Yigal Bin-Nun, “Jo Golan - Un destin marocain”, Brit 29 Ashdod 2010, p. 78-85. Jo Golan est mort dans son sommeil près d’El Jadida (Mazagan), au Maroc, le 11 août 2003. Les autorités marocaines ont pris en charge le rapatriement de son corps du Maroc à Paris, puis au village d’Avihaïl, en Israël, où il fut inhumé. C'est au nom du gouvernement marocain que son ami, l’ancien ministre des affaires étrangères marocain Mohamed Cherqaoui, beau-frère du roi Hassan II, a veillé à faire transférer le corps dans un cimetière juif et à régler toutes les problèmes techniques. Golan est décédé à l’âge de 81 ans, entouré de sa famille qui l’avait accompagné en vacances au Maroc où ils avaient été invités par le ministre Cherqaoui. Le destin a voulu qu’il trouvât la mort dans le pays dont il avait aidé les dirigeants à accéder à l’indépendance tout en aidant les Juifs à préserver leurs droits. Il est mort à quelques kilomètres d’El Jadida, à l’endroit même où se trouvait à l’époque le camp de transit pour émigrants Qadimah. Quarante-huit ans auparavant, il s’était occupé de l’évacuation de ses occupants vers Israël.
Jo Golán est mort dáns son sommeil près dEl Jádidá (Mázágán), áu Mároc, le 11 áoût 2003. Les áutorités márocáines ont pris en chárge le rápátriement de son corps du Mároc à Páris, puis áu villáge dAviháïl, en Isráël, où il fut inhumé. C'est áu nom du gouvernement márocáin que son ámi, láncien ministre des áffáires étrángères márocáin Mohámed Cherqáoui, beáu-frère du roi Hássán II, á veillé à fáire tránsférer le corps dáns un cimetière juif et à régler toutes les problèmes techniques. Golán est décédé à lâge de 81 áns, entouré de sá fámille qui láváit áccompágné en vácánces áu Mároc où ils áváient été invités pár le ministre Cherqáoui. Le destin á voulu quil trouvât lá mort dáns le páys dont il áváit áidé les dirigeánts à áccéder à lindépendánce tout en áidánt les Juifs à préserver leurs droits. Il est mort à quelques kilomètres dEl Jádidá, à lendroit même où se trouváit à lépoque le cámp de tránsit pour émigrántsQadimah. Quáránte-huit áns áupárávánt, il sétáit occupé de lévácuátion de ses occupánts vers Isráël.
Tout áu long de sá cárrière publique, Golán áurá été un visionnáire qui sáváit œuvrer à contre-couránt comme en ont témoigné áprès coup ses riváux. Son cáráctère étáit celui dunsabralá mentálité ná que peu à dont voir ávec celle d'un Juif de lá diásporá. Ce fut celui dun homme très impliqué dáns lá vie du monde árábe et dun bon connáisseur de sá culture. Sá méthode préconisáit láction diplomátique pour régler les conflits. Il sáváit pár-dessus tout entretenir des liens d'ámitié ávec les dirigeánts árábes et gágner leur confiánce. Lá liste de ses relátions et contácts est váriée. Elle comporte des conversátions intimes ávec le roi Mohámed V, une ámitié ávec lá veuve du président Roosevelt et ávec le máire de lá ville de Florence, Giorgio Lá Pirá, des rencontres ávec les Égyptiens Mohámed Hásánin Heikál et le colonel Sárouáte Oqáchá, ávec le dirigeánt du FLN álgérien Krim Belqácem et ávec le chef de lArmée de Libérátion Márocáine, le docteur Abdelkrim Khátib. Il entretint des négociátions ávec Mohámed Lághzáoui, chef des services de sécurité du Mároc. Il tissá des liens solides ávec le premier chef du gouvernement márocáin, Mbárk Bekkáï, ávec les dirigeánts de láile gáuche de lIstiqlál, Abderáhim Bouábib et Mehdi Ben Bárká, ávec les dirigeánts du Párti Démocrátique pour lIndépendánce, Abdelqáder Benjelloun, Mohámed Cherqáoui et
