SOCIÉTÉ DÉBAT PASSION, ÉMOTION L LA ECTURENOTRE QUOTIDIEN INSPIRE Il n’y a pas qu’une seule façon d’aimer lire. Chacun ses habitudes et ses plaisirs ! Six amoureux des livres nous font partager le rapport privilégié qu’ils entretiennent avec eux et le bonheur qu’ils en retirent. DÉBAT ANIMÉ PARMARIE AUFFRET-PERICONEPROPOS RECUEILLIS PARFRÉDÉRIQUE ODASSOPHOTOSÉRIC DURAND NOTRE TEMPS.Comment êtesvous tombés dans la marmîte de la lecture? CATHERINE B.La ecture a toujours été présente dans ma vîe. C’est une récompense, surtout e soîr au moment du coucher. LOUIS.J’aî commencé très tard, vers 50 ans. Chez mes parents, nous étîons 14 enfants et î n’y avaît pas de îvres. Je ne vîens pas d’un mîîeu înteectue et mon actîvîté professîonnee de boucher charcutîer n’avaît pas grand-chose à voîr avec a ecture. C’est en voyant mes enfants étudîer que m’est venue ’envîe de îre. Aujourd’huî, je îs envîron 40 îvres par an ! 32 NOTRE TEMPS JUIN 2015 CATHERINE P.Je suîs îssue d’une famîe de 11 enfants et mes parents îsaîent. Le îvre a toujours accompagné ma vîe, au poînt d’en avoîr faît mon métîer ! J’aî été îbraîre pendant trente-deux ans. Aujourd’huî, je suîs bîbîothécaîre et ce, depuîs bîentôt dîx ans. Je contînueraî comme bénévoe au moment de a retraîte. La ecture m’a éduquée, construîte et faît respîrer. C’est un grand bonheur dont jamaîs je ne pourraî me passer. JOCELYNE.
SOCIÉTÉDÉBAT PASSION, ÉMOTION L LA ECTURENOTRE QUOTIDIEN INSPIRE
Il n’y a pas qu’une seule façon d’aimer lire. Chacun ses habitudeset ses plaisirs ! Six amoureux des livres nous font partager le rapport privilégié qu’ils entretiennent avec eux et le bonheur qu’ils en retirent. DÉBAT ANIMÉ PARMARIE AUFFRET-PERICONEPROPOS RECUEILLIS PARFRÉDÉRIQUE ODASSOPHOTOSÉRIC DURAND
NOTRE TEMPS.Comment êtesvous tombés dans la marmîte de la lecture? CATHERINE B.La ecture a toujours été présente dans ma vîe. C’est une récompense, surtout e soîr au moment du coucher. LOUIS.J’aî commencé très tard, vers 50 ans. Chez mes parents, nous étîons 14 enfants et î n’y avaît pas de îvres. Je ne vîens pas d’un mîîeu înteectue et mon actîvîté professîonnee de boucher charcutîer n’avaît pas grand-chose à voîr avec a ecture. C’est en voyant mes enfants étudîer que m’est venue ’envîe de îre. Aujourd’huî, je îs envîron 40 îvres par an !
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CATHERINE P.Je suîs îssue d’une famîe de 11 enfants et mes parents îsaîent. Le îvre a toujours accompagné ma vîe, au poînt d’en avoîr faît mon métîer ! J’aî été îbraîre pendant trente-deux ans. Aujourd’huî, je suîs bîbîothécaîre et ce, depuîs bîentôt dîx ans. Je contînueraî comme bénévoe au moment de a retraîte. La ecture m’a éduquée, construîte et faît respîrer. C’est un grand bonheur dont jamaîs je ne pour-raî me passer. JOCELYNE.Mes parents îsaîent pour moî, à haute voîx, et j’aî toujours u. Je n’îmagîne pas ma vîe sans îvres. J’en aî tee-
ment chez moî qu’une pîèce eur est dédîée. Je îs de tout, avec une préférence pour a îttérature étrangère. LUC.Tout jeune enfant, j’étaîs attîré par a magîe, es coueurs et a texture des îvres quî se trouvaîent dans a bîbîothèque de mes parents. Je es choîsîssaîs ain que mon père, ma mère ou mes frères me îsent des hîstoîres. Aujourd’huî, je partage encore ce paîsîr comme bénévoe de ’assocîatîon Lîre et faîre îre, pour aquee je raconte des hîstoîres et des contes à des enfants de 5 à 6 ans. NICOLE.I est dîficîe de savoîr d’où me vîent ce goût puîsque chez moî, personne ne îsaît. Toutefoîs, je me suîs toujours procuré des îvres. Mes meîeurs souvenîrs de coonîes de vacances se sîtuent à ’înirmerîe, e seu endroît où a ecture étaît autorîsée ! Je îs beaucoup de romans, de bîographîes et voue une grande passîon à Agatha Chrîstîe. Ma maîson dé-borde de îvres et j’aî transmîs ’amour de a ecture à mes
De gauche à droite :Jocelyne, Luc, Nicole, Catherine B., Louiset Catherine P. débattent autour de Marie AuffretPericone, rédactrice en chef adjointe.
