Thèse Umbrecht
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École Pratique des Hautes Études, Section des Sciences religieuses (Paris-Sorbonne) Théologie négative et noms divins chez saint Thomas d'Aquin Thèse de doctorat de philosophie Présentée par THIERRY-DOMINIQUE HUMBRECHT Préparée sous la direction de monsieur OLIVIER BOULNOIS, directeur d'études (ÉPHÉ) Soutenue publiquement devant le jury composé, en outre, de MM. les professeurs GILLES EMERY (Fribourg), RUEDI IMBACH (Paris-IV Sorbonne), ALAIN DE LIBERA (Genève, ÉPHÉ) & JEAN-LUC MARION (Paris-IV Sorbonne, Chicago) M. le professeur REMI BRAGUE (Paris-I Sorbonne, Munich) étant l'un des rapporteurs Paris, le samedi 20 novembre 2004 Position de thèse (Version longue) La théologie négative s'attache à désigner tout ce que l'on ne peut pas dire sur Dieu. Si Dieu est transcendant, il est au-delà de notre pensée, de nos concepts et de notre langage. Sous une forme radicale, la théologie se déclare inapte à nommer Dieu de manière adéquate. Elle peut aller jusqu'à prendre acte d'une impossibilité d'atteindre quelque Dieu que ce soit : la négation est alors la signature d'une théologie sans Dieu. Sous une forme modérée (philosophique ou de théologie chrétienne), elle détermine les modalités qui corrigent la connaissance de Dieu, inconnu en son essence mais pas en son identité : tel Dieu, telle négation (tel Dieu implique telle négation, comme telle négation trahit tel Dieu). La question est celle de l'articulation et de l'extension respective de ce ...

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École Pratique des Hautes Études, Section des Sciences religieuses (Paris-Sorbonne)

Théologie négative et noms divins chez saint Thomas d'Aquin

Thèse de doctorat de philosophie Présentée par THIERRY-DOMINIQUE HUMBRECHT

Préparée sous la direction de monsieur OLIVIER BOULNOIS, directeur d'études (ÉPHÉ)

Soutenue publiquement devant le jury composé, en outre, de MM. les professeurs GILLES
EMERY (Fribourg), RUEDI IMBACH (Paris-IV Sorbonne), ALAIN DE LIBERA (Genève,
ÉPHÉ) & JEAN-LUC MARION (Paris-IV Sorbonne, Chicago) M. le professeur REMI
BRAGUE (Paris-I Sorbonne, Munich) étant l'un des rapporteurs

Paris, le samedi 20 novembre 2004

Position de thèse (Version longue)



La théologie négative s'attache à désigner tout ce que l'on ne peut pas dire sur Dieu. Si Dieu
est transcendant, il est au-delà de notre pensée, de nos concepts et de notre langage. Sous une
forme radicale, la théologie se déclare inapte à nommer Dieu de manière adéquate. Elle peut
aller jusqu'à prendre acte d'une impossibilité d'atteindre quelque Dieu que ce soit : la négation
est alors la signature d'une théologie sans Dieu. Sous une forme modérée (philosophique ou
de théologie chrétienne), elle détermine les modalités qui corrigent la connaissance de Dieu,
inconnu en son essence mais pas en son identité : tel Dieu, telle négation (tel Dieu implique
telle négation, comme telle négation trahit tel Dieu). La question est celle de l'articulation et
de l'extension respective de ce qui peut être affirmé et de ce qui doit être nié. Les perfections
attribuées à Dieu (comme l'être, la bonté, la sagesse, etc.) atteignent-elles celui-ci en vérité, ou
bien doivent-elles être dépassées ? Sont-elles l'objet d'un travail spéculatif ou bien d'une union
mystique dans l'ineffable ? La théologie négative fait l'objet de recherches nombreuses et
renouvelées. Le platonisme et sa réception, les auteurs médiévaux et, surtout, la lecture
heideggérienne de l'histoire de la métaphysique y concourent. Thomas d'Aquin, à la
confluence de ces interrogations, se voit tour à tour gratifié d'une théologie positive et d'une
théologie négative, l'évolution allant de la première à la seconde. S'il est difficile de parler de
nouveauté possible au sujet d'une ouvre parmi les plus étudiées, surtout avec l'héritage
d'Étienne Gilson, l'avancée des recherches laisse cependant à découvert un certain nombre de
questions, comme des coquillages sur le sable après le reflux.

