L art en transfert
172 pages
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L'art en transfert , livre ebook

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Description

Les réflexions sur la mondialisation, principalement axées sur l’économie et les échanges de biens matériels, ont accordé peu de place à la circulation des formes artistiques. Il s’agit pourtant d’une donnée majeure pour saisir la dynamique des interactions et transformations culturelles. Le but de ce volume est précisément de rassembler des études traitant de processus d’appropriation artistique entre les cultures et des représentations qui les inspirent.
Relatifs à des expressions artistiques issus de différentes régions du monde, les cas présentés portent sur la façon dont :
- le concept occidental d’art est approprié en Afrique à travers la constitution de collections privées d’art tribal (J. Bondaz) ;
- le flamenco, une danse profondément ancrée dans le terroir andalou fait l’objet d’un engouement international de la part d’étrangers, notamment Japonais, qui s’essaient à son apprentissage (M. Oliveau) ;
- les Gitans excellent à emprunter et à métaboliser de nombreuses formes d’expression culturelle exogènes (N. Manrique) ;
- les artistes Inuit contemporains composent avec les exigences du marché de l’art occidental (F. Duchemin-Pelletier) ;
- une artiste iranienne réinterprète, par le biais de l’art vidéo, une pratique rituelle laotienne (C. Choron-Baix) ;
- un artiste contemporain franco-algérien traite, dans une optique politique, des appropriations artistiques européennes (B. Derlon et M. Jeudy-Ballini) ;
- une population immigrée en France échoue à répondre à la volonté de travailleurs sociaux de les initier à des pièces de théâtre (C. Ghebaur).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 octobre 2015
Nombre de lectures 146
EAN13 9782851974082
Langue Français
Poids de l'ouvrage 20 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

institutions autour de grands thèmes d’actualité abordés dans la perspective réexive de
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cahiers12 d’anthropologie sociale Ā R  EN RâNSFER
L’Herne
CAHIERS D’ANTHROPOLOGIE SOCIALE
L’Herne
Ouvrage publié avec le soutien du laboratoire d’excellence TransferS
programme Investissements d’avenir ANR10IDEX000102 PSL et ANR10LABX0099
© Éditions de l’Herne, 2015 22, rue Mazarine 75006 Paris lherne@lherne.com
L’Art en transfert
Ce Cahier a été dirigé par Brigitte Derlon et Monique JeudyBallini
L’Herne
Cahiers d’anthropologie sociale
Comité d’honneur Claude LéviStrauss (19082009), Françoise Héritier, Nathan Wachtel
Directeur Philippe Descola
Coordinateurs de la collection Salvatore D’Onofrio, Dimitri Karadimas
Comité de rédaction Julien Bonhomme, AndréaLuz GutierrezChoquevilca, Monique JeudyBallini, Frédéric Keck
Les Cahiers d’Anthropologie Sociale publient les journées d’étude et les séminaires du Laboratoire d’anthropologie sociale (LAS), unité mixte de recherche du Collège de France, de l’École des hautes études en sciences sociales et du Centre national de la recherche scientifique.
Sommaire
Brigitte Derlon et Monique JeudyBallini Introduction. Arts et appropriations transculturelles ...............................................................
Julien Bondaz L’art primitif réapproprié ? Les collectionneurs d’art africain en Afrique de l’Ouest ........................................................
Florence DucheminPelletier Négocier les conceptions de l’art : les Inuit et l’Occident .......................................................
Catherine ChoronBaix Des voix, des images. L’œuvre de Shirin Neshat entre Téhéran et Luang Prabang ...............................................
Brigitte Derlon et Monique JeudyBallini Appropriations et réparations dans l’œuvre de Kader Attia ...............................................
Nathalie Manrique Noces gitanes : ostentation et dissimulation .....................................................................................
Mathilde Oliveau D’ici ou d’ailleurs : l’internationalisation du flamenco à Jerez de la Frontera ..........
Cosmina Ghebaur « Une fois devant, ils aimeront. » Médiation culturelle, appropriation et nonpublics en banlieue parisienne .............
