Revue des études anciennes
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Annales de dela Faculté des Lettres Bordeaux des Universités Midiet du QUATRIÈME SÉRIE Commune aux Iniversités d'Aix, Bordeaux, Montpellier, Toulouse REVUE DES ANCIENNESÉTUDES Tome 6 1904 SWETS & ZEITLINGER N.V. -AMSTERDAM 1967 Réimprimé avec le consentement des propriétaires de la Revue l«£Gc^"CFNT£R CANDAULE ET CAMBLES A M. Radet, doyen de la Faculté des Lettres de Bordeaux, Mon cher Camarade, N'est-ce pas à l'auteur de La Lydie au temps des Mermnades qu'il convient d'abord de soumettre une hypothèse relative au passé le plus lointain de ce pays? Elle est hardie, vous allez souhaite qu'elle ne vousen juger; je paraisse pas absurde. Les Grecs d'ionie savaient que Candaule n'était pas un nom, mais un surnom. Hérodote nous apprend que le vrai(1, 7) nom de Candaule était Myrsilos. Hipponax, dans un vers cité par Tzetzès, dit que y-uvâ-^j^a (vocatif) est synonyme de Candaule en méonien. Le mot -Awiyyx est transparent, étant formé de /.ûwv et de oiyyiù on n'a même pas besoin de l'ancienne glose; rapprochement avec le mot quirA'j\zT.r:/.-r,c, ni du xuviYxr,, « chien » ou « esquinancic ». Je ne com-signifie collier de comment Raoul-Rochette a pu interpréter gxuXc-prends pas c'est-à-dire « celui qui emporte les dépouilles » si•/./i7cr/îç, ; vous avez commis la même erreur {La Lydie, c'estp. 66), leRochette qui en est responsable, non bon Tzetzès.

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Annales de dela Faculté des Lettres Bordeaux
des Universités Midiet du
QUATRIÈME SÉRIE
Commune aux Iniversités d'Aix, Bordeaux, Montpellier, Toulouse
REVUE
DES
ANCIENNESÉTUDES
Tome 6
1904
SWETS & ZEITLINGER N.V.
-AMSTERDAM 1967
Réimprimé avec le consentement des
propriétaires de la Revuel«£Gc^"CFNT£RCANDAULE ET CAMBLES
A M. Radet, doyen de la Faculté des Lettres de Bordeaux,
Mon cher Camarade,
N'est-ce pas à l'auteur de La Lydie au temps des Mermnades
qu'il convient d'abord de soumettre une hypothèse relative au
passé le plus lointain de ce pays? Elle est hardie, vous allez
souhaite qu'elle ne vousen juger; je paraisse pas absurde.
Les Grecs d'ionie savaient que Candaule n'était pas un nom,
mais un surnom. Hérodote nous apprend que le vrai(1, 7)
nom de Candaule était Myrsilos. Hipponax, dans un vers cité
par Tzetzès, dit que y-uvâ-^j^a (vocatif) est synonyme de Candaule
en méonien. Le mot -Awiyyx est transparent, étant formé de
/.ûwv et de oiyyiù on n'a même pas besoin de l'ancienne glose;
rapprochement avec le mot quirA'j\zT.r:/.-r,c, ni du xuviYxr,,
« chien » ou « esquinancic ». Je ne com-signifie collier de
comment Raoul-Rochette a pu interpréter gxuXc-prends pas
c'est-à-dire « celui qui emporte les dépouilles » si•/./i7cr/îç, ;
vous avez commis la même erreur {La Lydie, c'estp. 66),
leRochette qui en est responsable, non bon Tzetzès.
mot « l'étrangleurHipponax décerne l'épithète xuvayxrjç, mot à
Hésychius donne la glose: KwSxjXaç*de chiens », à Hermès, et
D'autre part, Tzetzès raconte que lo, délivrée'EpiJ.ï5; r, 'Hpr/.X^ç.
par Hermès, était gardée par un chien nommé Argos {Exeg. IL,
i53); enfin, on lit dans Hésychius : àvT- zo^ xXéxTa.p. xuva^f/a
Tout cela est de la fausse érudition, qui dérive d'une source
Hermès étaitunique, le vers d'Hipponax. En effet, de ce que
appelé éirangleur épithète ne lui convient pas,de chiens, qui
Tzetzès, ou l'auteur qu'il suit, a déduit l'histoire d'Hermès
tuant le chien Argos, dont il n'y a pas la moindre trace ailleurs.
Une admettant queautre exégèse s"est tirée d'embarras enANCIENNESREVUE DES ETUDES3
bien Her-sens qui conviendrait àsignifiait « voleur »,
•/.jvâ-f/r;;
Unpeut être celui de y^xii^/r^;.mais qui n'est pas et nemès,
comme celaHéraklès enchaînant Cerbère;troisième a pensé à
la glose recueillie paret non d'Hermès,est raconté d'Héraklès
faisant de KavoajXaç,aplanir les difficultés enHésychius crut
Hipponax, une épithète d'Her-de suivantsynonyme -/.xiix/r,^,
« » bien d'un scoliaste !ou d'Héraklès. Cet ou estmès
on peut démêler ce tissu deGrâce au vers d'Hipponax,
qui se présentent avec une assuranceconjectures arbitraires,
que deviendrions-nous, dans cette occurrence,empruntée. Mais
d'Hipponax s'était perdu?si le vers
ne pasd'Éphèse avait ses raisons, qu'il nous aHipponax
de chiens. Cette épi-qualifier Hermès d'étrangleiirdites, pour
bizarre aux anciens, puis-ainsi employée, dut semblerthète,
malheureux pour la justifier. Il meont fait tant d'effortsqu'ils
de voleur habile,pourtant qu'Hermès, en sa qualitésemble
gardaient les maisons.savoir étrangler les chiens quidevait
successeurs, aura donnéUn scoliaste, plus intelligent que ses
Hésychius, comprenantcette explication laconique : /.XÉzx/iç.
mais sa glose suffitla finesse, écrivit y:jii.y/x tH: -oj -/XÉrTa;mal
pour nous mettre sur la bonne voie.
