Etude des effets d un fort niveau de turbulence sur l aérodynamique  des éoliennes à axe horizontal
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Etude des effets d'un fort niveau de turbulence sur l'aérodynamique des éoliennes à axe horizontal

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èmeXV Congrès Français de Mécanique Nancy, 3 – 7 Septembre 2001 446 ETUDE DES EFFETS D'UN FORT NIVEAU DE TURBULENCE SUR L'AERODYNAMIQUE DES EOLIENNES A AXE HORIZONTAL Thomas LAVERNE, Jacques HUREAU, Philippe DEVINANT Laboratoire de Mécanique et d'Energétique 8 rue Léonard De Vinci – 45072 Orléans Cedex 02 Résumé : En vue de fournir des données à un code de calcul, des essais de profil ont été réalisés en soufflerie. Ces essais ont permis d'obtenir les caractéristiques du profil (coefficients de portance, de traînée et de moment de tangage) pour différents taux de turbulence et vitesses de l'écoulement amont. Des essais d'une éolienne complète ont ensuite été réalisés en soufflerie. La comparaison des résultats expérimentaux et numériques est en cours afin de valider notre code. Abstract : In order to provide data to a numerical code, profile experiments were carried out in a wind tunnel. These experiments allowed us to get profile characteristics (lift, drag and pitching moment coefficients) for different upstream flow turbulence rates and velocities. Then, wind tunnel experiments on a complete wind turbine were implemented. Comparison between experimental and numerical results are ni progress in order to validate our code. Mots clés : Eolienne, turbulence, soufflerie. 1 Introduction L’objectif à long terme des travaux est de disposer d’outils fiables de prévision de l’aérodynamique des éoliennes. L’analyse de l’aérodynamique ...

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XV
ème
Congrès Français de Mécanique
Nancy, 3 – 7 Septembre 2001
1
446
E
TUDE DES EFFETS D
'
UN FORT NIVEAU DE TURBULENCE SUR
L
'
AERODYNAMIQUE DES EOLIENNES A AXE HORIZONTAL
Thomas LAVERNE, Jacques HUREAU, Philippe DEVINANT
Laboratoire de Mécanique et d'Energétique
8 rue Léonard De Vinci – 45072 Orléans Cedex 02
Résumé :
En vue de fournir des données à un code de calcul, des essais de profil ont été réalisés en soufflerie. Ces essais
ont permis d'obtenir les caractéristiques du profil (coefficients de portance, de traînée et de moment de tangage)
pour différents taux de turbulence et vitesses de l'écoulement amont. Des essais d'une éolienne complète ont
ensuite été réalisés en soufflerie. La comparaison des résultats expérimentaux et numériques est en cours afin de
valider notre code.
Abstract :
In order to provide data to a numerical code, profile experiments were carried out in a wind tunnel. These
experiments allowed us to get profile characteristics (lift, drag and pitching moment coefficients) for different
upstream flow turbulence rates and velocities. Then, wind tunnel experiments on a complete wind turbine were
implemented. Comparison between experimental and numerical results are ni progress in order to validate our
code.
Mots clés :
Eolienne, turbulence, soufflerie.
1 Introduction
L’objectif à long terme des travaux est de disposer d’outils fiables de prévision de
l’aérodynamique des éoliennes. L’analyse de l’aérodynamique de l’éolienne complète
nécessite des méthodes tridimensionnelles, avec prise en compte de l’émission d’un sillage.
Compte tenu de l’allongement de la pale, les méthodes de type ligne portante sont tout
indiquées. Elles permettent aussi de prendre en compte, au niveau des profils de pale, des
comportements réalistes incluant des effets de turbulence et de décrochage issus d’essais en
soufflerie. On se limite ici au cas stationnaire, et le code de calcul utilisé permet d’étudier, à
partir des essais de profils, l’effet de la prise en compte de la turbulence et du décrochage sur
l’aérodynamique du rotor de l’éolienne, et de comparer ses résultats avec ceux obtenus en
soufflerie dans les mêmes configurations.
Le travail se décompose ainsi en deux étapes principales : tout d'abord, l'étude du
profil NACA 65
4
-421, utilisé sur des éoliennes existantes, dans la soufflerie Lucien Malavard,
ensuite l'étude d'une éolienne munie de pales à profil NACA 65
4
-421. Cette étude se divise
elle-même en trois : le calcul des performances de l’éolienne obtenues par un code utilisant les
résultats 2D, puis la mesure des performances d’une éolienne en 3D avec pale à profil NACA
65
4
-421 en soufflerie et la comparaison des résultats expérimentaux et numériques.