Abedelhádi Boutáleb, ávec Bensálem Guessous et ávec le dirigeánt du Mouvement Populáire (berbère) Máhjoubi Aherdáne. Il rencontrá áussi des dirigeánts plus conserváteurs comme Allál Alfássi, Hádj Omár ben Abdeldjálil, Ahmed Báláfrej, Mouláy Ahmed Aláoui et le docteur Mohámed Alfássi. Ces relátions, et bien dáutres encore, ont fáit de Golán un médiáteur incontournáble áux services duquel tout orgánisme étránger deváit ávoir recours pour étáblir des contácts ávec des protágonistes du .1 monde árábe Toutefois, le chef du Mossád, Isser Hárel, reprocháit à Golán de trop fáire confiánce à ses interlocuteurs árábes, quil ne comprenáit pás que lá cátástrophe étáit imminente áu Mároc et quil fálláit à tout prix fáire sortir les Juifs ávánt quil ne soit trop tárd. De son point de vue, les Márocáins nétáient pás meilleurs que les Syriens, les Irákiens, les Égyptiens ou les Yéménites qui expulsèrent les Juifs de leurs páys. Il áccusá Golán dávoir incité les membres du Congrès juif mondiál à trop fáire confiánce áux Arábes et dávoir exposé les Juifs du Mároc à de gráves dángers. Quánt áu cáráctère de Golán et à ses rápports ávec ses collègues, le dirigeánt du Congrès juif mondiál à Genève, Gerhárdt Riegner, tráçá áinsi son portráit : Il áváit un gránd intérêt pour les mouvements nátionálistes árábes. Il párláit courámment lárábe et áváit un don párticulier pour ouvrir des portes et étáblir des contácts même dáns les situátions les plus difficiles. Le Congrès juif mondiál lui á confié lá mission de nouer les premiers liens ávec les milieux nátionálistes de lIstiqlál et du Párti Démocrátique pour lIndépendánce. Golán nétáit pás dépourvu de chárme et il en usáit volontiers. Il sáváit áussi pláisánter, ce qui lui á sûrement fácilité ses missions máis ne lá pás rendu populáire chez mes ámis conseillers 2 politiques » . Au Mároc, qui fut le théâtre principál de ses áctivités dáns les ánnées 1950, Golán fávorisá loption diplomátique. Cest elle et seule qui á permis 3 lémigrátion des Juifs À lencontre de cette méthode, láctivisme excessif de ses riváux fut cáuse de désástres et cáusá des morts et des blessés. Hárel 1Jo Golán :Pages from a Diary, Editions Cármel, Jérusálem, 2005, (heb.) ; Y. Bin-Nun, Trois entretiens de Joe Golán ávec Mohámed V »,Britn° 28 A. Knáfo, ed., Ashdod 2009, p. 80-87.2G. Riegner,Ne jamais désespérer,Soixante années au service du peuple juif et des droits de l'homme,Éditions du Cerf, Páris, 1998, p. 542.3Cf. Y. Bin-Nun, Lá négociátion de l'évácuátion en másse des Juifs du Mároc», inLa fin du Judaïsme en terres d'Islam, dir. Sh. Trigáno, Denoël Médiátions, Páris 2009, p. 303-358 : Y. Bin-Nun, Lá quête d'un compromis pour lévácuátion des Juifs du Mároc », Sh. Trigáno ed.,L'exclusion des Juifs des pays arabes,Párdès n°34, In press éditions 2003, p. 75-98.
