Les Arts; revue mensuelle des musées, collections, expositions
412 pages
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LES ARTS Mensuelle Musées, CollectionsRevue des Expositions ^HUITIEME ANNEE 1909 PARIS GOUPIL & C EDITEURS-IMPRIMEURS MANZI, JOYANT & C% Éditeurs-Imprimeurs, Successeurs BOULEVARD DES CAPUCINES,34, 24 LES ARTS — — JanvierPARIS LONDRES NEW-YORK 1909N" 85 MESSINETRÉSORS D'ART A Copyright bij Charles Trampus. CATHKDRALK, l.K 28 LKCEMBRE n)08MESSINE. LA MK33IME: - -LES MONUMENTS LES ÉGLISESLA VILLE LE MUSÉE qu'il lançait son yacht nonchalant première guerre punique. Messine fut la première colonieANDis romaineentre Charybde et Scylla, Guy de Mau- en Sicile. Elle futpassant écrivait sur ses tablettes : aussi la première colonie de bien d'autres « Sicile et les rives peuples. C'étaitLes rives de toujours par elle qu'on commençait, tout Calabre exhalent une si puissante naturellement, si l'on arrivaitde par mer, à cause de son port odeur d'orangers fleuris que le détroit facile et sûr; si l'on par terre, à cause de la tra- tout entier en est parfumé comme une versée rapide. Les Arabes inaugurèrent leurs conquêtes par chambre de femme. » sa prise et ce fut à Messine que débarquèrent les Normands. L'écrivain normand songeait à sa volupté. L'amour est Comptoir pour les Grecs, palier pour les Romains et rivescomme la mort, dira-t-il plus tard. Les de pour les Arabes, Messine ne prit un rang particulier quefort aujourd'hui que la mort est la plus parles Normands, dont les chefs réunissaientSicile lui prouveraient sur leur tête les triomphé des parfums enivrants.

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LES ARTS
Mensuelle Musées, CollectionsRevue des
Expositions
^HUITIEME ANNEE 1909
PARIS
GOUPIL & C
EDITEURS-IMPRIMEURS
MANZI, JOYANT & C% Éditeurs-Imprimeurs, Successeurs
BOULEVARD DES CAPUCINES,34, 24LES ARTS
— — JanvierPARIS LONDRES NEW-YORK 1909N" 85
MESSINETRÉSORS D'ART A
Copyright bij Charles Trampus.
CATHKDRALK, l.K 28 LKCEMBRE n)08MESSINE. LAMK33IME:
- -LES MONUMENTS LES ÉGLISESLA VILLE
LE MUSÉE
qu'il lançait son yacht nonchalant première guerre punique. Messine fut la première colonieANDis
romaineentre Charybde et Scylla, Guy de Mau- en Sicile.
Elle futpassant écrivait sur ses tablettes : aussi la première colonie de bien d'autres
« Sicile et les rives peuples. C'étaitLes rives de toujours par elle qu'on commençait, tout
Calabre exhalent une si puissante naturellement, si l'on arrivaitde par mer, à cause de son port
odeur d'orangers fleuris que le détroit facile et sûr; si l'on par terre, à cause de la tra-
tout entier en est parfumé comme une versée rapide. Les Arabes inaugurèrent leurs conquêtes par
chambre de femme. » sa prise et ce fut à Messine que débarquèrent les Normands.
L'écrivain normand songeait à sa volupté. L'amour est Comptoir pour les Grecs, palier pour les Romains et
rivescomme la mort, dira-t-il plus tard. Les de pour les Arabes, Messine ne prit un rang particulier quefort
aujourd'hui que la mort est la plus parles Normands, dont les chefs réunissaientSicile lui prouveraient sur leur tête les
triomphé des parfums enivrants. couronnes de Calabre et de Sicile. possessionforte; l'odeur abominable a Sa devenait
sont abattus dans les gouffres dont Homère essentielle : le géant du Nord posait sur sa plageLes orangers se le pied
—sur « la chambre de femme » flotte la plus gauche, tandis que le droit s'appuyait sur l'Aspromonte,avait peur, et
nauséabonde pestilence. Chassons les miasmes et regardons et les Croisés lui passaient entre les jambes. Ce n'est pas
une dernière fois les rives heureuses que nos enfants seuls par hasard que, des temps grecs, romains et arabes, Mes-
reverront fleuries, aspireront embaumées; regardons-les sine n'a rien conservé. Sans doute, les hommes furent bien
chosetelles que nous les voyions hier encore. Essayons de con- pour quelque dans ce dénuement. Le destin politique
porte n'est pas d'être ouverteserver, de fixer le souvenir des Hauteville que l'ingrat nor- d'une ni fermée, mais défon-
Et Messine fut souvent bousculée, desmand Maupassant n'a pas une seule fois rappelés au cours cée. Normands à nos
de Roger. Ne nous rendent-ils pas jours. Elle fut, voici soixante ans, sauvagement bombardéede son séjour au royaume
chère cette terre qui ne peut être pour nous par le roi de Naples, qui en tira son surnom de Bomba.encore plus La
amoureuse, mais, par son art, un peu française nature et ses tremblements se chargèrent du reste. Neseulement ?
serait-il pas étrange, toutefois, que hordes, monarques et
nature aient visé spécialement l'antique et épargné le moyen
généralement admis que les Grecs, débarquant sur âge? Le néant des monuments antiques confirme l'histoire,11 est
cote orientale de la Sicile, vers •j'io avant J.-C, ren- en ce qui touche le rôle secondaire de Messine jusqu'aula y
italien en formationcontrèrent un peuple indigène que l'on nommait Sicule ou jour où un royaume se verra tout à
augmenté de la riche et disponible Sicile.Sikèle. Ce peuple était-il autochtone ? Thucydide et Diodore coup Messine
alors, du rang de porte, passera au rang de clef. Sa posses-ne nous permettent pas de le croire. A défaut d'autre témoi-
devons consentir à ce que les Sikèles fussent une sion sera capitale et les seuls monuments qui, il a un moisgnage, nous y
Latium, chassés des bords du Tibre par le hasard des encore, valussent un arrêt assez long, c'étaient les monu-tribu du
—combats ou par l'esprit d'aventure. Les Sikèles détenaient, ments de l'époque héroïque que Bomba eut bien voulu faire
au viu= siècle avant J.-C, le territoire situé au sud du cap renaître.
