Comment expliquer la présence d organisations à but non lucratif dans une économie de marché?: l apport de la théorie économique - article ; n°4 ; vol.10, pg 37-66
32 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Comment expliquer la présence d'organisations à but non lucratif dans une économie de marché?: l'apport de la théorie économique - article ; n°4 ; vol.10, pg 37-66

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
32 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue française d'économie - Année 1995 - Volume 10 - Numéro 4 - Pages 37-66
Le secteur à but non lucratif constitue un secteur non négligeable de notre économie qui reste cependant sous exploré tant sur le plan empirique que théorique. De récents travaux anglo-saxons et français permettent de mieux cerner cette réalité. Le programme de recherche du secteur à but non lucratif traite deux types de problématiques : la problématique de l'origine (pourquoi les organisations à but non lucratifs existent-elles?) et la problématique du comportement (en quoi se différencient-elles d'autres formes d'organisations?). Le présent article présente dans un premier temps les contributions théoriques majeures qui traitent de la question des origines. Cinq contributions sont envisagées: la première considère les organisations non lucratives comme producteur de biens publics. Un second groupe d'analyses explique la différence entre organisation non lucrative et organisation lucrative en recourant à la notion d'asymétrie informationnelle et aux échecs contractuels qui s'en suivent. Le troisième type de contribution fait porter l'accent sur la fonction entrepreunariale à l'origine des organisations non lucratives. Une synthèse des précédentes approches a été réalisée autour de la notion de « partie prenante » (stakeholder). Par ailleurs les analyses en termes de bien public et d'échecs contractuels ont fait l'objet d'une critique à partir de l'approche en terme d'échec philanthropique. Dans un second temps une approche socio-économique des organisations non lucratives est avancée à partir du problème de la coordination de l'action. On peut en effet considérer que les institutions sont créées afin d'aider les agents économiques à résoudre les problèmes récurrents de coordination auxquels ils ont à faire face. Dans cette perspective l'organisation non lucrative peut être comprise comme un mécanisme de compromis permettant de gérer les tensions entre quatres logiques de coordination : les logiques marchandes, domestiques, solidaires et civiques.
The nonprofit sector constitute an important part of our economy but remains under-explored at empirical level as at theoritecal level. Recent re- searchs allow us to better understand this reality. The nonprofit sector research program deals with two kinds of problems: the problem of origins (why nonprofit organizations do exist?) and the problem of behavior (in what are they different of other kind of organizations?). This paper presents in a first step the main theoritical contributions dealing with the origins problem. Five contributions are presented: the first one considers nonprofit organizations as public goods producers. A second cluster of theory analyse the difference between nonprofit and forprofit organizations using the concepts of informational asymetry and contract failures. A third sort of contribution insists on the entreprenarial function which is at the starting point of these organizations. A synthesis of these approaches has been attempted aroud the notion of stakeholder. In other respects the analysis in terms of public goods and in terms of contract failure have been criticized from the point of view of philanthropic failure. In a second step a socio-economic approach of nonprofit organizations is put foreward starting from the problem of coordination of actions. It is indeed possible to considerate that institutions are created in order to help economic actors to solve the reçurent coordination problems they have to face. In this perspective the nonprofit organization can be understood as a compromise mechanism allowing to manage tensions between four logics of coordination: the market, domestic, solidaristic and civic logics.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard Enjolras
Comment expliquer la présence d'organisations à but non
lucratif dans une économie de marché?: l'apport de la théorie
économique
In: Revue française d'économie. Volume 10 N°4, 1995. pp. 37-66.
Citer ce document / Cite this document :
Enjolras Bernard. Comment expliquer la présence d'organisations à but non lucratif dans une économie de marché?: l'apport de
la théorie économique. In: Revue française d'économie. Volume 10 N°4, 1995. pp. 37-66.
doi : 10.3406/rfeco.1995.990
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1995_num_10_4_990Résumé
Le secteur à but non lucratif constitue un secteur non négligeable de notre économie qui reste
cependant sous exploré tant sur le plan empirique que théorique. De récents travaux anglo-saxons et
français permettent de mieux cerner cette réalité. Le programme de recherche du secteur à but non
lucratif traite deux types de problématiques : la problématique de l'origine (pourquoi les organisations à
but non lucratifs existent-elles?) et la problématique du comportement (en quoi se différencient-elles
d'autres formes d'organisations?). Le présent article présente dans un premier temps les contributions
théoriques majeures qui traitent de la question des origines. Cinq contributions sont envisagées: la
première considère les organisations non lucratives comme producteur de biens publics. Un second
groupe d'analyses explique la différence entre organisation non lucrative et organisation lucrative en
recourant à la notion d'asymétrie informationnelle et aux échecs contractuels qui s'en suivent. Le
troisième type de contribution fait porter l'accent sur la fonction entrepreunariale à l'origine des
organisations non lucratives. Une synthèse des précédentes approches a été réalisée autour de la
notion de « partie prenante » (stakeholder). Par ailleurs les analyses en termes de bien public et
d'échecs contractuels ont fait l'objet d'une critique à partir de l'approche en terme d'échec
philanthropique. Dans un second temps une approche socio-économique des organisations non
lucratives est avancée à partir du problème de la coordination de l'action. On peut en effet considérer
que les institutions sont créées afin d'aider les agents économiques à résoudre les problèmes
récurrents de coordination auxquels ils ont à faire face. Dans cette perspective l'organisation non
lucrative peut être comprise comme un mécanisme de compromis permettant de gérer les tensions
entre quatres logiques de coordination : les logiques marchandes, domestiques, solidaires et civiques.
