Etude Sensee sur le marché de l optique en France
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Etude Sensee sur le marché de l'optique en France

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L’OPTIQUE EN FRANCE ETUDE ECONOMIQUE David MARTIMORT / Jérôme POUYET Société d’études et de conseil fondée et dirigée par Mathieu Laine, Altermind est spécialisée dans l’optimisation des stratégies d’entreprises et de gouvernements. Altermind allie recherche scientifique, conseil en stratégie et conseil en communication pour une approche intégrée, de la production des idées à leur diffusion la plus large, de l’élaboration des stra- tégies à leur mise en œuvre. Pour chaque client, Altermind produit des réponses sur mesure en s’appuyant sur un réseau d’experts de haut niveau. www.altermind.fr 9, rue de Villersexel 75007 Paris les auteurs David Martimort, Paris School of Economics - EHESS Jérôme Pouyet, Paris School of Economics – CNRS David Martimort est Directeur d’Etudes à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales et Professeur à l’Ecole d’Economie de Paris. Il a effectué sa thèse à l’Université de Toulouse 1, est ingénieur de l’Ecole Polytechnique et Professeur Agrégé des Universités. Spécialiste de la Théorie des Incitations et ses applications, il est l’auteur avec Jean-Jacques Laffont du manuel de référence sur le sujet (« The Theory of Incentives », 2002, Princeton University Press). Ses recherches couvrent un large spectre allant de l’économie industrielle à l’économie du développement et la croissance en passant par l’économie de l’environnement, et surtout la théorie de la régulation et de la gouver- nance publique.

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Publié le 17 décembre 2013
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Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

L’OPTIQUE EN FRANCE ETUDE ECONOMIQUE David MARTIMORT/Jérôme POUYET
Société d’études et de conseil fondée et dirigée par Mathieu Laine, Altermind est spécialisée dans l’optimisation des stratégies d’entreprises et de gouvernements. Altermind allie recherche scientifique, conseil en stratégie et conseil en communication pour une approche intégrée, de la production des idées à leur diffusion la plus large, de l’élaboration des stra -tégies à leur mise en œuvre. Pour chaque client, Altermind produit des réponses sur mesure en s’appuyant sur un réseau d’experts de haut niveau.
www.altermind.fr
9, rue de Villersexel 75007 Paris
les auteurs
DaîáÇ Maêíáãçêí, Paêáë SÅÜççä çÑ EÅçåçãáÅë -EHESS JéêôãÉ PçìóÉí ,Paêáë SÅÜççä çÑ EÅçåçãáÅ률CNRS
DaîáÇ Maêíáãçêí Directeur d’Etudes à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales et Professeur à l’Ecoleest d’Economie de Paris. Il a effectué sa thèse à l’Université de Toulouse 1, est ingénieur de l’Ecole Polytechnique et Professeur Agrégé des Universités. Spécialiste de la Théorie des Incitations et ses applications, il est l’auteur avec Jean-Jacques Laffont du manuel de référence sur le sujet (« The Theory of Incentives », 2002, Princeton University Press). Ses recherches couvrent un large spectre allant de l’économie industrielle à l’économie du développement et la croissance en passant par l’économie de l’environnement, et surtout la théorie de la régulation et de la gouver -nance publique. Elles ont été publiées dans les meilleures revues internationales (Econometrica, American Economic Review, Review of Economic Studies, Journal of Economic Theory, The Rand Journal of Economics, Journal of Public Economics). Il est Fellow de la Société d’Econométrie et de l’European Economic Association depuis 2005. David Martimort a aussi occupé de nombreuses positions éditoriales. Il est actuellement éditeur du Rand Jour -JéêôãÉ PçìóÉí est chargé de recherche 1ère classe nal of Economics, ainsi qu’éditeur associé du Journal au CNRS et Professeur à l’Ecole d’Economie de Paris. of Economic Theory, d’Econometrica et de Theoretical Il a effectué sa thèse à l’Université de Toulouse 1. Economics. David Martimort a reçu le Prix du Meilleur Avant de rejoindre l’Ecole d’Economie de Paris, il a Jeune économiste du journal Le Monde en 2004 et été Professeur chargé de cours à temps plein à l’Ecole le NYSE award pour le meilleur papier en finance de Polytechnique. Ses travaux portent principalement sur marché en 1998. Il a donné de multiples lectures invi -l’économie industrielle et la politique de la concur - tées et notamment la Colin Clarke Lecture de l’Austra -rence, l’organisation des marchés et les mécanismes lasian Econometric Society. Il a été Professeur invité à d’allocation, la régulation des industries notamment Harvard, Professeur à l’ Université de Pau et l’Université les industries de réseaux. Ses recherches ont été pu - de Toulouse 1. bliées dans les meilleures revues spécialisées dans ces domaines (Journal of Industrial Economics, Inter -national Journal of Industrial Organization, Journal of Public Economics). Il participe régulièrement à des contrats de recherche ou activités d’expertise avec des partenaires industriels (SNCF, Deutsche Bahn, Orange, Caisse d’Epargne,…) ou institutionnels (Commission Européenne, ARCEP, Conseil de la Concurrence,…). Il est Council Member au Gerson Lehman Group et a été expert pour LECG jusqu’en 2010.
