La tragique histoire du Caravelle (2010)
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La tragique histoire du Caravelle (2010)

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Publié le 11 avril 2013
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Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

Le monde est pauvre. Pauvre parce que son existence est terne. Terne parce que sur elle s'abat un fléau. Un fléau qui se nommeHomme...
Sur l'île-navire Caravelle. Au milieu de l'Atlantique.« Capitaine! Des débris flottants sur l'eau ont été repérés à environ deux kilomètres à bâbord. Leur origine n'a pas encore été confirmé mais vu la quantité présente, on penche pour l'Aemilia, le paquebot disparu il y a voilà trois semaines. - L'Aemilia? Tudieu! Mais que feraient ses débris au niveau de l'équateur alors qu'au dernier pointage radar avant sa disparition, il se trouvait au Sud du cap de Bonne Espérance? - En effet, si l'incident s'est produit là où le radar a perdu de vue le paquebot, ses débris auraien t dû voguer directement dans l'océan Indien. C'est tout à fait anormal, capitaine. - Bien, avertissez par radio le centre de Brest, et dîtes leur que l'on envoie notre hélicoptère survoler les débris. Au bout de trois semaines en pleine mer, ça serait un miracle de trouver des survivants cramponnés à des plaques de tôles mais sait-on jamais. » L'angoisse était pesante dans l'hélicoptère. Les superstitions des marins déteignaient sur les deux pilotes et les deux sauveteurs qui scrutaient plus la houle noire de la mer que les débris, comme si quelque chose pouvait en surgir à tout moment. Qu'est-ce qui avait pu provoquer cette catastrophe? Quatre mille personnes qui disparaissaient aux yeux du monde en un instant. Comment cela pouvait-il être possible avec les progrès technologiques de ces dernières années? L'angoisse toujours persistante, les occupants de l'hélicoptère ne purent que constater les dégâts. Ils ne faisaient pas face à quelques débris éparses mais bien à tout un paquebot entièrement démembré en petits morceaux.
« Là! S'exclama l'un des sauveteurs. - Quoi là? Répondit le second. - Non rien. J'avais cru voir quelque chose bouger sous l'eau, sûrement un banc de poissons. - OK les gars, fit le pilote, on va rentrer à la maison, ça fait deux heures qu'on survole tout ça et aucun signe de vie. Mais avant, on repêche un morceau du paquebot pour que les experts puissent l'examiner. » Dans le laboratoire du Caravelle.
« C'est étrange capitaine. Je ne vois pas ce qui aurait pu cabosser ainsi un morceau de tôle pareil. D'après les différents impacts, ça ne peut pas être un récif. On dirait même que ce morceau de métal a été coupé net par un autre morceau de métal. - Dites le clairement professeur. Vous envisagez une attaque pirate? - Non, c'est à exclure capitaine. Aucune arme au monde ne fait ce genre de dégât. Les dommages sont totalement aléatoires, ça ressemble à un travail de sauvage si je peux me permettre. - Parce qu'il y a une façonciviliséede couler un paquebot? - Je me suis mal exprimé capitaine. Je pense que ceci est l'œuvre d'un prédateur marin, même si cela peut paraître totalement absurde, puisque je n'en connais aucun qui puisse faire cela. Mais dans le comportement, ça y ressemble. - Je crois que la peur vous fait perdre votre objectivité. Et vous vous contredisez. Vous dites que les dommages ont été provoqués par quelque chose de métallique, et si je ne connais aucun monstre marin, j'en connais encore moins qui sont cuirassés. - Certes, capitaines, mais vous devez envisagez sérieusement que quelque chose qui a fait disparaître quatre mille personnes en un tour de main peut en faire disparaître cinquante mille! » lança le scientifique tandis que le capitaine s'éloignait déjà. La pleine lune s'enfonce dans l'océan sans fond. Le Caravelle dort paisiblement, ne se doutant de rien. La menace se profile. Car si l'océan est calme telle la surface d'un miroir où se reflète l'astre lunaire de toute sa hautaine majesté, ses habitants s'agitent. Les sonars de l'île artificielle ne captent aucun écho particulier si ce n'est celui d'un énorme banc de poissons. Et pourtant, le danger est bien là. Elles ont faims. Elle a faim. Elles doivent se rassasier. Trois semaines sans manger. Tous les poissons les fuient. Impossible de les attraper, ils sont trop rapides. Mais il existe des cibles idéales. Des cibles qui se croyant à l'abri de tout sont devenus proies. L'ombre se profile sous la surface des flots. Elle réfléchit longuement, elle est intelligente, très intelligente. Comment attaquer cette proie? Par quel côté? Jamais elle n'a vu quelque chose d'aussi grand. Seule sa confiance en elle est aussi grande. Mais cela sera-t-il suffisant face à cette coque immense sur laquelle s'élève fièrement de hauts immeubles, symbole de la naïveté hum aine? Ils ont beau reproduire une île, cela reste un navire conçu avec les entrailles de la Terre. Sur le bord du Caravelle, à une rambarde.Observant le reflet de la lune dans un silence de cathédrale, une femme dans les bras de son fiancé profite de cette splendide nuit. L'océan n'est que deux petits mètres plus bas. « Regarde mon loulou, ça ne serait pas la constellation d'Orion que l'on voit là -bas? demanda-t-elle en tendant gracieusement son bras vers le ciel. - Probablement chérie, tu me taquines encore. C'est toi l'astrophysicienne ici, répondit-il affectueusement.
