Coordination Nationale de la Formation Continuée du moyen-secondaire, Universités de vacances de Thiès (31 mars-05 avril 2003) sur la didactique de la philosophie / Louis-Roi-Boniface Attolodé, L’intervention du texte dans le cours de Philosophie L’INTERVENTION DU TEXTE DANS LE COURS DE PHILOSOPHIE Par Louis-Roi-Boniface Attolodé Coordonnateur Pédagogique National de Philosophie CNFC « Ce n’est pas seulement devenu un préjugé de l’étude philosophique, mais aussi un préjugé de la pédagogie - et ici d’une façon encore plus étendue - que lorsqu’on s’exerce à penser par soi-même, en premier lieu la matière n’a pas d’importance, et en second lieu le fait d’apprendre est opposé au fait de penser par soi-même : alors qu’en réalité la pensée ne peut s’exercer que sur une matière qui n’est pas un produit de l’imagination ou une représentation sensible ou intellectuelle, mais une pensée, et qu’ensuite, une pensée ne peut être apprise que par le fait qu’elle est elle-même pensée.» 1 Hegl Introduction 2 Par texte, exclusivement écrit , s’entendent ici aussi bien la formule, communément désignée par le terme de citation, empruntée à quelque auteur, le court extrait, le passage assez étendu destiné à livrer un contenu informatif abondant, qu’un ouvrage, en l’occurrence lorsqu’il est au programme. Quelque forme qu’il prenne, le texte est un support essentiel, ne serait-ce que pour certaines vertus. Entre autres, il «rend présent le ...
Coordination Nationale de la Formation Continuée du moyen-secondaire, Universités de vacances de Thiès (31 mars-05 avril 2003) sur la didactique de la philosophie / Louis-Roi-Boniface Attolodé, Lintervention du texte dans le cours de Philosophie LINTERVENTION DU TEXTE DANS LE COURS DE PHILOSOPHIE
Par Louis-Roi-Boniface Attolodé Coordonnateur Pédagogique National de Philosophie CNFC « Ce nest pas seulement devenu un préjugé de létude philosophique, mais aussi un préjugé de la pédagogie - et ici dune façon encore plus étendue que lorsquon sexerce à penser par -soi-même , en premier lieu la matière na pas dimportance, et en second lieu le fait dapprendre est opposé au fait de penser par soi-même : alors quen réalité la pensée ne peut sexercer que sur une matière qui nest pas un produit de limagination ou une représentation sensible ou intellectuelle, mais une pensée , et quensuite, une pensée ne peut être apprise que par le fait quelle est elle-même pensée .» Hege l 1
Introduction Par texte, exclusivement écrit 2 , sentendent ici aussi bien la formule, communément désignée par le terme de citation, empruntée à quelque auteur, le court extrait, le passage assez étendu destiné à livrer un contenu informatif abondant, quun ouvrage, en loccurrence lorsquil est au programme. Quelque forme quil prenne, le texte est un support essentiel, ne serait-ce que pour certaines vertus. Entre autres, il « rend présent le vocabulaire de la philosophie, familiarise avec ses constructions et raisonnements 3 , offre à lélève la possibilité de vérifier la validité des interprétations proposées par le professeur, rassure, par conséquent, tout en donnant 1 Hegel, Lettre à Niethammer, le 24 mars 1812, Correspondance, Paris, Gallimard, t. I, pp. 353-354. Cité par François Vezin, Remarques sur la question du «programme» de philosophie , Revue de lEnseignement Philosophique, 20 ème Année Numéro 3, Février-Mars 1970, p.13. 2 Nous excluons lidée dun texte oral, au sens où Issiaka-Prosper Lalèyê souhaiterait le faire agréer en référence aux traditions africaines, qui ne pourrait être pris en compte, dans lexploitation que nous préconisons, que dans une transcription. 3 « Mettre les élèves en présence de la philosophie ne consiste pas à leur faire traîner le fardeau du passé, mais à mettre la philosophie devant nous en tant que ce qui ne cesse de venir sur nous, en sorte quelle soit notre avenir. Des noms comme ceux de Descartes ou de Leibniz napparaissent pas dans notre enseignement pour évoquer des philosophies du passé, ils peuvent servir à désigner alors « la présence dune pensée dont nous navons pas fini déprouver la force, une présence qui attend encore que nous la rencontrions . », (Heidegger, Le Principe de Raison, Gallimard, p. 100») » Cité par François Vezin, op. cit., p. 15-16. Précisons que le mode le plus immédiat de cette mise en présence réside dans le recours à des extraits dont la problématique nous interpelle, élèves et professeurs, dans notre préoccupation de lheure, hic et nunc.
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Coordination Nationale de la Formation Continuée du moyen-secondaire, Universités de vacances de Thiès (31 mars-05 avril 2003) sur la didactique de la philosophie / Louis-Roi-Boniface Attolodé, Lintervention du texte dans le cours de Philosophie loccasion dexercer les talents pour une exploitation avisée à laquelle préparent les diverses prescriptions méthodologiques. Le texte a, aussi et surtout, le privilège de convoquer la philosophie à chaque étape du cours ; il ny a pas de meilleur garde-fou pour éviter ou contenir les dérivations. » 4 A ceci on voit quil rend de multiples services pour la conduite du cours et laccès aux capacités, ou leur renforcement, quune initiation à la philosophie se donne pour objectif. Aussi devra-t-on faire de son utilisation systématique un leitmotiv. Dans ce propos qui entend faire sentir certains de ces avantages, il sagit de prendre des textes dinégales longueurs et de montrer les possibilités quils offrent, de par un type dexploration, pour la conduite du cours de philosophie. Nous aurons alors à voir quelques exemples dexploitation qui, prenant appui sur une schématisation, permettent de fixer lindication fondamentale sous-jacente à ce propos. I. Citation
Dabord, pénétrons un propos hégélien.
« Ce qui est rationnel est réel et ce qui est réel est rationnel ». Or, poursuit le philosophe allemand,« Concevoir ce qui est, est la tâche de la philosophie, car ce qui est, cest la raison ». 5
Ce que dit ici Hegel, apparemment différent et distinct dans son contenu, revient en réalité au même, la seconde phrase confirmant la première. Pour lentendre, considérons-les séparément ; de plus, recourons à lanalyse, telle quelle se ferait dans un cours de grammaire. 4 L.-R.-B Attolodé, « Enseigner la Philosophie à son image ». Ce texte est proposé aux échanges au cours de ces assises. Ces fonctions du texte sont aussi déclinées, dans un style télégraphique, dans nos Remarques, texte à lappui, sur les «Instructions relatives à lenseignement de la Philosophie», communication également versée aux dossiers de ces universités. 5 F.G.W. Hegel, Principes de la Philosophie du Droit, Préface, trad. André Kaan, Paris, Gallimard, (1940) 1973, p. 41.
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Coordination Nationale de la Formation Continuée du moyen-secondaire, Universités de vacances de Thiès (31 mars-05 avril 2003) sur la didactique de la philosophie / Louis-Roi-Boniface Attolodé, Lintervention du texte dans le cours de Philosophie Ce propos saborde assez facilement, en effet, si lon ravive le souvenir, généralement évanescent, de lanalyse logique telle que pratiquée du CE2 à la classe de troisième 6 , avec une complexification toujours plus grande dune classe à lautre. La pertinence dun tel détour se perçoit dans la saisie de la signification de lanalyse : le grec « analysis » signifie « décomposition » ; analyser logiquement, cest alors émietter une structure de manière à en percer la logique interne. Sous ce rapport, on ne saurait pénétrer le sens dune phrase en en faisant léconomie, a fortiori un texte. Ici, nous avons affaire à quatre propositions : deux principales et deux subordonnées relatives ; cesdernières ont pour seule fonction dapporter une complétude à lantécédent du pronom relatif. Lantécédent est ici un pronom démonstratif qui, comme pronom, remplace un nom ou un groupe nominal, et, comme démonstratif, montre ce quil remplace ; la subordonnée a dès lors pour fonction dindiquer ce que remplace le pronom démonstratif. * {Ce [ qui est rationnel ] est réel} {et ce [ qui est réel ] est rationnel} C est réel c est rationnel ? ? le rationnel le réel 6 Le fait que cela senseigne sept ans durant est indicatif dune importance particulière pour la maîtrise de la langue de travail.
