L intégration monétaire et financière internationale : un défi pour l Europe - article ; n°3 ; vol.2, pg 50-79
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Description

Revue française d'économie - Année 1987 - Volume 2 - Numéro 3 - Pages 50-79
L'Europe doit actelluement affronter d'importants changements dans les domaines monétaire et financier internationaux qui remettent en question la philosophie de la construction européenne. Face à ces bouleversements et au désir d'autonomie des gouvernements, certains s'interrogent sur l'existence d'une spécificité européenne au sein du système financier global. Répondre à cette question cruciale dont dépend l'avenir de l'Europe, exige la réalisation de l'unité monétaire afin de mettre un marché financier européen compétitif au service de l'économie réelle.
Europe has, at present, to cope with considerable changes in international, monetary and financial fields, which question the philosophy of european construction. These disorders and the authorities desire of independence make some people wonder if an european specificity is existing within the financial system as a whole. To answer this crucial question, a decisive one for the future of Europe, requires the achievement of monetary unification in order to obtain a competitive european financial market fulfilling the objectives of the real economy.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Michel Aglietta
L'intégration monétaire et financière internationale : un défi pour
l'Europe
In: Revue française d'économie. Volume 2 N°3, 1987. pp. 50-79.
Résumé
L'Europe doit actelluement affronter d'importants changements dans les domaines monétaire et financier internationaux qui
remettent en question la philosophie de la construction européenne. Face à ces bouleversements et au désir d'autonomie des
gouvernements, certains s'interrogent sur l'existence d'une spécificité européenne au sein du système financier global. Répondre
à cette question cruciale dont dépend l'avenir de l'Europe, exige la réalisation de l'unité monétaire afin de mettre un marché
financier européen compétitif au service de l'économie réelle.
Abstract
Europe has, at present, to cope with considerable changes in international, monetary and financial fields, which question the
philosophy of european construction. These disorders and the authorities desire of independence make some people wonder if
an european specificity is existing within the financial system as a whole. To answer this crucial question, a decisive one for the
future of Europe, requires the achievement of monetary unification in order to obtain a competitive european financial market
fulfilling the objectives of the real economy.
Citer ce document / Cite this document :
Aglietta Michel. L'intégration monétaire et financière internationale : un défi pour l'Europe. In: Revue française d'économie.
Volume 2 N°3, 1987. pp. 50-79.
doi : 10.3406/rfeco.1987.1151
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1987_num_2_3_1151Michel
AGLIETTA
L/intégration
monétaire
et financière
internationale :
un défi pour l'Europe
« La politique c'est n'est aussi ce qui pas l'art est seulement de irréalisable rendre l'art possible Jean aujourd'hui. du Monnet possible demain » ; a réflexion du père de l'Europe citée
en exergue veut donner le ton à une démarche. La politique
peut et doit être le moyen de réaliser un espoir. On se résigne
trop souvent de nos jours à y voir un obstacle au progrès. Car
le contraste est saisissant entre le scepticisme des esprits et le
renouvellement des enjeux de la construction européenne.
Celle-ci doit repenser ses fondements.
Les partisans de l'Europe puisent encore leur inspi
ration dans la philosophie du plan Werner, réaffirmée lors de
la création du système monétaire européen. Cette philoso-
phie acceptait une hiérarchie entre les trois types d'interd
épendances, commerciale, monétaire, financière. La prépondé
rance de l'intégration commerciale était l'esprit même du
marché commun. A la fin des années soixante, chaque pays
membre était plus lié commercialement à ses partenaires
qu'au reste du monde. La crise du système monétaire interna
tional avait fait rechercher un flottement conjoint des monn
aies pour préserver la politique agricole commune et limiter
l'incidence des distorsions des taux de change sur la concur
rence industrielle. Mais on ne se préoccupait guère d'intégra
tion financière. La diversité des systèmes financiers nationaux
était reconnue et acceptée. L'interaction entre les arbitrages 52 Michel Aglietta
financiers et les interdépendances réelles des économies se
manifestait sur les marchés des changes par le surajustement.
