Un peintre méconnu : l Audunois J.B. Hilair
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Alain Simmer Les Cahiers du pays Thionvillois, 1988, n° 5, p. 25-28 eUn peintre méconnu du XVIII s., l'Audunois Jean-Baptiste Hilair Parmi les peintres que l'on qualifie aujourd'hui de "petits maîtres du XVIII ème siècle", il en est un qui reste méconnu, particulièrement en Lorraine : l'Audunois Jean-Baptiste Hilair. Il est vrai que son origine est longtemps restée dans l'ombre, voire même controversée et que sa carrière est toujours en grande partie ignorée. Jusqu'en 1925, il fut considéré comme Messin jusqu'à ce que l'abbé J-B Kaiser établisse qu'il n'en était rien et que Jean- Baptiste Hilair était, en fait, originaire d'Audun-le-Tiche. LES ORIGINES DE JEAN-BAPTISTE HILAIR. Il est né le 16 juillet 1751 à Audun, de Jean-François Hiller - telle est l'orthographe d'origine du nom, francisé par la suite et deMarie-Calixte Ronfort, qui s'étaient mariés à Russange (siège de la paroisse) en mai de la même année.... Le père, âgé de 30 ans à la date du mariage, était fils d'un ancien "régent d'école" d'Audun, François Hiller. Le grand-père, Jean Hiller était originaire d'Esch-sur-Alzette (Luxembourg). Il est probable que ce Jean Hiller, le premier dont on retrouve la trace, est venu s'établir comme tailleur d'habits à Audun et y a fait souche en épousant, en 1682, Catherine François issue d'une vieille famille audunoise.

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Publié le 25 août 2014
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Langue Français

Extrait

Alain SimmerLes Cahiers du pays Thionvillois, 1988, n° 5, p. 25-28
e Un peintre méconnu du XVIII s., l'Audunois Jean-Baptiste Hilair
Parmi les peintres que l'on qualifie aujourd'hui de "petits maîtres du XVIII ème siècle", il en est un qui reste méconnu, particulièrement en Lorraine : l'Audunois Jean-Baptiste Hilair. Il est vrai que son origine est longtemps restée dans l'ombre, voire même controversée et que sa carrière est toujours en grande partie ignorée. Jusqu'en 1925, il fut considéré comme Messin jusqu'à ce que l'abbé J-B Kaiser établisse qu'il n'en était rien et que Jean-Ba tiste Hilair était, en fait, ori inaire d'Audun-le-Tiche.
LES ORIGINES DE JEAN-BAPTISTE HILAIR.
Ilest né le 16 juillet 1751 à Audun, deJean-François Hiller- telle est l'orthographe d'origine dunom,francisé parlasuite et deMarie-Calixte Ronfort,quis'étaient mariés à Russan e siè e de la aroisse en mai de la même année.... Le père, âgé de 30 ans à la date du mariage, était fils d'un ancien "régent d'école" d'Audun, François Hiller. Le grand-père, Jean Hiller était originaire d'Esch-sur-Alzette (Luxembourg). Il est probable que ce Jean Hiller, le premier dont on retrouve la trace, est venu s'établir comme tailleur d'habits à Audun et y a fait souche en épousant, en 1682, Catherine François issue d'une vieille famille audunoise. Quant à la mère de notre peintre, sa famille était originaire d'Etain mais on en sait fort peu de choses : un de ses frères, Jean-Baptiste Ronfort était "brigadier des fermes du roi" à Audun ; il était d'ailleurs le parrain de J-B Hilair. On peut présumer que la mère du peintre, M.C. Ronfort, avait accompagné son frère dans son poste à Audun et qu'elle y rencontra son futur é oux. La profession du père du peintre est inconnue et l'on ignore pratique ment tout de la famille : on sait seulement qu'un second enfant, Nicolas naquit le 11 septembre 1753. Il n'est plus question par la suite de la famille Hilair-Ronfort dans la localité, bien qu'un Pierre Ronfort soit attesté vers 1785 comme amodiateur de la seigneurie d1Audun pour le mar uis de Gerbévillers 1 .
1) J-B KAISER, "Le lieu d'origine du peintre Hilair", Les Cahiers Lorrains 1925, p. 31-32.L'historienlorrain mettait ainsi en lumière, pour la première fois, les véritables origines de J-B Hilair. Cf. L.REAU, "Les ori ines de J.B. Hilair",Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art rançais, 1924, . 291-292.