- J'espérais que tu aurais retenu quelques petites choses de nos précédentes balades nocturnes. - Et toi, as-tu retenu les chi... chérie! Qu'est-ce que c'était à l'instant? s'exclama-t-il soudainement. Pourquoi l'île tangue subitement alors que nous sommes à l'arrêt et que tout est calme? - Que veux-tu que j'en sache! Je suis astrophysicienne moi! C'est toi l'océanologue ici, à toi de me le dire. - Tiens-toi bien à la rambarde, cette première secousse ne présage rien de bon, c'est peut-être une vague scélérate qui s'annonce. »  A peine eut-il le temps de la mettre en garde qu'un choc retentissant eut lieu contre la carlingue de l'île-navire. Alors que la jeune femme venait de prendre fermement en main la rambarde, son compagnon fut propulsé contre elle. Assommée sur le coup, elle lâcha prise, et, terriblement lentement, les deux baladeurs nocturnes tombèrent dans l'eau sombre et vorace. C'est alors que ses habitants se mirent en action. Le jeune océanologue tentait de maintenir hors de l'eau la tête de sa compagne inconsciente. Affolé comme il l'était, il ne vit pas la ribambelle d'ombres argentées qui se découpait sous la surface noirâtre mais surtout qui se dirigeait droit sur eux. Et c'est dans un dernier cri de douleur déchirant le voile de la nuit que le jeune couple fut emporté de l'autre côté du miroir qui se drapait lentement de rouge... Dans la salle des commandes.
C'est la panique. Une voie d'eau, certes minime mais tout de même, est déclarée. Le capitaine donne ses ordres à droite et à gauche. Une seule erreur de jugement de sa part et ça peut être le drame, la pression sur ses épaules est énorme. Il essaie vainement de contacter la côte, que ce soit française ou américaine, rien y fait, un brouillage inconnu empêche toute communication. La transpiration perle de son menton.
Fort heureusement, il n'y a eu que deux chocs. Seulement, on ignore leur origine. Allié à cela la trouvaille des débris de l'Aemilia et toute l'île-navire se trouve en ébullition. Tout le monde veut quitter le Caravelle, mais il n'y a que trois hélicoptères de secours, dont aucun qui n'a la portée suffisante pour rejoindre la côté. Personne n'ose non plus utiliser les canots de sauvetage ou leurs petits bateaux personnels, une chose qui peut faire des dégâts aussi importants à un mastodonte tel le Caravelle peut engloutir en quelques secondes un simple navire de plaisance. Le capitaine tente donc de calmer la population, répétant sans cesse que les dégâts sont mineurs et que tout est sous le contrôle de l'équipage. Néanmoins, il demande à ce que tout le monde rejoigne ses appartements afin de pointer électroniquement sa présence. Désormais, un ravitaillement sera mis au centre de l'île-navire pour éviter toutes chutes dans l'océan en cas de nouveau choc. Après toute cette frénésie nocturne, l'aube se lève avec son soleil rouge sang comme s'il voulait résumer les événements de la nuit passée.