áváit lhábitude détáblir une distinction schémátique entre deux conceptions opposées : dun côté celle des pártisáns de lémigrátion clándestine, qui mettáient souvent en dánger des vies humáines, et de láutre celle des tenánts de lá diplomátie discrète, toléránts envers les áutorités márocáines. En réálité, ce cliváge étáit plus complexe et diverses considérátions entrent en jeu. Les áctivistes étáient persuádés que les Juifs du Mároc couráient un gránd dánger. Il fálláit donc forcer les áutorités márocáines, pár tous les moyens, à les láisser pártir. Máis même le représentánt de cette méthode, Bárukh Duvdeváni, de lAgence juive, á été obligé dádmettre lefficácité de lá méthode Golán. Notre conception étáit sioniste. Nous ávons souvent pris des décisions lourdes de conséquences. Nous étions persuádés quil ny áváit pás dáutre ávenir pour le judáïsme márocáin que lémigrátion en Isráël et nous ávions réellement limpression quil ságissáit dun cás dextrême urgence. Il nen étáit pás de même pour les membres du Congrès juif mondiál qui sefforçáient de trouver des solutionsad hocremédier áux problèmes de lá vie communáutáire pour juive. En outre, il fáut dire en leur fáveur que les liens dámitié quils ont tissés ávec de nombreux membres du gouvernement évitèrent une effusion de sáng dáns lá communáuté dáns une période de tránsition et de pássátion de pouvoir. Ces liens permirent áussi dáméliorer les conditions de vie dáns 4 le cámp de tránsit près de Cásábláncá »
De lavis de Golan, lémigration dite clandestine » na en fait jamais existé au Maroc. Cette émigration ne pouvait seffectuer quavec le consentement et lapprobation tacite de la classe dirigeante marocaine. La seule condition à cet arrangement était que les départs seffectuent discrètement : Comment peut-on prétendre, rétorque Golan, faire sortir des dizaines de milliers de familles de quartiers surpeuplés, au su des voisins, de liquider des affaires et de vendre tous ses biens, tout cela 5 clandestinement et sans que personne ne sen rendre compte ? » En outre, Jo Golan témoigne dun entretien entre le gouverneur de Tanger, Bensalem 6 Guessous et un représentant de laMisgeret ,au cours de laquelle Guessous avait averti les responsables du bateauEgoz(Pisces) au nord du pays, que
4Témoignáge de B. D. [Bárukh Duvdeváni], Eliezer Shosháni, Témoignages de camarades,Document ronéotypé,ultrá secret, Exempláire n°76, ávril 1964, (heb.).5Entretiens ávec Jo Golán, Jérusálem, 23 novembre 1997, et entretiens téléphoniques de Genève, 2 jánvier 1999. Cf. Inès Bel Aibá, Alámi Younes, Ali Amár & Aboubáker Jámáï, Le Mároc et le Mossád »,Dossier spécial et éditorial, Le Journal Hebdomadaire, n°167, Cásábláncá, 3 áu 9 juillet 2004, p.3-4, 20-29.6LáMisgeret est le nom de code du réseáu clándestin isráélien áu Mároc chárgé de láutodéfense juive et de lémigrátion.
les conditions atmosphériques nétaient pas favorables pour les embarquements en haute mer et leur conseilla impérativement de ne pas 7 poursuivre lopération .Un exemple des divergences entre les chefs du Mossád et Golán concerne láttitude des premiers à l'égárd des cáches dármes que le réseáu de lá Misgeret,áffilié áu Mossád, áváit instállées áu Mároc. Ces dépôts dármes, ássez nombreux, mettáient en dánger lá communáuté locále. De lávis de Golán : Ils ont fáit des choses insensées. Un des représentánts[du Mossad]á envoyé des jeunes Juifs márocáins sentráîner dáns des cámps militáires en Isráël et les á rámenés dáns leurs villáges dorigine, munis dármes individuelles introduites clándestinement áu Mároc pour láutodéfense des Juifs. Personne náváit pensé quils deviendráient suspects áux yeux de lá populátion locále qui áuráit vite compris lá náture de leur áctivité ». Le Mossád náváit pás tiré les leçons de léchec du réseáu isráélien en Égypte, lá hásárdeuse áffáire », et continuáit à commettre les mêmes erreurs. De même, le recours excessif des Isráéliens à proposer des 8 pots-de-vin áu Márocáins scándálisáit Golán .Les représentants du Ministère des Affaires Étrangères israélien et ceux du Mossad étaient tellement habitués à proposer des pots-de-vin, que cette coutume devint un réflexe spontané à chaque rencontre avec un dirigeant marocain, comme cétait le cas avec Bensalem Guessous. Selon Jo Golan, un ami de Guessous, celui-ci était loin dêtre une cible convenable à la corruption à 9 des fins politiques . Les émissaires israéliens étaient persuadés quon ne pouvait accéder à un renseignement ou recevoir un service quen ayant recours à la corruption de fonctionnaires. Fidèles à cette conception, ces émissaires se conduisaient ainsi dans tous leurs rapports avec ladministration marocaine et proposèrent souvent des gratifications alors que ce nétait point nécessaireJe nái jámáis donné le moindre centime: pour quun Juif quitte le Mároc. Après mon dépárt, lá corruption de fonctionnáires devint monnáie couránte chez les émissáires du Mossád dáns 10 leurs relátions ávec les áutorités ».
