Pierre-Jean Luizard a expliqué le processus politique en cours en Irak  n’était démocratique qu
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Pour Pierre-Jean Luizard, le processus politique en cours en Irak n’est démocratique qu’enapparence. La question n’est donc désormais plus celle de la démocratie mais de savoir si« l’irakisation » de la guerre peut sauver la mission que l’Amérique s’est donnée en Irak.Le choix des Américains dans la préparation des élections législatives a été d’intégrer desreprésentants arabes sunnites. Selon Zalmay Khalilzad, l’ambassadeur américain en Irak,« l’irakisation » de la guerre consiste à scinder la guérilla en deux camps, un camp irakien àintégrer au processus politique et un autre jihadiste à exclure. Les Américains s’efforcentd’ailleurs de faciliter le transfert d’allégeance des groupes jihadistes d’al-Qaida vers laguérilla nationaliste irakienne.Lors de la conférence du Caire des 19, 20 et 21 novembre 2005 de « réconciliationnationale », réunie sous le patronage de la Ligue des Etats arabes, les représentants de toutesles tendances politiques irakiennes à l’exception de celle de Moqtada al-Sadr se sont retrouvésautour de la même table. La présence du Conseil des Oulémas à cette conférence a marqué leretour des sunnites dans le jeu politique irakien. A l’issue de cette réunion, deux déclarationscommunes ont été prononcées.1. Les différents protagonistes sont parvenus à un consensus sur un calendrier de retrait destroupes étrangères dans un délai de deux ans. Le représentant du Premier ministre al-Jafaari a néanmoins précisé que, selon lui, l’annonce d’un ...

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Pour PierreJean Luizard, le processus politique en cours en Irak n’est démocratique qu’en apparence. La question n’est donc désormais plus celle de la démocratie mais de savoir si « l’irakisation » de la guerre peut sauver la mission que l’Amérique s’est donnée en Irak.
Le choix des Américains dans la préparation des élections législatives a été d’intégrer des représentants arabes sunnites. Selon Zalmay Khalilzad, l’ambassadeur américain en Irak, « l’irakisation » de la guerre consiste à scinder la guérilla en deux camps, un camp irakien à intégrer au processus politique et un autre jihadiste à exclure. Les Américains s’efforcent d’ailleurs de faciliter le transfert d’allégeance des groupes jihadistes d’alQaida vers la guérilla nationaliste irakienne.
Lors de la conférence du Caire des 19, 20 et 21 novembre 2005 de «réconciliation nationale », réunie sous le patronage de la Ligue des Etats arabes, les représentants de toutes les tendances politiques irakiennes à l’exception de celle de Moqtada alSadr se sont retrouvés autour de la même table. La présence du Conseil des Oulémas à cette conférence a marqué le retour des sunnites dans le jeu politique irakien. A l’issue de cette réunion, deuxdéclarations communes ont été prononcées.
1.Les différents protagonistes sont parvenus à un consensus sur un calendrier de retrait des troupes étrangères dans un délai de deux ans. Le représentant du Premier ministre al Jafaari a néanmoins précisé que, selon lui, l’annonce d’un calendrier est prématurée, cela pouvant constituer une incitation au terrorisme. PierreJean Luizard a aussi souligné que les troupes étrangères ne rentrent plus dans les villes saintes chiites de Nadjaf et Kerbala depuis l’été 2004.
2.Une déclaration reconnaissant la légitimité de la résistance face aux troupes étrangères a été adoptée ce qui est une première de la part d’un gouvernement en place soutenu par des forces armées internationales...
L’ensemble du spectre politique, à l’exception de la tendance Zarqawi, participe aux élections législatives du 15 décembre. Cependant un problème demeure: celui de la représentativité des partis politiques sunnites qui n’ont souvent qu’une implantation locale. Ces derniers ne se sont d’ailleurs rallier que tardivement au processus politique, le 2 novembre 2005. Les manipulations des résultats du référendum sur la Constitution notamment dans la province de Mossoul n’ont pas été considérées comme uncasus bellipar les sunnites.
Leur participation s’explique par leur crainte d’être exclus du jeu politique avec la menace de voir se mettre en place un pouvoir régional kurde et un pouvoir national chiite. Le ralliement des partisans de Moqtada alSadr à l’Alliance irakienne unifiée s’inscrit dans la perspective d’un front commun chiite face aux attaques des forces antichiites. Ces élections semblent donc se résumer à un « sauve qui peut » communautaire. Elles n’ont pas permis l’expression d’un débat politique dans un espace public qui se trouve de plus en plus verrouillé. Cet espace est devenu le lieu d’une polarisation communautaire exacerbée.
Le représentant de Washington a compris que tout succès politique américain dépend de l’intégration des sunnites. Mais cette stratégie de «communautarisation à la libanaise» du processus politique est un piège. En effet, le Pacte national libanais est fondé sur la base de quotas communautaires artificiels mais fixes alors que le champ politique irakien est ouvert aux différentes communautés sans règles prédéterminées. Il s’agit là d’un rapport de forces
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communautaires sur le terrain dans lequel les Américains ont de moins en moins la capacité d’imposer leurs choix politiques.
Les Britanniques sont confrontés à la duplicité de la mouvance de Moqtada alSader dont l’armée a infiltré la police locale. Les représentants sunnites souffrent d’un manque de légitimité auprès des membres de leur communauté qui continuent en majorité à soutenir la politique de «la terre brûlée» menée par la guérilla comme le montre la multiplication des opérations kamikazes. Les élections risquent d’être suivies d’une période de désillusion pour des représentants sunnites qui n’obtiendront, dans le meilleur des cas que 50 des 275 sièges que compte le parlement. Cette élection risque de déboucher sur une légitimité encore plus illusoire des représentants sunnites aux yeux de leur propre communauté.