deux enfants. Et je suîs ectrîce bénévoe dans une assocîa-tîon pour personnes déicîentes vîsuees.
NOTRE TEMPS.La transmîssîon semble împortante pour vous, maîs estce toujours facîle de communîquer le goût de lîre? CATHERINE B.Ce n’est pas dîficîe de communîquer une pas-sîon. J’aî toujours u des hîstoîres à ma ie et ee aîme îre ! LUC.I n’y a pas de recette mîrace. J’aî raconté énormément d’hîstoîres à mon is quand î étaît petît. Pourtant, je ne uî aî pas transmîs e goût de a ecture. CATHERINE P.Passeur de îvres dans ma fratrîe, je e reste dans mon métîer. Ce quî est très enrîchîssant. Mes enfants, des jumeaux, ont bénéicîé de a ecture à voîx haute e soîr jus-qu’au coège. Néanmoîns, à ’adoescence, îs ont arrêté de îre et c’est encore e cas pour ’un d’entre eux. À transmîssîon îdentîque, réactîon dîfférente ! ● ● ●
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CATHERINE B., 61 ANS MARIÉE, 1 ENFANT, ANCIENNE RÉDACTRICE AUPRÈS D’UN CONSEIL GÉNÉRAL La lecture a toujours été présente dans ma vie. C’est une récompense, surtout au moment du coucher. »
JOCELYNE, 62 ANS MARIÉE, 2 ENFANTS, ANCIEN PROFESSEUR DE LETTRES Mes parents lisaient pour moi, à haute voix. Je n’imagine pas ma vie sans livres. J’en ai tellement chez moi qu’une pièce leur est dédiée. »
LOUIS.Bénévoe au Secours popuaîre, je mets des îvres à dîs-posîtîon. Ce n’est pas évîdent de révéer a ecture comme moyen de s’évader et d’oubîer un temps eurs probèmes à des gens cabossés par a vîe. JOCELYNE.I n’y a pas de rège. Mes enfants ont baîgné dans es îvres et pourtant, îs îsent peu. Pour suscîter ’envîe, î n’y a pas qu’un seu argument !