2
LA VIE DE JEAN-BAPTISTE HILAIR.
Ilfaut attendre mars1768 pour retrouver la tracede l'artiste, bien loin d'Audun : il est alorsinscrit à Paris à l'Académie royalede peinture et de sculpture, sous lenom de "Jean-Baptiste Hilaire,de Audun-le-Tiche près de Metz, âgé dequinze ans (sic)". C'est cette erreurd'âge (volontaire ?) qui fit croireau premier biographedu peintrequ'ilétait né en 1753. Cette fiched'inscription laconique apporte pourtant d'autresprécisions intéressantes :quelques détails sur son adresse,chezsononcle "maître à écrire" au collège desGrassins,puis pour 1770et 1774, au collège de Reims, ruedes Sept-Voies. Le nom de cet oncle n'estmalheureusement pasmentionné. Enfin, dernier point, mais d'im ortanceroté é ar M. Le Prince": " 2 .
Il s'agit, bien évidemment, de Jean-Baptiste Leprince ( 1733-1781) peintre et graveur de renom, né à Metz. On ne sait rien des circonstances qui ont pu mettre en rapport les deux personnages, mais c'est certainement Leprince qui poussa Hilair à entreprendre des études artistiques à Paris, sous sa houlette sans doute. Peut-être le jeune homme - il avait 17 ans au moment de son inscription - avait-il entrepris des études générales dans un collège messin avant de s'installer à Paris, chez son oncle qui connaissait manifestement les milieux estudiantins de la ca itale et ui l'héber ea endant 6 ans au moins. Comment se déroula alors sa carrière à Paris ? On ne dispose que de quelques éléments de réponse, mais il sut très vite tirer profit de son talent : en 1776, à 25 ans, il s'embarqua à la suite du Comte de Choiseul Gouffier, sur "1'Atalante", pour un vaste périple dans les îles grecques et en Orient. Il réalisa alors plus d'une centaine de planches qui illustrèrent "Le Voyage en Grèce", publié en trois volumes en 1782 et qui passe pour un des plus ème beaux ouvrages à gravures du XVIII siècle. Un peu avant 1780, Hilair est cité comme élève de J-B Leprince et paraît avoir résidé rue Neuve-Sainte-Geneviève. Il s'était donc établi dans la ca itale 3 . C'est à eu rès tout ce ue l'on connaît de sa vie....
La célébrité arriva très vite puisque ses premiers tableaux sont datés de 1780 ; il n'avait alors que 30 ans, mais ses oeuvres figurent déjà dans diverses expositions parisiennes : ex osition annuelle de la lace Dau hine, Salon de la Corres ondance. Seules les dates notées sur certains de ses tableaux permettent de suivre sa carrière : elles permettent en outre d'établir que le peintre devait mener une existence relativement "dorée", côtoyant probablement des membres influents de la noblesse parisienne. Sa présence dans diverses manifestations mondaines le confirme également. Cependant, J-B Hilair sembla traverser la tourmente révolutionnaire sans grand dommage : sa production, assez abondante, se oursuit sans interru tion us u'en 1796. Il appartint sans doute à l'intelligentsia parisienne et connut très probablement de son vivant une célébrité, qui alla sans doute croissant après sa disparition. En effet, la plupart de ses tableaux actuellement connus (ils ne sont pas tous signés, mais lorsqu'ils le sont, c'est toujours sous la forme HILAIR) émanent de milieux très en vogue, parfois rr me de demeures impériales : ainsi ses oeuvres les plus célèbres "La Lecture" et "La Musique" au ourd'hui au Louvre roviennent-elles du alais de Fontainebleau....
2) Mentionné par L. REAU, op. cit., p. 292 d'après les registres d'époque conservés à la bibliothèque de l'Ecole des Beaux-Arts. 3) H. MARCEL, Petits Maîtres du XVIII ème siècle : Jean-Baptiste Hilair, Revue de l'Art ancien et moderne, t. 14, 1903, p.201-216 (avec reproduction de "la Fontaine de Médicis, la Musique, les Saltimbanques au Château la Lecture, Baigneuses dans un parc").