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Coordination Nationale de la Formation Continuée du moyen-secondaire, Universités de vacances de Thiès (31 mars-05 avril 2003) sur la didactique de la philosophie / Louis-Roi-Boniface Attolodé, Lintervention du texte dans le cours de Philosophie * Ce qui est rationnel est réel et ce qui est réel est rationnel rationnel = réel addition ; réel = rationnel on a donc des indications différentes fondé en raison, existence existence justifié validé par la raison par la raison concrète idéelle imaginaire tout ce qui est fondé toute existence est en raison a une existence justifiable par la raison Lensemble : il ny a de réalité que par et pour la raison toute-puissance de la raison La suite du propos de Hegel se prête à une lecture de ce type ; sa structure est • cependant suffisamment simple pour en comprendre le contenu. * Concevoir ce qui est est la tâche de la philosophie,
La philosophie a pour objet voir par concepts la réalité, lobjet la réalité lexistence Car ce qui est, cest la raison Il nest de Lobjet de la réalité philosophie est de rendre la réalité que rationnellement rationalisée compte de la réalité. Ce propos hégélien serait un ancrage louable pour montrer en quoi la philosophie a pour principe la raison, a pour vocation de rendre rationnellement compte de la réalité sous ses différents rapports. Il peut aussi servir de support à lapprentissage de la dissertation
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Coordination Nationale de la Formation Continuée du moyen-secondaire, Universités de vacances de Thiès (31 mars-05 avril 2003) sur la didactique de la philosophie / Louis-Roi-Boniface Attolodé, Lintervention du texte dans le cours de Philosophie philosophique ; dans ce cas, loption critique pourrait être alimentée, dans une chronologie inversée, par loptique kantienne. Autrement dit, cette lecture, rappelant le poids de la langue, de sa nécessaire maîtrise, pour la saisie dun propos philosophique, permet de fonder la place de la raison dans la philosophie. 7 Celle-ci est souvent affirmée ; il est bon den donner la validation et, de ce point de vue, ce dire hégélien peut être très utile. En élargissant la base, considérons un passage relativement court mais assez instructif. II. Court extrait
Cet élément originel est multiple. Létonnement engendre linterrogation et la connaissance ; le doute au sujet de ce qu on croit connaître engendre lexamen et la claire certitude ; le bouleversement de lhomme et le sentiment quil a dêtre perdu lamènent à sinterroger sur lui-même . 8
• La première phrase, livrant en réalité lidée englobante par quoi se saisit le reste du propos, est, dans sa littéralité, gênante. Comment « un élément », parce quun, peut-il être « multiple » ? • » lève la gêne ! Quil soit « originel 7 Cest assez manifeste lorsque lon a en vue les éléments en amont et en aval de cette citation. « La philosophie est le fondement du rationnel, elle est l'intelligence du présent et du réel et non la construction d'un au-delà qui se trouverait Dieu sait où, ou plutôt, on sait bien où il se trouve ; il est dans l'erreur, dans les raisonnements partiels et vides. () Concevoir ce qui est, est la tâche de la philosophie, car ce qui est, c'est la raison. En ce qui concerne l'individu, chacun est le fils de son temps ; de même aussi la philosophie, elle résume son temps dans la pensée. () En tant que pensée du monde, elle apparaît seulement lorsque la réalité a accompli et terminé son processus de formation. Ce que le concept enseigne, l'histoire le montre avec la même nécessité : c'est dans la maturité des êtres que l'idéal apparaît en face du réel et après avoir saisi le même monde dans sa substance, le reconstruit dans la forme d'un empire d'idées. Lorsque la philosophie peint sa grisaille dans la grisaille, on ne peut pas la rajeunir avec du gris sur du gris, mais seulement la connaître. Ce n'est qu'au début du crépuscule que la chouette de Minerve prend son vol. » Hegel, Principes de la Philosophie du Droit, Paris, Gallimard, Idées, (1940) 1973, p. 41, 43 et 45. 8 K. Jaspers, Introduction à la Philosophie, Paris, U.G.E., 10/18, (1965) 1977, p.15.