Abstract
The nonprofit sector constitute an important part of our economy but remains under-explored at
empirical level as at theoritecal level. Recent re- searchs allow us to better understand this reality. The
nonprofit sector research program deals with two kinds of problems: the problem of origins (why
nonprofit organizations do exist?) and the problem of behavior (in what are they different of other kind of
organizations?). This paper presents in a first step the main theoritical contributions dealing with the
origins problem. Five contributions are presented: the first one considers nonprofit organizations as
public goods producers. A second cluster of theory analyse the difference between nonprofit and
forprofit organizations using the concepts of informational asymetry and contract failures. A third sort of
contribution insists on the entreprenarial function which is at the starting point of these organizations. A
synthesis of these approaches has been attempted aroud the notion of stakeholder. In other respects
the analysis in terms of public goods and in terms of contract failure have been criticized from the point
of view of philanthropic failure. In a second step a socio-economic approach of nonprofit organizations
is put foreward starting from the problem of coordination of actions. It is indeed possible to considerate
that institutions are created in order to help economic actors to solve the reçurent coordination problems
they have to face. In this perspective the nonprofit organization can be understood as a compromise
mechanism allowing to manage tensions between four logics of coordination: the market, domestic,
solidaristic and civic logics.Bernard
ENJOLRAS
Comment expliquer
la présence d'organisations
à but non lucratif
dans une économie
de marché?: l'apport
de la théorie économique
non de chercheurs lucratif fait américains l'objet d'une depuis a connaissance attention la fin accrue des du années secteur de la 1970. à part but 38 Bernard Enjolras
En témoigne notamment la multiplication des publications
empiriques ou théoriques relatives au secteur non lucratif. Ce
développement des travaux de recherche a eu notamment pour
effet de produire une définition rigoureuse des organisations
non lucratives selon sept critères: une organisation non
lucrative doit être formelle, privée, ne pas distribuer des profits,
auto-dirigée, mobiliser l'implication de bénévoles, être non
religieuse et non politique (Salamon et Anheier [1994]).
En France, le secteur non lucratif demeure un domaine
peu exploré par la recherche en dépit des travaux pionniers
menés au sein du laboratoire d'économie sociale sous l'égide
d'Edith Archambault.
Le programme de recherche relatif au secteur non
lucratif selon DiMaggio et Anheier [1990] traite deux types
de problématique.
- La problématique de « l'origine »: pourquoi les
organisations à but non lucratif existent-elles ? Cette question
touche la division du travail entre organisations lucratives,
non lucratives et publiques. Compte tenu du désavantage
relatif des organisation non lucratives en terme d'incitation par
rapport aux organisations et en de génération
de revenu, comparativement aux organisations publiques,
pourquoi sont-elles si nombreuses ?
— La problématique du « comportement » : en quoi ces
organisations se difTérencient-elles, en termes de performance,
de structures, de clientèles... des autres formes d'organisation?
Cet article n'a pas la prétention de faire la synthèse
des travaux qui concourent à apporter des réponses à ces
deux questions, mais de faire état dans un premier temps
des contributions théoriques majeures sur la question des
origines, pour ensuite esquisser un cadre théorique original
qui tente de traiter à la fois la question des origines et celle
du comportement. Bernard Enjolras 39
Les contributions théoriques
majeures visant à expliquer l'origine
du secteur non lucratif
La caractéristique majeure des organisations non lucratives,
ne consiste pas à ne pas réaliser de profit, mais à ne pas
distribuer de profits. Cette « contrainte de non distribution »
résultant d'un choix volontaire et publiquement annoncée,
constitue la spécificité, différenciant les organisations non
lucratives des organisations lucratives et publiques, retenue par
les économistes. Les profits, s'il en existe, doivent être réinvestis
dans l'organisation non lucrative, alors qu'ils sont distribués
aux propriétaires lorsqu'il s'agit d'une organisation lucrative ou
retournés au Trésor s'agit d'une publique.
Cinq contributions théoriques majeures contribuent
à expliquer l'origine des organisations non lucratives. La
première contribution considère les organisations non lucratives
comme productrices de biens publics (Weisbrod [1977]). Le
second groupe de contributions (Hansmann [1980], Fama et
Jensen [1983], Easley et O'Hara [1983]) explique la différence
entre organisations non lucratives et organisations lucratives
en recourant à la notion d'asymétrie informationnelle, aux
« échecs contractuels » qui s'en suivent et au problème
principal-agent.
Le troisième type de contribution souligne la nécessité
de la fonction entrepreneuriale à l'origine des organisations
non lucratives et peut être classifiée comme théorie de l'offre
(James [1989]). Le dernier type de contribution tente une
synthèse entre théories de la demande et théories de l'offre
autour de la notion de « partie prenante » (stakeholder), (Ben
Ner et Van Hoomissen [1993]).
Les analyses en termes de biens publics et d'échec
contractuel ont fait l'objet d'une critique majeure de la part de
L. Salamon [1987] qui propose une analyse en terme « d'échec
philanthropique ». 40 Bernar

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents