Dépenses publiques et croissance - article ; n°3 ; vol.7, pg 29-60
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Description

Revue française d'économie - Année 1992 - Volume 7 - Numéro 3 - Pages 29-60
Traditionnellement, les débats concernant la politique budgétaire se sont centrés sur la définition du niveau souhaitable de solde public à court et moyen terme. Des travaux plus récents ont élargi le champ de la réflexion sur l'impact à moyen terme des finances publiques, notamment sur leurs effets bénéfiques éventuels sur la productivité privée et la rentabilité du capital. L'enjeu représenté par ces travaux est potentiellement considérable : si les estimations effectuées sont robustes, les pouvoirs publics disposent, à côté du solde budgétaire et des taux de pression fiscale, d'un autre instrument macroéconomique pour stimuler la productivité du secteur privé. Cet enjeu revêt une importance particulière pour l'économie française qui souffre d'une pénurie relative de capital. L'objet de cet article est de préciser les termes de ce débat: après avoir analysé, d'un point de vue théorique et empirique, le rôle des principales composantes de la dépense publique dans le processus de croissance, qui semble indiquer qu'il convient de distinguer à cet égard entre dépenses courantes et dépenses d'investissement au sens large (y.c dépenses de formation et de R D), regroupées ici sous le vocable de dépenses d'avenir, la nécessité de la prise en compte de cet impact favorable à moyen terme des dépenses d'avenir par la procédure budgétaire apparaît hautement souhaitable dans le cadre d'un objectif général de maîtrise de la dépense.
This paper examines the relationship between public spending and economic growth. While much of the conventional discussion of the fiscal policy focuses on the public sector deficit and its short term impact on the level of aggregate demand, other approaches have been developped in recent years that argue that cost effective public expenditure can stimulate the supply-side of the economy. In a first part, we discuss the economic rationale for public spending. In a second one, a survey of recent econometric work provides some evidence that public expenditure and especially public capital can enhance the private sector productivity. In examining this effect on the private side of the economy, the third part stresses the need to draw a distinction between public consumption and public investment, including expenditures on research and education. Finally, we underline that paying more attention to the macroeconomic benefits of cost effective expenditures for the future could be made consistent with a policy of fiscal consolidation.
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Philippe Mills
Alain Quinet
Dépenses publiques et croissance
In: Revue française d'économie. Volume 7 N°3, 1992. pp. 29-60.
Citer ce document / Cite this document :
Mills Philippe, Quinet Alain. Dépenses publiques et croissance. In: Revue française d'économie. Volume 7 N°3, 1992. pp. 29-
60.
doi : 10.3406/rfeco.1992.1314
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1992_num_7_3_1314Résumé
Traditionnellement, les débats concernant la politique budgétaire se sont centrés sur la définition du
niveau souhaitable de solde public à court et moyen terme. Des travaux plus récents ont élargi le
champ de la réflexion sur l'impact à moyen terme des finances publiques, notamment sur leurs effets
bénéfiques éventuels sur la productivité privée et la rentabilité du capital. L'enjeu représenté par ces
travaux est potentiellement considérable : si les estimations effectuées sont robustes, les pouvoirs
publics disposent, à côté du solde budgétaire et des taux de pression fiscale, d'un autre instrument
macroéconomique pour stimuler la productivité du secteur privé. Cet enjeu revêt une importance
particulière pour l'économie française qui souffre d'une pénurie relative de capital. L'objet de cet article
est de préciser les termes de ce débat: après avoir analysé, d'un point de vue théorique et empirique, le
rôle des principales composantes de la dépense publique dans le processus de croissance, qui semble
indiquer qu'il convient de distinguer à cet égard entre dépenses courantes et dépenses
d'investissement au sens large (y.c dépenses de formation et de R D), regroupées ici sous le vocable
de "dépenses d'avenir", la nécessité de la prise en compte de cet impact favorable à moyen terme des
dépenses d'avenir par la procédure budgétaire apparaît hautement souhaitable dans le cadre d'un
objectif général de maîtrise de la dépense.
