L ECONOMIE VERTE EN TUNISIE  ezzeddine MBAREK
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REALITES ET PERSPECTIVES DE L’ECONOMIE VERTE EN TUNISIE Par ezzeddine M’BAREK (*) L’économie verte est une nouvelle branche de l’économie de l’environnement qui étudie l’ensemble des activités générées par les entreprises qui produisent des biens et services en vue de réduire ou de supprimer les effets négatifs sur l’environnement (ressources naturelles et humaines). Cette nouvelle économie qui respecte l’environnement est basée sur une faible émission de carbone, le recours aux nouvelles technologies de production non polluantes et innovantes, le développent des énergies renouvelables en vue d’une croissance verte générant d’emplois verts. La notion de l’économie verte s’est imposée à l’échelle internationale à partir des deux dernières décennies compte tenu de l’intervention des organismes spécialisés des nations unies (protocole de Kyoto, conférence de Rio, etc.). La PNUE (2011) définit l’économie verte comme étant «une économie qui engendre une amélioration du bien-être humain et de la justice sociale, tout en réduisant sensiblement les risques environnementaux et les pénuries écologiques ». Quant à l’OCDE (2011), « la croissance verte consiste à favoriser la croissance économique et le développement tout en garantissant que le patrimoine naturel continue d’offrir les ressources et les services environnementaux dont dépend notre bien-être ».

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Publié le 22 novembre 2012
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Langue Français

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REALITES ET PERSPECTIVES DE L’ECONOMIE VERTE EN TUNISIE
Par ezzeddine M’BAREK (*)
L’économie verte est une nouvelle branche de l’économie de l’environnement qui étudie l’ensemble des activités générées par les entreprises qui produisent des biens et services en vue de réduire ou de supprimer les effets négatifs sur l’environnement (ressources naturelles et humaines).
Cette nouvelle économie qui respecte l’environnement est basée sur une faible émission de carbone, le recours aux nouvelles technologies de production non polluantes et innovantes, le développent des énergies renouvelables en vue d’une croissance verte générant d’emplois verts.
La notion de l’économie verte s’est imposée à l’échelle internationale à partir des deux dernières décennies compte tenu de l’intervention des organismes spécialisés des nations unies (protocole de Kyoto, conférence de Rio, etc.).
La PNUE (2011) définit l’économie verte comme étant «une économie qui engendre une amélioration du bien-être humain et de la justice sociale, tout en réduisant sensiblement les risques environnementaux et les pénuries écologiques ».
Quant à l’OCDE (2011), « la croissance verte consiste à favoriser la croissance économique et le développement tout en garantissant que le patrimoine naturel continue d’offrir les ressources et les services environnementaux dont dépend notre bien-être ».
Il va sans dire que la terre où nous vivons est menacée par l’augmentation des risques de pollution (déchets), de la dégradation des ressources naturelles, des changements climatiques sous l’effet des émissions de gaz à effets de serre (GES), de l’exploitation à outrance des richesses, etc.
Cette situation préoccupante est le résultat d’une croissance démographique conjuguée avec une croissance économique basée sur l’expansion de l’industrie et l’utilisation intensive de l’énergie (pétrole et ses dérivés).
En effet, les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) imputables aux activités humaines et surtout industrielles sont augmentées entre 1970 et 2004 de l’ordre de 70%. Ce qui a eu un effet néfaste sur l’environnement via une élévation progressive de la température : désertification, baisse du rendement agricole, élévation du niveau de mer, inondation, pénurie d’eau, sécheresse, baisse de la qualité de vie, épidémies mortelles, …..
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I. Etat des lieux de l’économie verte en Tunisie :
L’économie verte en Tunisie est encore à ses débuts et embryonnaire eu égard aux pays développés. Elle est mal connue par la population tunisienne mis à part quelques spécialistes. Elle devient ces dernières années à l’ordre du jour et ce grâce aux directives des instances onusiennes qui ont multiplié les conférences sur ce sujet de grande importance.
La progression de la population, l’accroissement de l’activité industrielle et la dégradation de l’environnement et des ressources naturelles constituent entre autres les principales causes qui ont mis en danger notre terre et notre existence.
Les émissions des gaz à effet de serre (GES) qui ont eu un impact négatif sur le climat (élévation de la température, sécheresse, inondation,…), la pollution de l’air par le biais des déchets et des carburants des moyens de transport et la surexploitation des ressources naturelles (eau, forêts,…) sont les résultats d’une activité économique non réfléchie cherchant le profit au détriment du bien-être social et d’un environnement durable.