Les réponses appropriées étaient la participation à l'accord de
change du serpent monétaire, le contrôle des mouvements de
capitaux, le double marché des changes, ou un mélange de
ces procédés au choix de chaque pays. En limitant les distor
sions dans les évolutions des taux de change par rapport aux
déterminants fondamentaux, on espérait aller progressiv
ement vers une union économique et monétaire.
Cette philosophie est mise en question aujourd'hui
par un changement dans les dynamismes respectifs des trois
types d'interdépendances. Le degré d'intégration commerciale
stagne ou même régresse ; le progrès vers l'union monétaire
est bloqué ; la finance est en effervescence. Aussi apparaît-il de
nouvelles préoccupations. La construction européenne se
tourne vers d'autres propriétés. L'autonomie des nations dans
la communauté économique européenne est une revendica
tion jalouse des gouvernements qui est de plus en plus vidée
de substance. Enfin, l'identité elle-même ne vas
pas de soi en présence de phénomènes financiers d'envergure
mondiale. La mise en question de la philosophie tradition
nelle de la construction européenne est si profonde que cer
tains s'interrogent sur l'existence d'une spécificité européenne
dans le système global des marchés de capitaux ouverts et
interdépendants. Cette question provocante ne doit pas
conduire à baisser les bras. Elle doit stimuler un approfondis
sement théorique qui est préalable à la redéfinition d'une stra
tégie européenne cohérente. L'argumentation progressive
pour répondre à la question fondamentale dont dépend l'ave
nir de l'Europe peut suivre cinq directions :
— la globalisation de la finance et ses ambiguïtés ;
— les interdépendances monétaires internationales et leurs
implications pour le système monétaire européen ;
— le système monétaire européen entre la zone mark et la
coordination ; Michel Aglietta 53
— l'intégration monétaire ou la supériorité de la monnaie
commune ;
— une stratégie pour l'unification monétaire par l'Ecu.
Ces cinq directions prennent pleinement en compte
les changements dans le domaine financier et l'évolution des
attitudes concernant les relations entre les grandes devises
internationales. La portée de ces phénomènes doit être bien
perçue et leur incidence sur l'Europe analysée, pour formuler
des propositions adéquates.
La globalisation de la finance
et ses ambiguïtés
La est un enchevêtrement de processus (inte
rconnexion des marchés, libération des mouvements interna
tionaux de capitaux, foisonnement des innovations, mobilié-
risation, déréglementation) qui aboutit à estomper les lignes
de démarcation selon lesquelles l'intermédiation financière
était structurée auparavant. Ce phénomène suscite un tel
engouement idéologique chez les ultra-libéraux que beaucoup
s'aveuglent avec complaisance sur sa portée. Il n'est pas cor
rect d'invoquer un déterminisme historique pour prétendre
qu'une évolution linéaire vers la mondialisation des marchés
financiers est inéluctable. Il n'est pas vrai non plus d'affirmer
que le libre échange commercial et la liberté des mouvements
de capitaux doivent nécessairement aller ensemble.
Une histoire à méditer
Les historiens de la longue durée, notamment l'œuvre admir
able de F. Braudel sur l'essor du capitalisme, ont montré que
l'animation des marchés à partir du dix-huitième siècle devait
tout aux courants d'affaires financières qui parcouraient
l'Europe et la reliaient à l'Orient. Le capitalisme est né sous la
forme d'un système mondial grâce aux entreprises des Michel Aglietta 54
marchands-banquiers. La circulation financière la plus
sophistiquée a coexisté pendant des siècles avec des marchés
locaux très étriqués et entravés. En outre, l'expansion finan
cière n'a pas été une évolution progressive. Elle présente des
cycles à périodicité longue où des phases de mondialisation
cèdent la place à des phases d'approfondissement territorial.
Le passage d'une phase à l'autre est très significatif. П se faisait
dans des crises où le dynamisme financier commençait par
s'accélérer et dégénérait en bourgeonnement spéculatif. La
concurrence financière exacerbée se heurtait aux particulari
smes monétaires, d'abord des princes, puis des Etats monarc
hiques. Mais lorsqu'une vague d'expansion financière mond
iale se brisait, ce n'était pas une régression pure et simple.
L'affirmation des pouvoirs étatiques d'un côté, le resserr
ement des liens nationaux entre les banquiers de

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