Abstract
This paper examines the relationship between public spending and economic growth. While much of the
conventional discussion of the fiscal policy focuses on the public sector deficit and its short term impact
on the level of aggregate demand, other approaches have been developped in recent years that argue
that cost effective public expenditure can stimulate the supply-side of the economy. In a first part, we
discuss the economic rationale for public spending. In a second one, a survey of recent econometric
work provides some evidence that public expenditure and especially public capital can enhance the
private sector productivity. In examining this effect on the private side of the economy, the third part
stresses the need to draw a distinction between public consumption and public investment, including
expenditures on research and education. Finally, we underline that paying more attention to the
macroeconomic benefits of cost effective "expenditures for the future" could be made consistent with a
policy of fiscal consolidation.Philippe
MILLS
Alain
QUINET
Dépenses publiques et
croissance
raditionnellement, les débats concer
nant la politique budgétaire comme instrument de poli
tique macroéconomique se sont centrés sur la définition
du niveau souhaitable de solde public. Dans une optique
keynésienne, les soldes publics peuvent contribuer au lis- 30 Philippe Mills / Alain Quinet
sage des fluctuations conjoncturelles : ainsi, en phase de
ralentissement, une augmentation de dépense publique
stimule la dépense privée, l'effet net sur l'activité variant
en fonction de l'éviction qu'exerce la propension à import
er et la hausse éventuelle du taux d'intérêt réel. Une telle
représentation du fonctionnement de l'économie repose
cependant sur des hypothèses simplificatrices : elle sup
pose tout d'abord que l'horizon des agents privés soit
suffisamment borné, du fait de contraintes de liquidité ou
de phénomènes d'illusion fiscale, pour que la consommat
ion réagisse de manière significative aux fluctuations du
revenu courant; elle suppose en outre que la formation
des anticipations des agents laisse place à une certaine
illusion monétaire. Contestant ces deux hypothèses, les
monétaristes ont remis en cause l'efficacité conjoncturelle
de la politique budgétaire : selon eux, la consommation,
fonction du revenu permanent, est peu sensible à moyen
terme aux variations de la dépense publique ; de plus, en
l'absence d'illusion monétaire durable, une politique budg
étaire expansive n'est pas en mesure de faire baisser de
façon permanente le taux de chômage en dessous de son
niveau « naturel ».
Les propositions monétaristes ont contribué à re
considérer l'approche conjoncturelle des finances pu
bliques : sans remettre nécessairement en cause l'efficacité
même de la politique budgétaire, les économistes
s'accordent aujourd'hui sur les effets néfastes d'une util
isation systématique des finances publiques à des fins de
régulation conjoncturelle. La mise en évidence d'effets
« boule de neige » sur la dette publique en particulier, dans
un contexte de taux d'intérêt réel supérieur depuis le début
des années quatre-vingt au taux de croissance de l'écono
mie, montre que des déficits bugdétaires peuvent être i
nsoutenables à moyen terme alors même que des considé
rations de court terme pourraient les justifier. Raisonnant Philippe Mills /Alain Quinet 31
dans le cadre de la contrainte budgétaire intertemporelle
de l'Etat, Barro [1974] est allé plus loin en contestant toute
efficacité conjoncturelle à la politique budgétaire: refo
rmulant l'hypothèse d'origine ricardienne d'équivalence
entre dette et impôt, il estime en effet que toute variation
du solde public est compensée par une variation de même
ampleur de l'épargne privée. Si les conditions de validité
de cette proposition sont rarement réunies (prévisions
parfaites, absence de contraintes de liquidité, altruisme
intergénérationnel, taxes forfaitaires... voir Boskin [1987])
elle n'en a pas moins contribué au regain d'intérêt accordé
aux effets de moyen terme de la politique budgétaire. Une
attention accrue a été portée à l'incidence des taux d'im
position, du volume et de la composition de la dépense
publique sur les comportements privés. Plusieurs auteurs
ont ainsi mis en évidence les distorsions sur l'offre de travail
(Bloomquist [1983]) et sur l'épargne (Summers [1983])
induites par des taux d'imposition marginaux élevés. S'agis-
sant des dépenses publiques, Barro [1981] insiste sur l'im
pact différencié d'un changement temporaire ou perma
nent du niveau de la dépense publique sur l'activité. Si les
agents privés raisonnent sur longue période en formant
des anticipations rationnelles, un changement permanent,
en conduisant à des relèvements futurs d'impôt, déprime
le revenu permanent : le surcroît de dépenses publiques
est alors intégralement compensé par la baisse de la
consommation privée. Un changement temporaire en re
vanche, parce qu'il n'implique pas de relèvement futur
d'impôt, exerce un effet de stimulation de l'activité, infé
rieur toutefois au multiplicateur keynésien dans la mesure
où la dépense publique se substitue partiellement à la
dépense privée.
Aschauer [1989] pour sa part avance l'idée que
l'augmentation de la dépense publique d'investissement,
en stimulant la rentabilité du capital privé, aurait un impact Philippe Mills / Alain Quinet 32
sur la production supérieur à une hausse équivalente de la
consommation publique. Parallèlement, il trouve un effet
favorable du stock de capital public sur la productivité
globale des facteurs de production privés. Ces derniers
travaux ont élargi le champ de la réflexion sur l'impact à
moyen terme des finances publiques. Ils incitent en parti
culier à une appréciation plus fine de l'impact de la dépense
publique sur la fonction d'utilité des consommateurs et la
fonction de production des entrepreneurs.
L'enjeu représenté par les travaux sur l'impact des
dépenses d'investissement et du stock de capital publics
sur la productivité privée et la rentabilit

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