NOTRE TEMPS.Comme îl n’y a pas une déinîtîon unîque du bon lîvre? JOCELYNE.Tout à faît ! Cea dépend de ’endroît et du moment. I y a e bon îvre de page, de traîn… Pour moî, î doît possé-der une certaîne orîgînaîté, un stye et une angue aboutîe comme, par exempe, dansLe Fils,de Phîîpp Meyer, ouLe Maître des illusions,de Donna Tartt. CATHERINE B. I doît m’embarquer dès es premîères pages pour que je e dévore sans e âcher. Cea a été e cas avecLa Couleur des sentiments,de Kathryn Stockett. LUC.Voîcî deux exempes de mes bons îvres :Nemo et le volcan,de Car Norac, un extraordînaîre roman sur a toérance et e respect de a nature que je îsaîs déjà à voîx haute à mon is et que je contînue de raconter aux enfants. Le second, un recueî de témoîgnages,Les Baleiniers,de Domînîque Le Brun. LOUIS.Le sujet doît à a foîs être orîgîna, me donner envîe de tourner es pages sans m’arrêter et me faîre oubîer toute notîon du temps ! CATHERINE P. Nous avons tous des îdées personnees du bon îvre. Pour ma part, î doît s’agîr d’un ouvrage avec eque je me sente bîen, quî m’absorbe îmmédîatement dans son unî-vers. Cîter queques bons îvres de ma vîe, c’est facîe !Désert,de Le Cézîo, quî a été un vraî lash de poésîe, de chaeur et de coueurs magnîiques, aînsî queNocesetL’Été,d’Abert Camus. NICOLE. Attachée avant tout à a quaîté de ’écrîture, je cîteraî toute ’œuvre de Camus aînsî queLe Fleuve,de Rumer Godden. Ce roman, u jeune, m’a marqué à vîe parce qu’î m’a ouvert
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LUC, 60 ANS CÉLIBATAIRE, 1 ENFANT, ANCIEN RESPONSABLE DE COMMUNICATION INTERNE Enfant, je les choisissais afin que mon père, ma mère ou mes frères me lisent des histoires. »
MARIE AUFFRET PERICONE, RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE DENOTRE TEMPS, ANIMATRICE DU DÉBAT
à d’autres horîzons que mon petît envîronnement. J’ajouteraî aussîBelle du Seigneur,d’Abert Cohen. Des bons îvres, î y en a peîn, heureusement !
NOTRE TEMPS.Quî vous conseîlle dans vos choîx? JOCELYNE.Les émîssîons îttéraîres parfoîs, maîs essentîee-ment e bouche-à-oreîe, es partages avec es amîs. Et e faît d’aer en îbraîrîe où je peux rester des heures. LOUIS.Les iches réaîsées par es membres du comîté de ec-ture auque j’appartîens peuvent me donner des îdées. Maîs j’aî surtout un très bon îbraîre quî prodîgue de vraîs conseîs. LUC.J’adore passer des heures sur es saons îttéraîres et croî-ser des auteurs. Ces rencontres fortuîtes me permettent de découvrîr des pépîtes. Un rapport de proxîmîté que je préfère aux émîssîons îttéraîres. CATHERINE P.des émîssîons à a radîo, îs es pages J’écoute cutures des magazînes, fréquente es îbraîrîes et échange avec mon entourage. C’est toujours a convergence d’înfor-matîons quî guîde mon choîx.
NOTRE TEMPS.Vous arrîvetîl de commander sur înternet? CATHERINE B.Ouî, car je possède une îseuse éectronîque quî n’a certes pas e même charme que e papîer maîs est très pratîque et moîns encombrante ! Je a gîsse dans mon sac, y téécharge des centaînes d’ouvrages en queques secondes et à moîndre coût. JOCELYNE.J’aî essayé, maîs cea ne m’a pas convaîncue. Inter-net ? C’est pratîque maîs cea ne rempace pas un îbraîre ! LUC.Ces îvres numérîsés me posent questîon… Les enfants déveoppent un rapport îmmatérîe avec e îvre, coupé de a notîon de paîsîr que représente e papîer.
NOTRE TEMPS.Vous semblez tous très sensîbles au contact, aux odeurs, aux bruîts des lîvres… En relîsezvous certaîns? JOCELYNE.Très attachée au paîsîr sensue, aux sensatîons et
BLDCD13 CATHERINE P., 60 ANS MARIÉE, 2 ENFANTS, BIBLIOTHÉCAIRE La lecture m’a éduquée, construite et fait respirer. C’est un grand bonheur dont jamais je ne pourrai me passer. »
NICOLE, 74 ANS MARIÉE, 2 ENFANTS, 5 PETITSENFANTS, 1 ARRIÈREPETITENFANT, ANCIENNE CHEF DE CABINET DU DIRECTOIRE DANS UN HÔPITAL Mes meilleurs souvenirs de colonie se situent à l’infirmerie, le seul endroit ! » où la lecture était autorisée
souvenîrs aîssés par un ouvrage, je saîs înstînctîvement où e retrouver, même quand î n’est pus cassé. J’aîmeraîs pou-voîr reîre maîs î y a teement de nouveautés de quaîté que je n’aî pas e temps. À ’exceptîon de certaînes œuvres que je reprends réguîèrement, commeL’Étranger,de Camus, aînsî que tout Marce Proust. CATHERINE B.Jane Eyre,de Charotte Brontë, u et reu et, bîen entendu, înstaé sur ma îseuse ! J’aîme égaement me re-ponger dansLes Hauts de Hurlevent,d’Emîy Brontë, et dans ’œuvre de Bazac. NICOLE. J’aî reprîs récemment avec beaucoup de paîsîr es sagas d’Henrî Troyat, quî ne se démodent pas. CATHERINE P.Pour revîvre des împressîons, j’aî besoîn de reîre. Modîano, par exempe, que je consîdère comme ’un des pus grands écrîvaîns de notre époque.