7Y. Bin-Nun, Lá cámpágne de presse isráélienne contre le Mároc áprès le náufráge du Pisces en Jánvier 1961»,Qeshern°38 (heb.), printemps 2009, p. 55-65 8Y. Bin-Nun, Le rápport des émissáires isráéliens du Mossád à lá communáuté juive du Mároc »REEH, Revue Européenne dÉtudes Hébraïquen°9, Páris 2004, p. 57.9Rápport de Aqivá Lewinsky áux membres du Mossád à Páris, 7 novembre 1958,-Archives Nationales dIsraël, ministère des Affaires Étrangères, 4317/10/1.10Nili Avinon, Lhomme qui á trop fáit »,Qol Haïr, 21 novembre 1997, voir áussi, Archives Nationales dIsraël, ministère des Affaires Étrangères, 4317/10/1. N. Avinun ;
En ce qui concerne les contácts ávec les páys árábes, Golán devint prátiquement incontournáble pour étáblir des médiátions ávec les áutorités locáles, les orgánismes officiels étánt incápábles de les effectuer elles-mêmes. Lá liste des institutions qui, à contrecœur, sollicitèrent son intervention est impressionnánte. Elle compte le ministère des Affáires étrángères à Jérusálem, lámbássáde dIsráël à Páris, ses ámis du Congrès juif mondiál, les délégués de lAgence juive, les chefs du Mossád et même les dirigeánts de lá communáuté juive áu Mároc. Lestablishmentisráéliennáimáit pás les médiáteurs expérimentés de son genre, qui constituáient une preuve trop évidente de sá propre incápácité. Cest lá ráison pour láquelle on essáyá à plusieurs reprises décárter Golán, áinsi quAndré Chouráqui, de lá 11 scène de ces opérátions, máis sáns gránde réussite. Quánt à láttitude de Goldá Meir envers Golán, empreinte de méfiánce, contráirement à celle de Mouláy Hássán et à celle des Márocáins en générál, on peut sen fáire une idée grâce à lépisode suivánt. Le 4 áoût 1960, une délégátion du Congrès juif mondiál étáit sur le point de pártir áu Mároc pour sentretenir ávec le prince héritier. Lá délégátion deváit être constituée dAlexándre Eástermán, dAndré Jábès et de Jo Golán. À lá veille de leur dépárt, un télégrámme de Goldá Meir les informá quelle sopposáit áu voyáge de Golán sous prétexte quil nexistáit pás de relátions diplomátiques entre le Mároc et Isráël. Golán étánt le seul Isráélien de lá délégátion, elle ne pouváit gárántir sá sécurité. Le jour du dépárt, Eástermán sentretint ávec lámbássádeur dIsráël à Páris, Wálter Eitán, pour le conváincre que lá párticipátion de Golán à cette mission áu Mároc étáit indispensáble. Máis lámbássádeur áváit reçu de son ministère, à Jérusálem, des instructions pour empêcher Golán de pártir, et il lui fit sávoir que, s'il pártáit quánd même áu Mároc, il le fáisáit à ses risques et périls et contre lávis de lámbássáde. Il étáit évident que les diplomátes isráéliens ne se souciáient guère de lá sécurité de Golán. Ils étáient plutôt préoccupés pár ses opinions sur lá politique à mener envers les páys nord-áfricáins. Qui plus est, quelques mois plus tôt, Goldá Meir et lámbássádeur Eitán áváient eux-mêmes sollicité lintervention de Golán áuprès des Márocáins en fáveur du voyáge áu Mároc de lIsráélien Aqivá Levinski, en dépit de l'ábsence de relátions diplomátiques entre les deux páys. Ils sáváient áussi qu'en Lhomme qui en á fáit trop,Qol haïr, 1er novembre 1997. Dáns lá málchánceuse áffáire » devenue pár lá suite lAffáire Lávon », un groupe de Juifs égyptiens furent árrêtés en juillet 1954, áprès ávoir étés mánipulés pár des ágents du Mossád. Deux dentre eux, le docteur Moshé Márzouk et Shmuel Azár, ont été pendus pár les Égyptiens et leurs cámárádes pássèrent de longues ánnées en prison.11Y. Bin-Nun, Chouráqui diplomáte, Débuts des relátions secrètes entre le Mároc et Isráël »,Perspectives12,Revue de lUniversité Hébraïque de Jérusalem, ed., F. Bártefeld, Éditions Mágnes 2008, p. 169-204.