Une première question concerne l'exactitude du vocabulaire : une enquête préliminaire
confirme et prolonge l'intuition de Jean-Luc Marion (De Surcroît, 2001) selon laquelle
l'inflation actuelle de l'expression « théologie négative » masque mal son absence, parfois
totale, chez les auteurs qui en sont gratifiés ; c'est le cas de Thomas et de Denys. L'expression
s'origine alors à une glose (grecque, puis latine) du chapitre 3 (son titre) de la Théologie
mystique, glose vite apparue mais chichement transmise dans un premier temps (on en trouve
une reprise chez Albert le Grand). Theologia negativa fait son entrée en Occident avec
Nicolas de Cues et Charles de Bovelles, pour sembler ensuite quasiment perdue jusqu'au XXe
siècle (Rudolf Otto, 1917, qui la signale à propos du bouddhisme ; mais n'y a-t-il aucune
exception ?) et sa reprise commune aujourd'hui (depuis Vladimir Lossky, 1939, héritier de la
théologie grecque - Maxime le Confesseur, Grégoire Palamas - et russe). Une telle enquête, incomplète et imparfaite, a néanmoins pour effet d'interroger l'identité du concept de
théologie négative et son articulation au domaine des noms divins. Prolongée par d'autres
constats lexicaux chez Thomas, d'absence (par exemple YHWH, l'analogie dans Sagesse 13,
Vg), de présence (la prédication substantielle d'Augustin et de Boèce, la distance de Dieu) ou
de rareté (une seule occurrence pour la louange du silence, pour « théologie philosophique »
(mais pertinente) et pour « théologie naturelle », qui ne désigne que celle des païens idolâtres
du monde) elle contribue à construire une problématique, introduite par ailleurs par l'exposé
du dossier des questions actuelles. Y a-t-il une théologie négative chez saint Thomas et, si oui,
laquelle ? S'identifie-t-elle à la question des noms divins ? Une deuxième question concerne
l'extension et même la nature du domaine. Quels traités faut-il étudier ? Les seules questions
concernant les « noms divins » ne suffisent pas. Thomas est-il original ? Pour le savoir, il faut
le situer parmi ses contemporains. Comment établir les proportions de sa pensée ? Le risque
est de ne considérer que quelques textes célèbres, au lieu de prendre la mesure de leur
insertion dans les ouvres et de chaque ouvre dans l'ouvre. Une étude d'ensemble et comparée
restait à faire. Une troisième question est celle du sens de « théologie négative » chez
Thomas, s'il est vrai que le domaine que cette expression désigne couramment peut s'appuyer
sur des principes différents. L'hypothèse de départ, qui se trouve confirmée par la suite, est
que la « théologie négative » de Thomas est plus exactement une voie négative, l'ensemble
des modalités négatives venant corriger et confirmer la primauté de la prédication positive des
perfections divines, adjonction cependant nécessaire. Le plan, en trois parties, procède à une
lecture ouvre par ouvre, cherchant à travers l'organicité des textes l'intention de Thomas,
l'apparition des notions ou leur évolution, avec toutefois le souci de proposer des points de
synthèse (appelés Concepts).

La première partie, le « site théologique des noms divins », pose la question de l'identité
philosophique ou théologique du domaine des noms divins. Cette question, d'une remarquable
complexité, reste posée pendant tout le travail, et reçoit à la fin une réponse non moins
complexe. Les noms divins sont philosophiques (les perfections divines découvertes à partir
des effets) et théologiques (traités dans la partie commune de la Trinité, et issus du discours
propre tiré de l'Écriture) et sont ainsi selon une fondation entrelacée. Cela pose la question
d'une double origine des noms, telle que Duns Scot la pose, d'une donation divine des noms
d'un côté et de leur détermination conceptuelle de l'autre (Olivier Boulnois) ; mais Thomas ne
la pose pas ainsi. Hors « Qui est », le Tétragramme et « Jésus », les noms sont imposés par
nous. Dans une première section, sont étudiées les « sources de saint Thomas au XIIIe
siècle », Alexandre de Halès, Bonaventure et Albert, tous aux prises avec le texte des
Sentences de Pierre Lombard. Où l'on voit se séparer deux familles d'interprétation que l'on
peut appeler par commodité franciscaine et dominicaine ; elles s'appuient sur un même
héritage augustinien et dionysien, et toutefois privilégient le discours positif pour la première
et le discours négatif pour la seconde, au moins chez Albert. Les auteurs du XIIIe siècle sont
en outre dépendants des décisions de 1241 sur la vision directe (sans medium) de l'essence
divine au ciel (Christian Trottmann), qui complètent celles de Latran IV (1215) sur la
ressemblance des êtres à Dieu, laquelle ne va pas sans une « dissemblance plus grande
encore ». Dans une deuxième section, « Les mots, les concepts et les choses », sont présentés
les textes de Thomas : les Prologues et les articulations des ouvres, non moins que les
décisions du Commentaire de la Trinité de Boèce et l'établissement logique, dans celui du Peri
Hermeneias d'Aristote, de la négation, toujours en dépendance de la prédication affirmative,
selon Aristote et Averroès. Cette ouvre-là, tardive, est l'aboutissement d'une décision présente
chez Thomas depuis le début. Dans la troisième section, le « traité des noms divins »
proprement dit est étudié en ses trois états thomasiens principaux, Sentences I, Somme contre
les Gentils I et Somme de théologie, Prima Pars. Si une évolution est décelable, n

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