 « Capitaine, la situation est plus préoccupante que prévu. D'après le recensement électronique, il manquerait sept personnes à l'appel. En ce qui concerne la voie d'eau, elle a été parfaitement contrôlée mais il y a un autre problème. - Quoi donc matelot? - Tous les moteurs ont été endommagés, impossible de faire route vers la côte. Nous n'avons le matériel nécessaire que pour en remplacer la moitié. Et le temps de réparer, nous ne rejoindrons pas la côte avec deux semaines. - Bien, c'est en effet préoccupant. Je veux toutes les équipes techniques sur la réparation des moteurs sauf deux qui s'occuperont du reste du navire. Je veux que les réparations se fassent jour et nuit, donc un système de rotation des équipes s'impose. L'origine de cette casse m'inquiète. Pour ce qui est des disparus, je veux que nos équipes de plongeurs soient envoyées à leur recherche avec un hélicoptère qui survolera le pourtour de l'île. Je vais faire une annonce quant aux disparus, mais avant cela, informez le responsable de la sécurité de mettre tous ses agents en état d'alerte pour éviter tout état de panique. - Bien capitaine, toutes les mesures seront prises dans les plus brefs délais. »  L'annonce du capitaine, contrairement à ce qu'il avait craint, ne fit pas plus d'émules que cela dans un premier temps. Cela aurait pu en rester là jusqu'à ce qu'on apprenne la disparition de deux plongeurs ainsi que la découverte de lambeaux de vêtements mêlés de chair déchiquetée. C'est alors que la panique se déclencha malgré le silence officiel du capitaine qui ne voulait pas que la nouvelle se répande. Les fuites furent inévitables dans son entourage et la sécurité, en large infériorité numérique, eut fort à faire pour contrôler ce vent de panique. Heureusement pour elle, la décision du capitaine de demander à chaque habitant de l'île-navire de se calfeutrer chez soi eut pour conséquence d'éviter tout mouvement de groupe important. Mais une chose est oubliée. Le danger rôde toujours... Sous l'eau.
Les techniciens plongeurs travaillaient d'arrache-pied pour remettre en état les moteurs aux dégâts étranges. Le métal donnait l'impression d'avoir été mâchouillé comme une feuille de salade. Il était froissé et déchiré de toutes parts. Les moteurs de l'île étaient répartis aux quatre points cardinaux, trois turbines à chacun. Une équipe de techniciens travaillait sur chaque site, soit un total de seize plongeurs. Tous étaient totalement focalisés sur leur tâche, les rendant aveugle de leur environnement. Cela précipita leur perte. L'attaque fut rapide mais surtout silencieuse. Ou presque. L'un des techniciens eut le temps de voir venir le danger. Il avait en effet malencontreusement laissé tomber un de ses outils qui s'enfonçait par conséquent peu à peu au fond de l'océan. Baissant les yeux, il eut alors le temps de voir une gueule béante et rutilante, car cerclée de fer, foncer droit sur lui par en-dessous.
Et il cria.
Dans la salle des commandes.
« Un monstre! Au... »
Puis le silence. Tous les regards se tournèrent vers le poste de réception des micros des plongeurs. Pas une seule personne n'osait parler. Tous avaient les poils hérissés sur la nuque. Nous n'étions plus à l'ancien temps où les marins entretenaient de stupides superstitions sur des monstres marins ou autres. Et pourtant. Voilà que ce vestige de la mémoire collective ressurgissait, venant tout droit des récits de de leurs aïeux. L'un des marins, dans ce moment de tension extrême qui dura plusieurs minutes, eut le courage de prendre la parole. « Capitaine, que faisons-nous? » demanda-t-il d'un ton mal assuré. Toujours pas sorti de son état de choc, le capitaine restait hébété face à la question du matelot. Que pouvait-on faire face à un monstre, et même probablement plusieurs puisque toutes les liaisons de communications avaient été rompues simultanément avec l'ensemble des plongeurs, qui avait pour terrain de chasse un océan entier? Le marin, écrasé par la pression et l'absence totale du chef du navire, perdit le contrôle de ses nerfs et frappa subitement le capitaine d'un violent coup de poing en s'exclamant de tous ses poumons : « Que devons-nous faire capitaine?! C'est vous le maître à bord! » La violence. Voilà qui remit d'aplomb le capitaine. Son cerveau jusque-là paralysé se mit en ébullition et chercha une multitude de solutions aux problèmes qui se profilaient. L'auditoire paralysé se transforma en véritable fourmilière en réponse à l'énumération des ordres du capitaine.  « Et matelot, vous me ferez huit jours d'arrêt pour outrage à un officier supérieur! » beugla le capitaine avant de murmurer au passage un simple mais sincère remerciement.
La nuit venue.
C'est la pleine lune. Une vingtaine de fusiliers ainsi que la sécurité du navire circulent tout autour de l'île-navire. Tous sont lourdement armés. Un couvre-feu a été décrété par le capitaine. Tous les habitants attendent le dénouement de cette histoire sordide dont ils ignorent presque tout.
Mais la peur les tient. Personne n'a jamais affronté de monstre, et surtout, ils n'ont pas été formés pour affronter des monstres. Et à quoi peut bien ressembler le monstre en question?