Enfin, après avoir «irakisé »la guerre en Irak, la dernière solution qui semble s’offrir aux Américains est d’internationaliser la gestion du dossier irakien en impliquant les Nations unies à partir d’un faux semblant : se défausser de toute responsabilité dans la crise irakienne sur les nouvelles institutions.
Dounia Chalabiintervient au sujet de « pétrole et politique en Irak ». Les réserves irakiennes sont les secondes du MoyenOrient derrière l’Arabie Saoudite et les troisièmes mondiales. Celles prouvées sont de l’ordre de 112 milliards de barils. Depuis 1958, l’exploration pétrolière en Irak s’est effectuée sur un modèle destop and go. La conséquence a été que le territoire irakien est un des moins exploré au monde. Les déserts de l’Ouest et du NordOuest sont des territoires complètement vierges. Il existe de nombreuses estimations sur les réserves réelles : les Irakiens proclament qu’elles sont de 115 milliards de barils alors que l’association américaine (United States Geological Society) donne le chiffre de 80 milliards de barils. Jusqu’en 1987, les réserves estimées ne dépassaient pas 45 milliards de barils. Par la suite, le gouvernement, avec l’aide de compagnies étrangères, découvre de nouvelles réserves utilisées comme un instrument pour promouvoir un agenda politique.
On constate par ailleurs la présence de 526 infrastructures pétrolières en Irak dont seulement 125 sont opérationnelles. Sur les 73 champs pétroliers découverts, seulement 15 ont été développés. Parmi ces derniers, 6 contiennent plus de 5 milliards de barils de pétrole. On peut donc noter l’importance de l’Irak sur la scène pétrolière, non seulement comme producteur et membre de l’OPEP mais aussi en raison de l’importance de ses réserves.
Aujourd’hui, malgré cet important potentiel, la réalité de la production est confrontée à un recul élevé en raison d’une mauvaise gestion des champs pétroliers, des problèmes technologiques liés au régime de sanctions subi par l’Irak pendant 12 ans. Le régime de Saddam Hussein vendait illégalement le pétrole à un taux préférentiel notamment à la Syrie ou dans le cadre du programme «Pétrole contre nourriture» ce qui a limité les possibilités d’investissement dans le secteur pétrolier en Irak.
Les politiques pétrolières irakiennes sont désormais définies par la nouvelle Constitution. Elle dispose, d’une part, de la pleine souveraineté du gouvernement irakien et donc du peuple sur les ressources pétrolières (article 109), et d’autre part, que les autorités locales aient un droit de prospection et de production pétrolière dans le cadre juridique fédéral (article 110). Mais la Constitution ne dissipe pas l’ambiguïté sur la répartition des revenus pétroliers entre les niveaux locaux et fédéral. Cette question complexe doit être régler afin de relancer les investissements étrangers et de permettre la mise en place d’une politique pétrolière au niveau fédéral. En l’absence de clarification constitutionnelle, les Kurdes au Nord et les chiites au
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Sud vont sans doute monopoliser les revenus du pétrole au niveau régional laissant les sunnites au centre sans ressources.
C’est à la fin des années 1980 que la plupart des nouveaux champs pétroliers sont découverts augmentant le niveau des réserves prouvées de 12 milliards de barils, le niveau de la production journalière de 600 000 barils. Aujourd’hui, la production journalière correspond à celle d’un seul champ pétrolier. Si les investissements commençaient aujourd’hui et que l’insurrection se résorbait, on ne verrait pas la production excéder 4 milliards de barils par jours avant 2010; selon l’hypothèse la plus optimiste. La production proviendrait de nouveaux champs pétroliers développés enjointventuresentre les Irakiens et des compagnies étrangères.
La production pétrolière en Irak est sporadique: on peut observer un pic de production en 1979 de 3,5 millions de barils journaliers et un niveau de production de presque zéro en 1991, qui remonte à partir de 1997 et la mise en place du programme « Pétrole contre nourriture ». A partir de ce moment là, il existe deux estimations de la production pétrolière irakienne : le niveau officiel et le niveau incluant les exportations frauduleuses. Aujourd’hui, la production est retombée au niveau de 1997 soit 1,7 millions de barils/jour. L’objectif fixé par le gouvernement à atteindre avant la fin de l’année 2006 est de l’ordre de 3 millions de barils/jour.
De nombreux problèmes demeurenten raison de l’insécurité: l’absence d’investissements internationaux qui bloque les transferts de technologie et de savoirfaire, la qualité du pétrole, et enfin un important problème de ressources humaines dû au départ des cadres de l’industrie pétrolière.
Par ailleurs, le Conseil suprême de politique pétrolière (Supreme Council for Oil Policy) a été créé en juin 2004. Il fixe les priorités: augmenter la capacité de production, fixer un cadre juridique pour les investissements des compagnies pétrolières, organiser le divorce entre le gouvernement et l’industrie pétrolière.
Il existe enfin des prérequis au développement des investissements étrangers dans l’industrie pétrolière irakienne: restauration de la sécurité et de l’autorité politique, stabilisation économique et mise en place d’un cadre juridique. Le budget 2006 est d’ailleurs orienté vers la reconstruction de l’industrie pétrolière, moteur de la croissance irakienne et de la création d’emplois. Mais tant que dure l’insurrection, le développement de l’industrie pétrolière irakienne semble compromis.
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