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Coordination Nationale de la Formation Continuée du moyen-secondaire, Universités de vacances de Thiès (31 mars-05 avril 2003) sur la didactique de la philosophie / Louis-Roi-Boniface Attolodé, Lintervention du texte dans le cours de Philosophie • On remarquera ici que la ponctuation aide à établir la filiation des idées. Le point-virgule, en effet, a pour fonction de sérier des membres de phrase livrant chacun un aspect de lidée générique de la phrase. Que la seconde phrase en contienne deux oblige à voir en elle trois aspects qui, bien quils doivent se comprendre séparément, nen restent pas moins à corréler.
• Le schéma ci-après permet den percevoir et lindication et le registre visé.
Origine chronologique causale historique logique procès constitutif attitude desprit origine ≠ commencement sources possibles du philosopher ensemble des éléments épars avènement concret, début localisable dans qui se sont mis en corrélation le temps et lespace (ex. lextrait dacte de pour rendre possible la naissance fixe le lieu et le moment) naissance à lexistence, lavènement dune réalité source diffuse et point de départ partant « multiple » précisément déterminé PERSPECTIVE DE JASPERS Affrontement étonnement interrogation connaissance ; procès avec la indiquant une mise en vue réalité extérieure doute examen claire certitude ; de lactivité philosophique à des moments différents, avec possibilité Mise en question bouleversement interrogation sur lhomme denchaînement de lhomme et sentiment lui-même de perte Sartre Descartes Platon/Aristote Le propos de Jaspers peut sentendre séparément comme dans son enchaînement. Dans le premier cas, il sagirait de considérer différents moments de déploiement de lactivité philosophique et, dans le second, de remarquer que le procès peut savérer unitaire.
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Coordination Nationale de la Formation Continuée du moyen-secondaire, Universités de vacances de Thiès (31 mars-05 avril 2003) sur la didactique de la philosophie / Louis-Roi-Boniface Attolodé, Lintervention du texte dans le cours de Philosophie Létonnement traduit limcompréhension première face à linédit, lextraordinaire ; cest encore lémerveillement ou linquiètud e. Il se prolonge par le désir de savoir pourquoi il en est ainsi ( interrogation ) et la réponse produite constitue la connaissance . Ce point de départ du philosopher est retenu par Platon : cest la vraie marque dun philosophe que le sentiment détonnement... La philosophie, en effet, na pas dautre origine 9 Il en est de même dAristote. Cest... létonnement qui poussa, comme aujourdhui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques . 10 Le souci, par suite, de consolider la réponse initiale installe le doute , non pas sceptique en ce que celui-ci nest que destructeur mais heuristiqueou méthodique , en quête de vérité. De là, une nouvelle interrogation, lexamen , devant aboutir à une réponse nouvelle, plus rationnelle que la première, la claire certitude . Rien nempêche, en vérité, que celle-ci soit à son tour soumise à lépreuve du doute, tout comme le résultat qui sen obtiendrait ; ainsi de suite. On voit alors en quoi ce doute se donne-t-il pour le moteur de la réflexion philosophique, renouvelant à chaque fois ses acquisitions au nom dune rationalisation toujours plus grande. Un tel point de départ de lactivité philosophique est illustré par lusage que fait Descartes du doute dont la résistance immédiate que constitue le cogito sera à la base de lédification du système. La centration, enfin, de la réflexion sur lhomme pour dire qui est-il, pourquoi est-il et, en tant quil est, quest-il (?) installe dans le désarroi, le bouleversement , et la perte des repères ; à bien des égards, ce serait le cur de la réflexion philosophique. Toutes les perspectives, à limage de lexistentialisme, qui se feront un souci exclusif de lhomme sinscriraient dans ce troisième moment de la désignation de lorigine de la pratique philosophique. A y bien réfléchir, cependant, ces moments traduisent certes, dans leur séparation, autant de commencements du philosopher, mais il est diffficile de les sérier absolument. 9 Platon, Théétète, 155 d, trad. E. Chambry. 10 Aristote, Métaphysique, A, 2.