Candaulès, étrangleur de chiens,Personne ne supposera que
l'assimilation d'un roisoit devenu un nom royal par suite de
par hasard, étrangler desà Hermès. Ce dieu a pu, une fois
habituel. Ce ne sont ni leschiens; mais cela ne lui était pas
ont coutume d'étrangler des chiens :dieux ni les hommes qui
quand ils sont traqués par les chasseurs.ce sont les lions,
Donc, = KavîaûXxç signifie a lion ».v.jvdcYyY];
La dynastie à laquelle appartenait Candaule prétendait des-
'.cendre d'Héraklès, le dieu vêtu d'une dépouille de lion Mais ce
costume n'est pas d'origine grecque. Avant la fin du vi" siècle,
Chypre, Rhodeson ne le trouve que sur la côte d'Asie, à à
— — étrusque archaïque. Ce fut unet détail à noter dans l'art
dans l'épopée le motifpoète rhodien, Pisandre, qui introduisit
d'Héraklès du lion. Furtwiingler a soupçonnévêtu de la peau M.
cil Mcvcr, Gesch. des AUerlh.,I. La dynastie aiiti'rieurc dos Alyadcs une firtioii (Ed.
l. I. '187).p.CANDAILE ET CAMBLÈS
que l'origine de ce type était étrangère {(tp. Roscher, art.
lierakles, 2i4.'}); je le crois lydien,p. parce qu'il paraît dans
l'art archaïque de l'Étrurie et que les Lydiens avaient une
dynastie d'Héraclides.
A cela viennent se joindre deux arguments. Parmi les riches
offrandes que Crésus envoya à Delphes, la plus importante
était un lion d'or fin, du poids de dix talents (Hérodote, I, 5o).
Ce lion était comme l'emblème de la dynastie. Une autre his-
toire d'Hérodote autorise la même conclusion. villeLa de
Sardes fut prise par un point qui avait été jugé inexpugnable :
« c'était la seule partie l'enceintede où Mélès, autrefois roi de
Sardes, n'avait point fait porter le lion qu'il avait eu d'une
concubine. Les devins de Telmessos lui avaient prédit que
Sardes serait imprenable si l'on portait le lion autour de ses
murs —» (Hérodote, Il me semble,1, 84). comme à Creuzer,
'qui parle déjà du « roi-lion Candaule » — que ce lion, né,
d'un Héraclide et d'une mortelle, atteste suffisamment le carac-
tère léonin de la dynastie. Ce que Creuzer ne savait pas, c'est
que ce lion ancêtre et prophylactique, génie tutélaire de la
capitale, ex-voto symbolique du souverain, est ce que les sau-
vages d'Amérique et, d'après eux, les savants de nos jours ont
appelé un animal totem. Comme le loup à Rome, comme le
sanglier en Gaule, le lion a été totem en Lydie. C'est lui qui
fut assimilé plus tard à Héraklès, comme le loup de la légende
romaine à Mars, quand le dieu anthropomorphe, suivant un
procédé connu, prit pour vêtement la peau du totem auquel il
succédait.
Héraklès ne fut pas le seul héritier du lion lydien, car Cybèle
est aussi une déesse lionne (cf. Perrot-Chipiez, t. V, Sy),p.
L'importance religieuse du lion lydien se constate dans le
groupe des monuments lydo-phrygiens, les tombes d'Ayazinn,
de Kumbet, le monument d'Arslan-Kaïa. Mais elle me semble
surtout attestée par la céramique étrusque dite bucchero. Tout
le monde est d'accord pour attribuer à l'influence ionienne les
éléments décoratifs de cette céramique. Le mot d'Ionie est
cependant bien vague. Il avait un art local à Milet, à Smyrne,y
I. Creuzer-Guigniaut, t. II, i88.p.ANCIENNESREVUE DES ÉTUDES4
aussi un art à Sardes. Comme lesPhocée; mais il avaità y
que les Étrusques venaient de Lydietextes nous apprennent
l'EmpireÉtrusques se sont crus, jusque souset que les
enoriginaires de ce pays, il vaudrait peut-être mieuxromain,
qualifier tombeauà l'ancienne mode, qui faisait derevenir
du musée Campana.grand sarcophage étrusquelydien le
évidemment asiatiques, mais quiQuand il s'agit de motifs
rencontrent surtout, dansse rencontrent seulement, ou se
il serait plus simple et plus francle plus ancien art étrusque,
lydiens au lieu d'ioniens.de les appeler
lamotifs est le lion ailé, animal divin, puisqueUn de ces
n'en produit pas de tels. Un autre est le lion, ailé ounature
qui tient dans sa gueule une partie d'un corps humain.non,
Louvre 563 Pottier,Sur une œnochoé de bucchero, au (G ;
dévorant un homme dont lesVases, 3i), on voit un lionp.
sa gueule. Ailleurs, ce sont deuxjambes et le ventre sortent de
cuisse (Karo, De arte vascuL, humaines ou une p. 21,
complètement inconnu de l'art grec. En dehorsCe motif est42),
il paraît seulement dans le groupedes vases noirs étrusques,
l'on appelle illyriens ou vénètes et quides bronzes gravés que
l'Italie du nord-est et l'Autrichese son

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