Thot
280 pages
Français

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Thot , livre ebook

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Description

La plupart des films et la majorité des livres d'histoire nous ont transmis l'image d'une Egypte peuplée de tombes et de terreur : Kémit, le "Pays noir" était au contraire le lieu de la lumière et de la joie. Il y eut une manière de penser et d'agir égyptienne ; et dans ce style particulier de concevoir la vie et le monde profondément africain, il n'y avait pas de place pour la haine, la terreur et la destruction.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 février 2015
Nombre de lectures 18
EAN13 9782336369716
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
FERRAN INIESTA






Thot
Pensée et pouvoir en Égypte pharaonique
Copyright

© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

www.harmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-71982-5
Ferran Iniesta
Enseignant et chercheur dans les universités de Dakar (Sénégal) et Antananarivo (Madagascar). Actuellement professeur titulaire d’histoire de l’Afrique à l’université de Barcelone. Promoteur du master euro-africain (2010-2012) en sciences sociales pour le développement entre trois universités africaines et cinq espagnoles. Il dirige depuis 2005 le groupe de recherche GESA (groupe d’études des sociétés africaines) et coordonne depuis 1997 le réseau de chercheurs ARDA (Agrupament de Recerca i Docència d’Africa). Spécialiste des systèmes de pouvoir et de la pensée en Afrique, il est l’auteur, entre autres œuvres, de : Antiguo egipto. La nación negra (1989). El planeta negro. Aproximación histórica a las culturas africanas (1992, 1995, 1998, 2002). Kuma. Historia del África negra (1998). Emitla. Estudios de historia africana (2000) et El pensamiento tradicional africano (2010). En tant qu’éditeur scientifique, soulignons : Ètnia i Nació als móns africans (1995, avec C. Coulon). África en la frontera occidental (2002, avec A. Roca). La frontière ambiguë. Tradition et démocratie en Afrique (2013). África en diáspora (2007) et l’Islam de l’Afrique noire (2012).

