Eruption de l Eyjafjoll (2010 Islande).
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Eruption de l'Eyjafjoll (2010 Islande).

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Description

Après 187 ans de sommeil, l’Eyjafjöll s’est réveillé le 20 mars 2010.
Jusqu’au 14 avril, l’éruption était caractérisée par des manifestations effusives d’une dizaine de fontaines de lave
de style hawaïen. Le 14 avril, la fissure s’est brutalement allongée pour atteindre 2 à 3 km de long, rejoignant ainsi
les cratères historiques de l’Eyjafjöll, intéressant alors des zones sous-glaciaires de l'Eyjafjallajökull.
Cette nouvelle phase éruptive, devenue explosive, provoqua d’une part un important nuage de cendres
qui a atteint 11 000 mètres d’altitude le 14 avril et, d’autre part, plusieurs épisodes de débâcle glaciaire (jökulhlaup)
nécessitant d’évacuer 600 personnes. Cette éruption a provoqué une paralysie aérienne sans précédent.
Le 19 avril, on dénombrait 63 000 vols annulés, 6 millions de voyageurs bloqués
et un coût pour l’aviation civile de 186 millions d’euros par jour.
Nous présentons le contexte structural de l’éruption, puis nous rappelons les principales caractéristiques
des éruptions historiques de l’Eyjafjöll et envisageons les développements possibles : débâcle glaciaire, réveil du Katla.
Nous rappelons quelques évènements historiques qui donnent des ordres de grandeur et éclairent les risques potentiels.
Nous discutons de l’impact de l’éruption sur les hommes et le cheptel en Islande puis envisageons son effet sur le climat.
Enfin, nous concluons sur le fait qu’il ne s’agit que d’une petite éruption,
sorte de répétition, avant l’émergence d’évènements de bien plus grande envergure.
Article publié dans la revue de l'association de volcanologie européenne. LAVE, 144 de mai 2010. pp. 19-29 (2010).

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Publié le 04 janvier 2013
Nombre de lectures 771
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

