Inventaire des manuscrits de Louise Michel

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• Publié par: museehistoirevivante
• Publié le: 04 novembre 2016
• Nombre de lectures: 2
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Manuscrits
de Louise Michel
Préface de Daniel Armogathe
Inventaire des collections
du musée de l’Histoire vivante
1995Louise Michel, sang et encre mêlés
Daniel Armogathe
Le Monde du 13 juin publiait un dessin étrange signé Siudmak, pour accompagner
un article sur l’étonnant foisonnement artistique dans Sarajevo assiégée : une jeune
femme, cheveux dans la tourmente et « regard caméra », risque quelques notes sur
un piano enchâssé dans une façade d’immeuble balafrée par les bombes.
Me revint alors, tout soudainement, cette anecdote fantastique, rapportée par
Louise Michel elle-même et reprise par ses biographes, de la communarde lisant du
Baudelaire sous la mitraille et qui à Neuilly, à la barricade de la rue Peyronnet, joue
de l’orgue dans une église abandonnée au risque d’attirer sur ses compagnons de
lutte les foudres de l’artillerie versaillaise ! Rapprochement des temps de lutte, étrange
puissance et farouche résistance des signes esthétiques à la destruction programmée.
Louise Michel, une artiste révolutionnaire, une polygraphe virtuose de la révolution.
On n’a pas assez remarqué, à mon sens, l’importance de l’accompagnement littéraire
de la geste de la combattante, aveuglés qu’on était par l’éclat d’un héroïsme en
actes. Le phénomène Louise Michel c’est l’absolue perméabilité d’une action et d’un
discours ; son univers c’est celui du sang et de l’encre mêlés. Ses mots sont des fusils
chargés. Romancière à succès, poétesse du verbe immédiat et des utopies messianiques,
elle est aussi une éternelle étudiante, boulimique de connaissances, mettant
bout-àbout, collectionnant et classant les éléments d’une culture encyclopédique qu’en tant
qu’institutrice, elle est amenée à partager avec les enfants. La révolution sociale –
« la Sociale » comme on disait alors, c’est aussi l’accès de tous au vertigineux besoin
de savoir qui caractérise si bien cette seconde moitié du XIXe siècle. La culture populaire,
elle ne l’invente pas certes, elle montre qu’elle doit s’arracher aux pesanteurs de
l’histoire, se gagner par une révolution politique.
Quand son destin s’est fait légende et mythe, ses écrits nous sont restés. En grand
nombre et en grand désordre, partout où la flamme de ses paroles a porté ses ailes,
où de dévoués compagnons ont déposé les traces de sa pensée et de son œuvre.
Toutes les grandes archives du monde ont conservé quelque chose de Louise Michel,
signe de l’enracinement internationaliste de son activité et du mouvement dans lequel
elle s’est inscrite. À Amsterdam bien sûr, à l’Institut d’histoire sociale où
soixantequinze dossiers, couvrant deux mètres de rayonnage, constituent le plus important
fonds européen ; à Moscou aussi, à New-York sans doute et à Paris à la Bibliothèque
Marguerite Durand, à la Bibliothèque historique de la Ville, à la Maison Victor Hugo,
aux Archives de la Préfecture de Police, etc. À Montreuil, enfin au musée de l’Histoire
vivante où un important fonds à dominante littéraire est conservé.
Foisonnantes mais fragmentaires et dispersées, les traces de l’œuvre de Louise Michel
posent de redoutables problèmes de localisation et d’identification aux historiens et
aux chercheurs et demandent des efforts considérables pour raccorder entre eux les
éléments d’un manuscrit commenté ici, achevé ailleurs, déposé, souvent avec des
variantes, en plusieurs lieux.
C’est pourquoi il faut saluer le travail de Véronique Fau-Vincenti du musée de
l’Histoire vivante à Montreuil qui a mis un peu d’ordre dans cette matière chaotique.
Le fonds conservé ici est particulièrement précieux pour l’étude d’un laboratoire
littéraire et intellectuel de Louise Michel ; on y trouve des pièces de théâtre, des recueils
de vers, des ébauches de romans et de nouvelles et, bien entendu, de la
correspondance datée de 1881 à 1902.
Mais cet inventaire, pour précieux qu’il soit en l’état, resterait lui-même isolé s’il n’était
relié à son tour avec d’autres provenant de fonds nationaux et internationaux. Le
déficit de connaissance de l’œuvre de l’héroïne ne peut être rattrapé et comblé que
par la mise en réseau de toutes les sources disponibles actuellement répertoriées.
L’outil informatique, voire même le multimédia apportent aujourd’hui des solutions
techniques satisfaisantes au travail de collecte généralisée qui touche les archives de
l’histoire sociale.
Puisse ce premier effort documentaire et scientifique amorcer un mouvement
de plus grande ampleur avec la collaboration d’autres centres pour offrir aux
chercheurs une base de données exhaustive et fiable sur la vie et l’œuvre de la
« Velléda de l’anarchie ».
5État des collections
Marcel Dufriche
Le musée de l’Histoire vivante poursuit avec assiduité le travail de longue haleine
entrepris l’an dernier : dresser, par grands thèmes, l’inventaire exhaustif des collections
qu’il possède et qui constituent – ce document en apporte à nouveau une preuve
éclatante – un patrimoine historique d’une incontestable richesse.
Après la publication du fonds Jaurès en 1994, voici présentés au fil des pages les
manuscrits de Louise Michel, l’ardente républicaine, la communarde passionnée ;
Louise l’indomptable, l’insoumise, la « Vierge rouge » que célébra entre autre Victor Hugo.
Ce n’est d’ailleurs pas le moindre des mérites de cet inventaire que de nous faire
découvrir un aspect parfois plus méconnu de son activité : l’écriture.
Les lettres, les poèmes, les articles, mais aussi les romans, les nouvelles, les contes
pour enfants ou encore les pièces de théâtre écrits par cette infatigable militante
témoignent en effet d’une production littéraire incessante, qui n’est certes pas toute
entière déposée à Montreuil, mais dont nous pouvons à bon droit nous enorgueillir
de conserver une part essentielle.
En faisant connaître ces manuscrits au public, nous entendons ainsi contribuer
à mieux faire connaître cette personnalité attachante auprès des chercheurs,
des historiens, des enseignants mais également auprès de tous ceux qui, d’une
façon plus générale, partagent l’opinion de Paul Verlaine et estiment avec lui
que « Louise Michel est très bien ».
Inventaire du fonds manuscrits de Louise Michel
Juin 1995
Production
Musée de l’Histoire vivante
Ville de Montreuil
Conseil Général de la Seine-Saint-Denis
D.R.A.C. Ile-de-France
Conception/Réalisation
Véronique Fau-Vincenti
Chargée de mission