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executive summary
La présente étude, conduite par les économistes David Martimort et Jérôme Pouyet, rédigée pour le compte d’Altermind et à la demande de Sensee, propose une analyse économique et concurrentielle inédite du secteur de l’optique en France. Elle établit : 1. Que le fonctionnement concurrentiel du marché français de l’optique est très imparfait, à la fois en amont du côté des fournisseurs de verre, et en aval du côté des distribu -teurs de produits d’optique ; 2. Que la position dominante de certains fournisseurs de verres peut être la source de barrières importantes à l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché de la distribu -tion, spécialement de la distribution en ligne, contribuant à maintenir des prix à la consommation élevés ; 3. Qu’une ouverture du marché permettrait au moins 300 millions d’euros d’économies par an pour les consommateurs. UåÉ éíìÇÉ éÅçåçãáèìÉ áåéÇáíÉ ,ãçíáîéÉ éaê ìåÉ  áåíÉêêçÖaíáçå ÅçåÅìêêÉåíáÉääÉ ÉåÅçêÉ áåÉñéäçêéÉ éaê äa ëÅáÉåÅÉ Éí êÉåÇìÉ éäìë aáÖìë éaê äÉë  íÉåëáçåë aÅíìÉääÉë ëìê äÉ éçìîçáê Ç aÅÜaí Le marché de l’optique en France, estimé à 5,7 milliards d’euros en 2011 et en croissance continue, n’a pas encore fait à ce jour l’objet de description sectorielle ni d’ana -lyse concurrentielle poussée de la part de la science économique. Le secteur connaît pourtant une mutation emblématique de l’évolution de la distribution, avec une ouverture graduelle à la vente en ligne, alors même qu’une base de suspicion importante, mise à jour par les autorités françaises et européennes, interroge la nature concurrentielle du marché et son ouverture effective aux nouveaux entrants.
Au regard des tensions constantes pesant sur le pouvoir d’achat des Français, du poids des dépenses d’optique dans leur budget et de l’influence à la baisse d’une ouver -ture à la concurrence sur les prix à la consommation, l’opportunité d’une étude sectorielle et concurrentielle du marché est manifeste.
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Une ouverture du marché permettrait au moins 300 millions d’euros d’économie par an pour les consommateurs.