2 Etude du profil NACA 65
4
-421 en soufflerie
Le but de ces essais est de connaître l'influence du nombre de Reynolds et du
taux de turbulence sur les caractéristiques aérodynamiques du profil. Les essais ont été
réalisés pour quatre taux de turbulence obtenus à l'aide de grilles de turbulence. Ces taux sont
de l'ordre de 0,5% sans grille, puis de 4%, 9,5% et 16% pour les trois grilles [1, 2].
Pour chacun de ces quatre taux, les coefficients de portance Cz, de traînée Cx et de
moment de tangage Cm (au quart avant du profil) ont été mesurés en fonction de l'incidence
du profil et cela à différentes vitesses. Sans grille, la vitesse maximale atteinte est de 50 m/s,
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pour les deux grilles les plus petites, elle est de 30 m/s et pour la grosse grille, on a au
maximum 20 m/s de vent. Le balayage en incidence s'étend de -10° à 90°. Les efforts sur le
profil ont été mesurés de deux façons différentes : par pesée à l'aide d'une balance
aérodynamique et par intégration des pressions le long d'une corde du profil.
2.1 Influence du nombre de Reynolds
Pour un taux de turbulence donné, l'influence du nombre de Reynolds est assez
marquée. On présente en exemple sur la figure 1 l'évolution du
Cz en fonction de l'incidence
à 9% de turbulence pour différentes valeurs du nombre de Reynolds. On constate que les
courbes présentent trois parties distinctes. La première partie est une partie linéaire jusqu'à
environ 10°. La seconde partie qui s'étend de 10° à 30° ou 35° selon les cas correspond au
décrochage : le point de décollement sur l'extrados se déplace du bord d'attaque vers le bord
de fuite. Enfin, la dernière partie correspond à un comportement de plaque plane et les
courbes se rejoignent.
D'autre part, on remarque qu'une augmentation du Reynolds se traduit par un début de
décrochage plus tardif, c'est-à-dire à une incidence plus élevée. De plus, les valeurs maximales
de Cz sont
plus élevées lorsque le Reynolds est plus important. Par exemple, on a un Cz
maximal de 1,45 à 22° pour Re = 6.10
5
et de 1,21 à 16° pour Re = 10
5
. De plus, on peut
constater que l'incidence pour laquelle le Cz croît à nouveau augmente avec le nombre de
Reynolds. Ainsi, cela se produit à 30° pour Re = 10
5
et 36° pour Re = 6.10
5
. Enfin, on peut
noter une légère augmentation de la pente dans la partie linéaire de la courbe. Cela ne modifie
toutefois pas l'angle de portance nulle [3].
-1
-0.75
-0.5
-0.25
0
0.25
0.5
0.75
1
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1.5
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0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
incidence
Re=100000
Re=200000
Re=300000
re=400000
Re=500000
Re=600000
Figure 1 : Courbes Cz en fonction de l'incidence pour un taux de turbulence de 9%
En ce qui concerne l'évolution du Cx avec l'incidence, on retrouve le décalage en
incidence du décrochage. En effet, l'augmentation de pente intervient à 21° pour Re = 2.10
5
et
à 25° pour Re = 6.10
5
comme on peut le constater par exemple sur le graphe de la figure 2.
Pour le Cm réduit au quart avant du profil, on peut noter que le changement de pente
apparaît pour des incidences croissantes avec le nombre de Reynolds. Cela se produit à 18°
pour Re = 2.10
5
et à 20° pour Re = 6.10
5
.
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-1
-0.5
0
0.5
1
1.5
2
2.5
-10
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
incidence
Cx_Re=200000
Cx_Re=300000
Cx_Re=600000
Cm_Re=200000
Cm_Re=300000
Cm_Re=600000
Figure 2 : Courbes Cx et Cm en fonction de l'incidence pour un taux de turbulence de 4,5%
2.2 Influence du taux de turbulence
Le taux de turbulence a un effet notable sur le comportement du profil(fig.3). En effet,
l'incidence du Cz maximal augmente très nettement avec le taux de turbulence. On passe par
exemple ainsi de 9° pour un taux de turbulence de 0,5% à 24° pour un taux de turbulence de
16% avec Re = 4. De plus, le Cz maximum augmente avec le taux de turbulence. D'autre part,
à Reynolds égal, le moment où le Cz recommence à croître avec l'incidence augmente avec le
taux de turbulence. Ainsi, pour Re = 4.10
5
, le Cz est à nouveau croissant pour une incidence
de 23° en turbulence de 0,5%. Pour une turbulence de 9%, cela se produit à 36°. Enfin à 16%,
cela a lieu à 38° et la hausse du Cz est alors minime. On peut de plus noter que la pente des
courbes dans leur partie linéaire diminue lorsque l'incidence augmente. Il semble ainsi que la
turbulence a un effet de lissage sur le comportement du profil. En effet, la courbe a une pente
moins forte dans sa partie linéaire et le décrochage est beaucoup plus progressif avec la hausse
du taux de turbulence. Comme sur la figure 1, on constate que les courbes se rejoignent pour
une incidence supérieure à 60° et que le nombre de Reynolds et le taux de turbulence n'ont
plus d'effets.