Une politique économique qui préserve la nature en utilisant les nouvelles technologies propres est plus que nécessaire et profitable.
En Tunisie, l’économie verte tarde à décoller à cause d’une politique économique suivie par les pouvoirs publics très conservatrice, mal harmonisée et manque d’évaluation, de contrôle et d’investissements.
Il manque aussi une vraie mesure statistique et une information diffuse et à grande échelle. Il est alors très difficile de connaitre avec exactitude sa part en emplois et en production dans l’économie nationale.
Pour bien suivre, analyser et évaluer périodiquement l’économie verte en Tunisie, il y a lieu de créer un observatoire national et d’inclure au préalable cette nouvelle notion dans la nomenclature de l’appareil statistique tunisien.
Les principaux axes de l’économie verte tunisienne sont :
1.Solaire TunisienLe Plan (PST) : 40 projets dont 29 à réaliser par le secteur privé. Ce projet est lancé en 2009 suite au Plan Solaire Méditerranéen (PSM). Son objectif ultime est de doter la Tunisie d’une capacité de 1000 Méga watts en énergie renouvelable en 2016 et 4700 Méga Watts en 2030.
Ce grand projet permet ainsi d’améliorer la part d’énergie renouvelable dans la production totale d’électricité en passant de 16% en 2016 à 40% en 2030 ce qui va éviter une quantité de dioxyde de carbone avoisinant 1,3 MT par an.
2.L’énergie éolienne: Malgré un potentiel évalué à 8 GW de puissance pour une surface exploitée de 1600 km carré, la Tunisie s’offre d’une puissance réellement installée faible. La
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STEG exploite 55 MW à sidi Daoued et 190 MW à Bizerte alors que d’autres projets sont en cours.
3.L’énergie solaire: dans le domaine du solaire thermique, la progression est notable par la création d’une filière industrielle de 500 entreprises dans le cadre du programme PROSOL. Ce projet va s’étendre après le marché résidentiel à l’équipement des complexes hôteliers et des habitations collectives. De même, ce projet se développe vers le froid solaire.
4.L’énergie hydraulique: malgré une infrastructure assez bonne en hydraulique, la Tunisie tarde à l’exploiter pour obtenir de l’hydroélectrique.
5.Labiomasse: on remarque un développement très faible à savoir quelques unités industrielles de biogaz à partir de la volaille.
6.Lesgrands projets à l’échelle méditerranéenne:
-MedGrid : doter l’Europe et les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée d’un réseau électrique.
-ELMED : projet Tunisio-italien d’interconnexion électrique.
-TuNur : projet développé par le groupe britannique Nur Energie pour l’exploitation d’énergie solaire du désert tunisien.
7.La maîtrise de la gestion des ressources en eau: économie des eaux d’irrigation : projet pour la réutilisation des eaux usées traitées qui remonte à 1965. Elle permet d’économiser d’importantes quantités d’eau et de participer à la protection de l’environnement. L’eau traitée est utilisée essentiellement pour l’irrigation des périmètres agricoles, des terrains de golf et des espaces verts.
8.Laprotection de l’environnement et promotion de la qualité de vie:
- lacréation d’un Fonds de dépollution (FODEP)en 1992 qui se charge de la collecte et de recyclage des déchets. Le FODEP a contribué au financement de 493 projets de dépollution en 2009. Il contribue aussi au financement des projets de production des technologies propres.
-l’assainissement: on compte 98 stations d’épuration à la fin de 2007 avec un volume d’eau traitée de 223 m cube.
-lesespaces vertsen 1994 à 14,65 m carré en 2007.: il a passé de 4,4 m carré
-la qualité de l’air: un réseau de surveillance de la qualité de l’air est implanté dans les grandes villes (10 stations fixes).
-le tourisme durable ou l’écotourisme: l’analyse de l’activité touristique montre une concentration sur le balnéaire et une faible diversification du produit. De plus, la saisonnalité
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de l’activité touristique constitue un risque de non durabilité à cause d’un emploi temporaire d’une population vulnérable économiquement d’une part et engendre surtout pour les périodes de pointes une pénurie de certains produits de consommation pour la population locale d’autre part.
La concentration de l’activité touristique sur le littoral (95% de la capacité hôtelière) engendre des pressions sous forme d’érosion et de pollution.
Le développement de l’écotourisme reste embryonnaire malgré le potentiel qu’offre le paysage du pays.
-la fonction écologique des forêts: les formations forestières ont un impact sur la conservation de la biodiversité, de la protection du sol et des terres agricoles contribuant ainsi au développement durable.
