La Légende de Metz
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La Légende de MetzComte d'Hérisson1888PréfaceChapitre PremierChapitre IIChapitre IIIChapitre IVChapitre VChapitre VIChapitre VIIChapitre VIIIChapitre IXChapitre XChapitre XIChapitre XIIChapitre XIIIConclusion – ÉpilogueLa Légende de Metz : PréfacePRÉFACEDans une réunion d'officiers prussiens, le maréchal de Moltke, ce fils parricide duDanemark, disait dernièrement, avec ce qui lui reste de voix :« La prochaine guerre sera une guerre dans laquelle la stratégie et la science ducommandement joueront le premier rôle. Nos campagnes et nos victoires ontinstruit nos ennemis. Comme nous, ils ont le nombre, l'armement et le courage ;mais notre supériorité sera dans la direction de cet état-major auquel je consacrece qui me reste de vie.« Cette force, nos ennemis peuvent nous l'envier, car ils ne l'ont pas. »Quelques jours plus tard, l’implacable octogénaire ajoutait :« J'ai le pressentiment que ma vie ne s'achèvera pas dans la paix, contrairement àmon désir le plus sincère. Dans ma jeunesse, on m'a prédit que je prendrais part àtrois grandes guerres. « Quoi qu'il advienne, soyons prêts à mourir pour la patrieallemande. »Donc, si la France ne danse pas sur un volcan, c'est uniquement parce que, depuisbien des années, la France a désappris de danser. Mais qu'elle danse ou non; levolcan n'en existe pas moins, et M. de Moltke s'attend à un bouleversement, à uneexplosion d'un moment à l'autre.A-t-il fait un pacte avec la fortune ? Rien ne le prouve ...

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Nombre de lectures 226
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Extrait