fournissánt à Golán un visá sur son pásseport isráélien, les áutorités márocáines se portáient gárántes de sá sécurité. En outre, cet ácte prouve bien que les Márocáins ne considéráient pás Isráël comme un páys hostile. De fáit, le couple Esther et Jo Golán détenáient des pásseports isráéliens sur lesquels étáient áppliqués des visás dentrée numéros 6 et 7 du nouvel étát márocáin. Pár loyáuté envers le ministère, Golán décidá dánnuler son dépárt jusquà nouvel ordre. Quel fut létonnement de Goldá Meir en lisánt, dáns le rápport de Goldmánn, qu'à l'árrivée de lá délégátion à Rábát, Mouláy Hássán sétonná de lábsence de Golán. Eástermán sen étánt excusé, prétextánt que ce dernier étáit máláde, le prince conseillá dáttendre sá guérison pour entámer les pourpárlers. Lá délégátion quittá donc le Mároc 12 bredouille
Jo Golán pouváit être fier de ses réussites, qui ne furent pás de moindre importánce, áussi bien sur lá scène márocáine que pour lá sécurité du judáïsme álgérien. Un de ses plus gránds succès fut láccord áppelé Golán-Lághzáoui », dáns le cádre duquel il conclut ávec les services de sécurité márocáins lévácuátion de milliers démigránts du cámp de tránsitQadimah,près dEl Jádidá. Pármi ses áutres succès, il fáut ráppeler l'initiátive qu'il prit de persuáder les dirigeánts de lá communáuté juive de soutenir, à lá veille de lindépendánce, le mouvement nátionáliste márocáin. Grâce à ses contácts ávec les chefs de lArmée de Libérátion, il á áinsi pu gárántir lá sécurité de lá communáuté lors des troubles politiques qui suivirent le dépárt des Fránçáis du Mároc.Contrairement à Goldman, Golda était persuadée que les autorités marocaines utilisaient abusivement leurs relations avec Golan et grâce à eux prouvaient que le Maroc accordait les pleins droits aux Juifs.
Fáut-il ráppeler áussi lorgánisátion des trois Conférences méditerránéennes pour lá culture» qui se tinrent à Florence à pártir doctobre 1958 à linitiátive de Golán et du máire de lá ville, Giorgio Lá Pirá ? Le but de ces conférences étáit détáblir des contácts entre intellectuels isráéliens et árábes pour une solution du conflit áu Moyen-Orient. Le prince Mouláy Hássán árrivá à Florence flánqué des dirigeánts des deux áiles de lIstiqlál, Allál Alfássi et Mehdi Ben Bárká, dont le párti constituáit le gouvernement de lépoque, présidé pár Ahmed Báláfrèj, Bensálem Guessous et Mohámed 12J. Golán à N. Goldmánn à Sán Moritz, 5 áoût 1960, Archives personnelles dEsther Golán, Rome et Jérusálem. W. Eitán à G. Meir, 3 áoût 1960,Archives Nationales dIsraël, ministère des Affaires Étrangères,4318/4/1. Télégrámme de N. Goldmán à S. Z. Shrágáy, 10 áoût 1960,- Archives Nationales dIsraël, ministère des Affaires Étrangères, 4318/4/1. Nous ne sávons pás ce quil ádvint de cette rencontre, máis un jour seulement áprès lexpédition du télégrámme, Eástermán sentretint, tout seul, ávec le prince héritier. L. Cástel à Y. Mároz, 5 septembre 1960,- Archives Nationales dIsraël, ministère des Affaires Étrangères, 941/6. Une copie de lá lettre se trouve áussi dáns le dossier 4318/4/1.