MAI 2010 n ° 144LAVE
Rev u e d e L’ASSOCIATION VOLCANOLOGIQu e Eu ROPÉeNNe
L’Eyjafjöll la nuit, entre les 16 et 18 avril 2010. Lors de chaque poussée de lave,
des milliers de microflashes entourent la fontaine haute d’environ 300 m. Image © Thorsten Boeckel.
Dans ce numéro : HOMMAGE AU PROFESSEUR ROBERT BROUSSE
L’ISLANDE ET L’EYJAFJÖLL - L’ERTA ALE - LE VANUATU...
REVUE BIMESTRIELLE - PRIx d U n UMÉRo : 6,50 €
ISSn 0982-9601 - n ° d E c o MMISSIo n Pa RITa IRE : 0413G83918ISLANDE MARS-AVRIL 2010
Ci-dessous : Alors que l’éruption est en régime effusif type hawaïen, l’hélicoptère de la sécurité civile islandaise quitte les lieux.
Image prise le 27 mars à 20 h, Michel Detay.©
En bas : les fontaines de lave de l’eyjafjöll sur la fissure ouverte la nuit du 20 au 21 mars. Image Ghislaine Fortin.©
Page de droite : le 17 avril, des volutes de cendres jaillissent de la colonne de vapeur. Image Thorsten Boeckel.©Le 30 mars 2010, fontaine de lave de type hawaïen d’une centaine de mètres
de hauteur, caractéristique de la première phase de l’éruption.
Engin islandais d’exploration des glaciers
en déplacement devant le site de l’éruption (ci-dessous).
Le site vu depuis le Myrdalsjökull le 30 mars.
L’avancée de la lave sur le glacier provoque des fumées blanches
par évaporation ou sublimation de la glace (en bas). Images © Michel Detay.ÉTUDE Vo LCANo Lo GIq UE
Éruption de l’EYJAFJÖLL (2010 -Islande)
Michel d ETa Y
Après 187 ans de sommeil, l’Eyjafjöll s’est réveillé le 20 mars 2010.
Jusqu’au 14 avril, l’éruption était caractérisée par des manifestations effusives d’une dizaine de fontaines de lave
de style hawaïen. Le 14 avril, la fissure s’est brutalement allongée pour atteindre 2 à 3 km de long, rejoignant ainsi
les cratères historiques de l’Eyjafjöll, intéressant alors des zones sous-glaciaires de l'Eyjafjallajökull.
Cette nouvelle phase éruptive, devenue explosive, provoqua d’une part un important nuage de cendres
qui a atteint 11 000 mètres d’altitude le 14 avril et, d’autre part, plusieurs épisodes de débâcle glaciaire (jökulhlaup)
nécessitant d’évacuer 600 personnes. Cette éruption a provoqué une paralysie aérienne sans précédent.
Le 19 avril, on dénombrait 63 000 vols annulés, 6 millions de voyageurs bloqués
et un coût pour l’aviation civile de 186 millions d’euros par jour.
Nous présentons le contexte structural de l’éruption, puis nous rappelons les principales caractéristiques
des éruptions historiques de l’Eyjafjöll et envisageons les développements possibles : débâcle glaciaire, réveil du Katla.
Nous rappelons quelques évènements historiques qui donnent des ordres de grandeur et éclairent les risques potentiels.
Nous discutons de l’impact de l’éruption sur les hommes et le cheptel en Islande puis envisageons son effet sur le climat.
Enfin, nous concluons sur le fait qu’il ne s’agit que d’une petite éruption,
sorte de répétition, avant l’émergence d’évènements de bien plus grande envergure.
J’ai pu me rendre sur le site de l’éruption le paration ou d’équipement adéquat avec les extré-
27 mars, en «arctic truck», 4x4 spécialement pré- mités gelées. J’ai, quant à moi, pu assister au
paré en Islande pour se déplacer dans les hautes début de « l’immolation » d’une jeune a nglaise,
terres et sur les glaciers. Je me trouvais en compa- mal équipée, qui, en pensant pouvoir rester sur
gnie de mon ami, le géologue islandais Björn les bords d’une coulée de lave, ressentit soudai-
Hró arsson, qui avait au préalable préenregistré une nement que ses chaussures et le bas de son pan-
route hypothétique par le glacier Mýrdals jökull au talon prenaient feu. Elle devait s’en tirer avec
moyen de points GPS. n ous devions accéder au plus de peur que de mal. n ous sommes restés
site en longeant, au Sud, la caldera du Katla. sur place une bonne partie de la nuit, jusqu’à ce
que le froid devienne intolérable.Bien que nous soyons sur un inlandsis, la route
n ous sommes enfin revenus sur le site uneest loin d’être plate et il nous fallait éviter les cre-
seconde fois le 30 mars. L’éruption n’avait pasvasses et les ponts de neige créés par l’activité
baissé d’intensité.solfatarienne sous-glaciaire du volcan.
contexte structural de l’éruptiona près plusieurs heures de conduite, pour le
moins sportive, nous sommes arrivés en vue du L’Islande est à cheval sur les plaques euro-
site de l’éruption à 1 500 m d’altitude, par péenne et américaine. Elle est située sur la dor-
– 28 °c . n ous avons pu approcher l’éruption à sale médio-atlantique, véritable chaîne volcani -
quelques centaines de mètres, bien que sous une que sous-marine, qui traverse l’a tlantique pour
pluie incessante de scories qui recouvrait toute la se trouver émergée en Islande.
couverture neigeuse du glacier pour la faire res- Par ailleurs, l’île est située à l’aplomb d’un
sembler à un désert de cendres noires. Malgré le « point chaud » où le magma remonte des pro-
port de casque, de lunettes et d’un masque à gaz, fondeurs et entretient une activité volcanique
il était difficile de rester longtemps à proximité intense. d e fait, l’Islande ne doit son existence
des fontaines de lave à cause des gaz éruptifs. qu’à l’activité volcanique avec plus de 130 vol-
Les coulées de lave sur la glace produisaient des cans actifs situés le long de la zone de rift.
panaches de vapeur blanche par évaporation qui Les points chauds constituent toujours des
rendait l’atmosphère féerique. objets de controverse au sein de la communauté
des sciences de la Terre. Une hypothèse alterna-d e nombreuses personnes, principalement
tive fait appel à la fusion d’une ancienne micro-des Islandais, profitaient du week-end pour venir
plaque océanique de la croûte de l’océan Iapetus,s’émerveiller du spectacle. Les autorités islan -
subductée au milieu de l’ère primaire. daises devaient gérer ce flux improvisé de
curieux dans un environnement complexe de En Islande, la dorsale se matérialise sous la
glacier de haute montagne en zone périarctique forme de plusieurs zones volcaniques reliées au
et en phase volcanique. n ous pouvions entendre Sud et au n ord par deux zones de transfor-
à la radio de nombreuses interventions sur des mantes. c e schéma conceptuel est attesté par des
personnes épuisées par la marche, en hypother- éléments structuraux, géophysiques et géochi-
mie, ou encore se retrouvant par manque de pré- miques (cf. fig. 1).
19La VE n ° 144 - Ma I 2010 ÉTUDE Vo LCANo Lo GIq UE
Fig.1 - Carte de l’Islande mettant en évidence les zones de volcanisme actif regroupées en systèmes volca-
niques (en gris clair). Les limites de plaque figurent sous la forme de différents segments « North Volcanic
Zone » (NWZ), « Western Volcanic Zone » (WVZ) et « Eastern Volcanic Zone » (EVZ). L’EVZ et
la WVZ sont connectées par la « South Iceland Seismic Zone » (SISZ). La zone de l’Eyjafjöll et du Katla
est située dans la boîte. D’après E. Sturkell et al., 2010.
d ans le Sud de l’île, l’expansion océanique se seur. L’Eyjafjöll est localisé au sud de l’Islande, à
déroule dans deux zones de rift parallèles : la environ 130 km au Sud-Est de la capitale Reyk -
« Western Volcanic Zone » (WVz ) et la « Eastern javik, et juste à l’o uest du glacier Mýrdalsjökull.
Volcanic Zone » (EVz ). La vitesse d’expansion c oiffé d’une caldeira de 2 500 mètres de large,
océanique décroît vers le sud (cf. fig. 2) et la zone les volcanologues islandais le considèrent comme
de rift actif se termine au Sud du volcan Torfa- l’un des volcans les moins actifs de l’île. Seules
jökull, où l’EVz rencontre la zone de trans - trois éruptions historiques sont connues : en
formante correspondant à la « South Iceland Seis - 550, en 1612 (production d’un million de mètres
mic Zone » (SISz ). Les volcanologues islandais cubes de téphras) et en 1821-1823 (éruption fis-
3considèrent que l’Eyjafjöll,

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