-l’agriculture biologique: c’est la branche de l’agriculture qui respecte le plus l’environnement car elle cherche à protéger et à conserver la nature tout en donnant une production de qualité. A la fin de 2005, la superficie consacrée à la culture biologique s’élevait à 21 500 ha.
-l’industrie durable: l’industrie est un gros consommateur d’énergie en tant que source de GES, principale cause des changements climatiques. L’utilisation des énergies renouvelables (éolienne, solaire,…) et de nouvelles technologies propres contribue efficacement à l’atténuation des effets négatifs des GES.
-La gestion des déchets :
L’accroissement de l’activité économique qui touchait tous les secteurs tels que l’industrie, l’agriculture et les services ainsi que l’élévation du niveau de vie du citoyen tunisien conjuguée avec une forte urbanisation (67,3 %), ont contribué à l’augmentation spectaculaire du niveau des déchets qui peuvent nuire à la santé et à l’environnement.
C’est pour atténuer les effets néfastes de ces déchets qui sont parfois très dangereux sur la vie humaine en premier lieu et de tirer profit économiquement en les valorisant en second lieu, que les activités de recyclage et de valorisation viennent en rescousse.
En effet, il s’est avéré opportun de transformer les déchets et les ordures sans valeur aucune à une ressource utile pour la communauté et l’environnement.
De ce fait, la gestion des déchets est devenue au fil des années une priorité environnementale durable de grande importance et une opportunité économique générant des gains substantiels pour les investisseurs privés et un moyen de promouvoir l’emploi vert.
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L’emploi vert :
Les emplois verts sont définis comme des emplois occupés dans les secteurs économiques tels que l’agriculture, l’industrie, les services et l’administration qui contribuent à la préservation ou au rétablissement de la qualité de l’environnement).
L’emploi vert s’occupe des taches susceptibles de diminuer la consommation d’énergie, des matières premières, et des ressources naturelles comme l’eau, le bois, …., de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de minimiser les effets négatifs des déchets solides ou liquides, de protéger et de préserver les ressources naturelles, l’écosystème et la biodiversité.
L’économie verte malgré cette phase de transition a un effet positif sur l’emploi puisque d’innombrables projets voient le jour. A titre d’exemple, en France, les éco activités représentent environ 960 000 emplois directs et indirects. (Source : revue L’économie Française, édition 2012).
II. Les opportunités d’investissement dans le secteur vert :
L’économie verte en Tunisie progresse timidement occupant ainsi une place qui devient de plus en plus importante dans l’économie nationale sous l’impulsion presque exclusivement des pouvoirs publics (surtout au début).
L’économie verte qui enfante, entre autres, une croissance économique verte en respectant la nature et l’environnement, nécessite un grand effort d’investissement. En effet, les nouvelles technologies propres et amies avec l’environnement sont coûteuses et exigent des compétences en ressources humaines parfois rares. Les pays en voie de développement trouvent nécessairement des difficultés énormes pour faire ce passage sans l’aide des pays
L’investissement dans l’économie de l’environnement est par excellence coûteux surtout au niveau des infrastructures et des nouvelles technologies. Il est admis qu’en matière de développement durable le retour sur investissement ne se réaliserait qu’à long terme et il est impensable d’obtenir des gains à court terme.
En s’impliquant dans une telle démarche l’entreprise doit supporter un surcoût qui serait minimisé eu égard aux économies engendrées par une efficacité accrue du système, une meilleure qualité du produit ou service et une amélioration notable de son image de marque auprès des clients.
L’Etat ne manque pas de moyens pour promouvoir l’économie verte à travers une batterie de mesures incitatives et réglementaires pour encourager les entreprises à investir dans ce nouveau domaine et réaliser des bénéfices.
En effet, l’investissement dans l’économie verte rencontre d’après les expériences mondiales plusieurs difficultés dont notamment :
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Le fort degré d’incertitude : absence de réglementation claire et fiable, absence d’information crédible, visibilité floue à long terme, etc. ;
L’investissement public pour bâtir une infrastructure de taille et selon les normes internationales rencontre une forte contrainte budgétaire ; La méconnaissance des prix écologiques ; Le partage des risques entre acteurs est encore absent ; Le temps de retour des projets d’investissement reste indécis.
Au niveau des investissements réalisés dans le secteur de l’économie verte, nous constatons que l’Etat tunisien a suivi une démarche progressive selon les priorités du moment compte tenu des contraintes budgétaires, de l’aide et de la coopération internationale et du degré d’urgence des problèmes environnementaux rencontrés.
