Les grands-mères réunionnaises
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Les grands-mères réunionnaises

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Les grands-mères réunionnaises qui sont à l'origine du peuplement de l'île de la REUNION.

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Publié le 09 octobre 2013
Nombre de lectures 767
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Anne Caze ( vers 1650-1723),
Marie Caze( vers 1665-1735),
Marguerite Caze ( vers 1655-?),
Anne Mousse ( 1668 - 1733 ),
Louise Siarane ( vers 1645-1705),
Françoise (? - avant 1687), Dominique (vers 1662 - 1740),
Domingue Rosaire (? - 1688).
Françoise Chatelain ( 1654-1730)
Marie-Geneviève Niama (vers 1734 – 1809)
O TE CREOL'
O té créol' pas besoin l'a peur
Nous l'est blancs nous l'est noirs
Nous l'est tout' couleur
Et na viv' ensemb' encore plus meilleur.
Pas besoin l'a peur !....
Gilbert Aubry, extraits.


Anne (vers 1650-1723), Marie (vers 1665-1735), Marguerite Caze (vers 1655- ?)
trois soeurs malgaches aux sources du peuplement de l’île Bourbon
De Madagascar à l'île mythique
Le 14 Novembre 1663, venant de Madagascar, le "Saint-Charles" accoste en baie de Saint-Paul, en
descendent, deux français et dix malgaches. Le petit groupe franco-malgache est à l'origine du
peuplement pérenne de l'île. Une vingtaine d'années après la première prise de possession, au nom
de la France, par le commandant du "Saint-Alexis", Salomon Goubert, l'île devient donc une terre
d'accueil et de peuplement, après avoir été, ponctuellement, une terre d'exil, pour les esprits
rebelles éloignés de la Grande Ile en 1646 et en 1654. Si la venue de Louis Payen est avérée, celle
de son compagnon garde sa part d'ombre, sans doute s'agit-il de Paul Cauzan. Le mystère plane
aussi sur le groupe malgache, Jean Mousse est le mieux connu, quant aux trois fillettes qui les
accompagnent, Jean Barassin reste prudent "Marie Caze était née vers 1655 à Madagascar. Il est possible
qu'avec ses sœurs, Anne et Marguerite, elle soit venue à Bourbon dès 1663 avec Louis Payen et son
compagnon inconnu".
Fondé en 1642 par Jacques de Pronis, agent de la Société de l’Orient, le comptoir de Fort-Dauphin,
au sud-est de Madagascar, connaît des heures difficiles. Marié à la fille d’un chef malgache, très
sollicité par la famille de son épouse dont les besoins en riz et en boeufs sont insatiables, Jacques de
Pronis suscite, dans un premier temps, l’ire des colons français qui le mettent aux fers ! Délivré par
1 sur 26 18/03/2013 16:18le capitaine du "Saint-Louis", Roger le Bourg, en escale à Fort Dauphin, il exile les douze
responsables de son emprisonnement en 1646, puis dans un deuxième temps, trahit les Malgaches.
Attirés à l’intérieur du Fort, cinquante d’entre eux, hommes et femmes sont capturés et vendus
comme esclaves au gouverneur hollandais de l’île Maurice.
Les relations entre les colons et les Malgaches se dégradent. Rongés par les fièvres, dévorés par les
crocodiles lorsqu’ils se hasardent à traverser les marigots, massacrés lorsqu’ils s’éloignent sans
armes à quelque distance du fort, les colons de plus en plus isolés, se sentent abandonnés. En proie
à la précarité et à l’insécurité ils ne sont sans doute pas insensibles aux tableaux idylliques qui
décrivent l’île Bourbon comme une terre paradisiaque : "Mascareigne est l’île la plus saine qui soit au
monde, où les vivres sont à foison, le cochon très savoureux; la tortue de terre, la tortue de mer, toutes sortes
d’oiseaux en si grande abondance qu’il ne faut qu’une houssine (1) à la main pour trouver, en quelque lieu
que ce soit, de quoi dîner... L’air y est très sain... les eaux y sont pures et très excellentes... les étangs et
rivières fourmillent de poissons; il n’y a ni crocodiles, ni serpents, ni insectes fâcheux, ni moustiques
piquants..." (2).
Loin des fièvres, des animaux dangereux, des querelles, puisque vierge de toute présence humaine
permanente, l’île apparaît donc comme un coin de paradis. Installé à Fort-Dauphin depuis 1656
Louis Payen a sans doute entendu les récits des mutins exilés en 1646 lorsqu’il décide de partir
vers cette île de rêve où l’on peut vivre dans le plus simple appareil comme le couple biblique
Adam et Eve ou comme les exilés de 1646 qui pendant leur séjour de trois ans "n’ont pas eu le