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Introduction. Arts et appropriations transculturelles
Brigitte Derlon et Monique JeudyBallini
Objets, images, modèles, normes ou pratiques liés au champ artistique se jouent des frontières culturelles ou nationales. Accentué par les brassages liés à la globalisation, ce phénomène a acquis une visibilité particulière dans le monde interconnecté d’aujourd’hui. Pour autant, il n’est en rien une spécificité contem poraine, toutes les communautés humaines se construisant et se recomposant pour une large part à travers des transferts, des emprunts, des imitations, des influences. Au cours des dernières décennies – sans donc remonter jusqu’au diffusion e nisme duXIXsiècle – cette circulation transfrontalière a donné lieu à différentes approches au sein des sciences sociales. Au nombre des concepts utilisés pour en rendre compte, ceux de « métissage », de « branchements », de « créolisation » ou encore d’« hybridation » (Amselle, 1990 ; Glissant, 1995 ; Gruzinski, 1999 ; Laplantine, 1997) renvoient généralement à la manière dont des éléments hétéro gènes et d’abord étrangers les uns aux autres en viennent à s’articuler à l’issue de processus d’adaptation et de transformation réciproques. L’accent est mis alors sur les interactions de groupes, les nouvelles productions qu’elles engendrent et les dynamiques sociales ainsi impulsées. D’autres approches, plus spécifiques, sont centrées sur les objets matériels. Certaines s’attachent à cerner leur « vie sociale » (Appadurai, 1986) ou à établir leur « biographie culturelle » (Kopytoff, 1986), en prenant le parti de les suivre au gré de leurs multiples déplacements dans le temps et l’espace. Cette perspec tive, qui a irrigué d’autres champs que celui de la culture matérielle, se focalise sur ce que la circulation d’un objet, même quand elle n’affecte pas sa matérialité, modifie dans son usage ou dans le statut et la valeur qui lui sont reconnus. Plus récemment, le concept d’« objetfrontière » a été employé par des historiens d’art
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L’Art en transfert
et des anthropologues pour caractériser très précisément des objets fabriqués en Europe à partir d’objets ou d’éléments extraeuropéens. Ces objets qui conser vent la trace de leur origine étrangère invitent à s’interroger non plus seulement sur la question des influences ou des métissages, mais sur la manière dont se fabrique concrètement de l’endogène avec de l’exogène. À l’intersection d’en sembles culturels distincts, ils constituent un espace de significations où cohabi tent l’ici et l’ailleurs où, par le biais de la culture matérielle, s’entrecroisent et se 1 traduisent des univers de sens . Enfin, dans le domaine de l’histoire intellectuelle, l’expression « transfert culturel » va de pair avec des analyses centrées sur la resémantisation des œuvres et sur les médiateurs ou « vecteurs » (individus, groupes professionnels…) de leur passage d’un contexte national à un autre (Espagne, 1999, 2013 ; Espagne et Werner, 1998). C’est un autre concept, celui d’« appropriation », qui réunit les auteurs de ce volume. Son usage répond à la volonté d’explorer moins le produit fini d’une interaction culturelle (l’objet métis…) ou les mécanismes d’interpénétration ainsi enclenchés (le métissage…) que les pratiques concrètes de ceux qui font leur ce qui vient d’ailleurs. Il s’agit donc surtout de se situer du côté du point d’arrivée de l’objet en transfert et au niveau des individus amenés à négocier de façon créative avec son altérité. Comme on le verra, analyser les pratiques sous l’angle de l’appro priation permet de souligner la part active prise par les individus, y compris dans des situations où ils se sentent contraints de s’adapter aux attentes de l’autre pour des raisons politiques ou économiques (DucheminPelletier). Corrélé à la focalisation sur les pratiques individuelles, l’autre avantage du mot « appropriation » est qu’il permet de penser des situations rarement rapprochées car traitées le plus souvent par des champs disciplinaires différents. Les études de cas ici présentées sur les Gitans qui métabolisent les éléments culturels des sociétés environnantes (Manrique), sur les migrants de banlieue parisienne visés par les politiques culturelles (Ghebaur), ou sur l’artiste contemporaine qui transforme un rituel en installation vidéo (ChoronBaix) sont davantage attendues dans des ouvrages traitant respectivement de l’ethnologie, de la sociologie et de l’histoire de l’art qu’au sein d’un même volume. Pourtant, et c’est du moins notre pari, les réunir offre la possibilité d’alimenter la réflexion anthropologique sur les ressorts de l’acte consistant à faire sien ce qui vient d’un autre ou d’un ailleurs. En quoi cet acte estil ou non susceptible de transformer son auteur et/ou ce qui est appro prié ? Quelle place cette transformation – effective ou supposée, intentionnelle ou involontaire – occupetelle dans le désir qui soustend l’appropriation ? Quel rôle jouent les appropriations dans les constructions identitaires ? Telles sont quelques unes des questions qui traversent les textes rassemblés et les font indirectement dialoguer.