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Coordination Nationale de la Formation Continuée du moyen-secondaire, Universités de vacances de Thiès (31 mars-05 avril 2003) sur la didactique de la philosophie / Louis-Roi-Boniface Attolodé, Lintervention du texte dans le cours de Philosophie Partant de létonnement, face à lévènement ou au phénomème, comment ne pas rencontrer le doute comme effort de validation rationnelle ? Comment être indifférent à lhomme de qui émanent les questions et à qui sont destinées les réponses ? Différemment, prenant son essor par suite de productions philosophiques, avec lobligation première de les soumettre à lépreuve du doute, ne se situe-t-on pas dans une dynamique identique à celle de l étonnement , du souci de (mieux) comprendre ? La réalité dans sa globalité étant alors en question, peut-on en exclure lhomme ? Mais encore, en ramenant schématiquement la réalité à quatre types dêtre, minéral, végétal, animal et humain, ne revient-il pas au même de la penser en spécifiant le sens (signification et orientation) de chacun de ces êtres, par distinction et délimitation, cest-à-dire identification, que de sen tenir à la seule question de savoir ce quest lhomme, puisque pour y répondre son écart par rapport à ce quil nest pas est obligatoire ? On voit dès lors que la quête de repères pour lhomme est de nature à cheminer à rebours, comparativement à un procès qui partirait de létonnement. Le choix fait par Jaspers pour une combinaison de ces moments les ramenant à lunité est perceptible dans larticulation des deux phrases de sa formule : la première réduit à l un , en faisant état dun élément sans cacher son caractère pluriel, certainement dans sa démultiplication ; et, cest précisément celui-ci, son être multiple , que la seconde phrase a pour fonction dexpliciter. Par ailleurs, lunité que Jaspers assigne à la source du philosopher se conçoit aussi en comprenant que ses éléments composites participent dun seul et même processus, dans un rapport différentiel à lobjet. Cest dabord un affrontement avec le monde qui occupe la pensée et met en branle laccession à la connaissance. Le raffermissement de celle-ci, lorsque le doute est moins sceptique que méthodique, inaugure par suite laventure philosophique de la découverte du
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Coordination Nationale de la Formation Continuée du moyen-secondaire, Universités de vacances de Thiès (31 mars-05 avril 2003) sur la didactique de la philosophie / Louis-Roi-Boniface Attolodé, Lintervention du texte dans le cours de Philosophie monde, de la réalité. Cette odyssée serait cependant périlleuse voire vaine si elle nenveloppait, enfin, dans son projet, la rencontre de laventurier. Cest alors dire que lobjet de la philosophie, cest la réalité, en celle-ci, lhomme savère lélément centra . l 11 Cet extrait de Jaspers, on le voit, est dune grande pertinence pour labord dune des dimensions de lorigine de la philosophie, ici causale ou logique, que requiert le premier axe majeur du domaine de la réflexion philosophique du Nouveau Programme de Philosophie. 12 Envisageons, par suite, un texte davantage classique dans sa longueur. III. Texte classique J'aurais () fait considérer l'utilité de cette philosophie montré que, puisqu'elle s'étend à tout ce que l'esprit humain peut savoir, on doit croire que c'est elle seule qui nous distingue des plus sauvages barbares, et que chaque nation est d'autant plus civilisée et polie les hommes y philosophent mieux ; et que c'est le plus grand bien qui puisse être en un Etat, que d'avoir de vrais philosophes. Et cela, que, pour chaque homme en particulier, il n'est pas seulement utile de vivre avec ceux qui s'appliquent à cette étude, qu'ilest incomparablement meilleur de s'y appliquer soi-même; sans doute il vaut beaucoup mieux se servir de ses propres yeux pour se conduire, et jouir par même moyen de la beauté des couleurs et de la lumière, non pas de les avoir fermés et suivre la conduite d'un autre ; mais ce dernier est encore meilleur que des les tenir fermés et n'avoir que soi pour se conduire. C'est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher ; et le plaisir de voir toutes les choses que notre vue découvre n'est point comparable à la satisfaction que donne la connaissance de celles qu'on trouve par la philosophie ; et enfin cette 11 En ce sens, Kant indique qu« en ce monde, lobjet le plus important auquel il puisse en faire lapplication, cest lhomme : car il est lui-même sa fin dernière. Le connaître, conformément à son espèce, comme être terrestre doué de raison, voilà donc qui mérite tout particulièrement dêtre appelé connaissance du monde, bien que lhomme ne constitue quune partie des créatures terrestres .» Emmanuel KANT, Anthropologie du Point de Vue Pragmatique, trad. M. FOUCAULT, Préface, Paris, Vrin, 5 e tirage 1988, p. 11. 12 Nouveau Programme de Philosophie, Dakar, MEN/IGEN/CNP, mai 1998.