L çéíáèìÉ ,ìå ëìàÉí èìá íçìÅÜÉ äa ÖêaåÇÉ ãaàçêáíé  ÇÉë Fêaåçaáë Éí éèëÉ ÅçåëáÇéêaÄäÉãÉåí ëìê äÉìê  ÄìÇÖÉí Environ 64 % des Français portent des lunettes : ils y consacrent 130 euros par an environ. Près des trois quarts jugent que les prix des corrections optiques sont excessifs et les comparaisons internationales montrent que les prix sont en effet élevés, particulièrement pour les verres. Cette pression financière pèse particuliè -rement sur les plus défavorisés : 55 % des bas revenus portent des lunettes, contre 71 % des plus hauts, ce qui semble indiquer une différence d’accès aux soins d’op -tique. Avec une population vieillissante et à ce titre plus susceptible de porter des corrections, le marché devrait poursuivre ses tendances haussières. Contrairement aux idées reçues, le reste à charge du consommateur est conséquent, malgré l’intervention du système de santé : le client qui achète un équipement d’optique correcteur assume lui-même, directement ou indirectement, l’intégralité du coût. La ÅÜaþåÉ ÇÉ éêçÇìÅíáçå ÇÉ ä çéíáèìÉ ,èìá  ë çêÖaåáëÉ ÇÉ ãaåáèêÉ îÉêíáÅaäÉ, Éëí ÅçãéäÉñÉ  Éí íêèë ÅçåÅÉåíêéÉ L’extrême diversité et la différenciation des produits proposés sur le marché de l’optique, en particulier s’agis -sant des verres correcteurs, fait obstacle à la transpa -rence des prix affichés à la vente au détail. L’interven -tion d’une multitude d’acteurs interagissant à l’échelle mondiale, entre la production en amont, la distribution en
aval, et le rôle tiers du système de santé (sécurité socialeLe fonctionnement concurrentiel o cture dete sc oinmtéplréêtms eennt ajierue sp)oupr alcei fcioe nesnocmorme adteavuar. ntage la ledu marché français de l’optique qA uli admétoinetn, tl au pnreo pdaurctt dioe n mdaer cvehrér edse  epsltu sd odem i4n0é e%  paaur  nEisvseilaour  est très imparfait, à la fois en amont mondial et de près de 90 % en France, loin devant sesdu côté des fournisseurs concurrents Zeiss et Hoya. La production de montures,de verre, et en aval du côté autre élément essentiel à la constitution des lunettes est largement dominée par Luxottica, qui est près de cinqdes distributeurs.  fois plus important que son plus proche concurrent. A l’aval, moins d’ ne dizaine de groupes concentre l’es - u sentiel de la distribution au détail. Le marché français se producteurs réalisent l’essentiel de l’activité, loin devant caractérise par l’abondance de points de vente, bien plus leurs concurrents. Ces principaux acteurs poursuivent en nombreux que dans la plupart des pays comparables : la outre des stratégies de consolidation verticale et de diffé -France compte 1 point de vente pour 5 400 habitants contre renciation croissante de leurs produits qui ont pour effet 1 pour 15 000 aux Etats-Unis. Les opticiens, qui peuvent de renforcer leurs positions. seuls les détenir et les gérer, ont depuis peu la possibilité L’article scientifique inédit de David Martimort et Jérôme de renouveler les lunettes, sans intervention d’un ophtal - Pouyet1, dont les principales conclusions sont rendues mologiste. publiques dans cette étude, montre que cette stratégie a Le système de santé français rembourse une partie (ou une double conséquence : elle tend à limiter de facto la la totalité) des dépenses d’optique. Cette intervention concurrence en amont, mais elle la freine aussi en aval, via relève très largement des complémentaires, la sécurité un mécanisme dit de « forclusion » ; la firme dominante sociale proposant une compensation marginale. Elle en amont a intérêt à favoriser des stratégies de distri -permet de rendre solvables les consommateurs finals et bution qui évincent les nouveaux entrants. Ces derniers, tend à entretenir l’illusion chez ces derniers qu’ils n’assu - en fournissant des produits moins chers, risqueraient en ment pas les dépenses d’optique, alors qu’en réalité ils les effet de réduire le surplus qu’elle accapare. supportent indirectement à travers le financement de la A ä aîaä ,éäìëáÉìêë Åçåëíaíë Ñçåí ÇçìíÉê Çì Äçå  sécurité sociale et les cotisations auprès de leurs complé -ÑçåÅíáçååÉãÉåí ÅçåÅìêêÉåíáÉä Çì ëÉÅíÉìê mentaires et directement à travers le « reste à charge »  qu’ils paient à l’opticien. Les points de vente de distribution au détail d’optique comptent parmi les fonds de commerce les plus chers en DÉë ÇçìíÉë ÅçåÅìêêÉåíáÉäë áãéçêíaåíë à ä aãçåíFrance. Avec une marge de 60 % en moyenne le secteur Le secteur amont, notamment la production de verres réalise un chiffre d’affaires supérieur d’un tiers à ce qu’il correcteurs, se révèle être très concentré : quelques rares est dans les pays comparables à la France : si le chiffre