La Légende de Metz
Comte d'Hérisson
1888
Préface
Chapitre Premier
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre V
Chapitre VI
Chapitre VII
Chapitre VIII
Chapitre IX
Chapitre X
Chapitre XI
Chapitre XII
Chapitre XIII
Conclusion – Épilogue
La Légende de Metz : Préface
PRÉFACE
Dans une réunion d'officiers prussiens, le maréchal de Moltke, ce fils parricide du
Danemark, disait dernièrement, avec ce qui lui reste de voix :
« La prochaine guerre sera une guerre dans laquelle la stratégie et la science du
commandement joueront le premier rôle. Nos campagnes et nos victoires ont
instruit nos ennemis. Comme nous, ils ont le nombre, l'armement et le courage ;
mais notre supériorité sera dans la direction de cet état-major auquel je consacre
ce qui me reste de vie.
« Cette force, nos ennemis peuvent nous l'envier, car ils ne l'ont pas. »
Quelques jours plus tard, l’implacable octogénaire ajoutait :
« J'ai le pressentiment que ma vie ne s'achèvera pas dans la paix, contrairement à
mon désir le plus sincère. Dans ma jeunesse, on m'a prédit que je prendrais part à
trois grandes guerres. « Quoi qu'il advienne, soyons prêts à mourir pour la patrie
allemande. »
Donc, si la France ne danse pas sur un volcan, c'est uniquement parce que, depuis
bien des années, la France a désappris de danser. Mais qu'elle danse ou non; le
volcan n'en existe pas moins, et M. de Moltke s'attend à un bouleversement, à une
explosion d'un moment à l'autre.
A-t-il fait un pacte avec la fortune ? Rien ne le prouve, heureusement; car, malgré
l'ardeur avec laquelle la Prusse a toujours cultivé la science militaire, elle n'a évité ni
1Kunersdorf ni Iéna, deux désastres aussi complets, à coup sûr, que Waterloo et
Sedan !
Quel que soit le sort que nous réserve l'avenir, je viens de trouver partout, en
parcourant toute la partie de l'Allemagne qui touche à notre frontière, la même
confiance dans l'état-major allemand, jointe à la haine de la France, et au désir de
la voir à jamais réduite à l'impuissance.J'ai visité, l'un après l'autre, ces funestes champs de bataille, qui nous rappellent de
si cruels et de si humiliants souvenirs. J'ai revu cette forteresse de Metz, dont la
chute a été suivie d'une lutte, qui ne pouvait avoir d'autre résultat que de rendre la
paix plus désastreuse. Qui donc aujourd'hui oserait le nier et affirmer, comme alors,
qu'un seul, Bazaine, ait été coupable ? J'ai voulu en avoir le cœur net. En quittant
l'Allemagne, je suis allé jusqu'en Espagne recueillir le dernier témoignage du
condamné de Trianon, avant qu'il soit allé rejoindre les autres acteurs de ce drame
lamentable.
Je me suis trouvé en présence d'un vieillard de près de quatre-vingts ans, cassé,
affaibli, impotent, au point de ne pouvoir plus jouer aucun rôle dans les affaires de
ce monde, vivant dans une pauvreté voisine de la misère, dépouillé du prix de
quarante années de services et de campagnes, qui toutes furent glorieuses, sauf la
dernière, où l'Empereur lui imposa l'héritage d'une situation absolument
désespérée.
J'ai pensé que c'était un devoir patriotique de ne pas laisser peser sur une seule
tête le poids de toutes les fautes qui ont pu être commises et d'établir le bilan exact
des responsabilités, quels que puissent être ceux qui se trouveront atteints. Je
laisse le lecteur apprécier les documents que j'ai réunis et que je mets sous ses
yeux.
Quant à ma sincérité, si elle avait besoin d'être établie autrement que par mon
profond souci du bien de la Patrie, elle le serait amplement, dans la circonstance,
par ce fait qu'il n'y a qu'une chose dont on ne puisse accuser le maréchal Bazaine,
— le pauvre homme ! — c'est de m'avoir acheté.
NOTES DE LA PRÉFACE
1. Les Allemands passent volontiers sous silence dans leurs ouvrages la bataille de
Kunersdorf, trop peu connue aussi chez nous. C'est le 13 aoùt 1759 que le roi de
Prusse attaqua à Kunersdorf le général russe Soltikof qui avait opéré sa jonction
avec le général autrichien Laudon. La journée se termina par la déroute complète
de l'armée du grand Frédéric. Elle eut plus de 20 000 tués ou blessés, le nombre
des prisonniers fut innombrable. Soltikof envoya à Saint-Pétersbourg 26 drapeaux
et étendards. Ce désastre fut si grave qu'il aurait eu pour conséquence l'annexion
de la Prusse orientale à la Pologne, et l'abaissement définitif du grand Frédéric, si
l'impératrice Élisabeth n'était morte à temps pour permettre à Catherine II de le
sauver.
La Légende de Metz : Chapitre Premier
CHAPITRE PREMIER
A la frontière. — Les langues française et allemande. — Comment on écrit
l'histoire. — L'incendie du château d'Heidelberg.— Les cendres du grand roi. —
Première victime de la guerre. — Notre-Dame-des-Ermites. — Traité de Tolentino.
Montreux-Vieux ..... 40 minutes d'arrêt... visite des bagages. Nous sommes à la
douane allemande. Nous venons de passer, il y a quelques instants, devant Belfort,
et nous avons aperçu du wagon le fier et majestueux lion de Bartholdi, couché au
pied des remparts. La vaillante cité, qui a lutté si courageusement pour repousser
l'ennemi, ne peut se consoler de l'avoir si près d'elle.
Mais nous ne sommes pas venus en Allemagne pour nous apitoyer sur nos
défaites ; notre but est de visiter spécialement l'Alsace, Strasbourg, de nous rendre
compte de l'état actuel du pays, et de voir ce que sont devenus nos vainqueurs
depuis leurs conquêtes.
Refoulons donc les sentiments de pénible révolte et de chagrin qui se ravivent ennous. Notre rôle maintenant est d'ouvrir les yeux et surtout les oreilles. Nous
sommes entourés d'uniformes et de casques à pointe. Tous ces gaillards vigoureux
et bien portants, dont la taille est au-dessus de la moyenne, sont rigides et sanglés
dans leur tunique qui semble moulée sur leur corps. Il y a longtemps que nous avons
remarqué que l'Allemand est né soldat, qu'il est fait pour porter l'uniforme.
Les employés du chemin de fer n'ont pas l'air de fonctionnaires civils, mais bien de
militaires n'attendant qu'un signal pour se réunir et s'enrégimenter sous les ordres
d'un chef. Les employés supérieurs, d'une dignité, d'une correction et d'une
propreté irréprochables, portent la casquette rouge à turban noir, et la tunique de
l'officier. On serait en droit de les croire tels, si le collet et la casquette n'étaient
agrémentés d'une roue ailée, emblème de la vitesse, dont ils sont les humbles
serviteurs.
Les lampistes, les graisseurs eux-mêmes, ont le respect de leur uniforme et
semblent exercer un sacerdoce.
La visite des bagages s'est faite sans mesures vexatoires; tout le monde remonte
en wagon, et le train file dans la direction de Mulhouse. Le pays que nous
traversons est propre, riant et vivant; la campagne est verte, mais d'une de ces
verdures épaisses, grasses, humides, qui rappellent les admirables pâturages de
la Suisse et de l'Écosse.
Ici, pas de chaumières. De gracieuses maisonnettes, couvertes de tuiles, perdues
dans des bouquets de feuillage, tapissées d'arbres fruitiers, réjouissent la vue.
Les villages, très rapprochés les uns des autres, respirent l'aisance. Une grande
partie des constructions et presque toutes les églises, remises à neuf, donnent un
air de richesse au véritable jardin anglais que nous traversons.
Il n'y a pas de doute ; la campagne est plus animée ici qu'en France. A notre
gauche, de nombreux bateaux remontent et descendent avec une grande activité le
canal ombragé d'arbres séculaires. Ces bateaux sont, en majorité, chargés de
bois, de poteries et de blocs de grès rouge, de ce beau grès dont sont bâtis la
plupart des monuments de la région, entre autres la cathédrale de Strasbourg.
A droite, sur une chaussée qui serpente à travers les prairies, des machines
routières à vapeur traînent de nombreux chariots, pesamment chargés, et ajoutent
encore à l'animation du paysage. Pas un coin de cette campagne qui ne soit cultivé
avec soin.
Après un arrêt de quelques minutes à Mulhouse, nous continuons à traverser la
campagne que la nuit couvre, petit à petit, de ses ombres. Le train fait enfin
résonner les plaques métalliques tournantes qui précèdent la gare. Nous arrivons à
Strasbourg.
Il y a vingt ans que nous ne sommes venu à Strasbourg. Certes, les modifications et
les nombreux embellissements, dont la ville a 

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