Aveuglé par le voile obscur de la nuit malgré la pleine lune, les fusiliers scrutent attentivement l'océan. A tout moment, le danger peut surgir. Mais d'où? C'est dans les moments comme cela que l'on comprends le courage des marins d'ancien temps qui partait affronter l'immensité de l'océan sur leurs baquets qui ne demandaient qu'à couler dans les entrailles des abysses. Et pendant qu'ils circulent lentement sur les plateformes en scrutant les clapotis de la mer, le monstre les observe. S'il ne peut pas sourire sardoniquement, son physique l'en empêchant, il serait de mise. Déjà il se délecte du festin qui s'offre à lui et ses enfants. Ils attendent le moment propice, leur patience est à toute épreuve. Cela fait déjà bien trois semaines qu'ils n'ont pas mangé, ils peuvent bien tenir encore un temps. Là! Un nuage sombre voile la lune. Un fracas assourdissant se fait entendre sur l'aile bâbord de l'île-navire. L'alarme retentit immédiatement en même temps qu'une foule de cris provenant de tous les coins du navire. Les pas de bottes retentissent dans toutes les coursives accompagnés d'une foule de cliquètements métalliques. Il n'y a plus aucun doute pour les officiers du Caravelle, il s'agit d'une attaque. Les fusiliers s'efforcent toujours de scruter l'insondable, les radars étant tous brouillés. L'un d'entre eux aperçoit une masse sombre sous l'eau. Sans réfléchir, celui-ci tire une rafale en plein dans l'ombre. Dong! Oui, un dong, certes étouffés par l'eau, retentit. « Sortez l'artillerie lourde bon dieu! L'ennemi est en métal, il ne s'agit pas de quelque chose de vivant! » s'époumona le marin qui venait de tirer.  A ce cri s'élevant au-dessus des autres, un second choc retentissant se fit entendre. Dans les cales, les marins s'efforçaient tant bien que mal de colmater les deux brèches béantes pour empêcher les flots noirs de pénétrer. Mais le mal était fait et le débit trop important. Le Caravelle sombrait lentement dans l'océan.
Malgré cela, les soldats tentèrent le tout pour le tout en sortant les bazookas et les bombes anti-sous-marins alors que les canons de 75 mm avaient eux-aussi échoué. Le concert aquatique qui s'ensuivit fut d'une beauté époustouflante malgré l'horreur qu'elle signifiait. Le son des explosions était étouffé par l'océan et était agréable à l'oreille alors que les yeux du Caravelle pouvaient se régaler du spectacle des gerbes d'eau immense qui s'élevaient, parfois teintées d'une couleur rouge .
Si le spectacle était impressionnant et magnifique, les faits étaient eux catastrophiques. Bien que les barils explosifs avaient semble-t-il eu une certaine efficacité, les assaillants étaient toujours présents et s'attaquaient voracement à la coque de l'île-navire qui sombrait de plus en plus rapidement.
La cale était désormais pleine d'eau et les matelots tentaient de nager vers une sortie quand déboula soudainement ce qui ressemblait à des tortues grandes comme un lamantin caparaçonnées d'acier. Hélas pour les marins, ces tortues avaient aussi de longues dents aiguisées qui apparaissaient clairement.
Un visage était mis sur l'ennemi. Et ce visage était terrifiant. Ce n'était pas un ennemi humain, mais une nouvelle forme d'intelligence supérieure prête à contester l'hégémonie humaine sur le monde. Le pire cauchemar de l'homme se réalisait. Un ennemi intelligent, belliqueux et invisible lui faisait face.
Un marin réussit à s'extirper des cales pour avertir par mégaphone le reste de l'équipage et le capitaine de la nature de l'ennemi. A cette nouvelle, le capitaine en fut abasourdi. Mais lucide et toujours dans son rôle, il tenta d'en avertir la terre par radio. En vain. Celle-ci était toujours brouillé, mais il commençait à comprendre pourquoi. Si ces "tortues" carnivores parvenaient à se concevoir des armures, elles pouvaient très bien mettre sur pied un brouilleur d'ondes. Et alors que tout semblait aller pour le pire surgit de l'eau une masse métallique énorme. Elle faisait la taille de deux baleines bleues et sautait monstrueusement haut, un tel point qu'elle donnait l'impression de planer. Cette gigantesque masse atterrit directement dans la cabine de pilotage. Ce n'était rien d'autre qu'une affreuse tortue géante et carnivore en modèle géant qui d'un coup de bec dévora le capitaine. Un champ de débris à la dérive, au milieu de l'Atlantique.Des milliers de débris. Des milliers de morts. Un seul survivant. Un enfant de huit ans évanouit sur un morceau de tôle. La vérité dans sa bouche. Le croira-t-on?
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