1 David Martimort, Jérôme Pouyet,Downstream Foreclosure in Vertically Differentiated Markets, 2012, à paraître.
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d’affaires par habitant y était identique à ce qu’il est en Allemagne, au Royaume-Uni, en Espagne et en Italie, le marché français aurait dû être inférieur d’1,5 milliard d’euros en 2007, ce qui est conséquent pour un marché de 4,2 milliards d’euros au total. La justice française a récemment condamné des opti -ciens qui se livraient à des pratiques «d’optimisation de facture consistant à adapter le prix des lunettes », vendues au plafond du remboursement proposé par la complémentaire des clients finals. Cette fraude contri -bue, parmi d’autres éléments, à brouiller totalement la lisibilité des prix du secteur. FaîçêáëÉê äa ÅçåÅìêêÉåÅÉ éaê ä ÉåíêéÉ ëìê äÉ  ãaêÅÜé Ç çééêaíÉìêë Éå äáÖåÉ
Alors que le secteur s’est développé à l’étranger, la distri -bution de produits d’optique en ligne reste très limitée
 
en France : entre 0,1 % et 3 % du secteur selon les esti -mations. Le droit communautaire a eu l’occasion de rele -ver, avec sévérité, que la France devait lever les barrières qu’elle entretient à l’encontre de ce mode de distribution. Le développement de la vente en ligne pourrait accroître les gains aux consommateurs de 332 millions d’euros à 3,1 milliards d’euros par an dans l’hypothèse la plus haute. En outre, cette dynamique aurait nécessairement des effets positifs sur l’emploi. Les analyses qui suivent ont été réalisées compte tenu des informations disponibles publiquement, auxquelles elles ont choisi de faire confiance.
L’OUVERTURE À LA CONCURRENCE SUR LE MARCHÉ DE L’OPTIQUE FRANÇAIS REPRÉSENTERAIT DES ÉCONOMIES IMPORTANTES POUR LE CONSOMMATEUR
Sìáîaåí äÉë ãçÇèäÉë ÇÉ ÅaäÅìä ÉåîáëaÖéë, ìåÉ çìîÉêíìêÉ Çì ãaêÅÜé ÇÉ ä çéíáèìÉ aìñ çéíáÅáÉåë Éå äáÖåÉ aìêaáí  éçìê ÅçåëéèìÉåÅÉ ÇÉë éÅçåçãáÉë áãéçêíaåíÉë éçìê äÉ ÅçåëçããaíÉìê ,ÉëíáãéÉë éçìê äÉë ÜóéçíÜèëÉë äÉë éäìë  êéaäáëíÉë ÉåíêÉ0 ,1É í3åëáçääãá :5aáÇêáãääìêçë Ç É aå  éaê
 µUåÉ éÅçåçãáÉ ÇÉ 3 00ãáääáçåë Ç Éìêçë éaê aå ëìê äÉ ÄìÇÖÉí çéíáèìÉ ÇÉë Fêaåçaáë Éëí ä éèìáîaäÉåí  :  • du budget optique annuel de 3,57 millions de Français*;  • du budget investi par la France dans la guerre en Lybie**;  • du montant de recettes attendues par la hausse des prélèvements sur les retraites en 2013**  µUåÉ éÅçåçãáÉ ÇÉ5,  1ãáääáaêÇ Ç Éìêçë éaê aå ëìê äÉ ÄìÇÖÉí çéíáèìÉ ÇÉë Fêaåçaáë Éëí éèìáîaäÉåíÉ  :  • au coût annuel du dispositif des emplois d’avenir****;  • à la consommation optique annuelle de près de 18 millions de Français.
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Le budget moyen annuel dans l’optique est de 84 euros par Français (voir plus bas). Le Parisien, La guerre en Libye a coûté 300 millions deuros à la France, 23 octobre 2011. Projet de loi de nancement de la Sécurité sociale 2013, dossier de presse. La contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie sur les retraites rapporterait 350 millions d’euros au régime général. Site internet du Premier ministre : le dispositif coûtera « 2,3 milliards d’euros pour les trois ans à venir. A savoir : 500 000 millions d’euros pour 2013, puis 1,5 milliard par an lorsque les emplois d’avenir seront installés », 30 octobre 2012.