moindre accès de fièvre, douleurs de dents ni de tête, quoiqu’ils fussent nus, sans chemises, habits, chapeaux
ni souliers, y ayant été portés et laissés avec seulement chacun un méchant caleçon, un bonnet et une chemise
de grosse toile..." (3).
Sous la houlette de Louiis Payen, le petit groupe s’installe aux pieds des falaises de Saint-Paul dans
des cases en feuilles de lataniers. Ces premières années du peuplement restent encore peu
connues. Les jours passent, les fillettes grandissent... deviennent pubères, trois très jeunes filles, à
peine sorties de l’enfance pour neuf hommes ! Les relations se durcissent, les clivages ethniques
s’exacerbent opposant les deux Français aux sept Malgaches. Les Malgaches complotent contre les
deux Français, ourdissent une tentative de meurtre qui échoue, ils se réfugient alors vers les Hauts,
inaugurant une pratique qui perdure pendant toute la période de l’esclavage, ils sont en quelque
sorte les premiers marrons de l’île. Les trois soeurs ont-elles suivi leurs compatriotes? se sont-elles
retrouvées seules, livrées au bon plaisir des deux français ? ces deux derniers ne tardent pas à se
disputer, Louis Payen quitte l’île en février 1666. Paul Cauzan entre au service de la Compagnie
des Indes Orientales créée en 1664 et épouse Anne Caze, la plus âgée des trois soeurs.
De l'île rêvée à l'esclavage
Commis de la nouvelle Compagnie, Etienne Regnault débarque à l’île Bourbon en août 1665,
accompagné d'une vingtaine de Français. Promu gouverneur, il parlemente avec les Malgaches
réfugiés dans les Hauts et réussit à les ramener vers le littoral auprès des autres colons
nouvellement arrivés. Marguerite Caze épouse le Malgache Etienne Lambouquiti et sa soeur
Marie, le Malgache Jean Mousse. De cette dernière union, naît la "première Réunionnaise", Anne
Mousse, le 14 août 1668 à Saint-Paul. Vers 1671, l’épouse de Paul Cauzan, Anne Caze met au
monde un fils, François. A la mort de Paul Cauzan, Anne épouse en secondes noces Gilles Launay,
compagnon d’Etienne Regnault. Ainsi se forgent, à travers les destins individuels des trois soeurs
Caze, les caractères essentiels du peuplement insulaire de Bourbon dont certains perdurent jusqu’à
aujourd’hui. Un peuplement métisse dès les origines qui s’enrichit au fil des arrivées venues
d’autres continents, aux côtés de l’Europe et de Madagascar, l’Afrique puis l’Asie avec l’Inde et la
Chine jouent un rôle important. Un peuplement à forte connotation masculine où les femmes
manquent cruellement pour assurer l’équilibre de la population insulaire, un peuplement marqué
par l’esclavage. En 1671, 76 personnes vivent sur l'île, 37 Malgaches, 36 blancs et 3 enfants
métisses. En 1686, on peut compter 269 hommes et femmes, 82 blancs, 70 Malgaches auxquels
s'ajoutent des immigrants indiens et portugais, 24 arrivés des comptoirs de l'Inde et 93 métisses.
2 sur 26 18/03/2013 16:18A la différence de sa voisine Maurice, où dès le départ, les Hollandais pratiquent ouvertement le
commerce de traite et l’esclavage, la France se lance dans une politique plus feutrée, ambiguë, où
le décalage est souvent important entre les déclarations de principe et la réalité. Les trois soeurs
Caze, les premiers Malgaches arrivés sont-ils des serviteurs ? des esclaves ? ou des personnes libres
? la question reste sans réponse précise et varie selon les sources. Dans son Mémoire de 1710,
Antoine Boucher, procureur fiscal, présente Marie Caze comme une esclave de la Compagnie, de
son union avec l’esclave Jean Mousse elle a deux filles, Anne et Cécile qui épousent en 1687 deux
Français. Après le décès de son époux malgache, Marie Caze se remarie avec un Français, Michel
Frémont, dit "le brodeur", dans l'hypothèse où elle aurait été esclave, elle est alors affranchie par les
liens de son nouveau mariage. Ces pratiques sont en contradiction avec la politique officielle de la
Compagnie des Indes Orientales.
Lors de sa création, en 1664, présente à Madagascar et à l’île Bourbon, la Compagnie interdit
officiellement le commerce de traite et l’esclavage. Mais avec l’arrivée d’Etienne Regnault,
progressivement, une forme larvée d’esclavage se développe, même si le mot n’est jamais
employé

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