Attali, un banquier à découvert
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Langue Français

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Attali, un banquier à découvert
Par Faure Michel, publié le 24/06/1993
Trop dépensier, le patron de la Berd est menacé. Il a fait des concessions pour sauver sa
tête. Mais ses adversaires ne désarment pas.
Mon premier est une belle et généreuse idée: financer le développement de la démocratie dans l'est
de l'Europe, sur les ruines du communisme. Mon second est un célébrissime vibrion politico-
intellectuel, Jacques Attali, qui, comme dans la chanson d'Alain Bashung, a «du revers trop fort».
Mon troisième est le retour de vieilles querelles diplomatiques réveillées par des histoires de hall en
marbre de Carrare, de voyages en jet privé et d'une surprise-partie londonienne, à Noël, d'un faste
que les ouvriers des bords du Don ou de la Volga ne connaîtront pas de sitôt. Mon quatrième, enfin,
ce sont les journalistes du «Financial Times», qui osent écrire, noir sur saumon, des vérités toujours
bonnes à dire, dans des articles ravageurs surmontés de titres assassins - «The bank that likes to say
yes to itself» (la banque qui aime bien se dire oui), lançait l'un d'eux. Mon tout? La Berd, bien sûr.
Ou le récit d'un dérapage pas vraiment contrôlé.
La Banque européenne pour la reconstruction et le développement, dotée de 10 milliards d'écus (65
milliards de francs environ), a été établie à Londres en avril 1991. Son but: encourager le
développement de la démocratie et le respect des droits de l'homme à l'Est, en finançant
prioritairement des projets émanant du secteur privé (60% de ses engagements). Aujourd'hui, la
Berd traverse sa première crise: elle offre le triste spectacle d'une institution divisée, embarrassée
par la révélation de ses dysfonctionnements, et légèrement paranoïaque, aussi, au point de ne plus
rien vouloir dire à la presse de ses débats internes. On croit facilement, dans ses murs, à la théorie
du complot. «Il n'y a pas eu de complot, répond en riant un rédacteur en chef du ?Financial Times'',
le journal à l'origine des révélations sur les dépenses de la Berd. Il y a juste eu de bonnes
informations qui ont fait de bons articles, point final.» Toujours est-il que le silence de la Berd est
assez scandaleux, puisque la banque s'interroge en ce moment sur l'avenir de son statut, approuvé en
France par une loi, et, in fine, sur les suites à donner au bon ou au mauvais usage des deniers
publics, objet légitime de curiosité. Mais c'est, heureusement, un mutisme inutile, car le système fuit
de partout, et ce que l'on vous annonce un jour comme ne vous regardant pas se retrouve le
lendemain en première page des gazettes britanniques. «Rien d'étonnant à cela, affirme un
observateur averti des affaires de la banque. Attali a souvent traité les membres du board [conseil
d'administration] comme des gamins, et beaucoup, au sein de la maison, estiment que sa
personnalité est un frein au développement de l'action de la Berd. D'où les fuites dans les journaux.»
FÂCHEUSE DÉCOUVERTE
Jacques Attali, à qui l'on reconnaît le mérite d'avoir imaginé cette «banque européenne» d'un genre
nouveau, joue son fauteuil, devenu dangereusement éjectable depuis qu'il fut révélé, en avril
dernier, que la Berd avait dépensé pour elle-même deux fois plus d'argent qu'elle n'en avait
déboursé pour ses activités à l'Est. Le «Financial Times» fit une fâcheuse découverte: entre avril
1991 et la fin de 1992, la banque avait consacré à ses activités de prêt et d'investissement à l'Est 101
millions de livres, soit environ 840 millions de francs. Pour elle-même, c'est-à-dire pour
l'équipement et l'installation de ses bureaux, les salaires et les voyages de ses employés, elle avait
payé 201,5 millions de livres (1,7 milliard de francs). Quelques frais remarquables venaient corser
le tout, comme une facture de 4,5 millions de francs, en 1992, pour la location de jets privés (alors
que bien souvent des vols réguliers étaient disponibles sur les destinations concernées), une
réception, à Noël, à l'hôtel Grosvenor House facturée 390 000 francs, sans parler du remplacement,
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