 
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sommaire
EXECUTIVE SUMMARY 
SOMMAIRE 
INTRODUCTION : UNE ETUDE ECONOMIQUE SECTORIELLE INEDITE, SUR UN MARCHE CLE POUR LE POUVOIR D’ACHAT DES FRANÇAIS 
1. PARTIE I : PRESENTATION DU SECTEUR DE L’OPTIQUE 
1.1. PRESENTATION DES PRODUITS DE L’OPTIQUE : UNE OFFRE FORTEMENT DIFFERENCIEE 1.2. EN AMONT : ORGANISATION ET ACTEURS DE LA PRODUCTION 1.3. EN AVAL : LES PRINCIPAUX CANAUX DE DISTRIBUTION D’OPTIQUE EN FRANCE
1.4. LES CLIENTS ET CONSOMMATEURS DE PRODUITS D’OPTIQUE SUR LE MARCHE FRANÇAIS
1.5. UN TIERS ESSENTIEL : LE SYSTEME DE SANTE
2. PARTIE II : DES DOUTES SUR LE FONCTIONNEMENT CONCURRENTIEL DU MARCHE DE L’OPTIQUE 2.1. LES DOUTES CONCURRENTIELS SUR LE SECTEUR AMONT
2.2. LES DOUTES SUR LE SECTEUR AVAL
3. PARTIE III : FAVORISER LA CONCURRENCE DANS LA DISTRIBUTION D’OPTIQUE EN FRANCE :  PISTES ET GAINS ATTENDUS 
3.1. LE RETARD DE LA FRANCE EN MATIERE D’OPTIQUE EN LIGNE 3.2. LES GAINS A ATTENDRE D’UNE CONCURRENCE ACCRUE SUR LE MARCHE DE L’OPTIQUE FRANÇAIS
ANNEXE I : COMPARAISON DES CHIFFRES D’AFFAIRES DES MARCHES DE L’OPTIQUE ENTRE PAYS
 1) FOCUS SUR LES MARCHES OPTIQUES DE QUELQUES PAYS CHOISIS  2) LES CONSOMMATEURS POTENTIELS PAR PAYS ET PAR PRODUIT   3) LES CHIFFRES D’AFFAIRES PAR CLIENT SUIVANT LES PAYS
 4) SIMULATION DE MARCHES FRANÇAIS HYPOTHETIQUES SUR LA BASE DE CHIFFRES  D’AFFAIRES PAR CONSOMMATEUR ETRANGER
 
 
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5) DIFFERENCES ENTRE LES MARCHES FRANÇAIS HYPOTHETIQUES ET LES MARCHES ETRANGERS
6) CONCLUSION
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ANNEXE II : EVALUATION DES GAINS POTENTIELS DE L’ACCROISSEMENT DE LA PART D’INTERNET SUR LE MARCHE DE L’OPTIQUE EN FRANCE
 
 
 
  
 
   
1) LA BAISSE DES PRIX ENGENDREE PAR LE COMMERCE SUR INTERNET EN GENERAL
2) LA BAISSE DES PRIX ATTENDUE DANS LE SECTEUR DE L’OPTIQUE EN LIGNE
3) LES PRIX ET LES CHIFFRES D’AFFAIRES ACTUELS SUR LE MARCHE DE L’OPTIQUE FRANÇAIS
4) PRIX ESTIMES A L’ISSUE DES BAISSES DE PRIX CONSECUTIVES AU DEVELOPPEMENT DU CANAL INTERNET, SUIVANT LES DIFFERENTES HYPOTHESES ENVISAGEES
5) NOMBRE DE PRODUITS VENDUS PAR AN SUR LE MARCHE FRANÇAIS DE L’OPTIQUE
6) LES GAINS ESTIMES POUR LES CONSOMMATEURS D’UNE GENERALISATION DU CANAL INTERNET POUR LA DISTRIBUTION D’OPTIQUE EN LIGNE, SUIVANT LES DIFFERENTES HYPOTHESES ENVISAGEES
ANNEXE III : FORCLUSION ET CONCURRENCE EN QUALITE SUR LES MARCHES AVAL
 
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Introduction une étude économique sectorielle inédite, sur un marché clé pour le pouvoir d’achat des français
Les récentes déclarations de la ministre de la Santé Marisol Touraine visant à promou -voir l’organisation de réseaux de soins notamment dans la distribution d’optique ont reçu un accueil houleux sur la scène publique2. Peu de temps auparavant, la ministre avait déjà ouvert le débat devant la Mutualité française : «le secteur des opticiens », avait-elle alors expliqué, «et ts porcnoctreneté e  nrmpe xirp sed rioavds pac on det accessibles»3. La médiatisation dont ces propos ont fait l’objet atteste de l’intérêt aigu de la presse et de la société françaises4 pour cette question d’apparence pourtant technique. Le sujet dépasse en effet largement le seul cadre écono -mique. Sanitaire bien sûr – la vue est l’une des premières préoccupations de santé des Français – mais aussi esthé -tique et «lifestyle tant les lunettes se sont imposées » comme un produit de consommation à forte charge identitaire,il touche, directement ou indirectement, l’ensemble de la population: environ 64 % des Français portent des corrections visuelles5; plus de 11 400 points de vente d’optique maillent le territoire national et la vie économique locale.