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Introduction. Arts et appropriations transculturelles
« Appropriation » : un concept connoté
En anthropologie, il faut le souligner, le mot « appropriation » a reçu une conno tation négative en raison de l’influence exercée par les controverses sur les « appro priations culturelles » (Brown, 2003 ; Young, 2008 ; Young et Brunk, 2009 ; Ziff et Rao, 1997). À partir de la fin des années 1980 aux ÉtatsUnis, des spécialistes de diverses disciplines qui se réclamaient du postmodernisme et du postcolonia lisme – histoire, ethnologie, littérature comparée, critique d’art – utilisèrent cette expression pour condamner des pratiques fort différentes (Derlon et JeudyBallini, 2011). Soucieux de dénoncer l’avidité impérialiste de l’Occident, ils mirent l’ac cent sur les modalités répréhensibles de l’appropriation matérielle des artefacts nonoccidentaux (collectes coloniales, butins de guerre, confiscations, vols…), tout en notant que la collection, fondée sur la valorisation de relations classificatoires arbitraires entre des objets préalablement décontextualisés, gommait justement les processus historiques et politiques à l’origine de leur acquisition (Stewart, 1993). Choqués par le fait que les règles du droit d’auteur s’arrêtent à certaines frontières culturelles, ils dénoncèrent ce qu’on qualifiera d’appropriation artistique,à savoir l’utilisation par des artistes étrangers de motifs indigènes (plastiques, picturaux et musicaux). Indignés par les stéréotypes sur les peuples autochtones véhiculés par certaines expositions, ils critiquèrent l’appropriation représentativedes cultures par les musées et fustigèrent l’appropriation interprétativeamenant à fonder l’ap préciation des arts primitifs sur des critères esthétiques occidentalocentrés. Ce sont donc les réinterprétations exogènes de ces arts qu’ils incriminèrent, les jugeant « toujours politiques et contestables, croisées avec d’autres appropriations » (Clifford, 1997 : 211), car indissociablement liées à la colonisation ou à l’exploita tion néocoloniale. Ils contribuèrent ainsi à véhiculer l’idée qu’il existait une seule forme légitime ou non contestable de réception des objets non occidentaux : celle qui reste au plus près des significations dont ils furent investis à l’origine. Stigmatisant l’« Occident cannibale qui consomme et esthétise la différence cultu relle » (Root, 1998), les auteurs postmodernes traitèrent idéologiquement la ques tion des appropriations en portant un regard non plus réprobateur mais valorisant sur celles pratiquées par des populations autrefois colonisées. À l’instar du cricket trobriandais, parodie et transposition guerrière du jeu britannique, elles devien nent la marque réjouissante de la vitalité de peuples qui ont su prendre en main leur destin dans un monde désormais globalisé, fait d’univers sociaux « hybrides » résistant à toute tentative d’essentialisation des cultures ou de dichotomie irréduc tible entre (ex)colonisateurs et (ex)colonisés (Clifford, 1996). À la même époque, pourtant, les recherches sur le commerce transculturel lié à la colonisation ou à la mondialisation ouvraient la voie à une conception non idéo logiquement marquée de l’appropriation en prenant acte des transformations que
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