NOTRE TEMPS.Conservezvous les lîvres que vous avez aîmés? LOUIS. Sî je prête facîement tous mes bons îvres, j’aîme es retrouver après. Même sî je ne es reîs pas, j’apprécîe de es savoîr dans ma bîbîothèque. JOCELYNE.Je prête maîs personneement, je ne peux îre un ouvrage que j’aî emprunté. I m’est împossîbe de ’învestîr et créer un îen avec uî en sachant que je ne vaîs pas e garder. I peut être d’occasîon maîs doît m’appartenîr. Je doîs pouvoîr me ’approprîer car î devîent comme un membre de ma famîe. CATHERINE P.J’aî trop de îvres pour pouvoîr es garder. Je es donne à mes sœurs quî ont des maîsons de vacances. Aînsî, îs restent autour de moî, dans a famîe, tout en cîrcuant.
NOTRE TEMPS.Sî vous partîez sur une ïle déserte avec seulement deux ouvrages, lesquels emporterîezvous? LOUIS.! Je prendraî au moîns? Impensabe Deux seuement Voyage au bout de la nuit,de Céîne, etLe Lièvre de Patagonie,de Caude Lanzmann. Maîs î y en a tant d’autres…
SOCIÉTÉDÉBAT
LOUIS, 66 ANS MARIÉ, 3 ENFANTS, 5 PETITSENFANTS, ANCIEN BOUCHER CHARCUTIER J’ai commencé très tard, vers 50 ans. Chez mes parents, il n’y avait pas de livres. Aujourd’hui, j’en lis environ 40 par an ! »
CATHERINE P. Un îvre en pusîeurs tomes :le Journal,de Juîen Green. Je ne ’aî pas encore u maîs comme j’adore es autres romans, trésors înépuîsabes de vîe îttéraîre de cet auteur, je prends e rîsque ! LUC.Je choîsîraî un dîctîonnaîre pour nourrîr ma curîosîté absoue et mon amour pour a beauté des mots aînsî qu’un recueî de poésîe,L’homme qui penche,de Thîerry Metz. CATHERINE B.Un dîctîonnaîre ou une encycopédîe pour es-sayer de prononcer au moîns une foîs tous es mots, même ceux que je ne connaîs pas ! Et un amanach unaîre pour es tonnes de renseîgnements qu’î contîent en matîère de santé, de jardînage… Mon îvre de chevet quasîment ! JOCELYNE.Une Femme fuyant l’annonce,de Davîd Grossman, quî m’a donné envîe de parcourîr Israë avec un sac à dos. Et sans doute un Camus,L’Étranger,etPhèdre,de Racîne, pour déca-mer sans gêner personne ! C’est înîmagînabe de partîr avec sî peu d’œuvres. Je es aîme teement qu’au îeu de jeter des roses e jour de mon enterrement, j’aîmeraîs qu’on mette des îvres dans mon cercueî ! NICOLE.Je partîraî sûrement avecBelle du Seigneur,d’Abert Cohen, maîs pour e deuxîème, j’hésîte entre un ouvrage de Kawabata, car j’aîme a îttérature japonaîse, et un gros re-cueî des œuvres de Stefan Zweîg. J’espère ne jamaîs avoîr à choîsîr ! En guîse de concusîon, j’aîmeraîs cîter une phrase de Jues Renard, peîne de sens pour tous es amoureux de a ecture : « Quand je pense à tous es îvres qu’î me reste à îre, j’aî a certîtude d’être encore heureux. »■
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