement établis dans les autres parties Monde.du
* Le p. Germain Allard, depuis Evêque de Vence.—— 6
La Mère de l'Incarnation a dit, ce que
Charlevoix a répété dans les mêmes termes :
" Nulle part ailleurs on ne parle plus pure-
ment notre langue : on ne remarque même ici
aucun accent."
Quoiqu'il ait unici mélange de toutes les Provinces dey
neFrance, on saurait disrin<^uer le parler d'aucune d'elles
dans les Canadiennes, dit des dames l'annaliste Bacqueville de
La Poterie.
Il plusn'est pas éclatante preuve de cette
absence de tout accent vicieux que ce qu'ajoutait
l'abbé D'Olivet.
peut envoyer un opéra en CanadaOn et il sera chanté à
note pour note, et sur leQuébec, même ton qu'à Paris mais
;
saurait envoyer uneon ne phrase de conversation à Bordeaux
faire qu'elleou à Montpellier et soit prononcée syllabe poury
*.syllabe comme à la Cour
Le Sieur Franquet,commissaire du Roi, qui
à l'alliance de Monsieur Tarieu deassistait
Lanaudière a^^ec Demoiselle LeMoyne de Lon-
gueil, écrivait en France :
Les femmes sont de figure jolie : elles ont la démarche
posent bien. Elles ont généralement beaucoupgracieuse et
français le moindred'esprit et parlent un épuré, sans accent.
ont agréable.Polies, enjouées, elles une conversation
Et si l'on n'était point encore convaincu,
nous ne pourrions mieux faire, sans doute que
témoinsde donner pour arbitre à tous ces graves
contemporainsavant voyageur suédois Kalm,1^
• & Québec sous laSieur de Mareuil donna des représentations thé&tralesUn
Lebrun, Lescarbot avaitde Frontenac bien plus, si l'on en croit Isidorecomte ;
" Un chœur defaitjouer à Port-Boyal de TAcadie, Le Triomphe de Neptume."
Henri IV. Des sauvagesTritons traînait le char du dieu en célébrant la gloire de
frais.débitaient des tinules dont la mytludogie avait £ut les—— 7
Comte de Galissonière : Kalm n'a pudu La
complotter avec eux pour tromper la postérité !
Les dames et demoiselles du Canada, et particulièrement
celles de Montréal, sont très-portées à rire des fautes que font
les étrangers en parlant. En Canada, la langue française
n'est guère parlée par les Français, car il a rarementque y
étrangers, et les Sauvages, naturellement trop fiers pourdes
la Français, obligent ceux-ci à apprendreapprçndre langue des
peuventla leur. Il suit de là que les dames, en Canada, ne
rien entendre de peu commun sans en rire.
Mais tout d'abord, une difficulté s'offre à
l'esprit fort naturellement,—aux esprits, particu-
si lalièrement, qui se piquent de disquisition :
lecture des relations de Jacques Cartier n'est
point patriarche Pierredésagréable si notre;
Boucher écrit purement, encore bien qu'avec
simplicité; et s'il ne manque à la Mère de
l'Incarnation que d'avoir écrit un peu plus tôt
pour disputer à Pascal la gloire d'avoir fixé la
langue,—les chroniques des supérieurs Dollier
sont-ellesde Casson et de Belmont des écrits
bien polis, couchés qui nous— en style offre
quelque pureté ?. . . . Les PP. Jésuites font-ils
beaucoupmieuxdansleurs relations annuelles ?...
Lisez encore le projet de règlement du célèbre
Talon pour le gouvernement du pays : quel
archaïsme dans la forme ! . . . . et il ne faut
guère s'en puisqueétonner, en Europe même,
les Provinciales les écrits sortis du Port-et
Royal venaient seulement de former le langage.
On se dit cependant : comment la langue
parlée, qui est naturellement moins soignée et.
—— 8
Ton se garde moins, pouvait-elle être d'uneoh
si grande pureté, quand la langue écrite en
décelait si peu, et que l'ortographe elle-même,
prononciation, sinonqui fait généralement la
était dépourvue de toute fixité,—toujours, de
toute uniformité, comme ne l'ignorent pas ceux
qui sont tant soit peu archéologues ? . . . . la
difficulté est pourtant plus grande encore pour
le temps du P. Germain AUard que pour celui
qui avait vu passerde Charlevoix et de Kalm,
période littéraire de Louis XIV. L'ortho-la
graphe et renonciation ne seraient donc point
congénères !.... o La difficulté subsiste et se
présente avec encore plus de force,—elle se
pourdouble qui a lu la relation pleine d'intérêt
xénophane John Lambert, qui visitait notredu
pays en 1806 et la suivante année : comment,
en Canada, avait-on si bien parlé français jadis
pour, ensuite, le parler si mal ! . .
^
'/.Avant la conquête da pays par les Anglais, on parlait,y
a*t-on dit, la langue française aussi correctement qu'en France
même. Depuis cette époque, les Canadiens ontintroduit dans
langage plusieurs anglicismes, et ils se servent de plusieursleur
tournures de phrases qu'ils tieimant probablement de leurs
liaisons avec les nouvemx colons. Pour froid ils prononcent
pour ils disent iclte : au lieu de dire prêt, ilsyVëif ici, disent
;
enparé. Ils se servent oatre de nombre de mots surannés
*^ue je n'ai pas présents à la mémoire. Ils corrompent
encore le langage en prononçant la conçonne finale on bien des
* carO'est dommage, l'énumération de ces locutions nous offrirait an terma
de comparaison dans la corruption, sans doute gradueUe, de notre langage
primitif.—— 9
*mots contre la coutume des Français d'Europe. Cela peut
encore venir de la fréquentation des Aniçlais ; autrement, on
n'aurait jamais pu dire à leur louange qu'ils parlaient purement
français.le
J'ai également entendu dire î^u supérieur
Baile, quand il professait la philosophie, qu^en
toute chose, au langage près, les élèves de nos
sont point inférie'irsaux collégienscollèges ne
France mais qu'ils parlent moins bien leurde ;
langue et ne l'écrivent pas non plus avec une
égale fiicilité ce qui est surtout vrai de l'époque;
oîi le professeur jugeait de la sorte. Et la
leurprincipale cause de moindre facilité

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