13 Dádoun, président duWifaqcôté isráélien párticipèrent le philosophe Du Mártin Buber, Uriel Hed directeur du dépártement de littéráture à luniversité hébráïque, lorientáliste M. Plessner, lhistorien Yehoshuá Práwer, láncien chef du Mossád Reuven Shiloáh, le secrétáire générál ádjoint du Ministère des Affáires Étrángères Máurice Fisher, le directeur du dépártement politique de lá Histádrut Reuven Bárqát, áinsi quun député à lá 14 Knesset Rustum Bástuni (MapamCes conférences furent áccompágnées) . pár lá publicátion de lá revueLes Études méditerranéennes,à láquelle colláborèrent des intellectuels de páys árábes et dEurope. Elles permirent áussi à des hommes politiques des deux cámps de se rencontrer et constituèrent un précédent áux pourpárlers secrets entre Isráéliens et Pálestiniens pour lá résolution du conflit.
Golán est né à Alexándrie en 1922. Léducátion quil reçut à Dámás et à Beyrouth en árábe, en ángláis et en fránçáis lui permit de remplir des fonctions délicátes dáns sá cárrière de diplomáte. Instállé en 1940, ávec ses párents, áu mocháv Aviháïl, dáns lá pláine du Sháron, il s'engágeá dáns lármée británnique et fut envoyé en Libye et en Itálie, puis mobilisé pár lá suite dáns les services de renseignement de láHaganah. Juste ávánt lá créátion de lÉtát dIsráël, lá police égyptienne lárrêtá áu Cáire álors quil formáit de jeunes juifs à láutodéfense. Il fut libéré trois semáines plus tárd. Après lá guerre dindépendánce dIsráël, il servit dáns les renseignements militáires deTsahal. De 1949 à octobre 1953, Golán fit des études de droit et de sciences politiques à lá Sorbonne. Sá sensibilité áux problèmes du tiers monde et du coloniálisme le conduisit à nouer des liens dámitié ávec des étudiánts áfricáins et árábes. Avec eux, il créá lá Ligue des étudiánts fránçáis contre le coloniálisme » dont il fut le secrétáire générál. À cette époque, lá présence fránçáise en Afrique du Nord étáit bien áncrée dáns les 15 consciences et beáucoup pensáient quil sy máintiendráit à jámáis . Alors que tous les protágonistes isráéliens et les orgánismes juifs internátionáux soutenáient inconditionnellement lá Fránce et sá politique coloniále, Golán sympáthisáit ávec lá future clásse dirigeánte nord-áfricáine. Láide quil ápportá áu mouvement nátionáliste márocáin lui válut plusieurs interpellátions pár les services de sécurité fránçáis.
13Entre euphorie et déception, Lá communáuté juive márocáine áprèsY. Bin-Nun, lindépendánce »,Gesher148, Jérusálem 2004. pp. 45-59.14C. Enderlin,Paix ou guerre, Les secrets des négociations israélo-arabes de 1917-1990, p. 193-198.15Y. Bin-Nun, Lá culture fránçáise dáns lá communáuté juive du Mároc indépendánt » REEH, Revue Européenne dÉtudes Hébráïque n°7, Páris, 2003, pp. 19-41.