Traduction / Révision :
Mira Max Rabemila / Carine Dubois Mouton
SOMMAIRE Couverture 4e de couverture Titre Copyright Ferran Iniesta Sommaire CHAPITRE 1 – Sphynx. La fascination de l’Égypte ancienne CHAPITRE 2 – Kémit. Le pays de Cham L’Afrique noire dans la méditerannée CHAPITRE 3 – Horus de Nekhen. La fondation du pays noir QUSTUL. LES PHARAONS DE LA DEUXIÈME CATARACTE ANW. LES CRÉATEURS DU PRÉDYNASTIQUE HORUS. LE DIEU DE L’AFRIQUE SUR LE NIL REMTW KÉMIT. LA VIE QUOTIDIENNE AU IVe MILLÉNAIRE CHAPITRE 4 – Ptah de Memphis métaphysique stellaire sur le Nil NARMER. LA FONDATION DES MURAILLES BLANCHES THOT ET ATOUM. LES GRANDES MÉTAONTOLOGIES ÉGYPTIENNES PYRAMIDES. LES PHARAONS DANS L’AXE DU MONDE OUNAS. PARADOXES THÉORIQUES DANS LES DYNASTIES SOLAIRES CHAPITRE 5 – Amon de Thèbes Cosmothéologies impériales à la croisée des chemins OSIRIS. LE BON PASTEUR SUR LE NIL AMON. PLURALISME DURANT LE MOYEN EMPIRE APOPHIS. AMW ET HYKSÔS DANS LE DELTA TOUTHMÔSIS III. L’IMPÉRIALISME THÉBAIN AU ZÉNITH ATON. FAIBLESSES D’UNE RÉVOLUTION MANQUÉE RAMSÈS III. LE DERNIER BASTION AFRICAIN EN MÉDITERRANÉE CHAPITRE 6 – Alexandria, Apud Aegyptum Hermès Trismégiste au crépuscule du Kémit AMON DE NAPATA. KOUSH, « BOUCLIER D’ÉGYPTE » HERMÈS D’ALEXANDRIE. LA VACUITÉ DU MONDE LE CRÉPUSCULE DU KÉMIT. DUALISMES INCORPORELS ÉPILOGUE – « À propos de la mort de Pérégrinus ». La pensée chrétienne et ses leçons SOPHISTES, L’EFFONDREMENT DE LA PENSÉE HELLÉNISTE CLÉMENT. LE NIL SE CHRISTIANISE EMMANUEL. LE RETOUR DE MAÂT ANNEXES ANNEXE 1. CLARIFICATIONS CONCEPTUELLES ANNEXE II. SÉLECTION DE TEXTES ÉGYPTIENS BIBLIOGRAPHIE Adresse
CHAPITRE 1 Sphynx. La fascination de l’Égypte ancienne
L’Égypte fascine les Occidentaux depuis déjà quelque trois mille ans, aussi bien les contemporains au travers du tourisme massif vers ce pays que ceux des générations passées, comme le montre n’importe quel écrit grec ou de la renaissance. Même le Moyen Âge européen le plus provincial était au fait de la puissance mystérieuse du monde des pharaons et de l’usage de leurs momies comme pommades magiques, d’utilisation courante chez les alchimistes qui tentaient de récupérer la « science d’Al-Kémit » vaguement transmise par les musulmans de l’époque. Le Kémit, l’Égypte ancienne – décadent, chrétien ou islamique – n’a jamais cessé de fasciner les peuples du monde. Toute publication – revue, documentaire ou livre – sur l’ancien pays du Nil est une garantie de succès sur le marché actuel.
La magnificence de ses monuments en pierre pourrait être la principale raison de l’attrait égyptien, puisque toute la vallée jusqu’à la deuxième cataracte (Wadi Halfa) est parsemée de sanctuaires et de nécropoles. Son passé s’identifie facilement aux gigantesques pyramides de Gizeh, sur la plateforme ouest du Caire, déjà située sur la rive gauche du Nil. Mais les alchimistes médiévaux n’en savaient que très peu sur les pyramides et attendaient des momies exportées par bateaux vénitiens et génois un autre type d’émerveillement sous la forme des fameuses pommades.
Il se peut que Thalès de Milet y ait fait des recherches de mesures de hauteurs et de volumes des pyramides, mais il est sûr que ce n’est pas ce qui attira d’autres Grecs, sans doute les plus grands représentants de la pensée ancienne européenne, vers les temples du Delta ou de la Haute-Égypte. Kémit (le Pays Noir), appelé Égypte par les Grecs, exerça son attrait sur des peuples très divers, non seulement pour la monumentalité de ses constructions, mais surtout pour la sagesse qui s’est toujours dégagée d’un pays consacré à l’ordre divin du monde.
À titre de sources d’information, il convient de relire Diodore, Jamblique, Plutarque ou Plotin, afin d’apprécier le respect que le pays de Nil força chez les meilleurs penseurs méditerranéens. Solon partit dans le Delta recueillir des informations législatives pour sa propre constitution athénienne. Pythagore se forma durant vingt ans dans les temples de la Thébaïde, avant de revenir en terres helléniques comme réformateur de la tradition grecque délabrée. Platon passa plusieurs années dans les temples du Delta même si, selon Jamblique, les prêtres ne crurent pas opportun de lui transmettre de grandes connaissances ; et malgré tout, le maître de l’Académie fut le grand référent de la pensée traditionnelle en Occident. Thalès, qui se disait autodidacte, confessa que le seul voyage qu’il ait entrepris fut en Égypte, et son théorème avait déjà été écrit par des étudiants égyptiens quelque 1600 ans auparavant. De nombreuses figures géométriques d’Archimède étaient dessinées sur des papyrus anciens, et les calculs de volumes étaient bien plus anciens sur les bords du Nil. Le prétendu « empirisme » du savoir égyptien, comme l’a fort bien expliqué Martin G. Bernal (1993), n’est confirmé que par de rares auteurs eurocentriques résolus à démontrer le caractère grossier de la science au Kémit.
La symphonie des sphères exposée par Platon a son pendant ancien dans l’harmonie du mouvement stellaire dont nous parlent les Textes des Pyramides, tel que nous le rappelle Pfouma. Même la progression numérique du maître de l’Académie, dans laquelle le 9 précède le 8, est un acte de vénération envers la sainte Ennéade de Lounou-Héliopolis et de Memphis, étant donné que le Un précède nécessairement les paires de contraires dans lesquels se différencie la réalité du monde, le numéro 9 étant ainsi son expression la plus exacte dans son déploiement manifeste, tel que Diop l’observa dans son dernier ouvrage. Même les habitudes alimentaires des pythagoriciens présentaient de fortes similarités avec celles décrites par Plutarque pour le sacerdoce égyptien, ou les périodes initiatiques de silence (sept ans pour les novices/apprentis) étaient intimement liées au mutisme qui précède la parole créatrice. La liste serait fastidieuse et il suffit de se rappeler que les disciples de Plotin n’avaient pas choisi par hasard le titre « les Ennéades » pour réunir les œuvres du maître, mais qu’ils eurent recours à la conception métaphysique et cosmologique égyptienne, tout comme le grec d’Alexandrie avait centré ses réflexions sur le Principe Suprême ou Un Unique éternel déjà décrit par les Égyptiens quatre mille ans auparavant.
Pour les historiens et archéologues – en particulier ceux qui ne sont pas habitués aux monuments en adobe d’Asie ou d’Afrique – il s’avère plutôt inattendu de découvrir une vallée fluviale remplie de temples et de tombes, mais de peu de vestiges de palais. Seule Akhetaton, la ville palatine qu’Aménophis IV se fit construire sur l’actuel site de Tell el Amarna, est un modèle de construction civile, bien que tout en elle soit conçu avec un sens solaire sacré. Le soi-disant luxe pharaonique n’a laissé aucune trace, après quatre mille ans d’africanité égyptienne, à l’exception de ses constructions de pierre vouées à l’éternité, ses temples et ses tombes royales. Tout comme dans les promenades romantiques du Comte de Volney sur les plateaux de Gizeh, seul le gra

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