Peut mieux faire

Leyla Tatzber

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• Publié par: leyla.tatzberg
• Publié le: 04 avril 2013
• Nombre de lectures: 86
• Langue: Français

Extrait

ROMAN • «PEUT MIEUX FAIRE» DE LEYLA TATZBER Les doutes d’un
instit
L’école, l’instruction se situent au cœur de Peut mieux faire. Dans ce ro-
man de Leyla Tatzber au titre pour le moins évocateur, Hédi, père di-
vorcé d’une adolescente, Anja, et instituteur, en vient à s’interroger sur
sa vocation, sur son métier à l’intérieur d’une structure obligatoire. Mais il
s’agit bien d’un roman, pas d’un essai sociologique, non dénué
d’émotions, parcouru de doutes et d’inquiétudes, sans lyrisme, où le
personnage principal tente de jouer son rôle éducatif, d’affronter les
obstacles les plus divers sur son chemin.
Quelque part en France, ou même n’importe où en Occident, un homme
dispense donc des leçons à une galaxie d’écoliers souvent paumés,
quand ce n’est pas la peur qui les prend en tenaille tout au long de la
semaine. Luis, gamin du Pérou, par exemple, ne réside-t-il pas sans
statut légal dans le pays, fils d’une mère sans papiers? La police deman-
de à l’instit des renseignements sur ce «cas», parce que la traque aux
illégaux bat son plein. A Hédi de se forger en hâte, au gré des événe-
ments, une ligne éthique, une façon d’agir – d’autant qu’en parallèle,
comme un film diffusé sur un autre canal, Anja, sa propre fille, zigza-
gue, rap et cours d’économie jalonnant sa drôle de vie marquée par une
détestation absolue de la grammaire allemande enseignée par Herr Klug
(Monsieur Intelligent).
Si le désespoir ne s’invite pas à table, une certaine tension de- meure
dans ce monde à la dérive. L’école apparaît tiraillée entre un mot
d’ordre, un constat, son idéal de formation, le climat politique et social. A
croire que chacun doit bricoler le sens de son travail – de sa vo- cation
puisqu’Hédi en a, ou en tout cas en avait une, mais il ne sait plus
très bien s’il est «voué» ou «dévoué». Et tout de go, une anecdote se
profile, laquelle en dit long sur la vision du monde qui prévaut: «En dé-
but d’après-midi, vous pourrez rédiger un texte libre autour d’un vœu qui
vous est cher», lance l’instituteur. Qui entend en retour: «Un vœu cher,
c’est combien à peu près?» En somme, rien n’est gagné, tout res- te
encore à faire. Et mieux. MARC-OLIVIER PARLATANO
LEYLA TATZBER, PEUT MIEUX FAIRE, L’HÈBE, 2010, 159 PP. Parution
«RONDES» DE LEYLA TATZBER Neuf nouvelles de Leyla Tatzber for-
ment un recueil tout entier tourné vers la création, le rêve et la
mythologie. Rondes commence par un hommage indirect au poète René
Char, puis la fic- tion devient légendaire, s’envolant bien loin du réalisme.
Dans une chambre, Tamara dort, croit-on; mais en fait, elle est morte, et
perçoit de l’autre monde ce qui se passe autour d’elle: les cris, les pleurs
de son compagnon, le va-et- vient des proches... Ailleurs, l’auteure
revisite l’histoire d’Œdipe et de Jocaste, la situant dans le monde
d’aujourd’hui comme pour rappeler – sur les traces de la psychanalyste
Lorraine Dupont? – que contes et grands récits mythiques n’ont pas
d’âge et parlent à toutes les générations. Sa Jocaste se sait enceinte, et
pas des œuvres de Laïos dont la vigueur sexuelle laisse à désirer. Une
voyante se permet de lui prédire quelque chose d’obscur et elle décide
de se faire avor- ter. Mais le fera-t-elle? Et dans «L’Incendie», une
voyeuse (à comprendre com- me le féminin de voyeur) observe un
homme dans l’immeuble d’en face avec une paire de jumelles de théâtre; mais elle assiste soudain à un début fulgurant d’incendie dans
l’appartement de celui-ci. En peu de mots, Leyla Tatzber fait voyager le
lecteur, le transporte aux confins de l’imaginaire et du drame. MOP Leyla
Tatzber, Rondes, L’Hèbe, 2010, 131 pp.