-1
-0.5
0
0.5
1
1.5
2
2.5
-10
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
incidence
Cx_0,5%
Cx_4,5%
Cx_9%
Cx_16%
Cm_0,5%
Cm_4,5%
Cm_9%
Cm_16%
Cz_0,5%
Cz_4,5%
Cz_9%
Cz_16%
Figure 3 : Courbes Cz, Cx et Cm en fonction de l'incidence pour un nombre de Reynolds Re = 4.10
5
En ce qui concerne les évolutions du Cm et du Cx en fonction de l'incidence, on
retrouve le même effet de "lissage" de la courbe dû à la turbulence que dans le cas du Cz. De
plus, pour des incidences inférieures à 60°, c'est-à-dire dans la plupart des cas de
fonctionnement d'une éolienne, le Cx est d'autant moins élevé que la turbulence est forte.
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4
Après cette étude du profil NACA 65
4
-421 en soufflerie, nous disposons maintenant
d'une base de données qui va nous servir d'entrées pour notre code de calcul de performances
d'éoliennes.
3 Etude d'une éolienne à pales de profil NACA 65
4
-421
3.1 Présentation du code de calcul
Le programme est une adaptation aux éoliennes d’un code de calcul aérodynamique
d’hélices. Ce code est basé sur la théorie de la ligne portante. Les vitesses induites sont
calculées itérativement avec la formule de Biot et Savart. Le sillage, mis en équilibre, est
composé d’hélices de filaments tourbillonnaires. Ce code a pour données d’entrée les courbes
des coefficients de portance Cz, de traînée Cx et de moment de tangage Cm du profil
constituant les pales de l’éolienne. Cela permet ainsi de prendre en compte la turbulence de
l'écoulement amont ainsi que la variation du nombre de Reynolds le long de la pale. C’est
grâce à ces courbes que l’on peut calculer les efforts aérodynamiques sur les pales une fois
que l’on connaît les vitesses et incidences induites.
3.2 Etude de l'éolienne en soufflerie
Afin de pouvoir tester des éoliennes dans la soufflerie de l'ESEM, un banc balance
ayant pour fonction de mesurer les vitesse de rotation, traînée et couple des éoliennes a été
réalisé.
Un frein est monté sur l'axe de rotation de l'éolienne pour simuler la charge. Il a pour
fonction de maintenir le couple constant. De plus, un capteur de couple, un capteur de force et
un tachymètre fournissent respectivement le couple, la poussée axiale de l'éolienne et la
vitesse de rotation. Enfin, un boîtier électronique pilote et régule le couple sur l'arbre.
L'éolienne utilisée a un profil de pale NACA 65
4
-421. Le diamètre de l’éolienne est de
1,34 m et ses pales ont une corde 75 mm.
La grandeur principale étudiée durant les essais est le coefficient de puissance
3
2
1
V
S
Puissance
Cp
=
ρ
où S est la surface du disque éolien, V la vitesse de l'écoulement amont et
ρ
la
masse volumique de l'air. Le Cp est tracé en fonction de la vitesse spécifique
V
R
=
ω
λ
ω
est la vitesse de rotation de l'éolienne et R son rayon. Le coefficient de traînée
3
2
1
V
S
Traînée
Ct
=
ρ
a également été mesuré à l'aide du capteur de force.
Durant ces essais, diverses configurations ont été étudiées. Les différences entre
chaque configuration provenaient de la variation de la vitesse (de 7 à 28 m/s) et du taux de
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turbulence de l’écoulement amont (4, 9 et 12%) et du calage des pales de l’éolienne (8, 15 et
22°). La variation du calage permet de couvrir une plage de fonctionnement importante et
d’obtenir une large gamme de puissance et de traînée. La variation de la vitesse permet
d’étudier les effets du Re. D'autre part, les vitesses de rotation atteintes sont de l'ordre de 1100
tr/min au maximum et de 400 tr/min au minimum.
