L Iran de Mossadegh
240 pages
Français

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L'Iran de Mossadegh , livre ebook

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Description

Pourquoi le gouvernement de Mossadegh élu démocratiquement, soutenu une semaine avant le coup d'Etat du 19 août 1953 par un référendum, n'a-t-il pas pu résister aux putschistes ? Que s'est-il passé ce jour-là ? Quel a été le corps social actif ? Pourquoi l'armée n'a-t-elle pas résisté ? Quelles erreurs Mossadegh a-t-il commises ? Quelles sont les conséquences de ce coup d'Etat sur la mémoire collective des Iraniens ? Dans le cas où le coup d'Etat aurait éclaté, l'Iran ne disposerait-il pas aujourd'hui d'une démocratie mature ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2015
Nombre de lectures 39
EAN13 9782336365329
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Nader Vahabi







L’Iran de Mossadegh

Un regard conditionnel
sur l’Histoire
Du même auteur
Mémoire d’un parcours migratoire, Le cas d’un sociologue franco-iranien ,
Paris, Orizons, 2013.
Le demain sans frontière de l’exil,
entretien avec un musicien en langue iranienne,
Cologne, Allemagne, 2013.
La quatrième socialisation de la diaspora iranienne.
Les Iraniens en Belgique , Orizons, 2013.
Atlas de la diaspora iranienne , Paris, Karthala, 2012.
La migration iranienne en Belgique. Une diaspora par défaut ,
traduit en persan, Cologne, Forough, 2012.
La migration iranienne en Belgique. Une diaspora par défaut ,
Paris, L’Harmattan, 2011.
Récits de vie des exilés iraniens,
de la rupture biographique à la nouvelle identité , µ
Paris, Elzévir, 2009.
Thèse : Sociologie d’une mémoire déchirée, le cas des exilés iraniens,
L’Harmattan, 2008.
Sociologie du pénal dans la période de transition.
Le cas du procès de Saddam Hussein ,
en langue iranienne, 1 re édition 2007,
2 e édition, Cologne, Allemagne, Forough, 2012.
Copyright

© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-71543-8
Il était une fois un noble dans une région montagneuse, entre Baghdâd et la mer de Caviar. Après avoir passé une partie de sa vie à critiquer la façon dont le royaume était dirigé, ce noble devint le Premier ministre du royaume. En quelques mois, il eut le monde entier suspendu à ses paroles, ses actions, ses blagues, ses larmes et ses caprices. Derrière ses attitudes plus ou moins spontanées, il y avait de grands enjeux de paix ou de guerre affectant de nombreux pays bien au-delà des montagnes. Il s’appelait Mohammad Mossadegh, Premier ministre d’Iran en l’an 1951. Il a mis Schéhérazade dans les affaires du pétrole et il a huilé les roues du chaos. Ses larmes acides ont dissous un des piliers subsistant d’un grand empire. De sa voix plaintive et chantante, il a bredouillé un défi provocateur qui a semé une haine et une envie quasi incompréhensible en Occident. La position des Britanniques dans tout le Moyen-Orient se trouva alors dans une impasse tandis qu’ils suscitaient haine et mépris. La bonne vieille relation coloniale était terminée et aucune autre main de fer ne pouvait remplacer la Grande-Bretagne. Les Etats Unis, dans leur rôle de leader du monde non-communiste, se trouvaient face à quelques responsabilités difficiles à assumer. L’une d’entre elles était d’affronter le défi moral et fondamental posé par l’étrange vieux sorcier qui vivait dans un pays montagneux et était devenu l’Homme de l’Année 1951 1 .
1 Comme aurait pu le dire Stephen Kinzer dans son livre passionnant, All the Shah’s Men , à la page 133 que j’adapte ici librement.
« Oui, le seul péché, le grand péché, mon gigantesque péché est que j’ai nationalisé l’industrie pétrolière. Et j’ai aboli les affaires du colonialisme et le trafic d’influence des intérêts économiques du plus grand empire du monde et j’ai croisé le fer avec les plus terribles des organisations coloniales et avec l’espionnage international. Grâce à l’engagement de ma vie, de mon honneur et de mes biens, Dieu m’a accordé la persévérance afin que je puisse mettre fin aux affaires de ce système effrayant avec l’effort et la volonté du noble peuple de ce territoire. Malgré toutes les pressions, les ennuis, les menaces et les restrictions, je n’ignore pas l’origine et la cause principale de mes difficultés. Et je sais très bien que mon destin doit être un exemple pour les hommes qui souhaitent rompre les chaînes de la servitude et de l’esclavage du colonialisme dans tous les « Moyen-Orient » de l’avenir.
La vie, l’honneur, les biens et mon existence ne sont rien face au destin, à l’indépendance, à la gloire et à la fierté des millions d’Iraniens actuels et des générations futures. Je ne regrette pas la peine et les ennuis qu’ils m’ont créés. Je suis sûr que j’ai accompli ma responsabilité historique au mieux de mes possibilités et dans la limite de mes moyens. Je peux voir et sentir que ce jeune arbre s’épanouit en dépit de toutes les souffrances auxquelles nous sommes confrontés et qu’il donne ses fruits ou les donnera dans l’avenir.
Ma vie, la vôtre et celle de n’importe qui dureront quelque temps mais, tôt ou tard, elles prendront fin. Cependant, ce qui restera, c’est la vie et la gloire d’une nation réprimée, écrasée par l’injustice. De la préparation des charges au déroulement du procès, il s’avère que je croupirai au coin d’un cachot et on éteindra cette voix et cette chaleur que j’ai mises au service du peuple ; désormais je ne peux plus parler avec mes chers compatriotes sauf en cet instant. Par ce moyen, je dis « au revoir » au peuple courageux et cher de l’Iran : l’homme, la femme, la personne âgée et les jeunes.
Je précise que dans la voie honorable que le peuple iranien a choisie, il ne faut pas avoir peur des incidents et il est nécessaire de continuer ce Mouvement sacré ; le peuple doit avoir confiance en lui-même et être assuré que Dieu sera son ami et le soutiendra ». *
* Extrait de la dernière défense de Mossadegh et de son « au revoir » aux Iraniens au cours de sa 34 e audience, le samedi 19 décembre 1953 (28 azar 1332). Djalil Bozorgmehr, Mossadegh beh baian-e tasvir, Mossadegh à travers des photos , Téhéran, Edition Elme, 1385/2006, p.52.
Remerciements
Nicole Richard et Janine Laurent m’ont accompagné tout au long de la rédaction de ce livre, elles mériteraient d’être co-auteurs car non seulement elles ont lu et relu le texte mais ont aussi discuté le sens de certains concepts avec une patience et une générosité intellectuelle qui m’ont souvent réconforté ; par leur réflexion, elles ont enrichi ce livre. Ma gratitude envers l’historien Nasser Takmil Houmayoun, envers Ervand Abrahamian, Malcolm Byrne, Homa Katouzian, Pierre Mazahéri et Yann Richard est également très grande. Je remercie encore : Mary Mc Aleavey Jimbert qui s’est chargée de traduire des textes anglais en français, Shahnaz Ojaghi pour la saisie des textes en persan, Nariman Ashena pour son aide en informatique, Sasan Danesh qui a fait la mise en page et la couverture, Denis Pryen, directeur de L’Harmattan pour son soutien à mes recherches, Perrine Fourgeaud pour son dynamisme et sa vigilance, Ali Kharaghani pour les cartes de Téhéran, Zinat Ghaffari pour ses soins au jour le jour, Hedayat Matin-Daftari pour ses informations très riches sur la trajectoire personnelle et politique de Mossadegh, Cyrus Amusegar, Ahmad Ahrar, Abolhassan Banisadr, Nasser Pakdaman, Foad Saberan, pour leurs éclaircissements sur le déroulement des faits le jour du 28 mordad (19 août 1953).
Je n’oublierai pas les étudiants de licence II à l’INALCO qui, par leur curiosité, ont posé des questions pertinentes sur cette période et méritent ma gratitude. Mais, que n’ai-je commencé par remercier mes collègues du département persan à l’INALCO qui ont su encourager ma passion pour l’histoire de mon pays.

Paris, lundi 01 décembre 2014 (10.azar.1393)
Nader VAHABI nvahabi@gmail.com
Introduction
Ce livre n’est pas dans la continuité des précédents, il n’est pas de la même lignée car ils se situaient tous dans la problématique de la mémoire, de l’exil, des récits de vie, de la migration, de la socialisation dans une analyse socio-historique avec une priorité d’approche sociologique. Cette orientation forcée vers l’histoire de l’Iran contemporain empiétant sur les territoires des historiens, je l’ai incorporée positivement même si je ne suis pas historien. Cependant, tôt ou tard, les recherches en sociologie conduisent vers l’histoire, ce que reconnaît N. Elias dans son livre Sociologie d’un génie 2 . Dans mes ouvrages précédents, l’histoire était en périphérie alors que cette fois-ci, elle se place au centre pour les raisons suivantes.
En juin 2013, suite à mon acceptation de donner un cours sur l’histoire de l’Iran contemporain, j’ai fait des recherches intensives sur l’Iran des XIX ème et XX ème siècles qui ont débouché sur un cours à l’INALCO, dans l’année académique 2013-2014. A l’occasion de ce cours, les carences de pub

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