Peloros, et que les colons de Chalcis et de Cumes vinrent Lorsque Robert Guiscard et son frère Roger eurent achevé
s'installaient de la Calabre, dernière étape d'uneoccuper, en même temps qu'ils à Caiane. la conquête course com-
trouvant parmi les Sikèles, le une vingtaine d'années auparavant, par une bandeAucun Tatius ne se Romulus mencée,
— plus tard Messana, par suite d'une conquête d'aventuriers normands à la tête desquels se trouvaient cesde Zancle,
—ville par les Messéniens de Rhegium, n'a pas laissé fils de Tancrède de Hauteville, ils durent pourvoir au par-de la
nom : ce rapprochement n'est pas arbitraire, la fondation tage du pays, conquis à la fois sur les Lombards, sur lesde
grecque de Messine, la seule dont on soit à peu près sûr, Grecs et sur les Sarrasins. Robert eût volontiers tout gardé
Roger ne résigne laisser,ayant eu lieu au moment même où le nourrisson de la louve pour lui. se pas à lui tout d'autant
son rôle en Calabre décisif. luiprenait possession du Capitole. moins que a été Il faut sa
modeste, Messine continue part. Robert, astucieux, en qui il semble l'on doiveCe rôle à le jouer au cours que
des luttes qui ensanglantent la Sicile sous les divers reconnaître le subtil Ulysse réincarné, dit à son frère :tyrans
des colonies grecques. De temps en temps, sous « Nous venons d'arracher aux Sarrasins la terre italienne.Denys,
Dion et Timoléon, de Syracuse, son nom apparaît d'un Le pape nous en sait tant de gré qu'il nous invite à les
côté ou de l'autre des partis. Elle est Il ofîre l'investituredétruite ou rebâtie, expulser de Sicile. de la Sicile à qui
selon qu'elle se trouve du bon ou du mauvais. En conquise. Ce n'est que la mer passer, si n'est àréalité, l'aura à ce
importance réelleson ne commencera, et cela est logique, boire. » Et tu me débarrasseras, pensait Robert. L'occasion
que le jour où l'Italie, qui grandit peu à peu, jettera les était belle pour Roger. D'autant plus belle que, par une
yeux sur la Sicile. Fût-ce même impatience d'exister trouvedans coïncidence vraiment providentielle, telle qu'il ne s'en
l'histoire? Messine hâta le moment fatal en appelant les jamais récits des apologistes justificateurs.que dans les
Romains à son secours contre les Carthaginois : et c'est la Messine suppliait les Normands de la délivrer du jougLES ARTS
voix de Dieu? Roger débarque voir s'émietter un si beau domaine ?impie. Comment résister à la Roger débarqua à
ville des Sarrasins. Le pays était Salerne et s'empara de tout le pays normand, sauf deà Messine et délivre la
appelle fiancéeRoger entre et s'y prélasse. Il sa Bénévent qu'il laissa au pape, pour se le concilier. Deuxouvert. yy
directe des ducs de ans aprèsJudith, restée à Évreux, la descendante la mort de sa mère, Roger II de Sicile était cou-
pf,guerrière, digne émule de la ronné Roger roi des Deux-Siciles, Palerme.Normandie et, avec elle, brave à
il s'empare peu à peu de toute la Rome et Byzance en demeurent stupéfaites Rome à causegrande Catarina Sforza, ;
conquête, les der-Sicile. consacre dix-huit années à cette de la Pouille, Byzance à cause de la Sicile. Roger devientIl
Robert, étant surtout dangereux.nières, après la mort de son frère Et crie bien fort que la Sicile est
un royaume indépendant. grecque, donc saemployées à former de la Sicile propriété. Et Rome réclame la terre
généreusement la Rouille et la Cam- italienne qu'elle a donnée, quand elle ne lui appartenait pas,Roger abandonnait
l'ile avaitneveux, pourvu qu'on lui laissât qu'il donc pour la lui conquérir et non pour qu'on la gardât.panie à ses
\"Roger et son fils Guillaume se débattent au milieu deconquise.
D'une certaine toutesLa forte Judith, cependant, était morte. ces intrigues, jalousies et convoitises. Finalement
D'Adélaïde enfin, GuillaumeErenburge, Roger n'eut que des bâtards. est écrasé par Isaac l'Ange. Lui et son fils paient
Roger, né en logS. En tribut à Byzance enil eut deux fils, Simon, né en lopS, et le dernier, Guillaume II, meurt 1 1 89,
laissant son titre de grand comte de Sicile à sans enfants. A qui l'héritage?1 1 o I il mourait,,
sous la tutelle d'Adélaïde qui, respectueuse A moi, répond l'empereur d'Allemagne Henri VI. Il ason fils Simon
capitale dude la volonté séparatiste de son mari, porta la épousé, en effet, une fille du roi Roger, Constance. La Sicile
meurt en iio5. Soncomté de Calabre à Messine. Simon ne veut pas de ce Germain. Elle acclame Tancrède, fils d'un
la tutelle de

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