La dernière, dans l'état actuel de nos connaissances, remonte à 1796 et l'on ignore tout de la vie de Jean-Baptiste Hilair par la suite. D'après une simple mention imprimée à l'époque, remerciant Hilair de sa collaboration au quatrième volume du "Voyage en Grèce", on a supposé qu'il vivait encore en 1822 ; mais cela ne prouve en rien qu'il était encore vivant, l'ouvrage ayant été publié un demi-siècle après le périple dans la mer Egée au uel avait effectivement artici é le eintre Si J-B Hilair avait encore été en vie en 1822, on s'explique mal un silence et une absence de création, longs de près de trente ans. D'autr part, on s'est étcnné, à juste titre, de l'absence, dans ses oeuvres, d scènes caractéristiques du Directoire, de l'Empire ou encore de la Restauration, alors que les représentations de l'époque Louis XVI et des débuts de l'ère révolutionnaire sont nombreuses. En fait, l'artiste dut certainement disparaître bien plus tôt qu'on ne l'a cru jusqu'alors, peut-être même dès la fin du XVIII ème siècle. Cependant, il ne semble pas avoir été victime de la Révolution, puisque la plupart de ses tableaux proviennent de cette période ; et le mystère demeure
LES OEUVRES DE L'ARTISTE
Il n'est pas question d'étudier ici les oeuvres de Hilair dans le détail, ni d'en dresser un inventaire exhaustif. Mais sa production resl à ce point méconnue qu'elle mérite un rapide tour d'horizon.
Jean-Baptiste Hilair est considéré, avant tout, comme un orientaliste et l'on retrouve là l'influence de son Maître; Jean-Baptiste Leprince il excellait également dans les scènes galantes. En outre, il fit preuve d'un grand talent d'illustrateur, avec de nombreux dessins d'inspirations diverses : fables de la Fontaine, scènes de chasse, dessins tirés de faits divers, mais aussi de multiples représentations de monuments et de jardins publics de Paris. Que sont devenues ses oeuvres ? Deux tableaux seulement figurent au Louvre : La Lecture et La Musique, ce dernier daté de 1781. Le Cabinet28 des Estampes conserve douze aquarelles, datées de l'An III (1794), représentant divers aspects de Paris : Jardin des Plantes, le Panthéon.... D'autres subsistent sans-doute dans divers musées, inidentifiés ou attribués à Le rince ou à d'autres contem orains illustres.... Ce sont les collections privées qui peuvent, actuellement, se prévaloir de conserver le plus grand nombre de tableaux ou dessins de J-B Hilair. Ainsi, pour ne citer que quelques exemples, le célèbre Victorien Sardou ( 1831-1908) possédait-il deux grands lavis, reproduisant des vues du Jardin du Luxembourg (1793). Dans le cabinet Paignon-Dijonval (1810), ce n'est pas moins de dix oeuvres de Hilair que l'on pouvait dénombrer, tant peintures que dessins. D'autres tableaux, dont "les Saltimbanques au Château", daté de 1788, furent également dispersés au cours de diverses ventes publiques de la fin du ème XIX siècle. De nos jours, son nom figure au sein des plus grandes collections privées, en France et aux Etats-Unis, et il voisine avec les plus grands noms de la peinture. En 1951, il avait figuré dans l'exposition parisienne "le Dessin français de Watteau à Prudhon". Ses oeuvres se retrouvent, à intervalles réguliers, dans les grandes ventes modernes : la dernière, une aquarelle datée 1793, paraît avoir été vendue à Paris en 1960, lors de la
vente Pénard Fernandez 4 .
La Lorraine resterait-elle curieusement absente de ce prestigieux inventaire ? Il semblerait que non, puisque le musée des Beaux Arts de Nancy possédait, il y a une vingtaine d'années, une petite scène galante de provenance inconnue, attribuée, insigne honneur, à Fragonard.... (5) Après de sérieuses recherches, il fut possible de restituer cette oeuvre non pas à Leprince comme on l'avait envisagé, mais bien à Jean-Baptiste Hilair ! 6 . En subsiste-t-il d'autres ? C'est plus que probable. Peut-être pourrait-on envisager, tant à l'échelon régional qu'international, un inventaire exhaustif de ses oeuvres, mené par des spécialistes, pour rendre enfin à Jean-Baptiste Hilair, l'Audunois, la place qui lui est due et our lever le m stère de sa vie.
Alain SIMMER. 4 d'a rès H.MARCEL, o .cit. 5) L. SAUTIER, "Autour d'un petit chef-d'oeuvre de Jean-Baptiste Hilaire attribué longtemps à Fragonard" , Bulletin de la Société Lorraine des Amis du Musée et des Arts, 1965, . 1-2. 6) Ce tableau est-il encore au musée des Beaux-Arts de Nancy ? Son conservateur ne nous a fourni aucune réponse
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