Mémoires complets et authentiques, sur le sièvle de Louis XIV et la Régence;

Saint-Simon Louis De Rouvroy Duc De 1675-1755

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• Louis XIV

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Extrait

a- ^iinKffmùvMEMOIRES
DU DUC
DE SAINTS
IICOULOMMIERS. — TYPOGRAPHIE BRODARDPAUL ET C'^MÉMOIRES
COMPLETS ET AUTHENTIQUES
DU DUC
DE SAÏNT-
SUR LE SIÈCLE DE LOLTS XIV ET LA RÉGENCE
COLLATIONNÉS SUR LE MANUSCRIT ORIGINAL
PAR M. CHÉRUEL
ET PRÉCÉDÉS d'une NOTICE
PAR M. SAINTE-BEUVE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
TOME DEUXIÈME
\
I,
\
11
'"PARIS V
LIBRAIRIE HACHETTE ET G"
79, BOOLEYARD SAINT-GERMAIN, 79
1883i Ij\
//Mr;^^MEMOIRES
DE SAINT-SIMON.
CHAPITRE PREMIER.
—Rome du livre de Tarchevèque de Cambrai. Conduite duoondamnation à
—— Beauvillieis an roi.cardinal dr. Bouillon. Belle réponse du duc de
—Soumission illustrer de l'archevêque île Cambrai. Acceplalion du juge-
—assemblées d'évèques par métropoles en jugeant.ment du pape par les
— Cambrai etEnregistrement au parlement. Pricédé de l'iiicbevéque de
de .Sriint-t»mev à l'assemblée provinciale — Mort du comte dede révêque
— MortMailly, de Thury, de Frontenac, de Racine ; sa funeste distraction.
—du duc de La Force. Valincour mis a l'histoire du roi en la place de
— — Mariage du duc deRacine. Mort de Févêque de 1 b(,-on, Barillon.
—Cboiseul avec Mme Brùlart. Mariage du roi des Romains; pourquoi la
ilifférée.— i"t mpereur roi.— Traitementspart Style de s'écrire entre et le
d'ambassadeurs de tête couronnée à l'ambassadeur du grand-duc à Vienne,
nulle part ailleurs. — Naissance — Le roi paye lesdu prince de Piémont.
—
dettes de Mme la Duchesse et de Mimseigneur, et lui double ses mois.
-Augmenlalion de quarante-deux mille livres d'appointements à M. de
La Rochefoucauld.-— Pension secrète de vingt mille livres à l'évêque de
Chartres.— M. de Vendôme change l'administration de ses affaires et va
— — Mort depubliquement suer la vérole. Mort de Savury, assassiné.
Fabbé de La Châtre.—Le roi fait revenir tous les prétendants de Neuchâtel.
— — — ambassa-Deux vols au roi fort étranges. Vaïnl à la cour. Fériol,
—deur à Constantinople. — Situation du comte de Porlland. Courie dis-
grâce de la comtesse de Grammont.
L'affaire de M, de Cambrai touchoit à son terme et faisoit plus de
bruit que jamais. Ce prélat faisoit nouvel ouvragetous les jours quelque
pour éclaircir et soutenir ses Maximes des samts . et mettoit tout l'es-y
prit imaginable. Ses trois antagonistes répondoient ciiacun à part;y
l'amertume à la fin surnagea de part et d'autre , et , à l'exception de
M. de Paris qui se contint une grande modération , M. detoujours dans
Cambrai et MM. Lede Meaux et de Chartres se traitèrent fort mal. roi
pressoit le jugement à fort mécontent de la conduite duRome, où,
cardinal de àBouillon à cet égard . il crut hâter l'affaire en donnant
Mme de Lévi le logement Cambrai k Versailles . et défendant àde M. de
ce prélat de plus Fmnceprendre la qualité de précepteur des enfants de
dont il lui avoit déjà ôté les appointements . et le fit dire au pape et à la
congrégation établie Bouillon, liépour juger. En eff'et, le cardinal de
comme on l'a vu ci-dessus avec M. de Cambrai, ses principaux amis, et
les jésuites
, quoique chargé des affaires à Rome recevant or-du roi , et
SuNT-SiwoM a I.