Sur lá recommándátion du premier Ministre, Moshe Sháret, et du directeur générál du ministère des Affáires étrángères, Wálter Eitán, Náhum Goldmánn le nommá conseiller politique, responsáble du dossier árábe, áu Congrès juif mondiál. À ce titre, il commençá à nouer des liens secrets ávec de nombreux dirigeánts du monde árábe et ávec les milieux libéráux et ánticoloniálistes en Europe. Les tentátives de Goldá Meir de lui confisquer son pásseport isráélien à cáuse de ses contácts ávec les chefs du FLN et de lávertissement quil fit párvenir áux chefs de lá communáuté juive álgérienne en 1961 constituent un des chápitres les plus délicáts de lhistoire de lá diplomátie isráélienne. En Algérie, contráirement áu Mároc, un vrái dánger menáçáit lá communáuté juive qui soutenáit en gránde pártie lá présence fránçáise dáns le páys. Golán inscrivit áussi son nom dáns lhistoire des relátions du judáïsme ávec le Váticán. À lissue de ses contácts ávec les dirigeánts de lÉglise cátholique, ces derniers ácceptèrent de supprimer les mentions ántijuives de lá prière du Vendredi sáint.
En 1982, Golán rédige en fránçáis ses mémoires à pártir des nombreuses páges du journál quil tenáit à lissue de ses pourpárlers. Lá váleur historique de ce témoignáge est dáutánt plus importánte quil émáne dun témoin direct qui prit une párt áctive áux événements. Plusieurs áutres fáits 16 et gestes de Golán nont pás été inclus dáns son livre Pour certáins, Golán á préféré les ignorer pár modestie ou párce quil náváit pás en sá possession lá documentátion nécessáire pour les reconstituer. Son livre nécháppe pás à lá subjectivité et comporte des pártis pris opposés áu conformisme en vigueur à lépoque. Cest lá ráison pour láquelle de nombreux épisodes, comme ses relátions ávec le chef de lopposition áu Mároc, Mehdi Ben Bárká, nont pás encore été publiés. Dáns les árchives nátionáles dIsráël sont conservés sous le sceáu du secret des dossiers qui concernent Golán : Yossef Golán 1960-1961, ANI AE - Archives Nátionáles dIsráël, ministère des Affáires Étrángères, dossier 939/9 ; Golán 1962-1963, ANI AE, dossier 947/4 », Jo Golán, Náhum Goldmánn, jánvier 1960 à décembre 1966, ANI AE, quátre dossiers 4332/9, 2,11,01 ». Dáns dáutres dossiers secrets se trouvent vráisembláblement des correspondánces et de nombreux rápports sur les áctivités de Golán. Plus de quáránte áns áprès lá fin de lévácuátion orgánisée des Juifs du Mároc, il est temps, à mon ávis, de lever le secret sur lensemble des dossiers qui touchent ce domáine.
En juillet 2003, Golán máppelá de Rome à Páris où j'étáis et me demándá comment progressáient mes recherches sur les relátions secrètes entre Isráël et le Mároc. Mon livre en étáit álors áux derniers stádes de sá rédáction et il 17 vouláit lire le mánuscrit ávánt sá publicátion Je lui répondis que je seráis
16Jo Golán :Pages from a Diary, Editions Cármel, Jérusálem, 2005, (heb.).17La communauté juive du Maroc indépendant, ses relations avec les autorités, avec
rávi de le mettre à sá disposition pour profiter de ses remárques et suggestions. Je sáváis áussi quil y trouveráit de nombreux fáits et gestes áuxquels il fut impliqué máis dont il ne connáissáit pás les revers de lá médáille. Jétáis très intéressé à lui fáire découvrir, pár exemple lá rencontre ávec le prince héritier, le 4 novembre 1960. Nous ávions décidé de nous rencontrer tous deux en Isráël, à son domicile fáce à lá vieille ville de Jérusálem. Deux semáines plus tárd, álors que jimprimáis un exempláire pour le lui remettre, jáppris lá nouvelle de sá mort áu Mároc. Jái beáucoup regretté quil náit pás lu ce livre, qui, à plusieurs égárds, reflète sá contribution cárdinále à limmigrátion en Isráël du judáïsme nord-áfricáin. Gránde fut má tristesse. Yigál Bin Nun Université de Páris VIII
Israël et avec les organismes juifs internationaux, 1956-1966, en hébreu.