On retrouve les effets classiques de la variation de calage. En effet, plus le calage est
faible et plus le Cp est élevé. D’autre part, pour de faibles angles de calage, l’éolienne
fonctionne pour des vitesses spécifiques plus importantes.
La vitesse amont, et donc le nombre de Reynolds, joue elle aussi un rôle non
négligeable dans l’évolution du Cp. A titre d'exemple, on présente les courbes ci-après, tirées
des essais effectués pour une turbulence de 4% et pour un calage de 22° (figure 4)
Cp turbulence 4% calage 22°
0
0.01
0.02
0.03
0.04
0.05
0.06
0.07
0.08
0.09
0.1
0
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
vitesse spécifique
14 m/s
18 m/s
20 m/s
26 m/s
Figure 4 - Effet de la vitesse amont sur le coefficient de puissance
Le taux de turbulence de l'écoulement amont a également un effet très prononcé sur le
coefficient de puissance, ainsi que l'on peut s'en apercevoir sur le graphique suivant (figure 5).
Cp à 14 m/s avec calage de 15°
0
0.05
0.1
0.15
0.2
0.25
0
1
2
3
4
5
6
vitesse spécifique
turbulence 4%
turbulence 9%
turbulence 12%
Figure 5 - Effet de la turbulence de l'écoulement amont sur le coefficient de puissance
3.3 Comparaison des résultats expérimentaux et numériques
Afin de comparer les résultats fournis par les essais en soufflerie et ceux obtenus à
l'aide du code de calcul, toutes les configurations étudiées en soufflerie (turbulence 4% et 9%)
sont calculées avec le code. Les premiers résultats semblent indiquer que dans quasiment tous
les cas, les coefficients de puissance obtenus par le code de calcul sont inférieurs à ceux
relevés lors des essais en soufflerie. Les courbes de la figure 7 sont représentatives des cas
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étudiés. Il s'agit de la comparaison entre calcul et expérience pour un taux de turbulence de
4%, une vitesse de 18 m/s et un angle de calage de 22°.
Turbulence 4%, vitesse 18 m/s, calage 22°
0
0.01
0.02
0.03
0.04
0.05
0.06
0.07
0.08
0.09
0.1
0
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
vitesse spécifique
Cp expérimental
Cp calcul
Figure 6 –Comparaison des valeurs de Cp obtenus par le calcul et par l'expérience
Trois raisons semblent pouvoir être à la base des écarts constatés entre les relevés
expérimentaux et les calculs. Il s'agit des effets dus au confinement lors des essais, au retard
du décollement de la couche limite en raison de la rotation et à la géométrie du sillage telle
qu'elle est prise en compte dans le code de calcul.
4 Conclusion
Ainsi, l'étude du profil NACA 65
4
-421 en soufflerie pour différents taux de turbulence
et vitesses de l'écoulement amont nous a procuré une importante base de données concernant
le comportement de ce profil. Ces données servent de grandeurs d'entrée à un code de calcul
de performances d'éoliennes.
Des essais d'une éolienne complète en soufflerie ont également été réalisés. Cela a
permis la comparaison des résultats expérimentaux et numériques. Des différences
importantes apparaissent et le travail en cours consiste à savoir d'où elles proviennent et à y
remédier.
Ce travail est financé par l'ADEME et la région Centre.
Références
[1] W.D. Baines, E.G. Peterson (1951). An investigation of flow through screens.
Transactions of the ASME, July 1951, pp. 467-480.
[2] COMTE-BELLOT G., CORRSIN S. (1966). The use of contraction to improve the
isotropy of a grid generated turbulence. J.F.M. Vol. 25, Part
4.
[3] Abbott I. H., Von Doenhoff A. E. (1958). Theory of wing sections. pp. 648-649. Dover
publications, Inc., New-York.
[4] Zhaohui Du, M.S. Selig (2000). The effect of rotation on the boudary layer of a wind
turbine blade. Renewable Energy 20, pp167-181.
[5] Pascal Berlu (2000). Calcul des efforts subis par les éoliennes de moyenne et forte
puissance. Thèse de l'université des Sciences et Technologies de Lille I.
[6] TEUNISSEN H.W. (1980). Structure of mean winds and turbulence in the planetary
boudary layer over rural terrain. Boudary Layer Meteorology, Vol. 19, n°2, pp. 187-221.
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