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Coordination Nationale de la Formation Continuée du moyen-secondaire, Universités de vacances de Thiès (31 mars-05 avril 2003) sur la didactique de la philosophie / Louis-Roi-Boniface Attolodé, Lintervention du texte dans le cours de Philosophie étude est plus nécessaire pour régler nos murs, et nous conduire en cette vie, que n'est l'usage de nos yeux pour guider nos pas 13 . • Cest ici un texte à trous, quil faut dabord compléter ( et, et, que, ainsi, outre, mais, comme, que ) ; ce faisant les élèves sont rendus sensibles à limportance des outils de liaison et leur impact dans la compréhension requise du propos déroulé. • La lecture attentive peut se faire par après ! puisque A, alors B acception de la philosophie conséquence concerne tout le savoir humain distinction entre les hommes sauvages ≠ civilisés barbares ≠ polis Utilité communautaire de la philosophie (à léchelle de la « nation », de l« Etat ») ! utilité au niveau individuel A est utile, mais B est meilleur ; (philosophie)« comme » X vaut beaucoup mieux que Y ; (yeux) mais Y est meilleur que Z . Problème : C ? analogie elle ramène au même, semble niveler ce que sont les yeux dans leur rôle de guide et ce qui se dit du rapport à la philosophie. • Cela est dabord renforcé avant dêtre dénoncé. Z = C ; 13 Descartes, Les Principes de la Philosophie, Lettre-Préface, Paris, Vrin, 1967, p. 30-31.
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Coordination Nationale de la Formation Continuée du moyen-secondaire, Universités de vacances de Thiès (31 mars-05 avril 2003) sur la didactique de la philosophie / Louis-Roi-Boniface Attolodé, Lintervention du texte dans le cours de Philosophie CORPS vue voir découvrir choses plaisir « nest point comparable » ≠ ≠ ≠ ≠ ESPRIT philosophie connaître trouver choses satisfaction ; • NB. Il y a une plus grande dignité à « trouver », faire surgir du néant, faire advenir à lexistence, créer, inventer, quà « découvrir », enlever une couverture, dérober ce qui est enrobé, ôter une enveloppe. Par ce dénivellement, lincommensurabilité sexprime, ce qui semblait égal devient gradué. Le dernier membre de phrase le dit explicitement en marquant la plus grande nécessité de la philosophie par rapport à celle des yeux. Le mouvement du texte se dessine alors aisément : dune définition de la philosophie se déduit son utilité, pour la communauté puis pour lindividu ; on finit par faire état de la nécessité détudier la philosophie. Lensemble peut donc sentendre comme indication de la valeur, de limportance de la philosophie. Une remarque est cependant utile
A dire vrai et pour être conforme à la conception cartésienne, il faut départir, dans la définition préjudicielle, la lettre et l esprit. La première fait accroire que la philosophie serait la totalité du savoir ; il nen est rien, et cest ce que lesprit du propos doit faire comprendre. La métaphore arborescente de la philosophie, bien comprise, signifie que la philosophie est à la base de tout savoir humain, en tant quelle se ramène rigoureusement à la métaphysique dont la vocation est de fixer les principes généraux de la connaissance, ce sans quoi rien nest connaissable, ce à partir de quoi sentend quelque réalité, à savoir l âme (cogito) qui accède à la connaissance, Dieu qui en garantit laccès à la vérité et