Pourtant, et paradoxalement, le secteur de l’optique restelargement méconnu : il n’a à ce jour jamais fait l’objet d’une réelle analyse économique, conséquente et
approfondie. Les quelques études de présentation qui ont pu être publiées se limitent à une approche pure -ment descriptive. Ce silence de la science économique est d’autant plus frappant que le marché vit aujourd’hui une reconfiguration majeure qui, si elle ne lui est pas propre, n’en fait pas moins un cas emblématique : la dématérialisation de l’acte commercial avec l’émergence d’un nouveau canal de distribution par Internet.L’avè-nement, récent mais dynamique, du e-commerce dans le secteur de l’optique transforme l’intégralité de sa chaîne de production. Il s’agit d’une dynamique concurrentielle nouvelle, principalement mue parl’ambition d’une baisse des prix, sans concession sur la qualité, pour le consom -mateur final.
Uå ëÉÅíÉìê ãéÇáaíáèìÉ Éí éçäéãáèìÉ ,ç ù ãaåèìÉåí ÉåÅçêÉ ÇÉë ÇçååéÉë Ç aåaäóëÉ  çÄàÉÅíáîÉë
Ces évolutions du secteur de l’optique font intervenir plusieurs acteurs dont il n’est pas évident, pour l’observa -teur ou le consommateur, de démêler les motivations. Le débat entre les parties prenantes – fabricants de verres, opticiens et réseaux de distribution « en dur » et « en ligne », mutuelles notamment - n’est pas toujours serein. En octobre 2012, l’opticien Alain Afflelou dénonçait les
2 JDD,Touraine : il faut réguler le prix des lunettes, 27 octobre 2012.    3 L’opticien lunetier,Le soutien sans faille de la ministre de la Santé aux réseaux de soins mutualistes dans l’optique,22 octobre 2012.    4 A titre d’exemple, on pourra relever la succession d’articles et reportages fin novembre 2012 :  — M6, émission Capital du 25 novembre 2012 ;  — Mutualité française,En finir avec les lunettes trop chères, 9 novembre 2012 ;  — Les Echos,Opticiens, dentistes, vous allez payer moins cher,21 novembre 2012 ; et  — 20 Minutes,L’optique en quête du juste prix, 26 novembre 2012.    5 Ipsos – Mutualité française,Les Français et l’optique, septembre 2012. Ces évaluations confirment celles qu’indiquent i) le SYFFOC sur son  site internet, pour l’année 2002 : à l’époque environ 60 % des Français portaient des lunettes ; ii) un sondage réalisé pour HappyView en  2011, selon lequel 63 % des Français portent des lunettes.    
