Loges et coulisses

Jules Huret

Sujets

• Theatre
• France

Informations

• Publié par: les_archives_du_savoir
• Nombre de lectures: 9
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 18 Mo

Extrait

Loges et CoulissesDU MEME AUTEUR
Exquête sur l'Évolution littéraire (i vol., Fasquelle).
Enquête sur la Question sociale (i vol., Perrin).
Sarah Bernhardt (i vol., Juven).
En préparation :
Tout yeux et tout oreilles.
Les Grèves.JULES HURET
et CoulissesLoges
PARIS
ÉDITIONS DE LA REVUE BLANCHE
BOULEVARD DES ITALIENS,23, 23
I9OI
Tous droit s de reproduction et de traduction réservés les pays,pour tous
même les Scandinaves.// a été tiré à part
numérotes la presse.sur papier de Hollande, àDix exemplaires
JUSTIFICATION DU TIRAGE :
AbLOGES ET COULISSES
REJANE RACONTEE PAR
«ELLE-MÊME
Gabrielle Réju est née dans l'un des quartiers
les plus purement parisiens de la capitale, 14,
rue de la Douane, quartier de commerce et d'in-
dustrie, qui n'est pas encore le faubourg et qui
n'est pas le boulevard. Son enfance s'est donc
passée entre la porte Saint-Martin et la place
du Ghâteau-d'Eau, là où défilent tous les cor-
groupent toutes lestèges populaires, là où se
face.émeutes, malgré la caserne d'en
Quand elle vint au monde, sa mère tenait le
buffet du foyer de l'Ambigu, et son père était
1. En collaboration avec Paul Porel, directeur du Vaude-
ville.2 LOGES ET COULISSES
contrôleur du théâtre. Ce père avaitmême au-
trefois joué un peu la comédie et le drame et
d'Arras. Sitôt qu'elle sutdirigé le théâtre
l'enfant passa donc les soirées prèsmarcher,
mère, à l'Ambigu. Quand elle avaitsom-de sa
meil, on la couchait dans un coin sur des cou-
vertures, et on venait la voir dormir là, son
petit museau pâle encadré de l'auréole ébou-
riffée noirs. Si elle se réveillait,de ses cheveux
allait dans la salle, s'asseyait au balcon, etelle
buvait avec délices la terreur des mélodrames.
Qui pourrait dire l'influence qu'eurent sur
sa vie et sur sa carrière, ces premières années
d'enfance? Pour elle, ce temps est présent à sa
comme s'il était d'hier. Quandmémoire elle ne
pas elle-même au Vaudeville, elle aimejoue
à aller revoir ce foyer Empire avec ses colonnes
plates collées au mur, ces colonnes rondes de
faux marbre rouge, ce petit balcon de fer pour
trois personnes, qui communique avec les troi-
sièmes galeries, ce lustre dont on baissait les
chaque et qui devenaitlumières pendant acte,
si triste ! ce buffet d'acajou àalors triste, la
tablette demarbre gris, avec sa corbeille d'oran-
ges, quelques boîtes de sucres d'orge, des pas-
tilles au citron, cinq ou six madeleines et ces
deux ou trois éternelles bouteilles et demi-