Il prend en charge les investissements lourds d’infrastructure et d’installation et tous les projets vitaux et non rentables pour une entreprise privée, en laissant certaines activités de gestion et d’exploitation à l’initiative privée.
Il prend en main aussi les études et les recherches ainsi que l’évaluation et le contrôle par le biais des organismes spécialisés en la matière comme l’Agence Nationale de la Protection de l’Environnement (ANPE).
En outre, il met en place des mesures incitatives sous forme de subventions, des exonérations fiscales et des facilités au profit des entreprises privées.
Les secteurs qui ont attiré le plus d’attention en matière d’investissements privés, on note notamment les énergies renouvelables et l’exploitation des déchets.
Le secteur privé intervient actuellement en matière de gestion des déchets dans les activités suivantes :
- la collecte et le transport des déchets ménagers et industriels ;
- l’entretien des espaces verts ;
- l’exploitation des décharges des déchets ménagers ;
- le recyclage des déchets.
On comptait en 2004, environ 385 entreprises privées qui exercent une activité de collecte ou d’exploitation des déchets.
L’industrie de recyclage des déchets constitue un potentiel de grande importance au niveau de l’atténuation des effets négatifs sur l’environnement, de la création de valeur économique et des emplois verts.
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Le projet d’efficacité énergétique constitue aussi un secteur très dynamique et en essor qui peut contribuer à la diminution des gaz à effet de serre (GES) et des économies non négligeables en énergie.
Les énergies renouvelables (éolien, solaire thermique et géothermique) forment actuellement un marché qui ne cesse de se développer au fil des années.
Les experts internationaux prédisent qu’à travers le monde, on installera plus de nouvelles capacités de production d’électricité provenant des sources renouvelables que des sources classiques.
L’énergie solaire se développe avec un taux annuel moyen de 60 % au cours de la dernière décennie ce qui prouve d’importantes opportunités d’investissements à l’avenir.
Et c’est le cas aussi pour l’éolien, les biocarburants, la géothermie et la biomasse.
Le tourisme est aussi un créneau très important pour un investissement d’avenir compte tenu des marges d’amélioration et de diversification du produit touristique. Il peut contribuer à maximiser les avantages du patrimoine culturel de l’économie locale en améliorant la qualité de la vie de la population en place.
On peut aussi citer les avantages et les opportunités dans les secteurs de forêts, de l’assainissement, de la conservation du sol et de l’eau, etc.
Quant à la biomasse, les estimations montrent que les quantités de déchets organiques produites à l’échelle nationale sont de l’ordre de 8 millions de tonnes par an (2009). On compte deux pistes pour la valorisation de ce type de déchets: la matière et l’énergie.
Les quantités de déchets verts proviennent de plusieurs secteurs tels que l’agriculture, l’agro-industriel, le service communal, le service hôtelier, la restauration et l’assainissement.
Références bibliographiques :
1. Rapport National sur l’état de l’environnement, 2009, Ministère de l’environnement et du développement durable.
2. Rapport MED 2012 : Vers une croissance verte en Méditerranée, Agence Française de Développement.
3. Enjeux et politiques d’environnement et de développement durable, PNUE, Plan bleu, 2000, Rapport Tunisie, Sous la direction de Guillaume Benoit.
4. Des économies vertes aux sociétés vertes, Rapport UNESCO, RIO, 2012.
5. OCDE, 2011, vers une croissance verte, Editions OCDE, p.9.
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6. PNUE, 2011, vers une économie verte : pour un développement durable et une éradication de la pauvreté, p.16.
7. Opportunités d’investissements dans le secteur de la gestion des déchets dangereux en Tunisie. Synergies n°81, décembre, 2010, bulletin d’information de la CTFCI.
8. Mohamed Toumi (2008), ‘’La gestion intégrée et durable des déchets en Tunisie ‘’, ANGEDE, MEDD, séminaire en Côte d’Ivoire, avril, 2008.
9. Ramzi Labidi (2010), Rapport pays sur la gestion des déchets solides en Tunisie, édité par le réseau régional d’échange d’information et d’expertise dans le secteur des déchets dans les pays du Maghreb et du Machreq, SWEEP-Net.
10. Fadhel Ghariani , 2004. La participation du secteur privé aux activités environnementales en Tunisie : Etats des lieux, 2004, Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, édité par le programme Tuniso-Allemand pour l’environnement-PPE.
11. Tahar Abdessalem, 2012. ‘’Perspectives d’emplois dans les métiers verts’’, Congrès National pour l’Emploi, 28, 29,30 juin 2012, Gammarth, Tunisie.
(*) : Économiste
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