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mutuelles, qui «poussent à la consommation». En réponse, aussi actifs en France verre,9. Aux Etats-Unis, la Federal le président de la Mutualité française, Etienne Caniard Trade Commission (« FTC »), l’une des autorités en charge lui rétorquait qu’au contraire «ce sont les opticiens quides politiques de concurrence, enquêtait elle aussi en disent : “ combien vous rembourse votre mutuelle ?et2004 sur le sujet10. qui vont au maximum»6, dénonçant une pratique connue ailleurs, Parl’actualité fournit régulièrement des faits ou sous le nom d’ «optimisation de facture».déclarations qui alimentent la base de suspicionmise à Outre la lacune qu’elle vient combler en tant qu’analyse jour par les autorités, faisant cas par exemple de produc -économique sectorielle, la présente étude se propose de teurs de verres ou de montures qui refuseraient de four -décrire et d’expliquer la façon dont interagissent l’en - nir les nouveaux entrants de la distribution en ligne11, ou semble des acteurs du secteur en se détachant des rela - encore de distributeurs au détail condamnés en justice tions passionnelles qu’ils entretiennent. pour optimisation de factures12ou absence de transpa-UåÉ éíìÇÉ áåéÇáíÉ ãçíáîéÉ éaê ìåÉ  rence de leurs politiques tarifaires13. áåíÉêêçÖaíáçå ÅçåÅìêêÉåíáÉääÉ ÉåÅçêÉ  Enfin, plusieurs éléments clés du secteur sont d’inté -áåÉñéäçêéÉ éaê äa ëÅáÉåÅÉressants indicateurs. Le taux de marge des opticiens est exceptionnellement élevé, de l’ordre de 60 %14. Le Les relations conflictuelles entre les acteurs du marché chiffre d’affaires global du secteur ne cesse de croître15. de l’optique en France connaissent dans certains cas des Le nombre de points de vente en France est supérieur  suites judiciaires qui pointent des interrogations sur son à 11 00016(soit 1 point de vente pour 5 400 habitants), fonctionnement concurrentiel. contre 12 000 points de vente en Allemagne17(1 point de L’Autorité de la concurrence a eu l’occasion de soulevervente pour 6 800 habitants) ou 20 000 points de vente ces doutes dans plusieurs de ses décisions Etats-Unis aux. En 2010, elle18(1 point de vente pour 15 000 habitants). a sanctionné le Syndicat national des ophtalmologistes Motivée par ces indices et interrogations latentes sur le de France (SNOF) qui organisait un boycott des opti - fonctionnement concurrentiel du marché de l’optique ciens affiliés au réseau Santéclair7 tant. En 2002, elle avaitque par l’absence à ce jour à l’amont qu’à l’aval, ainsi déjà sanctionné des opticiens qui tentaient d’éliminer un de littérature scientifique sur le sujet, la présente étude de leurs concurrents qui proposait des produits moins et ses auteurs ont choisi de se pencher de façon appro -chers8la première fois sur la réalité économique et pour  fondie. A l’étranger, le Bundeskartellamt allemand a sanctionné en 2010 des pratiques anticoncurrentielles du marché, afin d’en mettre à jour les ressorts sur des à l’amont qui impliquaient les principaux fabricants de fondements scientifiques et théoriques rigoureux.
6 La Tribune,Afflelou attaque les mutuelles qui poussent à la consommation de lunettes chères, 4 octobre 2012.       7 Autorité de la concurrence,Décision n°10-D-11 du 24 mars 2010 relative à des pratiques mises en œuvre par le Syndicat National des  Ophtalmologistes de France (SNOF) concernant le renouvellement des lunettes.       8 Autorité de la concurrence,Décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des  lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.       9 Bundeskartellamt,Press release, 10 juin 2010.       10 Federal Trade Commission,Possible Anticompetitive Barriers to E-commerce : Contact Lenses, mars 2004.       11 Acuité,Internet : Essilor France refuse d’associer ses verres aux « e-opticiens » vendant à distance,22 novembre 2011.       12 Cour d’appel de Paris, Pôle 5, Chambre 5, Arrêt n°10/00413 du 20 septembre 2012.       13 UFC Que Choisir,Prix des lunettes: le flou artistique,avril 2008.       14 Xerfi,Optique (distribution), septembre 2011.       15 Xerfi,Optique (distribution), septembre 2011.       16 Xerfi,Optique (distribution), septembre 2011.       17 Zentralverband der Augenoptiker,Banchenkennzahlen Augenoptik, 2010. Chiffre de 2011.       18 Highbeam Business,Optical good stores, 2010. Chiffre de 2009.
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