2 CONDAMNATION DES MAXIMES DES SAINTS. l1o99]
sur ordres de presser le(1res jugement et la condamiiaiiOf; de M. de
Cambrai , mettoit tout son crédit à le différer et à éviter qu'il fût con-
damné. Il en reçut des rep ochesdu roi fort durs qui ne lui firent pas
changer de conduite au fond . mais qui lui firent chercher des excuses
et des couleurs. Mais quand il vit enfin qu'il n'y avoit plus à reculer, il
ne rougit point d'être solliciteur et juge en même temps et de solliciter
contre les ordres du roi , directement contraires . en faveur de M. deCam
brai. pour qui l'ambassadeur d'Espagne sollicitoil aussiaunomduroison
maître. Ce ne fut pas tout : le jour du jugement neil se contenta r;!s
de Cambraid'opiner pour M. de toute sa force . mais il essaya d'intimider
les consulteurs. Il interrompit les cardinaux de la congrégational s'em-
vintporta, il cria, il en aux invectives, de manière que le pape, instrii t
étrange procédé et scandalisé à l'excès, ne put s'empêcher àjde cet
»dire de lui : « È un porco feriio . c'est un sanglier blessé. Il s'enferr.:a
lui jeter feu et flammes . et ne put même se contenir quand ilchez à fui
repaioître. Le pape prononça la condamnation, quiobligé de fut dressée
forme de constitution , et où la cour de Rome . sûre de l'impatienceen du
inséra des termes de son style que la Franceroi de la recevoir, n'admet
point. Le nonce, qui la reçut par un courrier, la porta aussitôt au roi
témoigna pudiquement sa joie. Le nonce parla au roiqui en entre
lever et la messe. C'étoit un dimanche 22 mars. Le roi revenantson
messe trouva M. de Beauvilliers dans son cabinet pour lede la conseil
qui alloit se tenir. Dès qu'il l'aperçut il fui à lui . et lui dit : « Eh bien',
Beauvilliers, qu'en direz-vous présentement, voiià M. demonsieur de
les formes?— Sire, répondit ducCambrai condamné dans toutes le
ton respectueux mais néanmoins élevé, j'ai été ami pa-ticulierd'un
de M. de Cambrai, je le serai toujours, mais s'il ne se soumet pas au
n'aurai jamaip de coinmerce avec lui.» Le roi demeura muet, etpape, je
générosité ferme d'une partles spectateurs en admiration d'une si et
déclaration si nette de l'autre . mais dont la soumission ne portoitd'une
que sur r£glise.
.àmême de faire pis .montra par la condamnation même qu'elleRome
roi qu'appesantie sur M. Cambrai. Vingt-troisétoit plus donnée au de
propositions du livre des Maximex des saints furent qualifiées témé-y
in glob» excommunieraires, dangereuses, erronées, mais . et le pape
liront ou le garderont chez eux. Monsieur, qui étoitvenu deceux qui le
sut la nouvelle en arrivant. Le roi lui enParis dîner avec le roi , en
pendant le dîner avec uue satisfaction rui s'épanchoit, et encore àparla
qui répondit fort honnê-de La Rociiel'oucauld en allant au sermon ,M.
M. lio l'ambrai, comme ne doutant pas qu'il ne se soumît :tement sur
situationc'étoit un personnage bon à faire à l'égard des gens dans cette
jamais ami.dont il n'avoit été
unCambrai apprit presijue en même temps son sort, dans mo-M. de
qui auroit en soi moins de res-jient qui eût accablé un homme eu
il laissa le ser-alloit monter en chaire: il ne setroubia point:sources. Il
et, sans différer un moment de prêcher, il pritmon qu'il avoit préparé,
matière d'uneson thème sur la soumission due à l'Église ; il traita cette
de livre, r»annonça la condamnation sonmanière forte et touchante,